Le Gaucho définitivement innocenté

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C’est un très vieux serpent de mer qui a pris fin début avril . le Gaucho vient d’être innocenté au bout de 13 ans de procédures et d’enquête. Le parquet de Paris vient de rendre son ordonnance jugeant que « la communauté scientifique n’a pas démontré l’existence d’un lien de causalité entre l’introduction du Gaucho dans les cultures agricoles et l’augmentation de la mortalité des abeilles ». Grosso modo, même chose que pour le Regent définitivement lui aussi innocenté en juillet 2012. L’Union de Apiculteurs de France (UNAF) ne compte pas en rester là et va faire appel. Faut dire que pour son président Olivier Belval, peu importe les arguments scientifiques, la justice se doit de condamner l’agrochimie pour le simple fait d’exister : . Le Gaucho définitivement innocenté

En attendant, les abeilles continuent à mourir !

41 commentaires sur “Le Gaucho définitivement innocenté

  1. Non, le Gaucho n’est pas définitivement innocenté, puisque l’UNAF (et, je suppose, les apiculteurs plaignants) va faire appel.

    « En attendant, les abeilles continuent à mourir ! »

    En France peut-être. Mais apparemment pas partout en Europe.

    1. Wackes Seppi vous dites:
      En France peut-être. Mais apparemment pas partout en Europe ».
      Là vous m’intrigué et si je peux me permettre « vous avez commencé, il serait bien de continué ».

      1. Voici des liens :

        http://ec.europa.eu/food/animals/live_animals/bees/study_on_mortality/index_en.htm

        L’article donne le lien vers l’étude.

        Étude évidemment TRÈS contestée dans les milieux alters et antis puisqu’on n’a recueilli aucune information sur la charge en pesticides des ruches. Je ne partage pas les opinions hargneuses et les insinuations malveillantes qui ont été émises (par exemple par Stéphane Foucart sur le Monde) par des gens pour qui la recherche devrait se donner pour objectif de confirmer les préjugés et les idées reçues. Mais je trouve fort regrettable que, pour 3,3 M€, on n’ait pas cherché à en savoir plus ou à recueillir des échantillons utilisables ultérieurement.

        L’étude est très décevante – elle me laisse vraiment sur ma faim – mais elle a le mérite d’exister. Et de lever le voile – une étude sur une année ne peut guère être probante – sur des vérités qui dérangent. L’une des vérités (sous la réserve susvisée) étant que les abeilles se portent plutôt bien dans certains pays.

        Dans son communiqué, la Commission européenne conclut préliminairement :

        1.  La situation de la mortalité des colonies semble être meilleure qu’initialement prévu.

        2.  La mortalité de colonies d’abeilles mellifères est supérieure à la normale dans certains pays, avec des différences régionales (et peut-être temporelles) significatives.

        .

        http://www.plosone.org/article/info:doi/10.1371/journal.pone.0082996

        Agricultural Policies Exacerbate Honeybee Pollination Service Supply-Demand Mismatches Across Europe

        Les sources des statistiques sont indiquées dans le « Supplemental S1 ». Attention : les cartes de la première figure ont été interverties. Pour les voir dans le bon ordre, il faut aller à :

        http://www.plosone.org/article/info:doi/10.1371/journal.pone.0091459

        Ma prose :

        http://www.imposteurs.org/article-abeilles-quelle-catastrophe-par-wackes-seppi-122251065.html

        .

        La « rapport scientifique » de Greenpeace, “Les abeilles ont le bourdon : Analyse des résidus de pesticides retrouvés dans le pain d’abeille et le pollen piégé d’abeilles domestiques (Apis mellifera) dans 12 pays européens” – le vrai, pas le résumé qui a été fabriqué pour les besoins de la comm’ – est aussi intéressant. J’ai commenté comme suit sur le site de GP :

        http://agriculture.greenpeace.fr/pesticides-quand-les-abeilles-ont-le-bourdon

        « GP aurait pu se donner la peine de mettre en lien l’étude complète :

        http://www.greenpeace.org/eu-unit/Global/eu-unit/reports-briefings/2014/The-Bees-Burden-April%202014.pdf

        J’ai parcouru en diagonale. J’en apprécie vivement l’annexe, qui fournit les données détaillées sur la charge en pesticides.

