A l’occasion de la sortie du livre Toxique Planète d’André Cicolella, le Nouvel Obs a publié en une son dossier alarmiste intitulé « Comment l’environnement influe sur votre santé : les maladies région par région ». Parlant de « scandale invisible » ou de « pandémie silencieuse », avec des chiffres affolant, l’objectif est clairement de faire peur. Il faut éviter de donner des informations plutôt rassurantes. Ainsi, il n’est pas dit qu’en France, sur la période 2005-2012, il y a une diminution de l’incidence du cancer en moyenne de 1,3% par an chez l’homme, et un ralentissement de l’augmentation (presque une stagnation) chez la femme de 0,2% par an en moyenne. Alors pour régler le trouillomètre au maximum, les mots et les chiffres sont manipulés afin de faire croire que l’augmentation des maladies chroniques correspond principalement à une augmentation du risque, et que ce risque est principalement dû à la pollution. Décryptage non exhaustif.
Amalgame entre « environnement » et « pollution »
La première grosse entourloupe consiste à faire croire que l’augmentation des maladies chroniques est principalement due à la pollution. Pour cela, le journaliste Guillaume Malaurie et André Cicolella jouent sur le terme « environnement » et l’assimilent au terme « pollution ». D’ailleurs, le dossier du Nouvel Obs commence ainsi : « Pesticides, pollution industrielle, diesel… Et si notre environnement était l’une des principales causes de l’explosion des maladies chroniques ? » André Cicolella lui-même insiste surtout sur les substances chimiques, comme le bisphénol A, et leur impact sur la santé. Sauf qu’il sait pertinemment que cet amalgame est faux. Dans son livre Alertes Santé, André Cicolella écrit : « L’environnement correspond à une acceptation très large du terme, englobant tous les facteurs de risque non génétiques : alimentation, mode de vie, environnement physique, chimique, biologique, psychique, médical… » Comme il le dit (mais pas l’article du Nouvel Obs), l’environnement, c’est tout ce qui n’est pas d’origine génétique. Donc, l’alcool et le tabac sont inclus dans les facteurs environnementaux, comme le régime alimentaire, le stress, les virus, l’exposition au soleil, etc. Mais ces nombreux facteurs environnementaux sont volontairement négligés par le militant écologiste, préférant cibler les produits de la société industrielle.
Gonflette sur les chiffres
Il est très facile de gonfler l’augmentation du nombre de malades, faisant ainsi croire que la totalité de cette augmentation correspond à une hausse du risque. Or une bonne partie de cette hausse est mécaniquement induite par l’accroissement de la population et de son vieillissement. Pour avoir une bonne idée de la progression de l’incidence, les chiffres doivent être « standardisés », c’est-à-dire rectifiés avec ces deux paramètres. Toutefois, dans le dossier du Nouvel Obs, toutes les cartes et graphiques indiquant l’évolution des cas ne sont pas standardisés. Petit exemple : Guillaume Malaurie commence son article en affirmant que la progression des cancers en France est de « 89% entre 1980 et 2005 ». Mais une fois standardisée, l’augmentation est de 39%. Ce n’est pas du tout la même chose !
