PS et UMP : les grandes manœuvres agricoles

Partager sur : TwitterFacebook

On a beaucoup parlé de la récente opération de séduction du PS vis-à-vis du monde agricole. En présentant « 25 propositions pour une révolution agricole et alimentaire », le 14 juin dernier à Jalogny, prés de Cluny, Martine Aubry et Germinal Peiro, secrétaire national du PS à l’agriculture, veulent récupérer les voix des agriculteurs. Belle opportunité en effet : c’est un boulevard qui s’ouvre devant le PS. L’UMP est en plein bourbier avec le monde agricole. La cote de Sarkozy est en berne chez les paysans. Signe d’un malaise profond, la presse agricole ne mâche pas ses mots à l’image de la Vendée agricole du 11 juin dernier qui publie en Une : « Bruno Le Maire : champion du monde des annonces ». Autre signe intéressant, La Marne agricole du 4 juin publie in extenso la lettre de Jean-Louis Borloo adressée à tous les Préfets de France pour vanter les mérites du Grenelle de l’environnement. Et le journal de titrer : « la provocation du cabinet Borloo ». La rédaction reprend les 8 points essentiels de ce courrier et qualifie de « présentation trompeuse » la missive du Ministre du Développement durable. « Est-ce de la méconnaissance, de l’indifférence ou tout simplement de la bêtise de la part du Ministre qui est complètement déconnecté du monde agricole ? » tonne le journal. Les Préfets, représentants de l’Etat sont donc prévenus.  Au lieu de lire le Nouvel Observateur et d’écouter l’émission écolo-bobo « Service public » sur France inter, les conseillers de Jean-Louis Borloo feraient mieux de prendre connaissance de la presse de terrain. C’est beaucoup plus instructif pour mesurer ce que ressentent les « vrais gens » ! Martine Aubry la bien saisit, elle qui a affirmé lundi dernier à Cluny : « on ne pas continuer à insulter plus longtemps les agriculteurs ».  Moralité : les attaques constantes sur l’agriculture conventionnelle, le PS ne veut plus les endosser… Reste que les verts sont des amis très embarrassants pour siphonner le vote agricole…

Lors de la visite d’une ferme expérimentale en Saône-et-Loire lundi dernier, Germinal Peirot a réussi un tour de force : réunir toutes les organisations agricoles. Les Jeunes agriculteurs, la FNSEA, la Confédération paysanne, la Coordination rurale et la MODEF, tous, ont écouté attentivement les propositions socialistes.  Selon les agriculteurs présents, on a même senti, une certaine unité syndicale derrière les propos du PS… L’inquiétude du parti de gauche sur l’avenir de l’agriculture est palpable. «  Y aura-t-il encore des paysans en France dans 10 ans ? » se sont interrogés les socialistes soucieux de l’indépendance alimentaire et de la gestion des territoires.

Face à une UMP bien maladroite et sans vision pour le monde agricole, le PS semble avancer avec une approche réaliste. Erik Orsenna qui a pris la parole devant ce noble aréopage n’a pas été sifflé quand il a défendu le recours aux engrais, pesticides et même aux les OGM.

Mais des efforts restent à accomplir du côté du PS pour réussir à capter l’électorat agricole.  Sur les plantes transgéniques, Germinal Peiro continue de les pourfendre. Et on aimerait savoir ce que signifie, lorsque l’on lit les 25 propositions du PS, «  relocaliser l’économie agricole », « rompre avec l’utilisation systématique de pesticides, d’engrais, le gaspillage de l’eau et des énergies fossiles », « généraliser tous les systèmes d’agriculture durable, comme le bio ».

Pardon, ce sont de gros efforts que le PS doit encore accomplir. Il faut rompre avec l’idéologie verte. Sinon la Marne agricole et toute la presse agricole départementale n’hésiteront pas à titrer un jour : « les délires socialistes en matière agricole ».

4 commentaires sur “PS et UMP : les grandes manœuvres agricoles

  1. Bonsoir.

    Le programme agricole du PS n’est rien d’autre qu’une déclinaison des lois du grenelle environnement.
    Que les agriculteurs ne se trompent pas. Car voter pour le PS équivaudra à remettre les clés du ministère de l’agriculture à Mme Duflot, voir pire à mR Cochet.