        Ce n’est pas facile à manipuler. Mais il en ressort que la charge en pesticides est, d’une part, plutôt faible et, d’autre part, constituée par un nombre limité de molécules.

        GP écrit : « La vaste gamme de produits toxiques trouvés indique que les abeilles peuvent être exposées à des mélanges complexes d’insecticides, d’acaricides et de fongicides dans leur nourriture et dans la ruche. »

        C’est indéniable, puisque toute la phrase repose sur le mot « peuvent ». Mais les mélanges, d’une part, semblent rares et, d’autre part, pas aussi complexes que la comm’ alarmiste ne le laisse entendre (il faudrait remanier les tableaux pour y voir plus clair).

        Les données sur la France – qui, selon l’étude européenne Epilobee semble connaître une importante mortalité estivale – sont particulièrement intéressantes : la charge en pesticides y est particulièrement faible, tout au moins à première vue. Sur 12 prélèvements de pollen et (si j’ai bien compté) 54 molécules, on n’a trouvé que 9 résidus.

        […]

        Au total, l’étude complète me semble intéressante et constituer un complément intéressant à d’autres études récentes. Mais elle n’étayent pas la comm’. »

        1. Même impression sur l’étude, elle est un peu vide de contenu, elle survole le sujet mais n’est pas assez précise pour être vraiment exploitable. Le seul élément vraiment convainquant ce sont effectivement les chiffres de mortalités. La crise dure depuis presque 20 ans et c’est la première fois qu’on a des chiffres européens, si on juge ça avec un peu de recul on pourrait se dire que c’est une farce.

          Le coût me parait pas forcément très élevé, ça coûte cher les déplacements et les multiples analyses.

          La forte mortalité estivale en France soutient la thèse Nosema ceranae, son coté explosif rend difficile le diagnostic après coup.

  2. Le jugement prononcé par une institution judiciaire ne peut jamais valoir vérité scientifique.

    Le fondement des jugements judiciaires c’est les codes.

    Le fondement d’une vérité scientifique, c’est très subtil, tout est dans la méthode expérimentale (ou d’observation) et dans la rationalité des inférences. On est à mille lieues des grossièretés du code pénal, du code civil, du code rural, du code du travail, du code du commerce, de l’urbanisme, etc.

    Comme j’ai toujours entendu : le droit est la science des ânes.

    NB Je n’ai aucun mépris pour le droit, qui est indispensable à une vie en société pacifiée, mais enfin, une vérité judiciaire n’a rien à voir avec une vérité scientifique.

    1. Tout à fait , il y a des précédents :
      Des personnes ont été indemnisées par un opérateur téléphonique en raison de la gêne (maux de tête ,etc..) occasionnée par une antenne GSM qui avait été installée près de leur domicile.(avec démontage de la source )
      (http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1163)
      Beaucoup de militants avance ce type d’argument (décision de justice) pour appuyer leur revendication en dépit des preuves scientifiques.

      1. Dans le même style : il est démontré que le Roundup n’est pas biodégradable, pour cause de condamnation… pour publicité mensongère.

    2. Vous avez raison pour la première phrase, M. Berthod.

      Pour la deuxième aussi, mais avec un caveat : il arrive que le jugement doivent se fonder sur ce que dit la science – ce que disent les scientifiques. D’où votre première phrase…

      Concernant les grossièretés des codes, il s’agit en premier lieu d’un problème d’incurie des législateurs. On peut – et doit – les dénoncer, mais le malheur veut qu’il faut s’en accomoder.

      Le droit est la science des ânes ? On le dit surtout de l’orthographe. En fait, pour bien pratiquer le droit, il faut un esprit structuré, un esprit du même calibre que l’esprit scientifique.

      Et, selon la position que l’on occupe dans le mécanisme judiciaire, il faut aussi une capacité à s’écarter de l’esprit scientifique – en gros, d’être capable de mauvaise foi.

      1. Mon cher Wackes Seppi,

        Vous avez écrit : « En fait, pour bien pratiquer le droit, il faut un esprit structuré, un esprit du même calibre que l’esprit scientifique. »

        Pour ma part, j’entends plus de sophismes émis par des avocats que par des chercheurs. Enfin, avec l’invasion de l’idéologie écolo, la différence a tendance à se réduire.

