Délicate succession à la direction du WWF France

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Le 28 septembre dernier, dans le cadre du Green Forum, Serge Orru donnait son dernier discours en tant que directeur général du WWF France. Certes, sous sa direction, l’ONG est passée de 130.000 à 190.000 donateurs, de 57 à 104 salariés et a doublé son budget. De plus, les associations réunies au sein du Rassemblement pour la Planète, notamment Générations Futures et le Réseau Environnement Santé, lui ont lancé un vibrant hommage, saluant « le soutien qu’a apporté Serge Orru depuis plusieurs années à la reconnaissance de l’importance de cette question de la santé environnementale dans le débat sur les questions d’écologie en France », tout en ajoutant : « Il a su faire du WWF une organisation s’intéressant également à ces questions (…). Il a su également aider des organisations indépendantes travaillant sur ces questions de santé et d’environnement (…). »

On verserait presque une larme… Sauf que le bilan de Serge Orru apparaît en fait assez mitigé. En effet, le 17 juin 2011, une large majorité des salariés du WWF avaient demandé la démission d’Orru dans une lettre rendu publique sur Rue89 (voir notre billet d’alors à ce sujet : http://www.alerte-environnement.fr/2011/06/27/la-tete-d%E2%80%99orru-mise-a-prix/), estimant qu’il avait « bafoué » les principes de l’organisation écologiste. Ils affirmaient notamment : « Qui peut encore ignorer que le Directeur Général, assisté par le Directeur de la communication (Jacques-Olivier Barthes), utilise l’ONG comme « marche pied » d’une carrière politique. » Suite à cette fronde, le CA du WWF avait été contraint de demander un audit indépendant de ses activités. Pour accroître encore davantage le malaise, l’émission Cash Investigation sur le thème du greenwashing avait interrogé Serge Orru en avril 2012 sur le partenariat du WWF avec le Crédit Agricole ainsi que sur les conclusions de l’audit indépendant (voir vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=7_k8b0gvvs8&feature=plcp). De quoi faire flipper Serge Orru et son dir’com Jacques-Olivier Barthes, au point où le WWF a tenté – en vain – d’empêcher France 2 de diffuser l’interview !

Alors, le WWF va-t-il continuer son « business as usual », ou essayer de se redonner une certaine crédibilité ? On le saura bientôt, dès que le nom du nouveau directeur général sera connu.

Source
http://rassemblementpourlaplanete.org/les-organisations-du-rassemblement-souhaite-bon-vent-a-leur-compagnon-de-route-serge-orru/

 

12 commentaires sur “Délicate succession à la direction du WWF France

  1. Ce Monsieur Serge Orru, dont le pacifisme – pris dans le sens de la novlangue orwellienne 😉 – avez menacé les contestataires de l’écologisme politique de ses « eco-warriors » … 🙁

    Cf : un entretien dans « L’Express » d’il y a quelques 2 ans environ – je n’ai plus le lien]

    Lire également ici :

    http://www.wwf.fr/s-informer/actualites/chronique-rfi-de-serge-orru-vous-n-avez-pas-peche-par-ignorance-!

    « Demain, se lèveront inévitablement des radicaux et des éco-warriors et beaucoup alors regretteront notre sens des responsabilités et notre patience. »

    Sans regret… Adishatz !
    [Adieu, en gascon]

  2. A la question « Pensez-vous que l’on puisse produire l’alimentation de 9 milliards de personnes, avec uniquement l’agriculture Biologique? »

    Serge Orru répond

    « Un rapport de la FAO l’indique expressément. La question est qu’aujourd’hui la grande majorité de l’agriculture est une agriculture intensive mais il y a quand même près d’un milliard d’hommes et de femmes qui ont faim… »

    tout, ou presque est dit!

    On peut parfaitement faire le parallèle entre Serge Orru et Dominic Greene dans l’avant dernier James Bond Quantum of solace.

    Toujours pas trouvé le discours de réception dans l’hacienda de ce film, un modèle du genre pour les organisations vertes.

      1. Ben c’est pourtant simple… si avec un agriculture intensive on n’arrive pas à nourrir tout le monde, ce n’est pas avec l’agriculture bio (30 a 40 % de baisse de production) que l’on va y arriver…

  3. Petite histoire de Maïs :
    Lors d’un colloque sur les biotechnologies, Pierre Pagesse, agriculteur et président de Limagrain, a narré un petit fait concernant le commerce du maïs. P. Pagesse était au Maroc avec une délégation de cultivateurs pour tenter de convaincre les éleveurs marocains d’acheter le maïs français. Les éleveurs en question lui préfèrent en effet d’autres maïs et, en particulier, celui qui est récolté en Espagne. Après quelques échanges de politesses, les Marocains ont posé la vraie question à leurs yeux : le maïs français est-il transgénique ? Les Français de répondre avec vivacité, sûrs de marquer un bon point dans la négociation : non, notre maïs est conventionnel. Réponse des Marocains : c’est pour cela que nous n’en voulons pas.

