« Une tempête au pays des pandas »

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C’est l’expression utilisée par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel pour résumer la situation de crise que traverse le WWF suite à la diffusion mercredi soir en Allemagne d’un documentaire consacré à la célèbre ONG. OGM, firmes et lobbies agricoles, à en croire ce documentaire, le WWF serait loin de coller à l’image d’une ONG verte 100% écolo.

 

Selon le site internet du quotidien de la Suisse Romande « 24 Heures », « les images récoltées par le réalisateur proviennent des Etats-Unis, d’Indonésie, d’Inde et d’Argentine. On y voit des populations indigènes être déplacées au profit de plantations de palme, des monocultures de soja et la destruction de forêts originelles. Le documentaire montre aussi que le WWF serait proche de l’industrie d’OGM Monsanto. En bref, il serait proche de tout ce qu’il combat ouvertement au quotidien. »

Quelle sera la réaction du WWF ? Il va devoir s’expliquer mais selon Der Spiegel, il n’a pas l’intention de poursuivre juridiquement le producteur du documentaire (WDR).

Selon 24 Heures, le « porte-parole en Allemagne dénonce en revanche un reportage « idéologique » rempli « d’allégations mensongères » » et rappelé que « Plus de 420 000 Allemands affirment donner régulièrement de l’argent au WWF. En 2009, l’organisation de défense de l’environnement avait ainsi récolté en Allemagne 29 millions de francs. »

Alors qu’en France les reportages et documentaires des sociétés de production n’ont de cesse de s’en prendre à l’agriculture qu’elle accuse de tous les maux (environnement, santé, économie…), l’Allemagne commence à goûter au principe de l’arroseur arrosé qui pourrait (rêvons un peu) traverser la frontière et modifier la teneur des programmations de la télévision.

3 commentaires sur “« Une tempête au pays des pandas »

  1. Des écolos qui prétendent que des journalistes mentent, c’est l’Hôpital qui se fout de la Charité ! Ah ! Ah ! Ah ! Heureusement qu’il y a de temps en temps des déclarations de ce genre pour se marrer un peu dans la vie !

  2. Ce billet pose trois questions : la position du WWF ; la qualité du documentaire; la réponse du WWF.

    1.  Que vaut-il mieux ? Une organisation qui accepte la réalité économique et sociale et prétend l’encadrer – et vend des indulgences sous la forme du droit d’apposer son logo –, ou une organisation qui la refuse, du moins côté visible au public – son indulgence prenant la forme d’un inaction et d’un silence ? La peste ou le choléra ? C’est là une question à laquelle je ne saurais répondre.

    Le documentaire s’ouvre avec une publicité du WWF. Le commentaire qui suit est cinglant : « Celui qui donne peut soulager sa conscience. Immédiatement… »

    Le documentaire donne aussi la parole à des représentants de Friends of the Earth et Greenpeace. Il n’y a pas de doute : ce sont des frères ennemis.

    2.  Le documentaire est très bien construit. À charge, exclusivement (avec le concours de Friends of the Earth et Greenpeace)… Du MMR, c’est peu dire.

    S’agissant du soja en Argentine, il déroule les lieux communs anti-OGM, anti-Monsanto, etc. Selon le documentaire, Monsantoland commencerait dès les faubourgs de Buenos Aires. Du soja à perte de vue. Pour la production de biodiesel pour l’Europe et les USA… Faut-il poursuivre ? Oui : il y aurait même une pénurie pour la viande de boeuf.

    Le docu utilise aussi des trucs connus. Dörte Bieler* est priée de donner son opinion sur le génie génétique. Instamment. Elle s’y refuse, n’ayant pas à donner d’opinion personnelle… Et le journaliste de conclure que WWF International n’a pas d’opinion sur le sujet. Jayson Clay, vice-président du WWF prononce un discours. Il dit qu’il faut geler l’empreinte écologique de l’agriculture, et que le WWF propose sept ou huit mesures. Premièrement : la génétique… Dans la traduction, cela devient : le génie génétique.

    3.  Le WWF Allemagne a produit une réponse sur :

    http://www.wwf.de/themen/huismann-kritik-pakt-mit-dem-panda-faktencheck/

    Sur l’Argentine :

    « Le WWF protège la savane du Gran Chaco.

    « Le WWF s’investit intensivement avec son partenaire argentin dans la préservation de l’importante savane (forêt sèche) du Gran Chaco par l’établissement d’un zonage détaillé pour l’utilisation agricole et la protection. Lorsque, dans une région, des plantations sont prévues par des instances publiques ou privées (pas par le WWF) et que celles-ci ne peuvent pas être empêchées, le WWF exige que les forêts primaires ou secondaires dignes d’être protégées et présentant une biodiversité particulièrement importante soient préservées et que les champs de soja soient pris sur les friches (paysages dégradés). Pour la détermination des forêts à protéger, il existe une procédure reconnue (High Conservation Value Forest Assessment), qui est également utilisée par d’autres systèmes de certification (Forest Stewardship Council). Le documentaire prétend le contraire. »

    Le WWF est obligé de faire le grand écart. Interrogé sur les positions de Jayson Clay et Hector Laurence (grand ponte de l’agriculture en Argentine), la réponse est : « Le fait est : Il s’agit d’opinions divergentes isolées. Le WWF a une position claire de rejet du génie génétique sur le plan international. » Elle dément que M. Laurence ait fait partie du WWF et affirme qu’il a été jusqu’en 2008 le président de la Fundación Vida Silvestre Argentina (FVSA), une « organisation partenaire associée ».

    Tout compte fait, Pakt mit dem Panda – was uns der WWF verschweigt n’est pas un exemple à suivre et encore moins à recommander.

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    *  Détail piquant selon le Spiegel (http://www.spiegel.de/wissenschaft/natur/0,1518,770184,00.html) : c’est une ancienne employée de l’Association fédérale allemande de l’industrie du bioéthanol. Mme Marie-Monique Robin, si vous vous lisez Alerte-environnement en cachette et en vous signant pour éloigner le démon, voici un beau conflit d’intérêts… Ça vous changera de Suzie Renkens et Diana Banaty e de l’EFSA.

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