Glyphosate : comment la rumeur gagne l’opinion

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glyphosateDans une tribune libre publiée dans La Revue Parlementaire, Cécile Philippe, la directrice de l’Institut économique Molinari s’interroge : « Le glyphosate (est-il) une nouvelle illustration de la démocratie des crédules ? »

La chercheuse se base sur le livre La Démocratie des crédules dans lequel Gérald Bronner explique comment Internet a révolutionné le marché des idées et comment – notamment sur les questions scientifiques – il tend à créer une société d’hypocondriaques.

En effet, l’auteur a sélectionné des hypothèses douteuses (le monstre du Loch Ness ou l’astrologie) et mesuré l’avis des 30 premiers sites consultables sur le Net. Dans chaque cas, il montre que si on ne prend en compte que les sites qui prennent position, 70% d’entre eux présentent des arguments en faveur de ces croyances qu’on sait pourtant sans réel fondement).

De quoi donner envie à Cécile Philippe de tenter l’expérience avec une hypothèse tout aussi douteuse, celle du caractère cancérigène du glyphosate (jugé « peu probable » par une étude du Centre international de recherche contre le cancer qui dépend de l’Organisation mondiale de la santé et l’Agence européenne de sécurité des aliments et « improbable » par l’Agence européenne de sécurité des aliments). Laissons-lui la parole :

« J’ai entré le terme « glyphosate » dans le moteur de recherche Google et consulté les 30 premiers sites proposés, en éliminant ceux qui correspondaient à des sites de vente. Le résultat est étonnant par son exactitude. Sur 30 sites consultés, 8 sont neutres, 16 présentent des arguments favorables à l’interdiction et 6 seulement offrent des arguments favorables à l’utilisation de cette substance. Ainsi, 72 % des sites qui prennent position dénigrent le glyphosate. Ils sont liés en général à des organisations ou des personnes qui font campagne contre les pesticides. »

Et la chercheuse libérale de constater (en le regrettant) que « des rumeurs qui autrefois restaient confinées à de petits groupes, (puissent) maintenant prendre de l’ampleur ». Celles-ci « arrivent à se diffuser à la vitesse des réseaux sous les effets d’une part, de la massification de la diffusion et de la disponibilité de l’information (la quantité d’informations produites sur les réseaux est devenue incommensurable) et d’autre part, l’accès libre au marché public de l’information » car « tout le monde peut s’exprimer sur Internet ».

Pour Bronner, rappelle Cécile Philippe, « ce que l’on trouve aujourd’hui sur les réseaux n’est pas représentatif de l’opinion publique, mais seulement de ceux qui s’y expriment le plus fort ». Et bien sûr, « le bruit des plus motivés à savoir des militants et des croyants y est assourdissant. Les croyances s’expriment dans un silence presque total de la part de ceux qui pourraient présenter des arguments contraires mais qui ne le font pas, sans doute par manque de motivation et de temps. » C’est ainsi que certaines croyances peuvent l’emporter sur d’autres, « non parce qu’elles ont prouvé leur véracité, mais parce qu’elles ont su se rendre plus visibles et convaincre les indécis ».

En conclusion, la directrice générale de l’Institut économique Molinari juge « crucial » que « le monde scientifique », « les intellectuels », « les producteurs » et « les consommateurs » prennent leurs responsabilités, ce que nous, simples consom’acteurs, faisons à Alerte-environnement.fr depuis des années, même si nous regrettons de ne pas être davantage à effectuer ce travail de lutte contre la désinformation de puissantes et riches ONG et n’avons évidemment pas un millième de leurs moyens.

Comme le dit Cécile Philippe, « ce serait une erreur de baisser les bras et de laisser les discours alarmistes et anxiogènes proliférer en renonçant au travail de pédagogie des idées ». L’occasion pour nous de vous remercier, chers lecteurs, qui ne renoncez pas davantage que nous en faisant suivre nos articles à vos contacts ou en les partageant sur les réseaux sociaux pour que triomphe la vérité sur les mensonges et les idéologies.

5 commentaires sur “Glyphosate : comment la rumeur gagne l’opinion

  1. Le problème est que les institutions étatiques scientifiques payées avec nos impôts ( CNRS, INSERM,INRA,ANSES…) ne cherchent à aucun moment à rétablir la vérité du moment ( OGM, glyphosate, pesticides…). ls cautionnent même parfois certaines idéologies obscurantistes en obéissant aux politiques qui adorent surfer sur les peurs et rendre bêtes et donc manipulables les populations. Face au pouvoir accru des militants grâce au numérique ( c’est une bonne chose) nous avons un état qui ne pense qu’à asservir le peuple pour se maintenir au pouvoir ( cf âneries réchauffement climatique …)

    1. Excellent commentaire Visor, parfaitement complémentaire de cet excellent billet… et le cercle infernal se forme.
      J’y rajouterai pour qu’il se referme complètement : la Presse, qu’elle soit nationale (Le Monde…), régionale, « scientifique » (Sciences et avenir…) ou consumériste (Que choisir…).

  2. Il y a peu, une centaine de titulaires du prix Nobel ont « pris leurs responsabilités » au sujet du riz doré. Et ont été ignorés par les média.

  3. Article intéressant qui nous change un peu des copies à l’eau de rose de nos « medias » néostaliniens.

    C’est la traduction d’un extrait d’article du Wall Street Journal paru dans le dernier n° de Courrier International (n° 1351 du 22-28 /09 2016, pp. 40-42 par Jacob Bunge) intitulé en français: « Les OGM de Monsanto ne font plus recette »..

  4. Je ne crois pas qu’il y ait de différence fondamental entre un débat public sur internet ou dans une salle . Le débat public est le lieu ou les extrêmes prennent le pouvoir , alors que dans les urnes ils sont marginaux. Le débat public qui est présenté comme un progrès de la démocratie est une machine infernale pour fabriquer de l’intolérance .
    La particularité d’internet est que le débat y est permanent.
    Il est illusoire de vouloir faire débattre 60 millions d’individus. Les seuls lieux légitimes du débat, ce sont nos assemblées d’élus avec toutes leurs imperfections.
    Ca s’appelle la démocratie représentative.

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