Abeilles : halte aux erreurs à répétition

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Décidément, les abeilles se vendent bien, et pas seulement au cœur des villes sur les toits des sièges sociaux des grandes entreprises qui y trouvent un moyen facile de surfer sur la vague écolo-bobo ! Les abeilles se vendent bien aussi dans les médias. Ou en tout cas, elles font vendre. En avril 2009, Sciences et Avenir avait publié un numéro spécial sur les abeilles avec en bonus le DVD de Natacha Calestreme, « Disparition des abeilles : la fin d’un mystère ? » Deux ans plus tard, les abeilles sont de retour en une du mensuel avec ce titre qui se répète : « Mort des abeilles : le mystère s’éclaircit. »

Cet été, c’est un hors série de Sciences et Avenir qui est consacré aux abeilles. Et comme à chaque fois, la rigueur scientifique est la grande absente des ces numéros. Dans celui qui vient de sortir, on peut ainsi lire à propos des pesticides une contre vérité absolue. « La suspension des néonicotinoïdes désamorce une véritable bombe à retardement. En laboratoire, les abeilles exposées à l’imidaclopride (Gaucho®) succombent en effet massivement à la nosémose, l’une des maladies les plus répandues chez les abeilles su monde entier. Alors que les colonies non exposées peuvent parfaitement survivre à l’infection des champignons Nosema ceranae, présents dans nos ruches depuis 2002. »
Comme nous le rappelions encore hier (en réponse à un article de la revue de l’UNAF, Abeilles & Fleurs, qui faisait la même erreur grossière), l’étude CNRS/INRA sur les interactions entre pathogènes et pesticides publiée en 2011 dans Plos One aboutit au résultat inverse. En effet, selon cette étude, le taux de mortalité des abeilles infectées par Nosema ceranae (hors présence de résidus de pesticides) atteignait en effet 47%. Le graphique ci-dessous extrait de cette étude l’illustre sans confusion possible. Pour résoudre la crise apicole et créer les conditions d’une cohabitation et d’une relation gagnant/gagnant entre apiculteurs et agriculteurs, il ne serait pas superflu de commencer par éviter de multiplier éternellement les contre-vérités techniques, scientifiques et… médiatiques.

10 commentaires sur “Abeilles : halte aux erreurs à répétition

  1. ça fait 20 ans que « science et avenir  » n’est plus une revue de vulgarisation scientifique , ils sortent les infos qui attire le chaland ignorant et amateur de catastrophe.
    C’est une entreprise comme les autres ., ils ont des salariés à payer à la fin du mois.

  2. J’ai eu l’occasion de m’en prendre à l’indigence scientifique et journalistique de Sc. & A. par le passé*, tout comme M. Suwalki**.

    J’ai parcouru une bonne partie du numéro spécial. C’est plutôt bien fait dans l’ensemble.

    Quant à la contre-vérité, elle est devenue vérité à force d’être rabâchée. Sc. & A. aurait des excuses si la science et le journalisme admettaient une certaine tolérance.

    Quant au graphique que vous donnez, il ne contient pas l’imidaclopride. Pas grave, les courbes sont similaires :

    http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2847190/

    La leçon à tirer des expériences, ce n’est pas que les néonics augmentent la mortalité en cas de nosémose, mais qu’ils accélèrent (un peu) la mort de la ruche. Ce, pour autant que les expériences en laboratoire soient transposables.

    _______________

    *  http://www.imposteurs.org/article-sciences-avenir-et-les-ogm-format-tabloid-sur-la-toile-par-wackes-seppi-114563757.html

    http://www.imposteurs.org/article-un-nouveau-tabloid-sciences-et-avenir-par-wackes-seppi-87523160.html

    **  http://www.imposteurs.org/article-de-la-propagande-bio-dans-science-et-avenir-84457486.html

  3. Ce ne sont pas des erreurs, mais des choix éditoriaux qui engagent la responsabilité de leurs auteurs: ce ne sont pas des journalistes, mais des militants.

  4. Maintenant que les néonic sont interdits en Europe mais autorisés en amérique du Nord des comparaisons pourrons être faites.

    1. Vous êtes bien optimiste…

      Les anti-pesticides enragés trouveront toujours une raison pour décréter qu’une comparaison qui tourne à leur désavantage n’est pas pertinente.

    2. La comparaison existe déjà depuis longtemps en France et en Europe.
      Plusieurs pays ont pris des arrêtés d’interdiction du Gaucho, du Régent ou d’autres… Sans aucun effet sur la mortalité des abeilles… qui ont continué de crever en masse… chez les amateurs !!!

      Car il faut reconnaître une chose : les apiculteurs professionnels ne sont que très peu touchés par cette mortalité des abeilles.
      Peut-être que la raison est à chercher dans une bonne pratique de gestion des ruchers !!!

      1. Vous pouvez me contactez directement? J’aimerai discuter de quelques trucs en direct. Passez par la messagerie du Huff ou de Libé.

      2. En fait, les pros font le tri en automne.
        Ils prennent les devant et se débarrassent des colonie qui ne passeront pas l’hiver….
        Ils ont en plus une sélection génétique via l’élevage de reines.

        Voilà pourquoi ils sont en général beaucoup moins touchés par les mortalités hivernales.
        Mais c’est à relativiser selon les régions.

Les commentaires sont fermés.