Réponse à M. Jaccaud (L’Ecologiste)

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Cette réponse intervient après la remise en cause d’un article d’Alerte Environnement par M. Jaccaud, rédacteur en chef de l’Ecologiste.

Voir l’article mis en cause

Voir le commentaire de M. Jaccaud

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Cher M. Jaccaud,

Que de mauvaise foi dans votre réaction à notre petit article « L’Ecologiste et les peuples premiers » ! Vous nous aviez habitué à plus de franchise dans la présentation de vos idées écologistes radicales. Vous nous accusez en effet d’utiliser des « procédés tout à fait indignes », en particulier en déformant « des extraits de citation d’articles de 1973 en leur faisant dire n’importe quoi, et de plus en faisant croire que ces citations déformées sont récentes ». C’est aller vite en besogne. Tout d’abord, précisons que la plupart des citations que nous avons utilisées proviennent du site même de Teddy Goldsmith et que nous avons donné les références d’où sont tirées ces citations. De plus, à notre connaissance, il n’a jamais remis en cause ce qu’il a écrit dans les années 70. On pourrait même dire qu’une grande qualité de Teddy Goldsmith, c’est sa constance dans ses idées. Mais vous pourriez peut-être nous démentir et nous préciser le cas échéant ce qu’il renie de ses anciens écrits. En tout cas, sur son site, il n’y a pas de mentions selon lesquelles certains des textes présentés ne reflètent plus la pensée actuelle de l’auteur.
D’autre part, nous n’avons pas « déformé » les citations. Juste pour le fun, nous avons mis ci-dessous la citation complète sur les « génétiquement et culturellement inadaptés » (en anglais, of course), pour que les internautes se rendent compte que nos extraits sont bien fidèles au contexte. Comme vous pouvez le constater dans ce texte, Goldsmith reconnaît lui-même que son idée sur la sélection des « inadaptés » peut paraître « désagréable ». Et peut-être qu’elle est désagréable aussi à vos yeux, M. Jaccaud ? Pour ce qui nous concerne, on la trouve plutôt nauséabonde.
Vous nous dites aussi que « l’ethnologue qui décrit un phénomène d’infanticide ne le recommande évidemment pas ». C’est vrai ! Mais dans le cas spécifique qui nous intéresse, Teddy Goldsmith ne se contente pas de décrire le phénomène de l’infanticide : il porte un jugement de valeur, à savoir que l’infanticide « révèle un sens profond des responsabilités envers sa femme, sa famille et sa communauté ».
Enfin, il y a une question plus essentielle concernant le fonds de la pensée de Teddy Goldsmith. Nous avons évoqué la défense par Goldsmith d’un contrôle social basé sur la peur, et vous prétendez que c’est « une pure invention » de notre part et que cela « ne se trouve nulle part ni dans le dossier de L’Ecologiste ni dans les écrits de Teddy Goldsmith ». Alors là, c’est un peu fort de café ! Teddy Goldsmith a constamment expliqué, de façon non ambiguë, que l’avantage des sociétés premières résidait dans leur efficacité à empêcher tout comportement risquant de menacer la stabilité de la société. Or cette efficacité est assurée par la peur de sanctions « surnaturelles », comme il le disait en 2004, en cas de non respect d’un tabou. Dans « son maître ouvrage », Le Tao de l’Ecologie, Teddy Goldsmith décrit cela de façon explicite dans le chapitre 62 : « (…) les rites et cérémonies d’un peuple traditionnel – en réalité, tout leur mode de vie – sont conçus pour garantir la répartition correcte de la force vitale à tous les étages de la hiérarchie cosmique. A cette condition seulement ils peuvent préserver l’ordre spécifique et la stabilité du cosmos, et par là même être conformes au Chemin. Négliger d’accomplir ces rites et cérémonies sacrés – ou pire, enfreindre les lois sacrées qui gouvernent leur déroulement – revient à violer un tabou. Selon Roger Caillois, « un acte est tabou qu’on ne peut accomplir sans porter atteinte à cette ordonnance universelle, qui est à la fois celle de la nature et de la société. Chaque transgression dérange l’ordonnance tout entière : la terre risque de ne plus produire de récolte, le bétail d’être frappé de stérilité, les astres de ne plus suivre leur cours, la maladie et la mort de ravager la contrée. » Teddy Goldsmith ajoute enfin : « La crainte omniprésente de déranger l’ordre spécifique du cosmos se reflète dans les tabous que toutes les sociétés tribales élèvent contre la confusion de choses qui appartiennent aux différentes classes ou régions en lesquelles le cosmos est censé être divisé. » (C’est nous qui soulignons.) Nous estimons qu’une société où il existe « la crainte omniprésente de déranger l’ordre spécifique du cosmos » peut être qualifiée de système social basé sur la peur.

Citation complète sur les « génétiquement et culturellement inadaptés »
« The principle of selection
Selection is competition looked at from the point of view of the environment. It does not only occur among mutants or random changes. It occurs also and primarily in fact – among adaptive, i.e. controlled responses. Such responses can be regarded as selected by the environment in the sense that their role is to satisfy an environmental requirement and if there is no such requirement there will be no response. It is precisely because there is no environmental requirement for the mutants, accidents or random responses that they tend to be eliminated (see the Niche principle).
The operation of this principle within a society or a population may appear disagreeable to us. We tend to refer to it as discrimination against the genetically and culturally unadaptive. Yet there is no alternative save the development of a population or a society displaying increasing entropy and eventually breaking down. To encourage the latter appears to be far more immoral than to accept the basic principle that man is subjected to selection like all other forms of life.
Measures tending to prevent the operation of selection by feather-bedding the unadaptive, i.e. via the welfare state, must correspondingly reduce social stability by increasing entropy or randomness. If we decide to take them, then we must be prepared to pay their cost. »

Edward Goldsmith, « Adam and Eve revisited », The Ecologist, sept. 1973.

ledebat

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