Les leçons de Belpomme : vers un zéro pointé ?

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Dans son édition du 13 mars, le quotidien belge Le Soir publie un entretien avec le professeur Belpomme, invité « de la prestigieuse chaire Francqui (faculté agronomique de Gembloux-ULg) pour un cycle de quatre leçons dont le contenu devrait faire beaucoup de bruit ». Si bruit il y aura, ce n’est qu’en raison du discours alarmiste à outrance du cancérologue. En effet, la première de ses quatre leçons a pour titre : « Pesticides et santé : l’arroseur arrosé ? » Or dans l’entretien au Soir, Dominique Belpomme débite ses affirmations catastrophistes comme par exemple : « Il est désormais indiscutable que les pesticides sont une des principales causes de cancers. » Ou encore : « Il y a des centaines, voire des milliers de références montrant l’existence d’un lien associatif et causal entre l’exposition aux pesticides et des cancers, l’obésité et même le diabète de type 2. » Evidemment, cela peut faire frémir dans les chaumières.

Cependant, il faut prendre avec précaution toutes les paroles de Dominique Belpomme. Ainsi, dans la même interview, cet éminent expert explique que le bio « n’utilise pas de pesticides » et « pas d’additifs ». Deux fausses affirmations ! Quand on regarde le Guide des intrants utilisables en agriculture biologique en France (22 juin 2011), on se rend compte qu’il existe 349 spécialités autorisées en bio (agriculture + jardin). Parmi elles, 97 spécialités sont classées « Risque de Toxicologie-N-dangereux pour l’environnement », 87 sont classées « Très toxique pour les organismes aquatiques, peut entraîner des effets néfastes à long terme pour l’environnement aquatique », 23 spécialités sont classées « Dangereux pour les abeilles » et 3 spécialités sont classées « Nocif : peut provoquer une atteinte des poumons en cas d’ingestion ». Quant aux additifs, il en existe une cinquantaine autorisée pour les aliments bio, dont certains (E333, E335, E407, E410, E412, etc.) à fortes doses peuvent avoir des effets allergisants ou laxatifs. Ou mentionnons encore les nitrites E249, E250 et nitrates E252, alors que les nitrites se transforment dans le corps en nitrosamines, classées cancérigènes par l’Organisation mondiale de la santé.

Vous l’aurez compris, pour ses leçons à la « prestigieuse chaire Francqui », le professeur Belpomme devra être plus rigoureux pour éviter le zéro pointé !

 

Sources

11 commentaires sur “Les leçons de Belpomme : vers un zéro pointé ?

  1. Gembloux avait une excellente réputation internationale, elle est en train de la ruiner avec cette mauvaise fréquentation. Dommage!

    1. Mauvaise fréquentation, le docteur Belpomme! Pauvre et courageux docteur…bien sur que les pesticides sont des poisons cancérigènes, ce sont des élixirs de mort comme les appelaient déjà le cancérologue René Reding dans les années 70. Les pesticides! Un crime contre l’humanité!

  2. En outre, la Fondation Francqui en invitant Belpomme sort quelque peu de ses statuts:

    http://www.francquifoundation.be/fr/fondation_fr.htm

    LA FONDATION FRANCQUI
    ________________________________________
    Sa création
    En 1932, Emile Francqui et Herbert Hoover décidèrent de la création d’un Fonds doté d’un capital important et dont l’objet serait de promouvoir « le développement du haut enseignement et de la recherche scientifique en Belgique ». Herbert Hoover insista pour que cette Fondation porte le nom d’Emile Francqui, afin de pérenniser la mémoire de celui qui fit tant pour son Pays et pour la Science.
    La Fondation Francqui fut créée par Arrêté Royal du 25 février 1932 comme Institution d’Intérêt Public.
    Son but
    Le but de la Fondation Francqui est de stimuler le prestige de la recherche fondamentale désintéressée, en apportant à nos hommes et femmes de science, un encouragement moral incontesté. Ses statuts prévoient très clairement que son objectif est de promouvoir « le développement du haut enseignement et de la recherche scientifique en Belgique ». Implicitement, cela comprend l’encouragement de la collaboration interuniversitaire.
    Pour réaliser ces objectifs, la FONDATION FRANCQUI
    opère selon quatre grands axes :

    1. Le Prix Francqui reconnaît les mérites d’un jeune savant belge. Il comporte une somme importante et confère un prestige indiscutable souligné par la remise du Prix par le Roi. Le Lauréat du Prix Francqui est invité à organiser un Colloque International dans sa discipline.

