« Les études sur les OGM profiteront au bio »

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C’est le titre choc d’une tribune de Pierre-Yves Geoffard, professeur à l’Ecole d’Economie de Paris, publiée cette semaine dans Libération. Selon cet économiste, « le progrès de l’humanité a été, depuis 5 000 ans, déterminé par un élément primordial : l’évolution des rendements agricoles ». Son point de vue pourrait être considéré par certains comme « allègriste » en raison de l’intérêt qu’il porte au progrès scientifique et technique en réponse aux défis agroalimentaire actuels.

Citant Paul Bairoch, Pierre-Yves Geoffard rappelle que « sans révolution agricole, il n’y aurait pas eu de révolution industrielle. »

Son propos tranche avec les théories décroissantes à la mode. « Le progrès technique, celui qui permet de produire la même chose avec moins d’heures travaillées, est la vraie source de la croissance économique et de l’amélioration des conditions de vie de tous : dans le long terme, les gains de productivité se traduisent systématiquement par une hausse des salaires des travailleurs et une diminution du temps de travail. » On est bien loin de la décroissance prônée par les écologistes radicaux.

Pierre-Yves Geoffard dénonce la « guérilla rurale » des faucheurs volontaires qui « prend la forme d’une lutte contre le principe même de recherche. » Pour lui, les anti-OGM « se trompe de combat. » Pour l’économiste, « l’avenir de l’agriculture biologique dépend de façon cruciale de la hausse des revenus qui, associée à une prise de conscience environnementale et à une éducation gustative, nourrit la demande pour des produits alimentaires de meilleure qualité. » Il reconnaît donc que la recherche sur les OGM peut offrir de meilleurs rendements et être un moteur pour la croissance et par voie de conséquence pour les pouvoir d’achat. « Au final, c’est grâce au progrès technique et à la croissance économique, et donc à la recherche et l’innovation, que pourra se développer l’agriculture biologique. »

Analyse intéressante ?

60 commentaires sur “« Les études sur les OGM profiteront au bio »

  1. @Jacques 29
    Et le ministère américain de l’Agriculture qui ‘oublie’ de faire ses tests sur la luzerne OGM.

    Votre info du 22 septembre oubliait de mentionner que le 21 juin 2010, la Cour suprême a rendu une décision ré-autorisant la vente des semences de luzerne RR La Cour a estimé que les tribunaux inférieurs avaient pris une décision prématurée sans attendre les résultats de l’étude d’impact de l’USDA.

    Acte final le jeudi 16 décembre la justice à tranché .Suite au document final d’impact environnemental de la luzerne génétiquement modifiée (GM) « Roundup ready » (RR) de Monsanto. l’USDA à décider de ne pas maintenir l’interdiction,

  2. Retour à l’article de Pierre-Yves Geoffard, bien intentionné mais sujet globalement mal maitrisé par son auteur.http://www.liberation.fr/economie/0101653580-les-etudes-sur-les-ogm-profiteront-au-bio

    Quelques commentaires:

    L’auteur écrit« Alors qu’en 1800, un travailleur agricole produisait de l’ordre de 50 quintaux d’équivalent céréales par an, il peut maintenant en produire 5 000, voire plus, grâce entre autres à la mécanisation, à la sélection des semences, et à l’utilisation d’engrais et de produits phytosanitaires. »

    Commentaire : l’auteur a raison mais oublie aussi des modifications majeures des milieux que sont l’irrigation, un politique d’amendement calcaire des sols les plus acides et principalement le drainage qui a valorisé des millions d’ha de terres humides non ou peu productives ( qui a aussi permet d’éliminer de redoutables maladies des zones marécageuses, au prix d’un appauvrissement de la biodiversité, mais qui pourra contester le caractère indispensable de l’assèchement des Dombes sujet dont l’enjeu est parfaitement traité dans le film « ridicule » (1995).)
    Si ces techniques trouvent des exemples depuis l’antiquité avec un développement notamment dans les abbayes du moyen âge, c’est le XIX siècle qui verra leur généralisation à tout le territoire.
    Ces modifications auront autant voire plus de conséquences sur les milieux et leur « biodiversité » que les modifications qui caractériseront le XXème siècle.

