Le canard, une alternative aux pesticides ?

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C’est LA nouvelle du jour : Le Monde a  (enfin) trouvé une vraie alternative aux pesticides…au Japon. Philippe Mesmer nous rapporte dans un article du 11 janvier cette trouvaille d’un japonais, Takao Furuno, pour cultiver le riz sans produits phytos :

Ses recherches l’ont conduit à redécouvrir une pratique ancienne de la riziculture : celle de l’usage du canard. Des dizaines de palmipèdes, nés dans l’exploitation, sont déployés dans les rizières. Ils se nourrissent des insectes et des mauvaises herbes, sans toucher aux plants de riz. En pataugeant, les canards oxygènent l’eau et remuent la terre. Leurs déjections servent d’engrais.

On en revient vite à la réalité :

Si la technique est bien maîtrisée, les débuts furent difficiles. «Les canards étaient chassés par les renards et les belettes. J’ai fini par installer des clôtures électriques autour des rizières pour les protéger. » Par la suite, M.Furuno a amélioré la méthode en ajoutant des loches et des plantes aquatiques qui contribuent à la croissance du riz et des canards.

[…] Cela dit, estime Masayoshi Honma, du département d’agriculture de l’université de Tokyo, «c’est une technique que tout le monde ne peut pas reproduire». La tendance actuelle de la riziculture japonaise, pratiquée par 1,4million de foyers, reste au regroupement et à l’intensification pour une rentabilité plus importante.

Les alternatives aux pesticides, ce n’est pas aussi simple qu’écrire un article dans le Monde !

29 commentaires sur “Le canard, une alternative aux pesticides ?

  1. Faut qu’on m’explique comment il dresse les canards pour pas manger le riz. Autant mettre des poissons purement carnivore ça peut servir (c’est même courant) autant les canards c’est des bouffe tout, même les cartouches de fusils ils essayent des les avaler. J’en prendrais bien une paire pour mettre un peu de plomb dans la tête ceux qu’élève mon grand père. Si on peut les dresser à manger les limaces et à désherber le potager, c’est la richesse assuré.

  2. Super, mais comme nul n’est prophète en son pays, le japon est le second marché pour les pesticides au niveau mondial, justement à cause du riz. Bien avant la France et avec une SAU infiniment plus faible.

    Faudra faire la même expérience en lâchant des conards bouffeurs d’insectes, l’insectivorie étant très tendance chez les bobos, enfin sur le blogs seulement, dans les assiettes, ils préfèrent le magret. Attention cependant à ne pas prendre des conards faucheurs volontaires aussi connus comme conards sauvages car lorsque le riz OGM s’imposera, assez rapidement au Japon pour compenser par le rendement les pertes de surfaces dues à Fukushima et après avoir constaté que les OGM étaient moins risqués que l’électricité nucléaire (pas de cas connus de déplacement de population du fait des OGM aux USA ou au Canada, y compris en cas de fuite de la parcelle ) ces conard sauvages risquent de s’en prendre au végétal à protéger.

    Connaissant les japonais, ils risquent de créer des loches qui bouffent les conards qui ne respectent pas les plants de riz ou les envoyer en prêt gracieux aux chinois qui les transformeront en nems dès la descente d’avion.
    Eh oui, c’est ainsi que cela se passe au pays du soleil levant, pays qui sait aussi dresser les conards sauvages et dispose d’une des industries alimentaires utilisant le plus les OGM au monde, des levures et bactéries en fermenteur certes.

  3. Il n’est jamais trop tard pour se réveiller ! Cherchez Takao Furuno sur la toile, et vous en aurez de la lecture. Et il y a :

    « Au Japon, des agriculteurs ont constaté que dans les rizières les canards et les poissons étaient aussi efficaces que les pesticides pour combattre les parasites tout en constituant une source supplémentaire de protéines pour leur famille. Les canards mangent les mauvaises herbes et leurs graines, des insectes et d’autres nuisibles; le travail de désherbage, habituellement effectué à la main par des femmes diminue, et les excréments des canards se transforment en nutriments pour les végétaux. Ce système a été adopté en Chine, en Inde et aux Philippines. Au Bangladesh, l’Institut international de recherche sur le riz indique que les rendements des cultures ont augmenté de 20 % et que les revenus nets calculés sur la base des coûts nominaux se sont accrus de 80 %.