    ===>> 2. Les Chaires Francqui : chaque université peut proposer l’organisation de cycles de conférences.

    —–> La Fondation Francqui invitera alors un** professeur belge** qui occupera cette Chaire Francqui et organisera un enseignement au plus haut niveau, dans sa spécialité.

    —-> Ces Chaires Francqui offrent l’avantage supplémentaire de favoriser les **échanges universitaires en Belgique**. La leçon inaugurale d’un cycle de conférence « Francqui » est l’occasion de réunir toutes les personnalités importantes du domaine couvert par la Chaire, et de souligner cette collaboration.

    3. Les Chaires International Francqui Professor : la possibilité existe d’inviter chaque année trois savants étrangers à effectuer un séjour de six mois (« Sabbatical ») en Belgique. Ces Chaires sont attribuées comme suit : une aux Sciences Exactes (Mathématiques, Physique, Chimie et apparentées) ; une aux Sciences Humaines (Littérature, Philosophie, Art et apparentées) et une aux Sciences Biologiques et Médicales. Ces Chaires doivent être demandées par deux (ou plus de deux) universités. Le titulaire d’une telle Chaire séjourne auprès de l’une d’elles, mais partage ses activités entre plusieurs institutions.

    Ceci doit permettre de renforcer la collaboration avec l’étranger, et élargir l’horizon de nos jeunes collaborateurs universitaires.

    4. La Fondation Francqui collabore avec la « Belgian American Educational Foundation, Inc. (B.A.E.F.) », dans son programme de bourses d’étude pour de jeunes belges qui désirent se perfectionner au cours d’un séjour dans une université américaine. La Fondation Francqui met à disposition les fonds nécessaires pour financer le séjour (d’une année) de dix belges, sélectionnés parmi les candidats les plus prometteurs retenus par la « B.A.E.F. ».

    * * *

  3. Cet article devrait lui aussi valoir un « zéro pointé », pour la médiocre tentative de discrédit d’une personne à travers des extraits d’interviews d’une part, et pour ensuite fournir de soi-disant arguments à son moulin.
    Prenons comme exemple les additifs dont l’auteur ne cite (on comprend pourquoi) que les numéros. Il s’agit en fait de simples sels ou de produits naturels comme les gommes. Ainsi :
    Un des sels de calcium de l’acide citrique (E330)
    Sel de sodium de l’acide tartrique (E335), utilisé aussi dans les cosmétiques
    l’additif E407 (Carraghénanes) : La carraghénane est une algue marine
    L’additif alimentaire E410 appelé Gomme de caroube est un épaississant
    L’additif alimentaire E412 appelé Gomme de Guar est un épaississant.
    E250 (ntrite de sodium, sel de l’acide nitreux)
    L’additif alimentaire E252 est le nitrate de potassium.
    Quant à l’additif alimentaire E429 ce sont peptones (émulsifiants obtenus par hydrolyse de protéines)…cela n’a rien à voir avec les nitrites !! Zéro pointé aussi pour l’auteur ! ;-))
    Tous les additifs, même naturels,(sels etc) portent des numéros, et tout le monde est d’accord que si on ingère des sels (du sel même) à haute dose cela a des effets. Essayez déjà de ne pas vomir !
    Mais comparer des sels ou des gommes avec des colorants artificiels, etc. voilà la malhonnêté intellectuel de ce commentaire.

    Quant aux « pesticides » utilisés en agriculture bio, le commentaire oublie astucieusement:
    – qu’il ne s’agit pas du tout des mêmes produits phytopharmaceutiques, mais d’extraits de champignon, de bactéries, de viroses, d’extraits de végétaux etc.
    – que pour les produits chimiques restant ils ne sont utilisés de la même façon qu’en agriculture dite conventionnelle.
    Personne ne nie que des produits d’origine naturelle puissent avoir des effets sur d’autres organismes que ceux visés bien entendu. Comme pour tous les pesticides, naturels ou non, il faut les utiliser correctement et avec prudence. Si on compare les quelques préparations autorisées en bios avec les …milliers de produits utilisés dans l’agriculture non bio, on peut se douter du résultat!

    Enfin, nier qu’il y ait un lien entre les pesticides et la santé, au regard des centaines de publications sérieuses, est tellement niais que seuls des personnes ayant un parti pris déterminé peuvent encore y croire. Au moins, et enfin, pour la maladie de Parkinson, le lien a bien été établi de façon officielle. Pour le cancer, il existe assez de preuves pour que des cancérologues réputés tiennent les mêmes propos que ceux du Pr Belpomme à Gembloux !

