Lecture d’été : « Avant que nature meure »

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C’est l’été, alors profitez du soleil et du calme pour bouquiner. Alerte Environnement vous propose de partir à la découverte des ouvrages clé qui ont contribué à façonner l’idéologie verte actuellement en pleine croissance.

Aujourd’hui : « Avant que nature meure »

Il s’agit d’un ouvrage volumineux, de plus de 500 pages, et divisé en deux parties : « hier » et « aujourd’hui ». Il veut, dans un premier temps, montrer que le problème de l’impact de l’homme sur la nature ne remonte pas à la société industrielle : « Les exemples pourraient être multipliés, tous montrant que la destruction des habitats naturels a commencé dès l’apparition de l’homme sur la terre. » Pour lui, l’équilibre biologique naturel entre l’homme et la nature a disparu « en tout cas dès que le chasseur se transforma en pasteur et surtout en agriculteur ». Il admet que, dans certaines régions, l’équilibre était plus ou moins maintenu avec « l’homme “sauvage” », mais seulement« jusqu’à ce que le Blanc envahisse le monde ». Dans un chapitre intitulé « L’homme contre la nature », il passe en revue, continent par continent, une série d’exemples de ravages causés par l’activité humaine durant l’ère pré-industrielle, détaillant érosion des sols, disparitions d’espèces animales, etc. Cette première partie se conclut avec un chapitre plus encourageant sur les efforts de l’homme pour protéger la nature, constatant que « la protection de la nature a fait des progrès considérables ». Il décrit entre autres la création de parcs nationaux et de réserves naturelles, ainsi que le travail d’associations comme le WWF ou l’IUCN.

La fiche du livre

69 commentaires sur “Lecture d’été : « Avant que nature meure »

  1. Je suis désolé de le dire…
    Mais les interventions de JGM, CdL et LB ressemblent plus à de mépris haineux qu’à quoi que ce soit de raisonnable…
    Accuser Nietzsche d’antisémitisme, est totalement stupide, et équivalent à accuser un chien d’avoir la rage pour pouvoir l’abattre.
    … et non, Nietzsche n’était pas fou… il était certes malade (syphilitique), et cette maladie s’est aggravée avec le temps… mais cela n’a sans doute pas affecté la plupart de ses écrits.

    La pensée de Nietzsche est extrêmement complexe, et, même si elle peut faire l’objet de nombreuses interprétations, elle ne se prête pas à une vision aussi superficielle que celle qui est présentée ici.
    Après on peut être d’accord, ou pas avec les développements philosophiques de la pensée Nietzschéenne (dans la plupart des cas, et entre autre dans le miens, ce n’est ni l’un ni l’autre, mais un intérêt critique dans ses analyses), mais le clouer au pilori comme vous le faite n’est que le reflet, soit d’une méconnaissance quasi totale, soit d’une superficialité extrême de votre lecture.

    « Cette pensée antichrétienne, antisémite, ne vous en déplaise, a été le fourrier d’un des deux totalitarismes du XXème siècle. »
    => Bah non… cette thèse ne tiens pas la route trois secondes… Nietzsche n’était pas antisémite… il était même (ses écrits le prouvent complètement) anti-antisémite. Et l’individualisme, et l’anti-nationalisme Nietzschéen, sont aux antipodes de l’idéologie national-socialiste…

    « Elles transpirent la haine, la puanteur et le vomis envers la vie »
    => C’est l’antithèse complète des idées Nietzschéenne – ce qui démontre que vous ne l’avez pas lu du tout… pourquoi donc parler (et surtout juger) ce que vous ne connaissez pas.

    Et pour le répéter, Nietzsche n’est qu’un philosophe, parmi d’autres, qui a cherché à théoriser les fondements des mécanismes de la morale. Il a dis des choses qu’on peut juger justes ou fausses (personnellement, je pense qu’il a vu juste par certain cotés, et faux par d’autres)… d’autre ensuite ont analysé plus en profondeur et de façon beaucoup plus subtile (comme par exemple Jankélévitch, dont les analyse de certains écrits de Nietzsche sont très intéressantes).