    Avec un renvoi vers : «Integrated rice-duck: a new farming system for Bangladesh», in Innovations in Rural Extension: Case Studies from Bangladesh, P. Van Mele et al. (éds.), Oxfordshire, UK/Cambridge, USA, CABI Publishing, 2005.*

    Rapport du Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter, document A/HRC/16/49 des Nations Unies (20 décembre 2010)
    http://www.srfood.org/images/stories/pdf/officialreports/20110308_a-hrc-16-49_agroecology_fr.pdf

    C’est tellement efficace que tout le monde s’est mis à élever des canards dans les rizières…

    Et, bien sûr, pour cet honorable journaliste du Monde, les canards sont une « alternative aux pesticides ». Tous les pesticides…

    __________________

    *  Il me semble que c’est cet article :
    http://www.agroinsight.com/downloads/innovations-in-rural-extension/Innovations-in-Rural-Extension-Chapter12.pdf

  4. Le péquin moyen a du mal à comprendre la variabilité bioclimatique. Les décroissants fan de pernaculture ont bien du mal à appliquer les concepts de Fukuoka hors du Japon. Et oui un climat doux qui permet la cultures d’agrumes l’hiver sur des pentes fertiles volcaniques on n’en trouve pas partout…

    1. Ne pas réussir à faire cracher du rendement dans une terre volcanique, il faut être complètement débile. Faire du rendement dans des vieux sols délavés tropicaux ou des terres superficielles en climats tempérés séchant au printemps, c’est une autre paire de manche.

    1. 0.1 micro gramme de pesticides par L, j’ai du mal à croire que le round up soit 150 fois plus toxique que l’uranium dont la limite est fixé à 15 micro gramme par L par l’OMS.

      1. L’uranium n’est pas toxique, c’est un minerais naturel présent partout sur Terre (3g/m3 ) et sous terre (le noyau terrestre est une boule liquide parce que c’est un méga réacteur nucléaire d’uranium).

        1. Mange un bol de yellow cake alors. La DL 50 est 204mg/kg chez le rat, c’est beaucoup plus toxique que la plupart des phyto. Et puis c’est pas parce que c’est naturel que ça n’est pas toxique.

          1. « Mange un bol de yellow cake alors.  »
            —————-
            Si je suivais ta logique débile, je te répondrais : mange un bol de pierres alors.
            Mieux encore, dans toute l’histoire de l’humanité, personne n’a jamais été mort intoxiqué par l’uranium (tu peux me citer un nom, un seul ???) alors que des milliers de gens meurent chaque année en avalant des médicaments, donc les médicaments sont bien plus toxiques.

          2. De nombreuses personnes sont morts ou on vu leur vie raccourci par les produits de la désintégration naturel de l’uranium. Dire que ce métal n’est pas dangereux est profondément stupide, et le fait qu’il soit présent partout ne change rien, on trouve aussi du polonium, de l’arsenik, etc. L’utiliser comme référence pour comparer les doses admissibles de pesticides dans l’eau potable est pertinent: on essaye de nous faire croire qu’on est 150 fois plus sensible à l’uranium qu’a pesticide de synthèse, moi ça me fait rêver.

      2. En fait l’uranium est toxique comme n’importe quel métal lourd, le plomb, l’or..etc..
        Les métaux lourds bloquent les reins. On connait l’exemple d’un gars qui avait avalé volontairement 50 g d’acétate d’uranium, il a été bon pour dialyse pendant 6 mois, mais il a récupéré.
        Il y a le cas bien connu des eaux minérales gazeuses du Massif central et d’ailleurs. Vomme la Vichy St Yorre, St Galmier (Badoit), et surtout la St Alban (près de Roanne) dont les teneurs en uranium montent à plus de 100µg/l pour cette dernière.
        mais en fait elles sont libres à la vente car elles sont classées comme « minérales » donc ressortant d’un suivi médical, ce qui n’est pas le cas des « eaux de conduite ».
        En fait Badoit fait de la deferrisation au manganèse pour abaisser les taux (récent) qui restent élevés. A l’époque de l’histoire de la « fuite d’uranium » à tricastin, j’avais demandé à la Criirad de me faire les analyses de ces eaux minérales.. et ils ont refusé prétextant justement qu’elles nétaient pas comparables à des eaux de nappe phréatique et de la Gaffière qui elles sont réputées « de conduite »..
        @+

        1. La CRIIRAD a tout intérêt à maintenir l’omerta sur la radioactivité naturelle.

        2. La Badoit fut un temps conseillée comme eau de boisson, dans une opportunité de prévention anti-carie, en raison de sa teneur intéressante en fluor.
          Toutefois, je ne suis pas aujourd’hui en mesure de dire si cette prescription est toujours d’actualité…

  5. http://www.searca.org/ajad/archives/v-02/01-02/ajad_v2_n1_n2_tanveer_etal.pdf

    « The yield of rice is, on average, 20% higher in the rice-duck system than the traditional rice system (sole rice) »

    20 % de rendements en plus par rapport à un système TRADITIONNEL à riz unique…
    Mais qu’est-ce donc que le système traditionnel? aucune réponse apportée.