    1. Pesticides aux Antilles: le rapport Belpomme décrédibilisé

      8 novembre 2007 à 07:00

      Après la controverse suscitée par son rapport publié en septembre, dénonçant « un scandale sanitaire aux Antilles », le cancérologue a été auditionné mercredi par les députés.

      Par ELIANE PATRIARCA

      Le 17 septembre dernier, le cancérologue Dominique Belpomme annonçait une «catastrophe sanitaire» aux Antilles due à la pollution par un pesticide, le chlordécone, en s’appuyant sur une expertise qu’il avait «coordonnée» sur place au printemps. Des déclarations qui avaient suscité un vent de panique, un emballement médiatique, et provoqué des déclarations de Michel Barnier et Roselyne Bachelot. Mardi, auditionné par la Commission des Affaires économiques à l’Assemblée nationale, et confronté à des scientifiques de l’Invs, de l’Afssa et de l’Inserm très critiques, il a reconnu des «inexactitudes» dans son rapport, puis enchainé des explications douteuses et imprécises.Dans son rapport, remis en juin mais rendu public en septembre, élaboré lors d’un séjour de quelques jours en Martinique, début mai 2007, le professeur Belpomme estimait que l’usage du chlordécone aux Antilles jusque dans les années 90 constituait « une bombe à retardement » sanitaire.

      Il s’inquiétait notamment du nombre très élevé de cancers de la prostate et du sein en Martinique et en Guadeloupe, sans établir un lien de causalité avec le chlordécone; mais en ajoutant que cette flambée de cancers n’était pas le fruit du hasard. Hier, il a d’abord accusé les médias de lui avoir fait dire ce qu’il n’avait jamais dit. Puis il a reconnu «des inexactitudes dans les détails» de son rapport. «Mais le message de fond reste pertinent », a-t-il ajouté.

      Les députés ont pu ensuite entendre le Professeur Luc Multigner, chercheur épidémiologiste à l’Inserm, spécialisé dans les pathologies de la reproduction. Un scientifique qui travaille sur l’impact sanitaire des pesticides et notamment du chlordécone aux Antilles depuis… 1999. Car le professeur Belpomme n’a en fait rien «révélé», il n’a fait que répéter ce que l’on sait depuis plusieurs années. C’est en 1999 qu’a été mise en évidence une pollution des sources d’eaux destinées à la consommation humaine aux Antilles. Même si les pouvoirs publics n’ont vraiment pris la mesure de l’ampleur du problème sanitaire et environnemental dû au chlordécone qu’à partir de 2002.

      Les eaux et les sols antillais sont hélas effectivement gorgés de cet insecticide, un organochloré utilisé contre le charençon dans les bananeraies. Interdit aux Etats Unis dès 1976, en raison de sa toxicité -il est cancérigène pour l’animal et classé cancérigène possible pour l’homme-, le chlordécone a été autorisé en France cinq ans plus tard.

      Finalement interdit en 1990, il sera pourtant encore utilisé aux Antilles jusqu’en 1993 grâce à deux dérogations successives accordées par le ministère de l ‘Agriculture aux planteurs. Un enchaînement regrettable et très bien reconstitué dans le rapport de la mission d’information parlementaire rendu en 2005. Un rapport que les ministres Barnier et Bachelot semblent avoir négligé de lire avant de réagir aux propos du Pr Belpomme.

      «Vous avez repris à 80% le constat fait depuis 1993, a souligné le président de la Commission, Patrick Ollier, c’est cela qui n’est pas très honnête dans votre communication ».

      C’est donc fort de neuf ans d’études avec son équipe et en collaboration avec les médecins antillais que Luc Multigner a pu témoigner hier. Fort aussi d’études validées par des pairs et répondant à des protocoles scientifiques standardisés. Il a souligné que le professeur Belpomme n’avait pourtant pas jugé bon de le contacter, lui ou un chercheur de son équipe, pour réaliser son expertise

      Sur le fond, il a rappelé que les populations antillaises ont, dans l’absolu, moins de cancers que la population métropolitaine. Mais le cancer de la prostate fait exception, avec un taux de prévalence très fort, « notamment en Guadeloupe où il est l’un des plus élevés au monde ».