        1. Les avocats ont pour fonction de défendre leurs clients – y compris avec des sophismes, voire des mensonges éhontés. Leur fonction est aussi de démonter les sophismes et les mensonges de leur confrère défendant la partie adverse.

          Le rôle des juges est de démêler le tout. Et parfois de démêler l’écheveau des textes législatifs ou de construire une interprétation positive à partir de cet écheveau.

          Vous entendez « plus de sophismes émis par des avocats que par des chercheurs » ? D’abord, les médias français ne donnent guère la parole aux chercheurs (contrairement à la télévision suisse qui ne se prive pas de montrer au public combien la Suisse est innovatrice – les médias français préfèrent montrer combien la France est râleuse et frileuse) ; et quand elle donne la parole à des chercheurs, c’est à des « chercheurs », style…, qui nous abreuvent bien de sophismes.

          Quant aux avocats, on interroge évidemment ceux qui défendent une cause médiatisée, et il n’y a pas de raison qu’ils ne se lâchent pas pour influencer l’opinion publique.

          La vraie élite du droit n’est pas médiatisée.

  3. Pertes lors de hivernage 2013/2014 dans mes ruches (600) environ 2,5%
    C’est en zone de pré-montagne que les pertes sont les plus fortes ( 5%) et en zone de polyculture élevage les plus faibles.
    La vitalité des colonies ce printemps en Lorraine ( Moselle ) est exceptionnelle en relation directe avec les conditions météorologiques de mars -avril.
    La piste , liés a la varoatose avec ses virus et la nosémose asiatique a été largement sous estimé par le monde apicole pour expliquer les pertes de colonies d’abeilles .
    La simple lecture des gazettes apicoles du passé montre que dans le passé pareilles catastrophes se sont produites dévastant des ruchers dans de vastes territoires.

    1. « ….dans mes ruches (600) »

      === (600)! C’est quasiment comme qui dirait de l’élevage industriel…….

      1. La SMI en apiculture ( surface minimum d’installation )c’est 420 ruches…
        Je suis associé avec mon épouse et ma fille en GAEC.

        1. Ben, la SMI ça a été inventé par la cogestion FNSEA pour n’installer avec aide qu’en l’agriculture industrielle, pas vrai ? 😉

      2. Un apiculteur marnais en possède apparemment 2000 et roule dans la même voiture que Xavier Beulin, un Porsche Cayenne !!!

  4. « Un apiculteur marnais en possède apparemment 2000 ….. »

    === Les conneries des uns n’expliquent ni ne justifient les conneries des autres!!

    « ….roule dans la même voiture que Xavier Beulin, un Porsche Cayenne !!!

    === L’apiculture çà eut payé mais çà ne paye plus……… ((Fernand Raynaud)

  5. un Porsche Cayenne !!!

    === A environ 70000€ le Cayenne S diesel, çà ne fait jamais que 35€ par ruche…..Pas de quoi s’énerver!

    1. En effet pas de quoi s’énerver!!!

      C’était simplement pour dire que les abeilles » marnaises » devaient plutôt bien se porter malgré tout ce qu’elles peuvent prendre dans le nez !!!

      L’agriculture marnaise emploie certainement plus de pesticides que dans bien d’autres départements où les abeilles disparaissent !!!

    1. S’il va a des réunions en Cayenne ,c’est que cette voiture doit lui appartenir !!!

      1. ME51 a dit : S’il va a des réunions en Cayenne ,c’est que cette voiture doit lui appartenir !!!

        === Véhicule de fonction, vous avez entendu parler??

        1. Vous jouez sur les mots, voiture de fonction ou personnel , où est la différence, cela fait partie de sa rémunération !!!

          Toujours est il que ces responsables agricoles de haut rang, ressemblent de plus en plus à nos responsables politiques aux manettes, plus intéressé par ce qu’ils se mettent dans la poche, que se qu’ils pourraient mettre dans la poche de leurs électeurs !!!

