Après les emplois verts, les chômeurs verts

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Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012, tous les candidats affûtent leurs programmes et leurs idées phares. On a entendu en particulier Martine Aubry et François Hollande parler de la fameuse croissance verte et durable, censée produire de nombreux emplois verts, la plupart non délocalisables. Evidemment, les deux prétendants à l’investiture suprême draguent sec les écolos tendance Lepage ou Joly, véritables porte-flambeaux de ces emplois verts. Mais ils devraient être un peu plus prudent et ne pas trop s’enflammer pour ce qui apparaît comme le nouvel Eldorado économique. Pour s’en convaincre, il suffit de voir la déconvenue dans ce domaine du président Obama qui, lui aussi, avait fait de la croissance verte un thème majeur de campagne. Au mois de septembre, le journal Le Monde revenait sur le cas de Solyndra, une firme américaine qui fabrique des panneaux solaires : « Elle était le premier projet « vert » à avoir bénéficié de l’argent du plan de relance de 2009. En mai 2010, Barack Obama y a lui-même prononcé un discours. Mais les ventes n’ont pas été à la hauteur des espoirs et elles se sont révélées incapables de concurrencer l’industrie chinoise, hautement subventionnée. En février, la dette a été restructurée avec une deuxième garantie approuvée par le ministère, à hauteur de 75 millions. Fin août, Solyndra a déposé le bilan, licenciant 1000 personnes et laissant une ardoise de plus d’un demi-million de dollars aux contribuables. » Patatras ! Et comme le souligne le quotidien du soir, il y a d’autres cas à déplorer : « Ainsi, un programme de garantie publique d’emprunts à hauteur de 38,6 millions de dollars pour pousser le secteur énergétique à développer les « nouvelles technologies propres », censé créer 65.000 nouveaux emplois, s’avère n’en avoir généré que 3545, alors que la moitié de la dépense a déjà été débloquée. »

Toutefois, il ne faut pas aller chercher si loin. Il y a exactement un an, l’entreprise danoise Vestas, le leader mondial de l’industrie éolienne, a annoncé la suppression de 3000 emplois sur 23.800, environ 12% de ses effectifs mondiaux. Comme l’a expliqué sobrement le groupe dans un communiqué, « en 2011, la croissance du marché européen ne va pas atteindre le niveau espéré par Vestas ». Selon Le Figaro, « Vestas avait pourtant engrangé les plus fortes commandes de son histoire au deuxième trimestre de 2010, avec l’équivalent de 3031 MW, livrables à partir de 2011. Mais la société a réalisé 99% de ses ventes hors du Danemark ces dernières années. Fabriquer et assembler les turbines loin des clients avec un coût de main-d’œuvre élevé n’est pas rentable sur un marché de plus en plus concurrentiel, estime donc le groupe ». Rappelons qu’en 2009, Vestas avait déjà supprimé 1900 emplois en Europe…

Qu’on se le dise, malgré les gesticulations des écologistes, il n’y aura pas de miracle vert !

Sources

8 commentaires sur “Après les emplois verts, les chômeurs verts

  1. En bon économiste:
    Un emploi subventionné n’est pas un emploi viable!!!

    Un emploi viable est un emploi qui crée de la richesse, pas un emploi qui en consomme.
    Arrêtons le gaspillage de l’argent du contribuable!!!

  2. Implanter des éoliennes au dessus des céréales et des colza n’est pas irresponsable si les revenus vont aux agriculteurs et pas aux sociétés de services qui menent les études pour répondre à une règlementation trop compliquée.

    http://www.latribune.fr/opinions/20111003trib000653628/l-ecologisme-coresponsable-de-la-crise-economique-.html

    « Cette « folie réglementaire », selon l’heureuse expression du sociologue Michel Crozier, a plusieurs causes. L’environnement constitue le domaine idéal pour la multiplication des règlements. Tout comme la santé, l’environnement, devenu un impératif moral sinon religieux, « n’a pas de prix ». Le pouvoir politique, qui trop souvent échange des avantages contre des votes, voit ses marges d’action contraintes par l’impossibilité de dépasser la limite des prélèvements obligatoires et le recours à l’emprunt : la multiplication des réglementations permet ainsi de poursuivre à bon compte les avantages du « marché politique ». Les administrations trouvent dans l’élaboration, la mise en oeuvre et le contrôle des réglementations une justification à leur croissance et à leur pouvoir. Enfin, les responsables économiques, à savoir les très grandes entreprises, ont compris depuis longtemps que les réglementations, sous réserve d’en contrôler le contenu, étaient le meilleur moyen de limiter la concurrence et de s’assurer un monopole de fait. »

    Tout est dit!

    1. Excellente tribune de Max Falque.
      Le taux de prélèvement obligatoire et la dette publique ne suffisent pas à mesurer le poids des pouvoirs public, leur diktat sur le « libre » marché et des citoyens: les règlementations et leurs conséquences sont encore plus lourdes, handicapantes.

  3. une étude très sérieuse d’une Université espagnole a montré que pour 1 emploi « vert » créé on détruisait 3 à 4 emplois.
    Joli bilan !!!
    L’explication tenant au fait que le développement des Energies dites vertes affaiblissait la compétitivité du pays en faisant grimper les coûts de l’énergie et en accroissant les prélèvements fiscaux. Remarquons que l’Espagne a depuis remis fondamentalement en cause les subventions aux secteurs éoliens et photovoltaïques y compris sur des projets déjà lancés.

    Avec la crise des dettes publiques et l’obligation de réduire leurs dépenses, les aides vertes sauteront les premières

  4. Les tarifs de rachat garantis sont totalement inacceptable, si je conçois une aide pour la R²D ou l’investissement, garantir une rente, c’est de l’incitation à la spéculation. Les tarifs réglementés permettent d’amortir à coup sûr en 5 ans la moindre installation, hors en France le tarif est garanti pour 20 ans!

    Je suis atterré par l’incohérence entre le discours anti capitaliste des écogistes et leurs soutient sans faille à cette politique de création de rente. Si c’est pour « créer des emplois » autant embaucher des flics, des gardiens de prisons, des profs ou des surveillants dans les établissements scolaires, au moins l’argent va servir au bien commun, pas à enrichir les émirs de l’énergie verte.

  5. « Fin août, Solyndra a déposé le bilan, licenciant 1000 personnes et laissant une ardoise de plus d’un demi-million de dollars aux contribuables.  »
    ——————-
    Les journaleux de l’imMonde sont des ânes.
    La faillite de Solyndra n’a pas coûté aux contribuables « un demi-million », il a coûté un demi-MILLIARD (plus exactement 535 millions, chiffre écrit quelques lignes plus haut dans son même torchon).
    Eh oui, le journalisme en France est aussi pourri que ça !

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