L’encerclement

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Notre bibliothèque verte virtuelle continue de s’enrichir avec cet ouvrage signé Barry Commoner. Une nouvelle offre de lecture pour mieux connaître le mouvement écologiste.

L’encerclement, Barry Commoner, Seuil, 1971.

Biologiste américain, Barry Commoner est considéré comme un des précurseurs de l’écologisme. L’encerclement est son livre le plus connu, contenant ses fameuses quatre lois de l’écologie, souvent reprises par la suite.

Avant de s’intéresser directement à la crise écologique, Barry Commoner explique le fonctionnement et l’évolution de l’écosphère. Il établit notamment quatre lois de l’écologie :

1) Toutes les parties du complexe vital sont interdépendantes ;

2) La matière circule et se retrouve toujours en quelque lieu ;

3) La nature en sait plus long, ce qui signifie que « toute modification importante apportée par l’homme à un système naturel est susceptible d’avoir des conséquences fâcheuses pour ce système » ;

4) Il n’y a pas, dans la nature, de « don gratuit », c’est-à-dire que « tout profit doit avoir une contrepartie ».

A partir de là, il prend plusieurs exemples d’impact négatif de l’homme sur l’écosphère. Il commence avec le « feu nucléaire » et les « matières polluantes radioactives ». A noter qu’il estime qu’à « l’origine d’une bonne partie des maladies cancéreuses et des malformations génétiques se trouve sans aucun doute la radioactivité “naturelle” ». Il passe ensuite à la pollution atmosphérique, et la menace qu’elle fait peser sur la santé, décrivant le cas de Los Angeles. Commoner décrit alors le problème de la pollution des sols, en particulier dans l’Illinois, causée par « l’utilisation intensive des engrais azotés ». Enfin, il aborde le problème d’eutrophication dans le lac Erié, c’est-à-dire une surcroissance végétale qui entraîne un déficit en oxygène.

Face à ces constats, il s’interroge sur les causes de la progression de la pollution. Contrairement à beaucoup de pionniers de l’écologisme, il réfute l’idée selon laquelle l’accroissement de la pollution serait dû à la croissance démographique ou à l’abondance : « (La) progression d’ensemble de la production aux Etats-Unis reste très éloignée de l’accroissement des niveaux de la pollution qui sont passés effectivement de 200 à 2000%, et ne suffit donc pas à en fournir l’explication. Il apparaît donc avec évidence, qu’en dépit de fréquentes déclarations qui attribuent la crise actuelle de l’environnement à la “surpopulation”, ou à un “excès d’abondance”, ou à une combinaison de ces deux facteurs, il nous faudra rechercher d’autres causes et une autre explication. » Optant plutôt pour la transition démographique, Commoner qualifie « d’oppression ou de répression politique » les propositions de contrôle démographique émises par Paul Ehrlich. Pour Commoner, le problème réside dans « l’évolution de la technologie de production », responsable depuis 1946, selon lui, d’environ 95% de la quantité de pollution ; les 5% restants sont attribués aux facteurs démographiques et d’abondance. Ainsi, il dénonce le fait d’avoir choisi des bouteilles non réutilisables au détriment des bouteilles recyclables, augmenté la production de fibres synthétiques au détriment des fibres naturelles, développé les détergents au détriment des savons naturels, préféré les engrais inorganiques au détriment des engrais organiques, etc. Il affirme d’ailleurs que « l’agriculture industrielle est le principal responsable de la crise actuelle de l’environnement. » Conclusion : « Pour que le monde puisse retrouver un certain équilibre écologique, les pays les plus avancés devront beaucoup moins compter sur des produits synthétiques dommageables à l’environnement, et recourir beaucoup plus à des matières naturelles comme base de fabrication des produits. »

4 commentaires sur “L’encerclement

  1. Bonjour:

    Depuis la parution de ce livre, l’écologie a fait beaucoup de progrès (en tant que science, cela s’entend!!).
    Plusieurs des lois de Mr Commener sont fausses ou bien reformuler de manière différente:
    1) « Toutes les parties du complexe vital sont interdépendantes » ; Cette affirmation est fausse. Il existe de nombreux exemple de non interdépendance entre différentes composantes d’un système écologique. Ainsi la notion d’espèces clés est-elle née dans les années 70 (Paine, 1969) Ou bien d’ingénieur de l’environnement (Lavelle, Brussaard) au cours des années 1990 pour spécifiée l’importance de certaines espèces sur l’écosystème. En opposition les espèces secondaires sont quasi-interchangeables dans le système écologique considéré sans que cela ne change rien à la fonctionnalité de l’écosystème. Plus tard (Brown, Brussaard) ont parlé de Guildes Clé.
    Prenons un exemple simple: Le sol. L’ensemble des bactéries, champignons et virus au sein de cette matrice peuvent vivre seuls (avec plus ou moins de compétition). C’est ce qui c’est passé durant de millions d’années au cambrien… Les acariens, collemboles, nématodes sont des espèces secondaires.

    2) « La matière circule et se retrouve toujours en quelque lieu » ; De nos jours on parle plutôt de transfert énergétique entre les différents niveaux trophiques.

    3) « La nature en sait plus long, ce qui signifie que « toute modification importante apportée par l’homme à un système naturel est susceptible d’avoir des conséquences fâcheuses pour ce système » « ; Faux aussi. La notion de résilience (capacité d’un système à subir une perturbation ou un stress) est passée par là. En outre, des modifications de l’écosystème causée par l’homme ne sont pas forcément négative. Le Sabot de Vénus, le petit Tétra en montagne, la marmotte… sont des espèces qui ont bien profité de l’agricyulture de montagne (création des alpages). En outre, la biodiversité des prairies, alpages est plus forte que celle des forêts (Burel). Donc la modification d’un écosystème n’est pas forcément destructeur.