  6. La presse généraliste n’a pas relayé cette information alors que depuis 15 ans ils se font largement l’écho des anti Gaucho/Cruiser.Pour des journalistes il serait pourtant de la plus haute importance d’investiguer sur la gouvernance qui conduit à de telles erreurs sur des périodes aussi longues ( 15 ans). En effet, comment se fait il que les instances scientifiques (INRA, CNRS… ) n’aient pas été capables d’étudier la réalité des choses et de tirer les conclusions qui s’imposent.Il est vrai que les politiques ont tend

    1. @ VISOR

      « …..En effet, comment se fait il que les instances scientifiques (INRA, CNRS… ) n’aient pas été capables d’étudier la réalité des choses et de tirer les conclusions qui s’imposent… »

      === La réponse à votre question est là plus bas, sur ce forum, dans cette rubrique, très claire:

      Le Gaucho définitivement innocenté

      Dany a dit : Il y a quelques années, lorsque j’étais encore directeur du laboratoire de l’Afssa de Sophia-Antipolis, présidant le conseil scientifique du laboratoire, j’avais expliqué à mes collègues dont MP Chauzat, M Ribière … que nous devions résolument changer de stratégie de recherche.Etc……..

      2 mai 2014 à 7:43

  7. Le saviez vous ? célèbre gimmick de CANAL + avec le vendeur de shampoing héliporté en effigie !
    L’abeille, cette industrieuse infatigable dévouée à sa reine, est devenue bien malgré elle, la meilleure amie des écolos, pas qu’ils soient plus entomophiles que d’autres. Non, parce que comme personne ne sait combien il y avait exactement d’abeilles avant l’avènement de l’agrochimie , ni combien il y a d’abeilles à l’instant « t » , combien il en est mortes cet hiver et de quoi.
    Aussi, chaque fois qu’une ruche meurt (de faim tout simplement, du varroa un acarien, de la nosémose un champignon ou de mille autres causes) ils ont décidé de charger systématiquement le gaucho, le fipronil et autres phytos,même si on n’a jamais vu d’abeilles butiner du maïs ! En clair il faut cibler à tout va l’agriculture qui ne peut pas se défendre . Pourquoi ? Parce qu’ils ont réussi pour le grand public à inverser la charge de la preuve, à retourner la vertu de leur coté et le vice du coté des agriculteurs. Le mot « pesticides » à été inventé de toute pièce pour terroriser les gens… que je sache la peste est aujourd’hui éradiquée et les végétaux n’y sont pas sensibles. Il serait plus approprié d’employer pesticides en parlant des médicaments humains…quitte à caricaturer …
    Le saviez vous ? Le bio paré de toutes les vertus, parlons-en : par exemple la mouche du brou de la noix qui est organisme réglementé de quarantaine (obligation de traiter). Et bien les bio ne veulent pas utiliser de molécules de synthèse ce qui est logique, mais avec leur produit homologué bio d’origine naturelle, pour arriver à flinguer la mouche du brou ils cartonnent toutes les abeilles ! Un massacre oui mais un massacre au nom du bio !
    Le saviez vous ? Au fait le fipronil il y en a plein les colliers anti puce de nos chiens et chats de salon dont on caresse le poil sans méfiance, et là ça ne gène personne.

    1. « pesticides »: c’est un mot anglais.

      Sans le même esprit que votre histoire de la mouche du brou de la noix, il y a depuis quelque temps une invasion dans l’est de la France (à partir de l’Allemagne et de la Suisse) de la pyrale du buis qui vous ratatine tous les vieux buis en deux jours. Dans mon quartiers il y en a de très nombreux et de très vieux. Je m’en suis aperçu l’année dernière un peu par hasard. Je me suis tout de suite renseigné et j’ai traité immédiatement : 3 traitements de deltaméthrine et thiaclopride. Efficace!! Cette année rien mais j’ai quand même fait un seul traitement de précaution compte tenu de l’hiver particulièrement doux…. Une voisine écolo à suivi les recommandations de quelques sites internet recommandant un ou deux traitements de Bacillus thuringiensis…… Ses vieux buis ont pas mal dérouillé et cette année, ce qui restait a encore été sévèrement attaqué…. Idem pour ceux de ses voisins immédiats. Par conséquent, son comportement écolo vérole le quartier! Je lui avais recommandé mon traitement. Pas de réponse évidemment! Cette année, je lui ai fait un message pour lui recommander de surveiller ses buis, elle m’a dit qu’elle avait déjà trouvé beaucoup de chenilles…. elle m’a remercié pour mes conseils en me traitant de « spécialiste de la chimie »…. Je lui ai répondu que Moi je n’avais pas de chenilles et que mes buis étaient en pleine végétation et que le Bt n’marchand pas sur les œufs et les larves, elle avait intérêt si elle voulait encore avoir des buis l’an prochain, de traiter abondamment avec son Bt tous les 3 jours jusqu’en septembre pour dégommer régulièrement toutes les générations d’adultes avant la ponte…….. J’attends sa réponse sans me faire d’illusions.