      Luc Multigner et ses collaborateurs, en métropole et aux Antilles,ont mené plusieurs études épidémiologiques depuis 1999 pour approfondir l’impact sanitaire du chlordécone. La première a concerné la population la plus exposée à la contamination: les ouvriers agricoles des bananeraies. Rendus publics en 2006, les résultats ont montré que si l’on retrouvait du chlordécone dans le sperme de ces ouvriers, il aurait, heureusement, fallu «des concentrations dix à 100 fois plus importantes pour que cela porte atteinte à leur fertilité», a expliqué le chercheur.

      Il a évoqué les autres grandes études épidémiologiques qui pistent les effets des pesticides sur le développement intra-utérin et postnatal ou traquent les liens avec le cancer de la prostate. Actuellement en cours en Guadeloupe, elles devraient apporter des réponses fin 2008, a précisé le chercheur

      Luc Multigner a aussi rappelé que les cancers sont des maladies multifactorielles. Pour le cancer de la prostate, on sait que l’âge, l’environnement, la nutrition mais aussi les origines géographiques sont des facteurs de risque. De nombreuses études scientifiques ont établi depuis les années 70 que certaines populations étaient plus vulnérables au cancer de la prostate, parmi lesquelles on trouve les populations noires d’origine africaine.

      Ensuite, les députés ont pu entendre Juliette Bloch, pédiatre épidémiologiste de l’INVS (institut national de veille sanitaire). Elle a fermement réfuté les affirmations du Pr Belpomme concernant un boom des cancers du sein aux Antilles. « Le nombre de ces cancers augmente aux Antilles comme qu’en métropole mais l’augmentation est moins importante », a-t-elle même précisé.

      «Personne n’est parfait », s’est alors enfoncé le professeur Belpomme, reconnaissant encore des « imperfections » dans son rapport mais en rejetant la faute sur des « épidémiologistes antillais » qui lui auraient transmis des « informations erronées ». « Les incertitudes, peut-être même les inexactitudes, qui existent dans ce rapport résultent d’une tromperie des informations que nous avons récoltées en Martinique », s’est maladroitement défendu le professeur.

      «Je vous remercie, professeur, d’avoir indiqué que votre rapport comportait des inexactitudes, a ironisé Patrick Ollier. Je dis à ceux qui l’ont utilisé qu’il faut faire attention avant de le lancer dans les médias »

      La Commission va continuer ses auditions pour faire la lumière sur cette controverse. L’audition du Professuer Belpomme a néanmoins laissé un profond sentiment de malaise, devant ce qui ressemble pour le moins à un manque de rigueur impardonnable pour un scientifique, sur des sujets aussi délicats et anxiogènes pour les populations concernées.

    2. http://le-blog-de-kareve.over-blog.com/article-les-parlementaires-epinglent-les-mensonges-du-pr-belpomme-38492209.html

      http://www.senat.fr/rap/r08-487/r08-48714.html

      Impacts de l’utilisation de la chlordécone et des pesticides aux Antilles : bilan et perspectives d’évolution

      D. RAPPORT BELPOMME : « UNE AFFAIRE DANS L’AFFAIRE ».

      Les déclarations de Dominique Belpomme, en 2007, n’ont, comme nous l’avons déjà dit, pas été à la base de l’alerte sur la chlordécone, mais ses déclarations n’ont certainement pas contribué à aborder le dossier avec la transparence et l’objectivité qu’il aurait fallu apporter. Vos rapporteurs pensent que dans toute démocratie, il faut que des lanceurs d’alerte tirent la sonnette d’alarme lorsqu’un danger menace des populations ou l’environnement. Mais ce message ne peut pas être uniquement médiatique. Il doit s’appuyer sur des bases scientifiques solides. C’est ce que nous avons fait dans le rapport qui vous est présenté.

      Plus de 200 heures d’auditions nous ont permis de décortiquer le dossier chlordécone, d’évaluer les actions mises en place, de réclamer encore plus de science et d’expertise, de proposer de nouvelles mesures. Nous concluons, comme le rapport Beaugendre -Edmond-Mariette, comme le rapport Belpomme, à un accident environnemental, mais nous n’aboutissons pas aujourd’hui aux mêmes conclusions que Dominique Belpomme sur les risques sanitaires. Nous demandons bien sûr la poursuite des études épidémiologiques. M. William Dab, ancien Directeur général de la Santé et Président du comité scientifique international du« plan chlordécone », souhaite parvenir à un équilibre entre la position négationiste affirmant qu’il n’y aurait ni impact ni effet de faibles doses de chlordécone et une position hyper alarmiste indiquant qu’il s’agit d’une catastrophe de santé publique. Ce n’est vraisemblablement ni l’un ni l’autre et conclut-il « il va falloir vivre avec la chlordécone et limiter les inconvénients sur la santé ».