    4) Il n’y a pas, dans la nature, de « don gratuit », c’est-à-dire que « tout profit doit avoir une contrepartie ». La aussi cette affirmation est fausse. L’étude des hyménoptères montrent une forte sélection de parentèle (animaux sociaux = guèpes, abeilles, bourdon, fourmis). Cette sélection favorise la survie des gènes « familiaux » les plus proches. Ainsi une abeille aura 75% de son patrimoine génétique en commun avec sa sœur, la larve du couvin, tandis qu’elle n’aura que 50% avec sa propre fille. Elle aura donc tout intérêt a élevé sa sœur plutôt que d’avoir sa propre descendance. Elle agit par altruisme envers sa mère, négligeant sa propre reproduction, sans avoir la moindre compensation.
    Les animaux commensaux vivent au dépend d’autres espèces sans leur nuire, sans leur apporter avantages. Cette relation est à l’avantage d’une seule des deux parties, sans compensation pour l’autre.
    Pire le parasitisme peut entrainer la mort de l’autre partie!!!

    Je reconnais un point à Mr Commener:
    D’avoir compris que la pollution des années 50-70 n’était pas en relation avec la démographie humaine. Mais avec les techniques mise en œuvre pour assurer le confort de vie.
    Son erreur majeure est dans la solution qu’il préconise. Le retour a des techniques archaïques, totalement dépassées.
    Il reconnait de lui-même, de manière tacite, que la technologie a permis de développer la société humaine. Il aurait du comprendre que la solution aux problèmes écologiques majeurs de cette époque ne pouvait que venir de la science.

    La fertilisation raisonnée, les engrais moins labiles, des pesticides plus systémiques, des engins moins lourds, moins énergivores…

    A Lire:
    http://www.google.fr/url?sa=t&source=web&ct=res&cd=5&ved=0CBUQFjAE&url=http%3A%2F%2Fwww.inra.fr%2Fdpenv%2Fpdf%2Fbiodiv.pdf&ei=0tfZSof7G4qw4QbD0aHUCA&usg=AFQjCNG6VnE0p4yqy6PADaZhJQ77dgcojA

    Bien cordialement à tous.

  2. A l’auteur : on écrit « eutrophisation » et pas « eutrophication » qui est un terme anglais.

  3. Exact, mais j’ai repris, à tort, le terme tel qu’il apparaît dans la traduction française du livre de Commoner.

  4. l’ « agriculture industrielle est le principal responsable de la crise actuelle de l’environnement ».

    Ce livre n’est qu’un fatras de lieux communs propres au romantisme écologique du début des années 70. Ce n’est pas de la science mais un texte fondateur d’une religion en devenir qui attendra l’arrivée aux responsabilités de ses enfants pour s’épanouir. Nous y sommes!

    Il est intéressant de voir comment l’élevage sur brûlis a produit en zone méditerranéenne des quasi déserts végétaux à partir de forêts natives notamment de résineux tels que le sapin, le cèdre, le pin, l’if et le genévrier se développant en conditions sèches. Déserts produits par la main de l’homme: des générations de bergers, éleveurs de moutons et de chèvres bien avant la révolution industrielle.

    Activité agricole qualifiée d’intensive dans les dépliants du WWF, c’est à mourrir de rire et qui de fait remonte à avant la création des corps des maîtres puis conservateurs des eaux et des forêts soit bien avant le XVIIème siècle, et surtout le premier code forestier, qui date de 1827 et traque les pratiques qui mettent en danger les précieuses plantations mais aussi forêts natuelles exploitées pour ce qu’elles sont, dont la pratique de l’écobuage : la chèvre a été historiquement l’ennemie du forestier.

    C’est cette agriculture qui court de l’époque romaine à la renaissance qui a conduit à la formation des quasi déserts végétaux que l’on appelle aussi guarrigues qui bordent la méditerrannée que l’on ose encore appeler nature et dont on étudie quand même la flore, la faune considérées comme endogènes… endogène du climax d’après le feu.

    La production de fer avant le charbon fossile s’est appuyée sur la production de charbon de bois et a entraîné le déboisement de la plupart des zones d’altitude pour donner place à des pâturages et estives d’altitude avant que ces pâturages soient eux même recouverts de forêts mono-espèce pour lutter contre l’érosion et faire le commerce du bois.

    Nous n’insisterons pas sur la transformation des landes en forêt, des Dombes près de Lyon, de la plaine d’Aleria en Corse en zone d’agriculture, des étangs du Languedoc assainis comme de la plupart des zones marécageuses considérées avant 1987 ou 1992 comme insalubres, hostiles à l’Homme.

    Les rapports des services de la santé du milieu du XIXème siècle nous informe sur ce qu’était la vie des hommes dans ces zones humides dans les années 1850.

    Le drame des scientifiques s’occupant de milieux naturels actuels et des écologistes en particulier est leur ignorance crasse de l’histoire réelle de la vie des hommes dans ces milieux idéalisés ou plutôt de leur lunette vertes qui déforment leur vision de l’histoire, comme les lunettes rouges ont longtemps déformé la vision des adhérants du PCF s’agissant des pays communistes avant la chute du mur de Berlin.

    Quels murs faut –il abattre pour que les choses apparaissent telles qu’elles sont ? que le progrès technique apparaisse clairement pour l’observateur averti comme l’allié de la protection des milieux naturels.

    Nous en avons la preuve avec la corrélation quasi parfaite qui existe entre l’efficacité de la protection des milieux et le PIB d’un pays, à l’exception peut -être du Costa Rica, ou de toute autre zone déshéritée sur le plan économique mais mise en valeur par quelque société financière américaine.

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