Nous avions repris hier une première analyse de Guillaume Tabard, rédacteur en chef adjoint des Echos et chroniqueur sur Radio Classique (« Les coulisses du pouvoir ») sur l’accord politique entre le PS et EELV. En voici une deuxième tout aussi pertinente.
Journée de dupes mercredi entre les socialistes et les Verts sur le nucléaire. On se pose la question : y a-t-il encore un accord ? Car bien malin qui peut y comprendre quelque chose.
Mardi, il était question d’un texte qui ne parlait pas de sortie du nucléaire mais qui prévoyait la fermeture de 24 réacteurs. Les Verts avaient du manger leur chapeau sur l’EPR de Flamanville mais ils avaient obtenu quelque chose de colossal : la fin du retraitement des déchets, et de la fabrication du Mox – un nom que l’on a tous appris mercredi -, un combustible obtenu à partir du retraitement des déchets d’uranium. Au passage, cela concerne quelque 5.000 emplois à l’usine de La Hague. C’est du moins ce que dit le texte validé par Martine Aubry pour le PS et Cécile Duflot pour les Verts.
Et puis, patatras, le Bureau national du PS se rend compte de l’énormité de la chose. Areva alerte des élus, dont le maire de Cherbourg, concerné directement dans sa région, et qui est aussi porte-parole de François Hollande. Du coup, le candidat socialiste fait retirer le paragraphe concerné. Ce qui fait que les instances du PS n’ont pas validé le même texte que celui qui sera soumis ce week-end aux instances des Verts.
On se dit : en vingt-quatre heures, les deux partis vont clarifier tout ça. Et bien non. Mercredi soir, aux « 20 heures », François Hollande était sur TF1 et Cécile Duflot sur France 2. Hollande a été très clair : on continuera à fabriquer le Mox. Et Duflot a été aussi catégorique : le texte n’a pas changé, on arrêtera le Mox. D’ailleurs dit-elle, Martine Aubry et Michel Sapin, chargé du projet de Hollande, me l’ont confirmé.
Donc chacun fait comme si l’autre n’avait rien dit. Problème : ils sont censés gouverner ensemble en cas de victoire au printemps 2012. Dans la primaire, Martine Aubry avait alerté sur le risque que les Français aient l’impression de se faire « empapaouter ». Elle ne croyait pas si bien dire…
A cela s’ajoute la polémique sur la candidature de Cécile Duflot à Paris. Et on a l’impression que l’accord Verts-PS se résume à un deal « centrales contre circonscriptions », grands principes généraux contre petits intérêts particuliers.
Mais dans le cas de Cécile Duflot, il ne s’agit pas d’un problème entre le PS et les Verts mais d’une querelle interne au PS. Puisque Martine Aubry, approuvée par François Hollande, a accepté la candidature de la patronne des Verts à Paris et que c’est Bertrand Delanoë et sa dauphine Anne Hidalgo qui n’en veulent pas. Grosse brouille donc entre Aubry et Delanoë, qui était l’un de ses soutiens durant la primaire, et Hidalgo, sa grande amie, qui était sa porte-parole dans la primaire.
Que disent Aubry et Hollande ? Que quand on fait un accord avec un partenaire, il faut bien faire de la place, donc des concessions.
Que disent Delanoë et Hidalgo ? Que la culture qui fait le succès de la gauche à Paris depuis 2001 c’est le refus de tout parachutage et de faire de Paris un tremplin pour une carrière nationale. Ce qui n’a pas empêché au passage au maire de Paris de chercher à devenir premier secrétaire et à rêver de l’Elysée. Passons.
Mais c’est vrai que Cécile Duflot pousse le bouchon assez loin en briguant la circonscription la plus à gauche de la capitale. Autrement dit : une assurance-vie électorale. Difficile ensuite d’accuser François Fillon de faire la même chose dans le VIIe. A Lyon, c’est pareil. Gérard Collomb s’oppose au choix de l’écologiste Philippe Mérieu.