On pourrait encore dégonfler cette augmentation en prenant un autre facteur négligé par André Cicolella : l’évolution des pratiques médicales. Comme l’explique une étude de l’INVS, « l’analyse des données montre que chez la femme, la moitié des cas supplémentaires sont représentés par des cancers du sein, et chez l’homme environ 70% des cas supplémentaires sont représentés par des cancers de la prostate ». Or, l’Institut précise que ces deux cancers ont « fait l’objet d’un dépistage croissant ces 25 dernières années ».L’Institut de Recherche en Santé Publique (IReSP) explique que « la cause majeure de l’augmentation de l’incidence des cancers en France est donc l’extension du dépistage des cancers du sein et de la prostate ». L’IReSP ajoute : « Une autre partie correspond à du sur-diagnostic, c’est-à-dire à des cancers découverts par le dépistage qui n’auraient jamais eu de traduction clinique. »
Corrélations et comparaisons simplificatrices
Le dossier du Nouvel Obs cite le livre d’André Cicolella à propos du « risque viande ». Il explique que le cancer du côlon-rectum est « un marqueur du mode de vie occidental » et est lié « à une alimentation trop carnée ». Il donne comme exemple la France qui connaît 36 cas de ce cancer pour 100.000 personnes, contre 4 cas seulement en Inde. Certes, il ne fait pas de doute que l’on mange moins de viande en Inde qu’en France. Mais il faut alors aussi rappeler que l’Inde a une espérance de vie de 65 ans. Or 70% des cancers colorectaux se déclarent après 65 ans. Il faudrait aussi expliquer pourquoi il y a moins de cancers colorectaux en Argentine (25 cas pour 100.000) qu’en France alors que les Argentins consomment trois plus de viande rouge que nous. Tout cela pour dire que ces questions de santé ne supportent pas les simplifications. (Il n’est pas anodin de mentionner que le WWF, dont le conseil scientifique a comme membre Cicolella et qui a cofondé le Réseau Environnement Santé présidé par le même Cicolella, mène campagne pour diminuer la consommation de viande pour lutter contre le réchauffement climatique…)
Autre corrélation douteuse, celle concernant les « leçons du régime cubain ». André Cicolella nous explique que les Cubains ont été contraints d’adopter un régime de rationnement particulièrement spartiate : « Entre 1980 et 2005, l’apport calorique quotidien a été réduit d’un tiers. » Le militant écologiste relève que la prévalence de l’obésité a décliné de 14 à 7% et note aussi une diminution de mortalité pour le diabète, les maladies coronariennes et pour les infarctus. Vive la crise ? Sauf qu’il aurait tout aussi bien pu trouver une baisse de l’obésité et de la mortalité par maladies chroniques… chez la population cambodgienne entre 1975 et 1979 sous le régime de Pol Pot. Mais ne soyons pas mauvaise langue. Peut-être que Guillaume Malaurie et André Cicolella préparent un nouveau dossier sur l’impact bénéfique sur la santé du régime alimentaire de Pol Pot ?
Sources
- http://www.invs.sante.fr/publications/2009/estimation_cancer_1980_2005/estimation_cancer_1980_2005.pdf
- http://www.lecancer.fr/themes/le-cancer-ce-qu-il-faut-savoir/qu-est-ce-qu-un-cancer-informations-generales/item/630-les-nouveaux-cas-de-cancer-en-france.html?tmpl=component&print=1
- http://www.e-cancer.fr/presse/7761-evolution-de-lincidence-et-de-la-mortalite-par-cancer-en-france-entre-1980-et-2012
- http://www.e-cancer.fr/component/docman/doc_download/10558-synthese-estimation-nat-incidence-mortalite-cancer-france-1980-2012
- http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ijc.10126/full
- http://globocan.iarc.fr/
Merci, certains point sont très bien vu comme la faible prévalence du cancer du colon chez les Argentin. L’espérance de vie y étant de 75 ans, la vieillesse ne peut expliqué les différences.
Pour des contaminants sérieux d’origine anthropique, on pourrait conseiller à ces fantoches mais c’est inutile, de relire aussi un rapport du sénat français , un bon rapport celui là, on relèvera une phrase très juste et lourde de sens:
» En matière de présence des médicaments dans l’environnement, les auteurs remarquaient qu’il s’agissait plus de l’émergence de la perception d’un risque que d’un risque émergent lui-même, puisque le risque existe depuis de longues années, mais ce n’est que récemment qu’on a disposé des capacités techniques de détection et des connaissances permettant d’envisager toutes les conséquences du phénomène » et
» l’Allemagne qui compte pourtant 30 % de population supplémentaire. Les Français en consomment deux fois plus que les Britanniques pourtant aussi
nombreux (source LEEM, 2009). La France est le 3e marché au monde après
les États-Unis et le Japon.
En matière vétérinaire, la France est également le premier marché de
l’Union européenne, ce qui pourrait s’expliquer, mais le deuxième dans le
monde, derrière les États-Unis, et devant le Brésil ou la Chine.
Tout porte donc à considérer cette question avec sérieux, les résidus
médicamenteux prenant une place non négligeable dans l’ensemble des
xénobiotiques présents dans l’environnement. ».:
http://www.senat.fr/rap/r10-765/r10-7651.pdf
« c) Une régulation déficiente
Dans un rapport du Conseil général de l’environnement et du
développement durable (CGEDD) de novembre 2010, intitulé Médicament
et environnement, la régulation du médicament vis-à-vis du risque
environnemental, les inspecteurs généraux de la santé publique vétérinaire
Michel Bouvier et François Durand et l’ingénieur général des mines Rémi
Guillet, dressent un état des lieux pointant les déficiences du système et son
inadaptation à la fois aux nouvelles données de la science et aux
préoccupations sociétales.