      Un jeune couple près de chez moi que j’avais averti l’an passé du risque m’avait écouté et cette année, ils n’ont pas de problème non plus!

      1. Bonjour,
        Vous dites: » Une voisine écolo à suivi les recommandations de quelques sites internet recommandant un ou deux traitements de Bacillus thuringiensis…… Ses vieux buis ont pas mal dérouillé et cette année, ce qui restait a encore été sévèrement attaqué…. Idem pour ceux de ses voisins immédiats. Par conséquent, son comportement écolo vérole le quartier! »
        En scientifiques, ne tirons pas de conclusions d’une seule observation: Je traite mes buis avec Bacillus thuringiensis avec succès et trois fois par an suffisent. Cette voisine à certainement traité tardivement et mal. Il faut observer ses buis presque tous les jours et ne pas attendre 4 jours avant de traiter (ce qui n’est pas toujours facile avec la météo).24 heures après le traitement, les chenilles bougent encore un peu et ne cherchent pas à s’enfuir comme d’habitude. Encore 24h et il n’est plus possible d’en trouver une vivante!

        1. Le BT ça marche très bien contre les chenilles, et c’est justement cette protéine qui est présente dans les plantes. Après les pesticides bio sont souvent moins polyvalent et demande plus de soin dans l’application et le suivit, ce n’est pas évident pour Mme Michu qui fait du jardinage bio entre deux feuilletons.

  8. Il y a quelques années, lorsque j’étais encore directeur du laboratoire de l’Afssa de Sophia-Antipolis, présidant le conseil scientifique du laboratoire, j’avais expliqué à mes collègues dont MP Chauzat, M Ribière … que nous devions résolument changer de stratégie de recherche.

    Jusqu’alors, le labo avait cherché à étudier les contingences entre la présence des agents pathogènes spécifiques des abeilles, la présence des pesticides les plus en vue dans l’organisme de ces abeilles et la mortalité des colonies.

    C’était le but de l’enquête multifactorielle que j’avais conçue, pilotée et interprétée. Le travail que j’avais déployé sur ce projet avait été jugé insuffisant pas certains, mais lorsque je fus viré, les mêmes furent particulièrement heureux de signer un rapport final qu’ils trouvèrent rédigé à 95%.

    Ce rapport fit quelques mois plus tard plus tard la gloire de certains qui n’avaient rien écrit.

    Je vous en rappelle la conclusion : aucun pesticide ne ressortait comme facteur contingent aux mortalités observées au contraire des infections (Varoase).

    Alors que nous étions proches de la conclusion de ce programme, j’avais donc expliqué à mes collègues qu’il nous fallait adopter une nouvelle stratégie. Il nous fallait arrêter de courir après l’émergence de nouveaux pesticides parce que les méthodes de mise en évidence étaient toujours très longues à valider et à mettre en œuvre. A ce sport, d’ailleurs le labo de Sophia s’est particulièrement illustré par sa lenteur. Le résultat était que nous arrivions toujours après la bataille.

    Le problème (qui n’est d’ailleurs pas spécifique à Sophia, soyons justes) demeure : le programme Epilobee ne mentionne pas de pesticides parce que selon Gilles Salvat, haut responsable scientifique de l’Ansess : « ll n’y a pas de motif politique [à la non prise en compte des pesticides], ce sont des raisons techniques et cela coûterait très cher. On peut admettre qu’une étude coûte très cher, mais à condition qu’elle donne les informations qu’on recherche ».