    Décryptage : Le maïs espagnol est en majorité Bt, pour la plus grande satisfaction des agriculteurs. Le maïs Bt contient en moyenne moins de toxines cancérigènes, en particulier de fumosine, que le maïs conventionnel et surtout que le maïs bio. Ces toxines perturbent la croissance des animaux et les cultivateurs marocains ont fait leur choix en conséquence

    1. @Charles,

      J’avais cité cet article hier (26 octobre 2012 à 10:15) dans un post que j’avais adressé, peut-être à tort, dans le fil :
      “Le gouvernement soutient-il notre industrie agroalimentaire ?”
      http://www.alerte-environnement.fr/2012/10/22/le-gouvernement-soutient-il-notre-industrie-agroalimentaire/#comments

      La référence donnée était celle du site de l’Afis (je la rappelle ici) :
      http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1891

      Pour la bonne information, plutôt deux fois que aucune… ça ne peut faire de mal ! 😉

  4. Effectivement tout est dit mais mal dit, le rapport auquel il est fait allusion prétendait que l’agriculture biologique pouvait nourrir l’ensemble de la population.

    WWF joue presque dans le même camp que Greenpeace contre l’agriculture efficace, celle qui a besoin d’irrigation, d’azote en quantité raisonnable, de pesticides avec parcimonie, de variétés améliorées et d’hybrides, d’OGM, des technologies de pointe pour nourrir plus de monde avec des aliments plus sains, sans abimer les sols.
    La principale cause de la perte de fertilité des sols reste l’érosion occasionnée par les façons culturales trop systématiques et la faible couverture par la culture, faible couverture qui est aussi le fait de plantes carencées en azote.

    Cette position est d’autant plus surprenante qu’une agriculture pour nantis, comme l’agriculture biologique, aura besoin de plus de surface pour produire la même quantité, donc laissera moins de surface à la faune sauvage et aux parcs naturels auxquelsle WWF est attaché, était attaché plutôt

    L’agribio reste don une agriculture de niche voire une agriculture de riche, dont on ne conteste pas l’utilité sociale dans les pays qui ont l’essentiel donc veulent l’accessoire, comme la France de 2012, mais de là à nourrir le Monde ???

    1. « Effectivement tout est dit mais mal dit, le rapport auquel il est fait allusion prétendait que l’agriculture biologique pouvait nourrir l’ensemble de la population » ?

      Non, c’est faux.

      Les charlatans ont tronqué un morceau de document de travail qui décrivait, en fait, les résultats de certaines études (notamment celle de Catherine Badgley, paléoécologue à l’Université du Michigan, largement démolie – l’étude, pas la personne – par les gens sérieux).

      Ce document est ici (et c’est à la page 5) :

      ftp://ftp.fao.org/paia/organicag/ofs/OFS-2007-5.pdf

      Ce morceau a été reflété comme suit dans un communiqué de presse :

      « Le rapport cite des modèles récents sur l’approvisionnement mondial qui montrent que l’agriculture biologique peut produire assez par tête d’habitant pour nourrir la population actuelle de la planète.

      « “Ces modèles suggèrent que l’agriculture biologique a le potentiel de satisfaire la demande alimentaire mondiale, tout comme l’agriculture conventionnelle d’aujourd’hui, mais avec un impact mineur sur l’environnement”, selon la FAO. »

      http://www.fao.org/newsroom/fr/news/2007/1000550/index.html

      Le Directeur général de la FAO de l’époque a publié une mise au point à la suite de nombreux abus de citation :

      http://www.fao.org/newsroom/fr/news/2007/1000726/index.html

      Il est vrai que le rapport de la Conférence internationale sur l’agriculture biologique et la sécurité alimentaire contient des passages plus affirmatifs. Mais ce n’est qu’un rapport de réunion qui reflète le bla bla, en plus d’une conférence dominée par les adeptes de l’agriculture biologique. Le rapport est ici :

      ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/meeting/012/J9918F.pdf

      Il y a aussi un intéressant FAQ sur le site de la FAO :

      http://www.fao.org/organicag/oa-faq/oa-faq7/fr/

      Voici ce qu’on peut y lire :

      « Au niveau mondial toutefois, et compte tenu des connaissances et des technologies actuelles, les agriculteurs biologiques ne peuvent produire assez pour nourrir tous les habitants de la planète. »

      Curieusement, cette phrase ne figure pas dans l’anglais ! Elle figure dans l’espagnol. À mon avis, un anglophone a bidouillé le texte anglais…

  5. Si je ne m’attache qu’au contour, je mettrais bien bien cette tête dans mon coquetier.

    Mais quand je vois son sourire carnassier, ça me fait hésiter.

  6. Et ajoutera une étude de l’université de Stanford qui confirme un postulat évident

    http://news.stanford.edu/news/2010/june/agriculture-global-warming-061410.html

    High-yield agriculture slows pace of global warming, say Stanford researchers
    Advances in high-yield agriculture achieved during the so-called Green Revolution have not only helped feed the planet, but also have helped slow the pace of global warming by cutting the amount of biomass burned – and the resulting greenhouse gas emissions – when forests or grasslands are cleared for farming. Stanford researchers estimate those emissions have been trimmed by over half a trillion tons of carbon dioxide.

    Plus facile à démontrer que l’inverse.

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