En matière de présence des médicaments dans l’environnement, les
auteurs remarquaient qu’il s’agissait plus de l’émergence de la perception d’un
risque que d’un risque émergent lui-même, puisque le risque existe depuis de
longues années, mais ce n’est que récemment qu’on a disposé des capacités
techniques de détection et des connaissances permettant d’envisager toutes les
conséquences du phénomène. Cette prise de conscience a d’ailleurs conduit,
après les plans santé environnement successifs, à lancer fin novembre 2009 la
préparation d’un plan de réduction des résidus médicamenteux.
Ce plan paraît d’autant plus nécessaire que la France est le premier
pays consommateur de médicaments dans l’Union européenne avec
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l’Allemagne qui compte pourtant 30 % de population supplémentaire. Les
Français en consomment deux fois plus que les Britanniques pourtant aussi
nombreux (source LEEM, 2009). La France est le 3e marché au monde après
les États-Unis et le Japon.
En matière vétérinaire, la France est également le premier marché de
l’Union européenne, ce qui pourrait s’expliquer, mais le deuxième dans le
monde, derrière les États-Unis, et devant le Brésil ou la Chine.
Tout porte donc à considérer cette question avec sérieux, les résidus
médicamenteux prenant une place non négligeable dans l’ensemble des
xénobiotiques présents dans l’environnement.
Malheureusement, le système de régulation des médicaments ne
permet pas la connaissance de leur impact environnemental. Leur mise en
circulation dépend d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) au niveau
de l’Union européenne. Le dossier d’autorisation est élaboré par le demandeur
et vise à démontrer l’efficacité et la sûreté du produit, notamment son absence
d’effets néfastes pour le patient. L’AMM, elle-même se fonde sur
l’appréciation bénéfice-risque pour le patient et la santé publique. Il exclut
aujourd’hui la prise en compte du risque pour l’environnement pour les
médicaments humains alors qu’il le prend en compte pour le produit
vétérinaire… »
Voila du lourd et du sérieux mais non repris par la presse qui se focalise sur des points mineurs.
Il est aussi fait référence aux perturbateurs endocriniens synthétiques majeurs préscrits aux adolescentes.
et de conclure »
Un récent rapport du Conseil général de
l’environnement et du développement durable (CGEDD) soulignait d’ailleurs
les déficiences du système, les médicaments étant les seules substances
chimiques à ne pas être réellement soumises à une évaluation de leurs
conséquences environnementales. »
« Votre rapporteur souhaite aussi que le problème posé par les résidus
médicamenteux dans l’eau soit traité avec une plus grande attention en
suivant les recommandations de l’Académie Nationale de Pharmacie et du
CGEDD. »
http://www.senat.fr/rap/r10-765/r10-7651.pdf
– See more at: http://www.alerte-environnement.fr/2012/06/20/la-pilule-perturbateur-endocrinien/#sthash.Z21rub6W.dpuf
On a n’a pas l’impression que le fameux club hypocrate aille dans le sens d’une réduction de la consommation de médocs et de pollution des milieux, on attend des chiffres sur la réduction de cette consommation et pas un réduction sur la marge. Une telle réduction ce serait bon pour les Hommes, bon pour la sécu, bon pour l’environnement, certes mauvais pour les labos pharmaceutiques et les élus marrons.
La forte consommation de Médicaments en France (Homme et animaux) a une seule origine :
Le prix du médicament est fixé par l’Etat, et il prend un surtaxe de 3 à 5 % sur le prix (hors TVA).
Donc le conflit d’intérêt est majeur : plus il y a de médicaments vendus et plus l’Etat gagne de l’argent. Et comme le déficit de la sécu ne lui incombe pas (il incombe aux citoyens…), il pousse donc à la surconsommation de médicaments en « remboursant » des milliers de molécules + ou – inutiles…. Qui se retrouvent dans l’environnement !!!
Nous sommes en plein dedans: pour ceux qui ne connaissent pas.
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2124