En général, un accord sert à régler des problèmes. Celui conclu entre les Verts et le PS ne fait qu’en poser.
Espérons que la gauche se fera rétamer avec un second tour Sarko-Marine…
C’est vraiment n’importe quoi, le PS s’engage à réduire la production de Mox au delà de 2017. Comment on peut être assez con pour croire un engagement pareil?
Les gentils zécolos qui dénoncent le fait que le nucléaire ait été développé sans que l’on consulte les français ne semblent pas être gênés de glaner des circonscriptions dans le dos des électeurs.
L’Agri bio qu’ils veulent nous imposer ne se fait pas avec une consultation des citoyens, et les éoliennes non plus…
En ce qui concerne la magouille électorale et la tambouille parlementaire, la gauche en connait un rayon!!!
Jospin qui fait passer une loi interdisant les débats au sein de Conseil Régionaux…
Fabius qui fait passer une loi auto-amnistiants tous les députés impliqués dans l’affaire URBA – MNEF…
Rocard qui invoque le 49.3 pour faire passer plusieurs lois en force…
Encore et encore…
Pour la magouille électorale, c’est un partout. À droite, vu le désistement surprise de M. Borloo et le traitement « promis » aux amis de M. Morin, c’est plutôt la méthode du parrain.
Pour ce qui est des éoliennes, mon impression – certes fondée sur la démocratie suisse qui permet les « votations » sur presque tout et n’importe quoi – est que la mouvance écolo est tout tout feu tout flamme tant que l’on parle du principe ; mais dès que l’on passe à la pratique c’est : « Ah oui ! Mais pas chez nous ! ».
J’appel ça « bienvenu dans le monde réel », les écogistes de salon sortent de la matrice. Forcément 50 moulins à vent de 120m de haut qui encadre sa résidence secondaire acheté à prix d’or ça perturbe le pauvre bobo venu se ressourcer loin de la civilisation.
Demander à un candidat du même bord (ou faire pression) pour pas qu’il se présente à une élection, ce n’est pas de la magouille, c’est de la politique.
La magouille commence quand ont lui promet un siège de sénateur ou de député, que l’on réserve des circonscriptions pour ses affidés.
Faire revenir un juge en vacance, ce n’est pas de la magouille politicienne, c’est une pression sur la justice.
La magouille électorale, c’est quand un parti prend des largesses avec la démocratie, avec le vote des citoyens…
J’ai souvenir d’un hélicoptère envoyé en urgence dans l’Himalaya pour récupérer vite fait un juge moins tatillon que son suppléant…
Cette « négociation » qui a lieu en public, pleine de rebondissements nauséabonds, creuse le fossé entre le PS et son électorat. Le PS y apparait en effet soit comme une pétaudière, soit comme un club d’incompétents, soit comme une maffia de joueurs de bonneteau. En réalité il est un peu des trois à la fois.
La Eva Joly qui ne va pas à l’émission de télé de ce soir car elle veut soi disant prendre de la hauteur ! Un candidat à la présidence qui ne va pas à une émission de télé ! Il n’y a eu jusqu’à aujourd’hui que le général pour avoir fait ça et ça lui a couté cher ! Mais lui ce n’était pas par faiblesse, c’était par orgueil Je parie qu’elle n’ira pas au bout de sa candidature, elle n’a pas la carrure et elle commence à calancher.
Elle est arrivée au PS avec un ultimatum, exigeant la sorti du nucléaire, elle revient avec des promesses qui engagent au delà de 2017 (donc sur lesquels les gouvernements 2017-2022 et 2022-2027 pourrons s’asseoir, ce qui est extrêmement probable vu que l’augmentation des besoins et le faible développement des ENR mettra le pays au bord du black out) et qui ne change pas d’un iota la position de Hollande. A part des députés elle n’a rien obtenu. Expliquer ça devant des journalistes risque d’être compliqué.