    Déifier Nietzsche serait certes de l’idéologie… mais le démoniser l’est tout autant…

  2. Pour revenir au sujet après un débat passionné sur la pensée de Nietzsche qui pousse au-delà du raisonnable à une forme de lucidité sur l’existence humaine.
    Expérience qui peut expliquer la névrose profonde et au final le folie du philosophe.
    On peut ne pas adhérer à la description que Nietzsche fait du monde, c’est mon cas et relever l’utilisation qui a été faite de sa philosophie par un des totalitarismes du XXème siècle parmi les plus inhumains, dont le caractère organisé en a fait le symbole de l’horreur à l’état pur.

    En revanche la description du chameau qui symbolise la croyance aveugle peut effectivement bien s’appliquer aux bigots du XIXème siècle comme aux bobos écologistes du XXème, majoritairement athées et « bouffeurs de curés ».

    On a observé la récupération des mouvements chrétiens de gauche par l’écologisme le plus profond, au départ en opposition avec les positions du Vatican qui sur la place de l’Homme face à la nature et au progrès technologique est désormais proche des milieu positivistes. Le progrès étant analysés désormais comme vecteur principal de l’amélioration de la vie des hommes. De fait on observe une inversion par rapport à la tradition qui voulait que les mouvements athées de gauche soutiennent la science et les technologies contre l’église freinant les avancées qui remettraient en question ses dogmes.

    Dans ce contexte la pensée de Nietzsche s’applique bien plus aux mouvements écologistes mais plus du tout à la pensée chrétienne officielle qui , à quelques exceptions près notamment celles qui concernent l’intégrité de la personne et ce qui pourrait conduire à une forme d’eugénisme,désormais soutient la science.

    Il convient de souligner que l’académie pontificale s’est pronocée nettement en faveur de la technologie des OGM, dés le départ et avec des arguments scientifiquement fondés même si effectivement des « chercheurs » de sensibilité chrétienne ont pu utiliser leur convictions comme argument pour leur thèse.

    On lira avec intérêt le livre  » le catholicisme vert » d’olivier Landron même s’il s’agit plus d’un ouvrage justifiant le retard avec lequel la pensée chrétienne en général et catholique particulier s’est mise à l’écologie.

    Cette adhésion n’est pas équivalente dans tous les médias en relation avec les églises, elle est à la limite de la nausée dans des hebdos comme la vie (ex catholique) ou Télérama (journal bobo par excellence) qui ne doit à l’église que ses pères fondateurs, en revanche le quotidien la croix et l’hebdo le pèlerin restent attaché à l’information honnête et à une représentation équilibrée de la relation Homme/Nature.

    Pour revenir davantage à notre sujet, on lira avec intérêt un article des échos

    http://www.lesechos.fr/journal20100805/lec1_les_strategies/020670443670–soleil-vert-et-le-spectre-de-la-crise-alimentaire.htm

    Le film d’anticipation « soleil vert » description apocalyptique d’un futur proche pose la question de différents mouvements actuels:

    – Accaparation des terres par quelques cercles de la finance et multinationales agroalimentaires en déstabilisant les marchés, imposant des normes et de contraintes de plus en plus complexes aux exploitants agricoles traditionnels.

    – Regroupement des populations dans les villes ressemblant de plus en plus à des mégalopoles sous prétexte de la densification urbaine, alors que les moyens de communication et telecommunication permettent la relation sans le déplacement.

    – En organisant un système de distribution qui favorise les grandes unités de production et conduit à exclure la production atomisée.

    De fait les organisations écologistes et des syndicats comme la confédération paysanne servent ceux, cercles financiers voire industries d’aval qui « voudraient » mettre hors jeu, l’entreprise agricole moyenne qui caractérise les pays européens de l’ouest.

    Pour comprendre pourquoi la France est une cible de choix
    http://www.terre-net.fr/obs_actu/point_entree.asp?xtor=RSS-6&id=63829

    La France est de loin le pays agricole de l’Union européenne le moins cher pour le prix de ses terres, 8 fois moins cher que le Danemark, 3 fois que le Royaume Uni, donc le plus intéressant pour de grands investisseurs qui voudraient diversifier les implantations en sus des surfaces immenses des pays d’amérique du sud et d’Europe centrale, certes encore nettement moins chères.