      On ne peut pas, en quelques jours de visite et sans avoir auditionné les acteurs principaux, aboutir aux conclusions sans nuances de l’appel de Paris26(*), pourtant signé par une cinquantaine de personnalités et notamment par Yann Arthus Bertrand, Corinne Lepage, Luc Montagner, Jean-Marie Pelt ou Gilles Eric Seralini.

      Il y a eu accident environnemental aux Antilles, parce que la chlordécone utilisée jusque dans les années 1990, reste piégée dans les sols. Il n’y a pas besoin de noircir le tableau. Pour illustrer notre propos, nous citerons quatre phrases de l’appel de Paris qui sont amplifiées, exagérées et fausses :

      1 – « l’ensemble des territoires de la Martinique et de la Guadeloupe est lourdement pollué (littoral, eaux, sols, végétaux, alimentation) ». Vos rapporteurs ont montré qu’environ 20 % de la surface agricole utile est contaminée, ce qui est déjà beaucoup, mais que la totalité de la Grande Terre à la Guadeloupe, et une grande partie du sud de la Martinique sont peu touchées.

      2 – « Le retentissement sanitaire est maintenant devenu évident : cancers, baisse de fécondité, les Antilles sont dans le monde, après les Etats-Unis, le deuxième territoire pour la fréquence des cancers pour la prostate. C’est près d’un homme sur deux qui en est atteint ou qui le sera ». Comment peut-on, sans nuances, lancer de telles affirmations, reprises à longueur d’émissions de télévision, sans avoir pris connaissance des enquêtes épidémiologiques ? Les résultats de l’enquête Karuprostate montreront peut-être une incidence de la chlordécone sur l’apparition du cancer de la prostate, mais force est de constater que les zones les plus touchées aujourd’hui par l’apparition de cette pathologie, le sud-est de la Martinique, ne sont pas celles qui sont les plus contaminées par la chlordécone.

      3 – « Il apparaît que la surface des sols devenus infertiles est croissante et qu’en raison de la fixation stable de plusieurs pesticides… cette baisse de fertilité pourrait durer très longtemps ». A notre connaissance, à part la chlordécone et le HCH, il n’y a pas de fixation stable de plusieurs pesticides dans les sols ni de baisse de leur fertilité, mais la nécessité éventuelle de ne plus cultiver certaines espèces sensibles.

      4 – « Le Paraquat est un des pesticides (…) les plus toxiques d’un point de vue sanitaire ». Le Paraquat a été interdit. C’est un pesticide très toxique si on l’ingère. Il y eut plusieurs accidents dans le monde, quand des précautions d’emploi n’ont pas été respectées, mais de l’avis de tous les scientifiques interrogés, les principaux accidents relatés en 30 ans ont été des suicides par ingestion de Paraquat, comme on le faisait, il y a 50 ans, avec la mort-aux-rats. L’AFSSA a rendu un avis très clair à ce sujet.

      ====>> En conclusion, « cette affaire dans l’affaire » révèle la tendance actuelle à la surmédiatisation.
      Pour médiatiser il faut choquer, y compris en tordant la vérité scientifique. Il faut appâter le chercheur de scoop en indiquant que l’on va révéler de nouvelles données scientifiques. Mais les données sur la chlordécone étaient connues depuis 1999, grâce à M. Eric Godard, alors ingénieur sanitaire, mais ni ses révélations, ni le rapport parlementaire de 2005, n’ont eu de grands retentissements. Pour gagner la bataille de la communication, il ne faut ni débattre, ni s’opposer mais affirmer. Il est quand même surprenant que le Pr. Belpomme ait refusé d’être auditionné par vos rapporteurs, arguant du fait qu’il était déjà venu deux fois devant la Commission des Affaires Economiques de l’Assemblée Nationale en 2005 et en 2007. Il nous a même écrit qu’il ne s’occupait plus de ce sujet, alors que, dans les mêmes jours, en mars 2009, l’article cité précédemment dans le Journal International Of Oncology était publié.

      L’expertise scientifique a besoin d’une confrontation des avis. C’est ce que nous faisons à l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques. Elle doit être, à notre sens, collective, publique et contradictoire. Il est quand même singulier que les médias aient donné sur ce dossier la parole quasi exclusivement à certains, alors que les scientifiques de l’INSERM, de l’INVS, de l’AFSSA ont toujours opposé des démentis aux affirmations du Pr. Belpomme.