    « Il faut beaucoup plus de quintaux de blé pour produire une pièce de Shakespeare ; mais le public d’aujourd’hui est prêt, justement, à payer beaucoup plus ! »

    Commentaire : le public n’est pas prêt à payer beaucoup plus pour du théâtre, il peut tout simplement le faire désormais, lorsque qu’au début du XXème siècle, plus de 70% du revenu partait pour nourrir sa famille à cause du cout relatif de l’alimentation et encore 15 à 20 % pour se loger misérablement et se chauffer avec parcimonie, un fois payé son tribut à l’agriculture via l’achat de l’alimentation, il ne restait rien pour la culture .
    Les gens de spectacle ont oublié comme les enseignants ce qu’ils doivent à la technologie notamment à son effet libérateur pour l’humanité qui leur permet désormais d’exister.
    Leur action contre la science et la technologie aura participé à accélérer la fin de l’âge d’or de la société occidentale qui aura été surtout le leur. D’ici 10 ans, ils vont le payer très cher, comme nous tous d’aileurs, mais plus encore leurs professions moins essentielles pour les populations.
    L’enseignement toujours aussi nécessaire sera d’ici 20 ans, après une désagrégation du système actuel, davantage le fait des filières professionnelles auprès desquelles nos corporations d’enseignants devront se « vendre », système à l’Allemande, donnant une grande place à l’entreprise. L’efficacité du système d’outre Rhin en matière d’emploi productif s’imposera de lui-même à moyen terme. Exit dans ces conditions les instits faucheurs d’OGM.

    « L’agriculture biologique, qui propose un retour à des techniques plus respectueuses de l’environnement, se heurte à un problème similaire : en remplaçant les engrais et les produits chimiques par des méthodes plus intensives en travail humain, son coût de production est plus élevé, et cela d’autant plus que la productivité du travail augmente dans les autres secteurs de l’économie. Il n’est donc pas surprenant de trouver parmi les faucheurs volontaires d’OGM, surtout lorsqu’il s’agit de détruire des expériences utiles à la recherche agronomique, des producteurs bio : la destruction le 15 août d’un essai de 40 m2 de vignes transgéniques à Colmar est ainsi revendiquée (Libération d’hier) par Pierre Frick, viticulteur qui travaille en biodynamique et produit d’exceptionnels rieslings et autres sylvaners. »

    Commentaire : L’agriculture biologique ne propose pas un retour à des techniques plus respectueuses de l’environnement : la surexploitation du Maërl qui a ravagé les fonds bretons est beaucoup plus préjudiciable à l’environnement qu’une utilisation raisonnée d’ammonitrates. La systématisation du labour en zone érosive conduit à une destruction accélérée des sols. L’utilisation massive de cuivre sur vigne et pomme de terre a entrainé la quasi stérilisation de nombreux sols pour d’autres cultures que les plantes pérennes et perturbé fortement les écosystèmes aquatiques. En outre le principal problème de l’agriculture biologique n’est pas la substitution mais le plafonnement, elle ne sait pas dépasser un certain volume de production par unité de surface, principalement parce qu’elle refuse azote et pesticides efficaces, l’azote minéral non limitant du fait d’un faible cout, imposant le désherbage, bien plus efficace avec les herbicides , souvent les fongicides et parfois les insecticides. Dépasser régulièrement 40 qx de blé en agribio relève de l’exploit, alors que 80 qx sont une moyenne dans les zones dont le climat est favorable à la production.
    Autant le blé bio a du sens en Sicile, zone dont le climat est plus limitant que les techniques agronomiques mises en œuvre , autant il ne peut être qu’un marché de niche en Normandie, niche d’autant plus réduite que les cours du blé sont élevés comme actuellement .
    Tout cela Pierre-Yves Geoffard aurait du l’écrire et pour l’écrire le savoir et pour le savoir se renseigner avant de se lancer dans cette rédaction, plein de bonnes intentions et avec quelques idées de base juste mais qui chute un fois l’introduction passée.
    Si l’introduction de l’article de Pierre-Yves Geoffard est alléchante pour lire la suite, il a abusé du vin de Pierre Frick en construisant son argumentaire, sortant de son domaine de compétence pour prendre des positions dans des domaines qu’il ne connaît visiblement pas et écrire de grosses bêtises. Dommage !