    Pour l’économiste français, Philippe Chalmin, spécialiste du marché mondial des matières premières invité dans Matin Première ce mercredi 5, la flambée actuelle des prix des matières premières agricoles « rappelle à tout le monde que le défi majeur de l’humanité au 21ème siècle n’est pas le défi énergétique ou environnemental, mais avant tout le défi alimentaire ». « Sous-payer les produits agricoles comme on le faisait était presqu’un crime contre l’esprit », ajoute-t-il.

    http://www.rtbf.be/info/economie/agriculture/pour-philippe-chalmin-la-flambee-des-prix-du-ble-est-une-bonne-chose-242596

    Il est surprenant qu’aucun médias français n’ait relayé l’information, alors que le mois d’août est propice à toutes les informations de nature catastrophiste.
    Enfin soutenir que le défi environnemental passe après celui de l’alimentation est gonflé dans la France de l’après Grenelle, et doit gratter pas mal de profs de l’INA PG qui ont expliqué l’inverse à longueur de cours à leurs élèves.

    Alors complot organisé derrière tout cela? ce n’est pas mon sentiment, mais il s’agit bien une analyse convergente de différents cercles de pouvoirs et de la finance qui visent la même chose, la terre, source de tous les profits au XXIème siècle.
    Pour cela d’abord sortir les propriétaires actuels du foncier, avec l’aide des mercenaires verts (ONG de tous poils) notamment et ensuite s’entredéchirer pour la conquête du butin.

    D’où l’intérêt des agriculteurs de nouer des alliances avec certains de des requins qui n’ont pas pris part à l’assault initial… on parle aussi de contractualisation.

    Affaires à suivre…

  3. @ Laurent :

    La « pensée » de Nietzsche ne devient « complexe » que lorsqu’on s’abstrait de l’histoire et de la généalogie des idées, et que l’on sépare son oeuvre de sa vie et de ses actes. D’ailleurs, cela vaut pour tous les penseurs.

    Ainsi, l’on peut faire dire tout et n’importe quoi au moustachu dépravé, puisqu’il est devenu normal de nos jours d’abolir l’auteur, l’histoire et les précurseurs.

    Mais ce n’est pas ainsi que je travaille, bien au contraire, et l’opinion que j’exprime sur Nietzsche est aussi le fruit d’un intérêt critique de son oeuvre, étayé par la méthode que je viens de montrer.

    Ne vous en déplaise, Laurent…

    Et puis, cessez donc de dénigrer vos interlocuteurs. On dirait que vous écrivez avec « L’art d’avoir toujours raison (et de se faire détester par tous) » de Shopenhauer sur les genoux.

    @ Alzine :

    Vous êtes un contributeur roué, félicitations. Vous avez remis la discussion sur de bons rails, et votre post est très très intéressant à de nombreux égards.

    C’est pourquoi, par respect pour l’effort, je quitte cette discussion sur Nietzsche, où j’ai de toutes façons assez fait entendre mon point de vue.

    Merci Alzine.

    @ Laurent Berthod :

    Mon hypothèse est que le graffiti « Nietzsche est mort – Signé : Dieu » a été écrit par quelqu’un de censé, et non par un 68ard. Cela n’a pas empêché les ravages de la meute déconstructionniste et le revival néo-nietzschéen, c’est vrai.

    Mais c’est peut-être aujourd’hui, alors que plus rien n’a de sens, que les gens meurent d’être seul au milieu de la multitude et que les nations sont chaque jour en danger de mort subite (crise systémique toujours pas réglée), que l’on peut le mieux passer de la résistance à la contre-attaque.

    Amitiés,
    Jean-Gabriel Mahéo

  4. @JGM
    « l’on peut faire dire tout et n’importe quoi au moustachu dépravé »
    => C’est d’ailleurs ce que tu fais… après l’avoir jugé moralement (« dépravé ») et donc en sortant du processus rationnel.