    3. http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1505

      Un medium… des media ?

      par Sylvie et Vincent Laget – SPS n° 292, octobre 2010

      Alternatives économiques pollué par son environnement ?

      Dans son numéro 293 de juillet-août, le magazine Alternatives économiques offre une tribune au Professeur Belpomme, sous le titre « Malades de la pollution ». Ce cancérologue affirme que des maladies comme les cancers et d’autres pathologies lourdes1« ont très probablement une origine principale commune : la pollution physico-chimique de notre environnement ». Il recommande donc, logiquement, de baser la politique de santé publique sur la prévention environnementale.
      Mais encore faut-il s’assurer que la cause de ces pathologies lourdes soit effectivement liée de manière significative à la pollution de notre environnement. Il nous a paru utile de porter à la connaissance des rédacteurs du magazine Alternatives économiques que cette thèse est loin d’être partagée par la communauté scientifique (voir par exemple l’article de Jacques Estève « Le rôle de l’épidémiologie dans la controverse « environnement et cancer » », SPS n° 286, juillet 2009)>

      =====> Aussi le Professeur Belpomme doit-il étayer sa position par de solides références, s’il souhaite dépasser le stade de la conviction et rester dans le champ scientifique. ====>>> Or, son article ne comporte que deux références : un renvoi sur le site de l’association Artac et le rappel du « constat qu’avaient dressé en 2004 les experts ayant contribué à l’Appel de Paris […] ».

      Concernant l’Artac, il s’agit d’une association militante « […] luttant contre toutes les formes de pollution environnementale […] » dont le président est… le Professeur Dominique Belpomme. Quant au travail d’« expertise » cité, il se trouve sur le site de l’Artac, sous la forme d’un mémorandum de 107 pages. Il est présenté comme reflétant le travail de 68 experts internationaux. Pourtant, leurs noms et qualités ne sont pas indiqués, pas plus que la méthodologie d’expertise suivie. En revanche, le nom des rédacteurs du mémorandum figure en annexe 3 : il s’agit de Philippe Irigaray, « coordinateur des recherches d’Artac » et du… Professeur Dominique Belpomme…

      ===> Ne faire référence qu’à soi-même est un moyen pratique et agréable permettant d’avoir toujours raison, mais est-on plus dans le vrai pour cela ?
      Les affirmations du Pr Belpomme sur le lien entre autisme et pollution
      Un lecteur d’Alternatives économiques nous a donné copie de la lettre qu’il a adressée à la revue.
      Abonné et lecteur assidu [de la revue Alternatives économiquesJ, je suis quelque peu étonné de la tribune que vous venez d’offrir au Pr Belpomme pour exposer ses théories sur les effets de la « pollution physico-chimique » sur tout et n’importe quoi. J’ai particulièrement bondi à sa mention de l’autisme, qu’il présente à tort comme « maladie dégénérative », et comme étant également causée par la pollution. Expert moi-même de l’autisme, je suis bien placé pour savoir qu’il s’agit là de spéculations sur la base de très peu de données.

      ===> À partir de là, quelques recherches sur Internet suffisent pour constater que le point de vue du Pr Belpomme est extrêmement marginal au sein de la communauté scientifique. Les
      « experts » de l’appel de Paris, si certains sont des scientifiques renommés, ne sont pas des experts en épidémiologie ou en toxicologie qui pourraient avoir autorité sur le sujet de l’appeL ====>> Les véritables experts du sujet, réunis dans une expertise collective de l’Inserm publiée en 2008, ont démenti la quasi-totalité des allégations du Pr Belpomme. Tout ceci pour dire 1) que bien sûr il n’est pas question de nier l’effet de certaines molécules sur certaines maladies, lorsque les données l’attestent ; 2) qu’il n’est pas question non plus d’empêcher le Pr Belpomme de s’exprimer ; mais 3) qu’étant donné que la personne et le point de vue qu’elle exprime semblent si controversés, au sein même de la communauté scientifique à laquelle elle appartient, il aurait paru plus approprié, plutôt que de lui offrir une tribune unilatérale, de présenter son point de vue au sein d’un débat où d’autres experts auraient pu apporter un éclairage contradictoire.
      Bref, on aimerait qu’une revue sérieuse comme
      Alter-Eco ne tombe pas dans les mêmes panneaux que les autres médias, accordant de manière privilégiée leur attention et leurs espaces d’expression aux « marchands de peur » les plus spectaculaires. Mais plutôt qu’elle accorde au Pr Belpomme une place proportionnelle à ce que son point de vue représente au sein de la communauté scientifique.
      Pour cela, évidemment, encore faut-il être un minimum au fait du champ scientifique en question. Or la rédaction
      d’Alter-Eco, toute experte qu’elle est en économie, ne l’est pas en médecine. Comme les pseudo-experts de l’Appel de Paris, qui se sont aventurés à prendre position publiquement sur un domaine extérieur à leur expertise, elle peut facilement se faire rouler par des experts autoproclamés. Je vous recommande donc de redoubler de vigilance et de ne pas hésiter à faire appel à des avis scientifiques extérieurs dès que vous pouvez être amenés à publier des articles portant sur d’autres sujets que l’économie.