    Côté pathogène, le problème est que leur mise en évidence ne signifie pas toujours « maladie » – ce qui est particulièrement vrai pour la vingtaine de virus connus de l’abeille.

    Ma proposition était donc d’inverser l’angle d’observation : à quels facteurs d’agression les abeilles échantillonnées dans des colonies moribondes avaient tenté de résister – virus, bactéries, toxiques ? Une telle approche était possible en étudiant le protéome des abeilles. Cette approche fut celles des équipes état-unisiennes qui ont travaillé sur le Colony Collapse Disorder.

    Malheureusement cette proposition a été reçue par les agents de Sophia cités plus haut comme non opportune, voire comme une volonté de nuire à certains car une telle approche était au-dessus de leur capacité (ou volonté de formation …).

    Le choix de l’équipe qui est resté à Sophia a donc été de ne pas affronter la difficulté (certes elle était bien réelle) mais de poursuivre une stratégie non créative mais dont on pouvait être absolument certain qu’elle donnerait des résultats – utiles ou non, mais publiables. C’est le type même des projets scientifiques que l’on qualifie « d’alimentaire » dans les laboratoires.

    Ainsi fut entrepris Epilobee qui se résume à une approche épidémiologique et des efforts de standardisation dignes des labos de grand papa …

    Le plus curieux est que l’expérience de l’enquête multifactorielle n’a pas servi – ou n’a pas été comprise : en étudiant tous les facteurs possibles – biotiques, abiotiques (toxiques compris), cette enquête pouvait être taxées de présomptueuse car le nombre d’échantillons était nécessairement limité – elle ne pouvait certainement pas être taxée de malhonnête dans son principe. Il fallait bien trouver une cote mal taillée entre nombre d’échantillons et nombre d’analyses différentes à exécuter sur ces échantillons. A signaler que l’on peut faire la même critique aux études qui auraient démontré l’absence d’effet significatif de certains agents pathogènes sur les colonies d’abeilles.

    Au contraire Epilobee néglige délibérément le côté pesticide : avoir lancé une enquête aussi boiteuse a été pour le moins stupide surtout venant de personnes qui connaissaient la sensibilité du sujet.

    Pour moi, connaissant l’arrière plan de ce programme, j’y vois une autre dimension : il illustre aussi le vieil adage « la paresse est mère de tous les vices ».

    Michel AUBERT

    PS Vous pouvez diffuser à qui vous voulez. Merci

    1. @ Dany

      Cher Monsieur,

      Tous mes sincères compliments pour votre exposé très clair de la situation inquiétante de notre recherche et de la mentalité (dont je garde pour moi les qualificatifs qui s’appliquent….) de certains de nos fonctionnaires-chercheurs . Mes félicitations pour votre franchise et pour votre projet de recherche malheureusement assassiné par la bêtise et la malhonnêteté ambiantes.

      1. @Zygomar

        Cette lettre n’est pas de moi mais de Michel Aubert chercheur qui l’a diffusé dans le milieu apicole …

        1. Il y aurai un moyen de la contacter? j’ai forcément plein de question à lui poser.

    2. Merci
      Il suffit de voir la médiocrité de la plupart des publications sur le sujet (protocole douteux, traitement stats très léger, conclusion à la volée) pour se rendre compte qu’il y a un problème de sérieux et de compétence, cette tribune ne m’étonne pas.

      Ca fait bientôt 20 ans que cette affaire empoisonne l’apiculture européenne et US, finalement on n’a pas beaucoup avancé depuis 2006-2007 et la confirmation de la présence de Nosema ceranae.

  9. Des nouvelles du front :
    « Une centaine d’opposants à la culture de maïs OGM, militants de Greenpeace et faucheurs volontaires emmenés par le député européen José Bové, ont arraché vendredi des plants de maïs transgénique dans un champ en Haute-Garonne, a constaté un journaliste de l’AFP. Les militants avaient identifié une parcelle de 11 hectares située à Saubens, en périphérie de Toulouse, récemment plantée selon eux de graines de MON 810, du maïs génétiquement modifié de la firme américaine Monsanto. Après avoir déployé des banderoles sur lesquelles on pouvait lire: « OGM, Contamination en cours » ou « Un champ de trouvé, dix de cachés? », les militants ont procédé à l’arrachage de plans encore jeunes pour les remplacer par des graines de maïs bio. »

    On est sauvés ! Heureusement que les gentils commissaires politiques d’EELV et leurs bras armés hérétiques éradicateurs de progrès à moustache et longue faux veillent sur le peuple endormi par des balivernes.
    La recherche avance , c’est rassurant pour nos enfants . Le pays Gaulois reste à l’abri de la contamination de la science…pas sûr qu’on soit pas déjà contaminés irréversiblement par la connerie profonde !