    « Each farmer made available a plot of 2800 sq m, which was divided into two equal parts: one part for the rice-duck system and the other for the farmers’ traditional method of rice production (rice only). »
    Surface d’expérimentation 2800 m² divisés en deux, donc 1400 m².

    « Demarcated areas of 5m x 2m were taken as Control treatment »
    Surface témoin = 10 m².

    « As to fertilization, the rice-duck plots received only cow dung at the rate of five tons per hectare (t/ha) and no inorganic fertilizers. In the sole rice plots chemical fertilizers were applied as commonly practiced by the farmers. »
    Fertilisation pour riz+canard = 5 TONNES de bouses de vaches par ha.
    Fertilisation pour riz seul = selon les pratiques habituels des fermiers (on n’en saura pas plus, mais cela laisse planer un sérieux doute… des fermiers pauvres du Bangladesh n’ont surement pas les moyens de réaliser une fertilisation « chimique » équivalente à 5 tonnes de bouse de vache par ha).

    Sans vouloir aller plus loin, je crois que l’on tient déjà la « réussite » de ce type d’agriculture Riz+canard. En faite on devrait dire Riz+super apport organique de bouses de vache !!!

    Mais continuons:
    « 20-day-old ducklings were released in the plots at the rate of 350–400 birds per ha. »
    Donc on lâche dans le champs près de 400 canards par ha. Je rigole, mais vous croyez vraiment que le fermier pauvre du coin il a 400 piafs sous le bras comme çà???

    Juste comme çà : aucune réplication… juste des comparaison deux à deux…

    Bon j’arrête là… je suis trop MDR à lire ce truc !!!

    1. Le drame de ce genre d’études est qu’elles sont menées par des gens qui sont convaincus de leurs thèses et n’ont visiblement pas de formation adéquate pour l’expérimentation. Ça commence souvent mal dès le protocole d’essai (par exemple, dans le cas présent, le biais de fertilisation). Les résultats ne sont pas toujours reflétés avec rigueur ; et ils sont toujours décrits et commentés avec un tuning important.

      Dans le cas présent, il est affirmé que tous les agriculteurs ont vu leur autosuffisance en riz augmenter du fait de l’augmentation des rendements. Mais, en réalité, selon le tableau 7, la situation n’a pas changé pour un bon tiers d’entre eux. Du coup, on aurait aimé avoir des résultats plus détaillés que les moyennes.

      Cette étude pointe aussi vers un autre problème. L’essai a été conduit en collaboration avec deux ONG, l’Institut bangladeshi de recherche sur le riz, duquel émanent deux auteurs, étant lui-même impliqué dans le projet. Or les ONG et l’Institut ont intérêt à démontrer l’intérêt du projet… il y va de la poursuite de leurs activités voire de leur survie.

      Et le troisième problème est que les études de ce genre sont largement citées, soit directement, soit à la suite de conférences, et que leurs faiblesses finissent par s’évanouir dans le labyrinthe des publications.

      J’ai commis une analyse d’un document du FiBL suisse qui est à la base de l’affirmation fort répandue selon laquelle le « bio » atteint 80 % du rendement du conventionnel dans les pays développés :

      http://imposteurs.over-blog.com/article-agriculture-biologique-un-fibl-bien-faible-par-wackes-seppi-96151754.html

      Défaire l’écheveau des vérités, demi-vérités et omissions, voire mensonges, a été une tâche ardue

  6. Ce que nos braves écolos passent sous silence c’est le risque sanitaire associé à ce type de système.
    This study analyzed the spatial distribution of HPAI outbreaks in relation to poultry, land use, and other anthropogenic variables from the start of the second epidemic wave (July 2004–May 2005). Results demonstrate a strong association between H5N1 virus in Thailand and abundance of free-grazing ducks and, to a lesser extent, native chickens, cocks, wetlands, and humans. Wetlands used for double-crop rice production, where free-grazing duck feed year round in rice paddies, appear to be a critical factor in HPAI persistence and spread.
    http://igitur-archive.library.uu.nl/vet/2006-0822-200838/tiensin_05_feegrazingduckandhpaiinthailand.pdf

    ou encore…
    This article analyses the statistical association between the recorded HPAI H5N1 virus presence and a set of five key environmental variables comprising elevation, human population, chicken numbers, duck numbers, and rice cropping intensity for three synchronous epidemic waves in Thailand and Vietnam. A consistent pattern emerges suggesting risk to be associated with duck abundance, human population, and rice cropping intensity in contrast to a relatively low association with chicken numbers.
    http://www.pnas.org/content/105/12/4769.long

    Mais c’est pas grave, les virus sont « naturels ».