    « Mais ce n’est pas ainsi que je travaille, bien au contraire, et l’opinion que j’exprime sur Nietzsche est aussi le fruit d’un intérêt critique de son oeuvre, => étayé par la méthode que je viens de montrer. »
    Tout ce que tu a dis avant dément formellement ce propos

    « cessez donc de dénigrer vos interlocuteurs. »
    => Je ne dénigre personne. Dire qu’une analyse est non raisonnable, voire stupide est un qualificatif sur l’analyse, pas sur la personne qui la prononce… Dire que que CdL n’a pas lu Nietzsche est une évidence qui ne la dénigre en rien… etc…
    Mais malheureusement, de nombreuses personnes assimilent contradiction et dénigrement. C’est pour cela que de nombreux écolos idéologisés qui postent sur ce blog me trouvent détestable. Il se trouve que c’est la même chose pour vous à partir du moment ou je vous contredis… c’est comme ça, je n’y peux rien… 😉

  5. @Alzine

    Je partage votre point de vue concernant le mouvement de fond sur le foncier agricole.
    Pour rester agriculteur et  » propriétaire » de ses terres « familiales » dans un futur proche,il va falloir que chaque génération gagne « au Loto ».

    Le prix des terre a doublé en 5 ans et il continue à grimper malgré une rentabilité en descente constante.
    Les néo investisseurs terriens font finir par se casser les dents et le reste,entrainant dans leur chute des millions d’agriculteurs « paysans ».

    Pour ce qui est du moindre prix du foncier francais,je mets au défi ces néo investisseurs de faire du profit avec toutes les contraites fiscales,environnementales et autres conneries franco-francaise et ceci avec des terres au prix actuel.

  6. à ME 51

    Tout à fait d’accord mais dans le contexte des prix agricoles de la période 2000-2009 et d’une société bobo au niveau de vie élevé, obsédée par une certaine idée de la relation avec leur représentation de la nature.

    Ce monde de bisounours est en train de passer , crise grecque comme amuse gueule et la suite plus hard.

    On lira avec intérêt les positions des maitres du jeu sur la question de la production agricole

    http://farmlandgrab.org/5867
    Agcapita Farmland Investment Partnership | 26 June 2009

    Warren Buffett: Buffett has built Berkshire Hathaway into a multibillion dollar company based on the application of value investing techniques. One of his earliest investments at the age of 14 was to take the $1,200 he had saved up from two paper routes to buy 40 acres of farmland which he then rented to tenant farmers.

    Jim Rogers: Rogers co-founded the Quantum Fund with George Soros in the late 1970s and during the next 10 years, his portfolio gained more than 4,000%, while the S&P rose less than 50%. Jim founded the Rogers International Commodity Index, the Rogers – Van Eck Hard Assets Producers Index and the Macquarie and Rogers China Agriculture Index. Jim recently commented that “I’m convinced that farmland is going to be one of the best investments of our time. Eventually, of course, food prices will get high enough that the market probably will be flooded with supply through development of new land or technology or both, and the bull market will end. But that’s a long ways away yet.”

    Lord Jacob Rothschild: Rothschild, the 73-year-old head of the world-famous European banking family with a personal fortune estimated at $600 million, thinks that “right now is an excellent point of entry for taking a long-term position in agriculture.” Rothschild invested $36 million for a 24% stake in Agrifirma Brazil.

    George Soros: Soros recently became the largest shareholder in Adecoagro one of the leading agribusiness companies in South America whose main activities are the production of grains, rice, oilseed, dairy products, sugar, ethanol, coffee, cotton and cattle meat.

    Agcapita is a Calgary based agriculture focused private equity firm which manages farmland investment funds and is part of a family of funds with almost $100 million in assets under management. Our investment team has over 40 years of investment and finance experience and our field team has over 150 years of direct farming experience. Agcapita’s advisory Board is comprised of accomplished agriculture entrepreneurs and investment experts including the former UK Chancellor of the Exchequer, Rt. Hon. Ken Clarke and Jim Rogers, co-founder of Quantum Fund with George Soros

    C’est très clair et d’une certaine façon honnête, le financement détourné des ONG vertes et de José Bové par ces même acteurs n’est qu’une broutille qui serait sans conséquence sans la stupidité du peuple bobo qui ne voit pas venir la fessée généralisée, pas plus de 3 ou 4 ans à attendre.