    4. http://www.agriculture-environnement.fr/dossiers,1/sante,63/les-coquilles-du-professeur-belpomme,16.html

      santé 05 | 12 | 2004

      Les coquilles du professeur Belpomme

      De déclaration en déclaration, d’interview en interview, le professeur Dominique Belpomme accumule erreurs et approximations, au point de jeter un total discrédit surla cause qu’il défend.
      Dans son rapport parlementaire sur « Les nouveaux apports de la science et de la technologie à la qualité et à la sûreté des aliments », publié en avril 2004, le sénateur Claude Saulnier explique que « l’un des effets des crises alimentaires de la dernière décennie a permis l’amélioration de la transparence de l’information sur ces questions. De ce fait, la société est victime d’un effet de loupe qui grossit des incidents alimentaires dont le nombre est de moins en moins élevé (…).
      Le consommateur a donc l’impression d’être soumis à un environnement alimentaire potentiellement dangereux ».

      C’est dans ce registre de phobie que s’inscrivent les diverses interventions du professeur Dominique Belpomme. La dernière en date est un article publié dans le numéro de novembre de Top Famille, sous le titre révélateur : « Danger : la pollution se trouve aussi dans nos assiettes ! » Pesticides, nitrates, additifs alimentaires, conservateurs, rien n’échappe à son long réquisitoire. Cependant, aucun de ses propos n’est étayé sur des arguments sérieux. « Pour beaucoup de scientifiques, dont je fais partie, nombre de maladies sont liées à la dégradation de notre environnement. Même si nous n’en détenons pas encore la preuve scientifique », nous apprend-il. Dans son livre Ces maladies créées par l’homme (éd. Albin Michel), le professeur affirmait déjà que « 80% à 90% des cancers sont causés par la dégradation de notre environnement ». Comment obtient-il ce chiffre ? En additionnant la pollution (responsable de 2 à 5%) aux 70% imputables aux conduites individuelles (tabac, alcool, etc…) ! En effet, pour le professeur, il faut prendre l’environnement « au sens large du terme », en incluant le mode de vie !

      Erreurs et approximations

      Autre exemple d’amalgame, le professeur explique que si les nitrates ne sont pas directement cancérigènes, ce sont « leurs produits de transformation dans l’organisme humain (nitrites, nitrosamines) qui peuvent l’être (…) Mais nous manquons ici de données épidémiologiques ! En effet, les données épidémiologiques prouvent plutôt le contraire : ainsi, le Comité Scientifique de l’Alimentation Humaine en Europe souligne que « les nombreuses études épidémiologiques consacrées aux nitrates ont échoué dans leur tentative de démontrer leur association à un quelconque risque cancérigène chez l’homme » (EU,1995b). Propos confirmés par le Subcommittee on Nitrate and Nitrite in drinking Water : « Les données épidémiologiques ne plaident pas en faveur d’une réelle association entre l’exposition exogène aux nitrates et la carcinogenèse humaine » (NRC, 1995).