    1. J’avais déjà des choses à ce sujet à l’époque de l’épidémie, j’ai pas fait le lien, très bien vu.

    2. Très bonne remarque.
      Pour les cinéphiles, regardez Contagion qui parle de ce type de risque.

  7. Quid d’un aménagement du territoire qui privilégie largement les villes et de modes de déplacement tels les transports en commun , dans une telle situation ?

    La propagation de la peste noire au XIVème siècle est instructive de ce point de vue, les villes étant bien plus atteintes que les campagnes, certaines totalement épargnées, en cause notamment la promiscuité.

    Les bobos pensaient que la technologie nous conduisait à la catastrophe, et si le monde qu’ils nous fabriquent n’était pas une caisse de résonnance pour les pathologies du futur, pas forcement d’origine naturelle avec les progrès des biotechs.

    Pour revenir aux canards, effectivement H5N1 a surtout concerné des populations vivant au contact des volatiles, comme les travailleurs le seraient dans les rizières, quid également d’une fertilisation qui s’appuie massivement sur l’engrais animal qui n’est vraisemblablement pas compostée et dans des parcelles soumises à la submersion.
    La probabilité du risque / transmission de H5N1 mériterait aussi d’être faite.
    Cela dit comparé à la bilharziose , parasitose associée intimement au travail dans les rizières ou aux conséquences sanitaires de la sous alimentation, tout cela reste quantité négligeable!

  8. La vaccination est un des goulets d’étranglement du système :

    http://www.agroinsight.com/downloads/innovations-in-rural-extension/Innovations-in-Rural-Extension-Chapter12.pdf

    « … quid également d’une fertilisation qui s’appuie massivement sur l’engrais animal… » C’est aussi « quid des déjections de canard ? » L’article sus-mentionné est particulièrement hardi en faisant la promotion du système dans le contexte de l’agriculture biologique et en mentionnant l’alimentation infantile.

    Pour la bilharziose, je me demande si les canards ne diminuent pas la population de mollusques hôtes. En revanche, les canards véhiculent d’autres schistosomes (entre autres les « puces de canard de nos lacs alpins).

  9. Bonjour,
    Y a t il une alternative serieuse au danger de l’utilisation de pesticide pour les rizieres ?

  10. « Y a t il une alternative sérieuse au danger de l’utilisation de pesticide pour les rizières ? »

    La plus efficace est le remplacement du riz par le blé ou le maïs dans l’alimentation des populations.

    On supprime alors les rizières. Donc plus de pesticides dans les rizières.

    Les élucubrations pour des cultures sans pesticides, surtout pesticides de synthèse puisque les autres (S, Cu, pyrèthres, spinosad, azadiracthine…) sont autorisés en bio est une vision de politiques et médias qui ont quitté le monde réel, seule l’Europe y croit et les US tout en promouvant ces méthodes pour les autres, communiquant dessus sans les adopter.
    Les US comme le Canada, l’Australie et les pays qui finissent d’émerger maintiennent leur ancien arsenal pesticide, travaillent pour y ajouter de nouvelles substances plus efficaces et diversifient avec les solutions biotechs qui s’usent aussi vite que les caractères de résistance des plantes que l’on trouve dans la nature ou les pesticides modernes.
    Restent les vieux pesticides pas très éco « friendly » mais tellement plus robustes.

    Et l’on a pas parlé des conséquences des rizières sur les émissions de CH4 et le changement climatique.

    Frais le changement climatique, cet été en France, effectivement cela change en bien plus frais.

    Sur le danger des pesticides, les supprimer où en restreindre l’usage impose de davantage travailler le sol, d’utiliser davantage le tracteur, surtout si l’on supprime en parallèle l’épandage par avion.

    « Les renversements de tracteurs restent la première cause d’accident mortel: même s’ils ont considérablement baissé depuis 30 ans, ils causent encore de 20 à 30 décès par an, selon la Mutualité agricole (MSA) qui a lancé de grandes campagnes de sensibilisation. Il y en avait encore plus de 100 par an dans les années 80. Tous secteurs confondus… »

    Il ne s’agit que des morts, on ne compte pas les blessés et handicapés, Les tracteurs modernes sont moins exposés mais les règlementations contre les pesticides ou qui imposent de traiter plus souvent avec des produits comme le cuivre ou le soufre et les épandages aériens vont générer une dizaine de morts supplémentaires par an. Ou est le véritable danger pour des produits dont les études montrent une espérance de vie bien supérieure pour les agriculteurs (hors conditions d’utilisation de façon répétitive en serres et milieux confinés évidemment).

    Je reposerai la question différemment, s’il s’agit d’augmenter l’espérance de vie et lutter contre le cancer, faisons comme l’Australie, programmons la disparition du tabac dans les habitudes des population. A voir les ados fumer dans la rue ou sur les quais des gares, ce n’est pas l’orientation en France avec des médias muets sur ce sujet, voire…

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