    Il ne vous reste plus, agriculteurs qu’à « vendre chèrement votre peau  » de producteurs agricoles indépendants face à ce rouleau compresseur qui ne peut que s’intéresser au terres de France, pour se diversifier à coté des immenses surfaces d’amérique du sud ou d’Afrique et pouvoir revendiquer l’image terroir et French touch de notre production.

    Peut -être, pour les plus perspicaces et prudents continuer à exister à l’ombre de ces monstres de l’agrobusiness ou jouer avec ceux, moins gourmands ou plus subtils, qui intègreront -contractualiseront, forme de féodalisme moderne mais vraisemblablement incontournable .

  7. Personnellement, je vois deux moteurs de cette dynamique « idéologique » :
    1) Un fossé énorme creusé entre consommateur et producteur. La grande distribution n’y est pas pour rien, et le milieu marketing/médias a allègrement bourré le crâne du consommateur.

    2) L’explosion de la masse d’infos disponible associée à une baisse de sa qualité qui donne au quidam moyen l’impression d’être un expert alors même qu’il est de plus en plus désinformé.

    Concernant Nietzsche, moi je porte sur son œuvre le regard d’un scientifique. Nietzsche est le premier philosophe qui m’a permis d’inclure mon travail dans une démarche, un « mode de vie » cohérent.
    Il est évident quand on réfléchis un tant soi peu que la clef de voute du travail de Descartes ne vaut pas un rouble, que le « monde des idées » de Platon est une belle vue de l’esprit, mais pas plus etc…
    Nietzsche propose une philosophie qui reconnait les limites de la raison, et qui permet de les tolérer. Pour un scientifique, c’est la seule façon d’être totalement cohérent, d’échapper au déni.

  8. Mon cher Hop,

    Personnellement je n’ai pas eu besoin de Nietzsche pour comprendre que la liberté humaine était irréductible au déterminisme scientifique. Mais si vous êtes passé par Nietzsche pour accepter certaines limites de la science, c’est très bien.

    Je ne sais ce que vous appelez la clé de voûte du travail de Descartes. Il est néanmoins certain que Descartes a posé un certain nombre de principes méthodologiques qui ont aidé au développement de la science.

    Bien à vous.

    http://laurent.berthod.over-blog.fr/article-30992160.html

  9. Moi non plus, mais c’est toujours rassurant de lire un philosophe qui a bossé des années là dessus remettre tout cela à plat.

    Lorsqu’on s’adonne à l’exercice du doute cartésien, on fini toujours par arriver à une limite. « Je pense, donc je suis » n’est qu’un vulgaire jeu de mot qui permet de cacher cette limite sous le tapis. Je ne parle même pas de la référence à Dieu, vide d’utilité.
    Lorsqu’on pousse le doute jusqu’au bout, on finit nihiliste. J’aurai même tendance à dire que tout bon scientifique intègre est nécessairement nihiliste.
    Rester constructif, rationnel et cohérent lorsqu’on l’est est un véritable casse tête.

  10. A Hop et Laurent Berthod,

    Ce nihilisme de nombre de scientifiques modernes en conduit de trop nombreux à poser et exposer leur doutes sur le progrès des savoirs et des technologies, traçant le sillon dans lequel les décroissants et ecolobobo de tous poils sèmeront.

    Si le doute est le moteur de la connaissance, il doit rester moteur et non force d’inhibition, car une communauté scientifique n’agit pas seule dans l’espace mais en interaction avec des communautés d’autres nations dont les ambitions sont toutes autres. La production de richesse comme auparavant le choc des armées étant l’aune à laquelle on identifie celui qui imposera sa vision du monde à l’autre. Les nations d’Europe au XIXème siècle, les USA au XXème et vraisemblablement la Chine au cours de celui qui commence.