  10. Greenpeace déploie en ce moment une intense activité pour une raison que je ne connais pas et qui m’intrigue.

    Les complotistes pourront chercher s’ils ne sont pas de mèche avec nos sinistres ministres du radieux avenir vert…

    Toujours est-il qu’ils viennent de publier un billet, « Pesticides : pour s’en débarrasser, des solutions existent ! »

    http://agriculture.greenpeace.fr/pesticides-pour-sen-debarrasser-des-solutions-existent

    Il commence par : « En Europe, les populations d’abeilles domestiques ont chuté de 25 % entre 1985 et 2005. »

    Ça m’a intrigué, j’ai fait quelques recherches, et je vous en livre ci-dessous le fruit.

    ________________

    Pour GP, la désinformation n’est pas une seconde nature… c’est la première !

    Lisez bien la première phrase :

    « En Europe, les populations d’abeilles domestiques ont chuté de 25 % entre 1985 et 2005. »

    Avez-vous bien lu… 2005 ? Nous sommes en 2014 !

    Le 8 janvier 2014, une équipe de chercheurs européens écrivait :

    « Total honeybee stocks across the 41 countries rose by 7% between 2005 and 2010 from 22.5 M colonies to 24.1 M colonies, with stronger increases in southern European countries where beekeeping is more common. »

    « Les populations totales d’abeilles pour 41 pays ont augmenté de 7 % entre 2005 et 2010, de 22,5 millions de colonies à 24,1 millions de colonies, avec une augmentation plus grande dans les pays de l’Europe du sud où l’apiculture est plus fréquente. »

    ….plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0082996

    Agricultural Policies Exacerbate Honeybee Pollination Service Supply-Demand Mismatches Across Europe
    Tom D. Breeze, et al.

    GP a donc sorti une statistique ancienne… la plus récente ne convenant pas à sa manipulation médiatique !

    .

    Mais d’où sort ce chiffre de 25 % de pertes entre 1985 et 2005 ? Mystère… Enfin pas tout à fait.

    Dans le documents que GP a produit on peut lire :

    « Les populations d’abeilles domestiques ont chuté de 25 % en Europe entre 1985 et 2005. Nous savons que cette diminution est en partie due au varroa destructor, un acarien ectoparasite invasif venu d’Asie. Ce parasite est à l’origine des pertes de la plupart des colonies d’abeilles sauvages en Europe et aux États-Unis (Potts et al. 2010). »

    Potts et al. 2010, c’est : Potts, S. G., Biesmeijer, J. C., Kremen, C., Neumann, P., Schweiger, O. & Kunin, W. E. (2010). Global pollinator declines : trends, impacts and drivers. Trends in Ecology & Evolution 25 : 345-353.

    Il est disponible sur la toile en PDF… On peut donc lire et vérifier…

    Les auteurs avancent effectivement ces chiffres, avec un renvoi à une note 8 qui correspond à :

    Potts, S.G. et al.(2010) Declines of managed honeybees and beekeepers in Europe? J. Apic. Res. 49, 15–22

    Il est également disponible sur la toile en PDF… On peut donc lire et vérifier…

    Les auteurs ont produit un tableau 2 qui nous apprend que pour une Europe à 17, la perte en pour cent de colonies a été de -16.1 ± 5.0 et pour une Europe à 15, la réduction du nombre d’apiculteurs a été de 31.4 ± 4.5.

    Les 25 % correspondent à l’Europe centrale.

    Conclusion : dans cet exercice, GP est allé chercher une statistique alarmiste et s’est sans nul doute fait piéger par des auteurs eux-mêmes alarmistes et, au mieux, négligents ou, au pire, manipulateurs.

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