    Je pense même que ces gens seront capables, dans leur délire idéologique, de fusionner le ministère de l’agriculture avec celui de la « nature »…. Afin de mieux écraser les agriculteurs et de promouvoir le « Bio »….

    Bien cordialement.

  2. @ Daniel,

    L’industrie française vit pourtant bien l’intégration au ministère du développement durable, très bien même. C’est une question d’Homme qui gère au plus près des dossiers plus que de sigle ou d’organigramme.

    La justification d’une utilisation appropriée de pesticides, d’engrais voire d’OGM serait mieux comprise par le citoyen si l’on séparait la production agricole, de l’alimentation, alimentation davantage du ressort du ministère de la santé ou des fraudes pour les contrôles.

    Erik Orsenna reste plein de bon sens pas bobo pour un sous, comme Michel Serres désormais, car ce dernier n’a pas toujours été aussi clair dans les années 90.

    Il est clair que l’existence d’un ministère de l’agriculture complique pas mal le débat, dans la mesure où quel soit le message, il est identifié comme celui des agriculteurs.

    C’est un argument que porte d’ailleurs, fort mal mais illustrant un vrai problème de communication, notre Ecotartuffette Isabelle Autissier, dans une tribune qu’on lui a écrite et qu’elle a signé dans le journal le Monde ce jour.

    Ferait mieux de s’occuper de la marée noire sur les cotes de Floride ou des PCB et oestrogènes qui polluent, eux, gravement les rivières européennes , pas seulement les rivières mais il est clair que ses financeurs de pétroliers et industriels préfèrent la voir taper sur l’agriculture et comme elle n’est pas très fine, c’est loin d’être une perle d’intelligence… elle tape! Comme un marin pas futé sait le faire.

    Seule une aggravation de la situation économique de la zone Europe redonnera du bon sens à une population qui l’a perdu et la hiérarchie dans ce qui est prioritaire.

    C’est une triste réalité, les européens n’ont plus connu le malheur depuis trop longtemps, leur rationalité s’en est trouvée perturbée et la société a engendré une communauté de Bobos, rassurons nous, la crise économique redonnera du sens là où il avait disparu; au moins ça de gagné, pour le reste, méritons – nous notre qualité de vie actuelle?

  3. Ceux qui souffrent de la crise ne sont pas les bobos, mais les prolos. Et c’est pas les media qui leur donnent les moyens d’exprimer ce qu’ils pensent, sinon, par ci par là, un ou deux syndicalistes au discours convenu sur les retraites. Vous avez vu un prolo interviewé sur l’agriculture bio ou le RCA ? Moi pas, mais il faut dire que je ne regarde pratiquement plus la télé.

  4. Oui… C’est vrai que c’est bien peu compatible avec l’économie verte. J’ai entendu une analyse assez intéressante sur France Inter hier, Th Legrand estimant que le PS n’avait rien à glaner de ce côté eu égard au fait que les agri sont une infime minorité de l’électorat mais que Martine travaillait plutôt la com: associer le PS à l’image du terroir et surtout au bon vieux temps (la plupart d’entre nous y compris votre serviteur ont des parents agriculteurs qui exerçaient pendant les trente glorieuses!)
    Dans un cas comme dans l’autre attention au retour de baton: Les bobos qui constituent une grande partie de l’électorat PS sont convaincus que les gigots poussent au bout des gentianes dans la ferme de José Bové!!! alors faudra choisir!!!
    Et comme Sarko est une canaille sans foi ni loi qui dit que dans un an il ne se fera pas le champion de la lutte pour la restauration de la compétitivité en jetant en même temps Hulot et le principe de précaution dans les chiottes et en tirant la chasse et en emmenant les gogos pour une nouvelle croisade!!!
    Le PS serait bien le bec dans l’eau et ce d’autant que le bobo reste un imbécile versatile prêt à sacrifier les petits oiseaux quand il aura découvert qu’ils font caca dans son porte-monnaie!

    MK

Les commentaires sont fermés.