    Je ne referai pas le coup de la citation du symposium « L’agriculture biologique face au défi de la sécurité alimentaire » de mai 2007 http://www.fao.org/newsroom/fr/news/2007/1000550/index.html , conclusion très timidement démentie par le DG de l’institution seulement 7 mois plus tard. Quoique, à cette approche de la St Sylvestre, nous sommes bien près de la situation et des cours de cette époque, pour les céréales (240 euros tonne pour le blé) , les oléagineux (500 euros tonne pour le colza) et désormais le sucre. Le prix du pétrole au plus haut avec un plateau de production désormais officiel (pic plat selon l’AIE) et une demande chinoise en progression pour le grain , risquent de rendre le phénomène plus structurel que précédemment.
    Pas un mot dans la presse, qui ne s’intéresse que timidement au flop annoncé de Cancun ( mieux valait pour Bové et consort se rendre à Camp con, où il se sentait vraiment en terre familière), aux rigueur de l’hiver et à la façon de continuer à intéresser un public versatile qui pourrait avoir d’autre soucis, plus concrets, d’ici une paire d’années.

    Alors les considérations d’un agri écolo bobo comme Pierre Frick, pff.

  3. C’est fou comme d’aucuns peuvent toujours s’abreuver aux mêmes sources et gober tout ce qui peut conforter leurs préjugés.

    Pour l’information de M. Jacques (« commentaire » 39), Monsanto ne fait pas dans la semence de betteraves mais a concédé des licences sur sa technologie RR.

    D’autre part (#51), c’est très bien de nous rapporter que le juge fédéral Jeffrey White a prononcé le 30 novembre 2010 une mesure provisoire et ordonné la destruction d’une centaine d’hectares de betteraves sucrières transgéniques. Vos sources ne vous apprendront certainement pas que, le 21 décembre 2010, la cour d’appel compétente a suspendu la décision, pour la deuxième fois, ce jusqu’à fin février 2011, ce qui lui permettra de décider quant au fond sur une décision aussi stupide qu’irresponsable sans qu’une mesure, prétendument provisoire, n’ait des conséquences irrémédiables. Et quelles conséquences ! L’impossibilité pour les États-Unis d’assurer sa production de sucre en 2012 et, probablement, une crise du marché mondial.

    Vos sources – ni du reste le juge White – ne prendront pas la peine de suivre ‘biologie et culture de la betterave pour les nuls’ pour comprendre que les risques de « contamination » sont quasi nuls et que toute « contamination » a des effets nuls. L’irresponsabilité morale, sociale et politique ne s’accommode pas de la connaissance. Le sectarisme exige la décérébration.

    Vous écriviez aussi, M. Jacques : «  Il est reconnu que Monsanto agit pour le bien de la planète » (#47) ? Monsanto – comme toute entreprise dans un système de libre entreprise – ne fait du business que s’il y a des clients pour acheter ses produits. Et les clients – des agriculteurs – ne les achèteront que s’ils y trouvent un avantage. Dans le cas de la betterave sucrière aux USA, les planteurs ont adopté les RR à 95% en l’espace de deux campagnes. C’est du jamais vu ! Mais, c’est certainement, pour M. Jacques et ses coreligionnaires, pour remplir les poches d’une certaine firme de Saint-Louis. Les farmers américains sont décidément des Monsanthropes.

  4. Bonjour à tous,

    @Alzine
    Merci pour ce post particulièrement intéressant et instructif… même s’il fait un peu peur par ses prévisions…

    @wackes seppi,
    Merci aussi pour ces précisions. Juste une remarque, il me semblerait plus exact de vouloir croire que les farmers américains sont des Monsantophiles…

  5. @ wackes seppi

    « L’impossibilité pour les États-Unis d’assurer sa production de sucre en 2012 et, probablement, une crise du marché mondial. »

    oh zut alors ! il n’y aura plus assez de sucre pour fabriquer le coca ! Mais qu’est ce qu’on va devenir ?

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