    Si les scientifiques et la technologie avaient été bafoués dans l’amérique ou l’angleterre des années 40 comme c’est le cas aujourd’hui en Europe, nous vivrions sous la bannière à la croix gammée et ses règles, la guerre a d’abord été gagnée par l’équivalence technologique des alliés, pas par des articles de presse, des tracts enflammés, ou le bricolage de la résistance française.

    La guerre est aujourd’hui économique et le progrès scientifique et technologique tout aussi importants, nos excès de doute nous mettent hors course, vis à vis des amériques et bientôt des grandes puissance montantes d’Asie, alors au scanner de l’existence humaine que nous propose Nietzsche, on peut aussi raisonnablement préférer la vision optimiste des chrétiens teintée de l’exigence d’un Mounier ou le pessimisme très exigeant d’un Camus : avec ou sans Dieu mais résolument acteur du monde dans lequel nous vivons, et pour aller de l’avant, pas fonder sa vie sur le doute sur la forme exacte de son nombril !

    Il semblerait que même des syndicats riches en bobos comme la CFDT commencent à le comprendre avec le communiqué assez inhabituel suite à la destruction des plans de vigne à l’INRA de Colmar : http://www.agrisalon.com/06-actu/article-24311.php

    Ils ont enfin compris que ce type d’acte participe (et accélère) à la fin d’un monde pour la recherche française et dans tous les cas la fin programmée et rapide de la recherche publique.

    Il est hélas désormais trop tard et de nombreux syndicalistes et scientifiques , n’ayant pas réagi assez tôt et de façon assez nette en porteront la responsabilité au regard de l’histoire.

  11. Cher Alzine,

    Dans ma lointaine jeunesse j’ai été militant et même responsable à un niveau très peu élevé à la CFDT. Je n’ai jamais considéré, même depuis que je n’y suis plus et malgré tous ses défauts, que la CFDT était bobo. Je me souviens que du temps où le terrain de bataille des écolos était le nucléaire, la CFDT avait publié un gros recueil très documenté sur ce sujet et favorable au programme électronucléaire civil français. En tout cas, il m’avait convaincu, moi qui ne savait que penser du nucléaire, notamment du fait des dangers mis en avant pasr ses adversaires, avant de l’avoir lu.

    A part ce point, je suis d’accord avec votre post. Le doute moral et son cortège de déconstruction à l’infini, comme un jeu de miroirs sans fin, sont mortifères.

    En réponse à Hop, il me semble que le doute qui conduit Descartes à son fameux « Je pense donc je suis » est un doute métaphysique bien plus que scientifique. Je pense que la métaphysique est aujourd’hui, après plus de vingt siècles de philosophie, sa branche devenue vraiment improductive. En la matière le mieux est que chacun bricole comme il peut et se débrouille à sa façon avec l’être, le temps, la mort et l’invisible. Aucun traité de métaphysique ne me semble pouvoir apporter un quelconque apaisement.

  12. bonjour:

    Le doute de Descartes peut être résumé ainsi:
    Necessité d’apporter la preuve de sa théorie, ce qui implique la capacité à tenir un raisonnement et méthodologie précise pour aboutir à la vérité.

    Il ne faux pas prendre « le doute » comme étant une remise en question de la science, ou une déconstruction tout azimut des connaissances. Au contraire même. Descartes était mathématicien et physicien. Son doute à lui est de nature à tout remettre en question les acquis et les connaissances de l’homme. Pour aller encore plus loin.
    Son Doute c’est « pas de preuve formelle, pas de théorie valide », je ne peux donc croire ce que l’on me présente.

    La base de sa pensée est bien visible dans les 21 règles qui doivent conduire la démarche intellectuelle : Règles pour la direction de l’esprit.