      Qu’à cela ne tienne, pour Dominique Belpomme, les seuls scientifiques honnêtes sont ceux qui partagent ses allégations. « Je ne connais pas de vrais scientifiques indépendants qui soient favorables à ces produits [les OGM] », affirme-t-il. En clair, les autres sont soit de faux scientifiques, soit ils ne sont pas indépendants ! Ce qui n’empêche le professeur de commettre erreurs et approximations scientifiques en série. Par exemple, dans le numéro 14 d’Avenir Agricole, il confond le nombre de personnes atteintes d’un cancer et celui de personnes mourant d’un cancer : « presque un homme sur 2 et presque une femme sur 3 meurent de cancer », alors qu’un homme sur 2 et une femme sur 3 sont atteints d’un cancer. « Sans doute s’agit-il d’une coquille que je n’ai pas relevée à la lecture du texte, avant son impression », s’explique-t-il sans vergogne. Autre perle, tirée de son livre : « En raison de sa solubilité dans l’eau, [le plomb] contamine non seulement l’eau potable dans les tuyauteries, mais aussi les viandes de bovins que nous mangeons car ceux-ci lèchent le plomb des batteries des clôtures électriques dans les champs ». C’est ce que M. Belpomme, « petit-fils d’agriculteur », a pu observer lui-même…
      Dans l’article de Top Famille, le professeur “révèle” pourquoi « les personnes qui ne mangent que bio semblent elles aussi contaminées par des substances chimiques ». Son hypothèse : « peut-être à cause de la contamination de l’eau d’arrosage » !

      Du Fipronil dans le Gaucho ?

      Enfin, dans un entretien accordé au Midi Libre le 15 octobre, Dominique Belpomme poursuit : « La molécule Fipronil, contenue dans le Régent et le Gaucho, est un polluant organique persistant ». Deux erreurs dans la même phrase ! Il n’y a pas de Fipronil dans le Gaucho, sa substance active s’appelant l’imidaclopride. Le Fipronil et l’imidaclopride sont deux molécules parfaitement distinctes appartenant à deux familles chimiques différentes (phenylpyrazole pour le Fipronil et neonicodinoïde pour l’imidaclopride). Ensuite, le Fipronil n’est classé comme Pop dans aucune liste officielle, car il ne répond pas à la définition d’un Pop. Peut-être une simple question de détail ? Il aurait pourtant suffi à M. Belpomme de vérifier l’information sur le site de PAN, association anti-pesticides dont il est lui-même membre…

      Le professeur livre également des « conseils » très particuliers en nutrition. Ainsi, pour « limiter les risques » de cancer, il déclare qu’il faut consommer beaucoup de fruits et légumes, car ils « contiennent des fibres longues, qui ont une action de ratissage du gros intestin, ainsi que des vitamines et des molécules antioxydantes, qui annulent l’effet toxique de certains contaminants ». Discours très politiquement correct. Il poursuit cependant : « Dans l’idéal, il faudrait faire cuire les légumes en deux fois : une première fois pendant un quart d’heure à l’eau du robinet, que vous jetez avec les pesticides et les résidus toxiques ; la seconde à l’eau minérale ». Or, d’après les études récentes, ce seraient principalement les vitamines C et E contenues dans les fruits et légumes qui auraient un rôle protecteur contre les cancers, celles-là même qui disparaissent lors de la double cuisson recommandée par le professeur !

      Il est étonnant que ce dernier ne se soit pas davantage questionné sur le rôle des aliments nitratés pour freiner ou limiter l’apparition des cancers ! En effet, au cours des 20 dernières années, 11 études épidémiologiques, 6 études de corrélation géographique et 5 études de cas-contrôle, ont toutes conclu à l’existence d’une corrélation significativement négative entre les apports en nitrates et les incidences des cancers gastriques. Ces études confirment les résultats de l’équipe de A. Makekawa qui, en 1982, avait nourri 300 rats pendant deux années consécutives avec des rations alimentaires contenant 2,5 à 5% de nitrate de sodium. Les auteurs n’avaient enregistré aucun accroissement d’incidence de cancer ; en revanche, ils avaient noté chez les animaux « traités » une nette diminution de cas de leucémie.

      Faut-il en conclure que les obligations médiatiques de Dominique Belpomme ne lui laissent plus suffisamment de temps pour se consacrer à la recherche sur le cancer ?

    5. Bruno SCHIFFERS dit :
      23 mars 2013 à 14:56
      Cet article devrait lui aussi valoir un « zéro pointé », pour la médiocre tentative de discrédit d’une personne à travers des extraits d’interviews d’une part, et pour ensuite fournir de soi-disant arguments à son moulin.

      Peut être bien que cet article est coupable d’une « médiocre tentative de discrédit d’une personne…… »mais il apparaît qu’il ne soit pas le seul sur le net et que la crédibilité de l’illustre Pr Belpomme est bel et bien entachée d’une forte suspicion d’une, disons pour rester poli,profonde insuffisance et que cette opinion est largement partagée et pas seulement par quelques articles médiocres et médisants…..

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