    Par exemple il remet en question nos sens, qui sont trompeurs en de maintes occasions (illusions d’optiques, mirage, toucher, odorat…). Il remet en question notre éducation: « de même l’imperfection de notre savoir vient du grand nombre de nos professeurs, dont chacun nous inculque ses propres opinions, de l’influence des diverses tendances, des divers jugements contradictoires que nous entendons porter par les savants et par les gens de métier. » Il énonce clairement la subjectivité à laquelle est soumise toute personne, et donc la nécessité de se bâtir une objectivité sur les faits et seulement les faits.

    http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Rene_Descartes

    En ce point il se démarque totalement des « penseurs » de son époque qui étaient dans une démarche binaire, très proche du syllogisme d’Aristote.
    Deux prémisses et choisir l’un deux. Deux points de vue, et choisir l’un deux. Et même si les deux prémisses sont faux, ou partiellement faux. Il faut en admettre un.
    La religion et l’église s’est bâtie entièrement sur ce principe. D’ou les erreurs et l’hérésie…

    Bien cordialement.

    ps: Je vous invite à voir l’émission C dans l’air d’hier. Avec mr Houdebine, Kervasdoué, Et l’inébranlable Séralini…

  13. Cher Laurent Berthod,

    Dans votre message du 16 août, vous écrivez : « En la matière le mieux est que chacun bricole comme il peut et se débrouille à sa façon avec l’être, le temps, la mort et l’invisible. Aucun traité de métaphysique ne me semble pouvoir apporter un quelconque apaisement ».

    Avez-vous lu les Confessions de Saint Augustin ?

  14. Cher Sophrone,

    Non, malheureusement, je n’ai pas lu les Confessions de Saint-Augustin.

    De lui je connais juste quelques bribes célèbres, comme le présent, instant qui s’évanouit entre le futur qu’il n’est plus et le passé qu’il est déjà, ou quelque chose comme ça, et la guerre juste, c’est à dire la guerre défensive.

    Sa métaphysique est-elle en mesure de pouvoir apporter l’apaisement à un autre que celui qui l’a conçue et écrite ? Ou bien me le citez-vous comme exemple d’un génial bricoleur ?

    Bien à vous.

  15. Ah, oui, et puis j’oubliai la pensée consolatrice : « Les morts ne sont pas des absents, ils sont des invisibles ».

    On peut la prendre dans son sens métaphysique. Moi, je la vis en esprit.

    Bien à vous.

  16. Cher Laurent Berthod,

    « Fecisti nos ad te, et inquietum est cor nostrum, donec requiescat in te. Vous nous avez créé pour vous, et notre coeur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en vous » (Conf 1, 1).

    L’apaisement, vous ne le trouverez qu’ainsi.

    Bien cordialement.

  17. Mon cher Sophrone,

    C’est très bien, mais pour que cela apaise durant la vie, avant d’être auprès de lui, encore faut-il croire.

    Pour ceux qui ne croient pas il y a « La lettre à Ménécée sur le bonheur » d’Epicure. C’est pas mal aussi.

    Moi, maintenant, l’âge aidant, je ne cherche pas l’apaisement. Je l’ai trouvé en me bricolant mon truc à moi, très intime, très bricolé, donc intransmissible.

    Bien cordialement à vous.

  18. Mon cher Laurent Berthod,

    Je continue l’échange. Veuillez m’excuser si je vous importune.

    Je sais que vous êtes très attaché à la vérité. Je vous adresse ici une page de saint Augustin qui, comme à l’habitude, s’exprime en termes admirables.

    Gaudium de veritate !

    « Le bonheur consiste dans la joie issue de la vérité. Et cette joie, c’est la joie qui naît de vous, qui êtes la Vérité même, ô Dieu, « ma lumière, salut de ma face, mon Dieu! ». Ce bonheur, tous le veulent, oui, ce bonheur, l’unique, tous le veulent ; cette joie qui vient de la vérité, tous la veulent. […]
    C’est ainsi, ainsi, oui, ainsi qu’est fait le coeur de l’homme ! Aveugle et lâche, deshonnête et laid, il veut demeurer caché, mais il ne consent pas que rien lui demeure caché […]. Si misérable qu’il soit, il préfère goûter la joie dans la vérité que dans l’erreur. Il sera donc heureux, lorsque, libre de toute inquiétude, il jouira de l’unique Vérité, principe de tout ce qui est vrai » (Conf. 10, 23).

    Je ne cherche pas à vous convaincre, seulement à alimenter votre réflexion.

    Bien cordialement.

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