Dans le registre « ignoble », on trouvera cet article de Samuel Gontier, « journaliste de canapé » comme il se définit sur twitter, qui, sur son blog Télérama, se complet dans la critique du traitement médiatique de la mort de Xavier Beulin (et il n’est pas le seul dans la presse dans ce registre !). Pas un mot de doléances, ce serait trop demander ! Mais un semblant d’analyse acerbe dont le fil conducteur est la dénonciation de tout le parcours syndical de Xavier Beulin.
A minima, on peut attendre d’un journaliste -y compris vautré dans son canapé – un minimum de travail et notamment de recherche. « Le commentaire ne pousse cependant pas le zèle jusqu’à expliquer que le pdg d’Avril-Sofiprotéol était aussi le premier fournisseur français d’aliment pour bétail, à travers la filiale Sanders, ce qui aurait dû lui retirer toute légitimité pour négocier au nom des éleveurs en difficulté — dont les malheurs sont invariablement imputés à l’aval (la grande distribution) et jamais à l’amont (fabricants et vendeurs de machines agricoles, d’engrais, de pesticides, de produits vétérinaires, d’aliment…). ». Sauf que Xavier Beulin n’a jamais été PDG du groupe Avril-Sofiprotéol. Xavier Beulin en était le président au titre de son mandat syndical confié par les producteurs agricoles d’oléagineux français. L’utilisation du sigle PDG par Samuel Laurent vise à faire croire aux lecteurs de Télérama que Xavier Beulin était l’actionnaire à titre personnel du groupe alors que celui-ci appartient collectivement aux producteurs agricoles. Pour rappel, Xavier Beulin a participé avec d’autre responsables agricoles à conforter ce groupe qui valorise des productions agricoles avec souvent l’accord des pouvoirs publics.
Dans le registre digne, on trouvera la réaction de la Confédération paysanne, syndicat qui n’a jamais été tendre avec Xavier Beulin : « L’annonce du décès de Xavier Beulin est un choc pour l’ensemble de la profession. Nous ne partagions pas la même vision de l’agriculture ni les solutions qui étaient les siennes pour affronter les défis qui se présentent à nous. Nous nous sommes régulièrement affrontés sur ce terrain avec pugnacité et respect. La Confédération paysanne présente ses sincères condoléances à ses proches ainsi qu’à tous les membres de la FNSEA*.
La réaction de la Confédération Paysanne est en effet pleine de dignité. Elle aurait mérité un billet séparé (mais il n’est pas trop tard).
Le Modef aussi a rendu hommage au leader syndical. « Même si notre vision du devenir de l’agriculture était aux antipodes, pour autant nous voulons reconnaître les valeurs de l’homme dans son engagement syndical. Au travers de sa forte personnalité, il aura pour longtemps marqué de son empreinte le syndicalisme majoritaire, aujourd’hui orphelin de son leader. »
http://www.terre-net.fr/actualite-agricole/politique-syndicalisme/article/multiplication-des-hommages-dans-l-ensemble-du-syndicalisme-agricole-205-125850.html
Mais la presse agricole peut aussi faire son autocritique :
http://www.terre-net.fr/actualite-agricole/politique-syndicalisme/article/xavier-beulin-ou-le-grand-ecart-entre-l-agriculture-et-l-agro-industrie-205-125821.html
Non, il n’y avait pas de grand écart.
Je partage l’analyse de Seppi, la construction d’un outil un agro-industriel solide en aval des exploitations agricoles était indispensable pour permettre le maintien des exploitations familiales, on insistera sur le mot FAMILIALES , même celles exploitant plus de 500 ha.
Cette organisation avec un outil agro-industriel fort détenu par les agriculteurs était de façon évidente aussi profitable pour les micro exploitations positionnées sur des marchés de niche, des circuits courts, … car elle leur laissait la place pour se développer sur ces segments, permettant la diversité des agricultures, des débouchés en sus.
Elle permettait d’assurer une place stratégique pour l’agriculture française au niveau de l’export, enjeu plus qu’économique puisque le blé ou le maïs sont des matières bien plus essentielles que le pétrole ou le gaz naturel.
Pour ceux qui en douteraient, testez une galette de pétrole ou une bouffée de CH4 au petit déjeuner à la place de la tartine beurrée. Il n’y a pas photo!
Seuls nos écolobobos critiquent la baguette et le beurre qui viennent d’exploitations issues de la « révolution verte » .
Les producteurs d »huile minérale ne s’y trompent d’ailleurs pas … eux . Ils voudraient bien échanger leurs déserts où la richesse est profondément enfouie dans le sous sol contre de vertes contrées où la richesse s’étale en surface, de façon presque indécente.
Le décès prématuré de Xavier Beulin constitue une immense perte pour l’agriculture française y compris pour les agriculteurs des syndicats minoritaires, conf et modef qui avaient besoin d’un discours alternatif au leur mais discours intelligent et attitude loyale.
Cette loyauté dans le discours et dans l’action est certainement la principale caractéristique de ce grand leader syndical également capitaine d’industrie au bon sens du terme.
On ne reviendra pas sur le propos minable de ce journaleux bobo qui signe d’ailleurs son forfait en nommant ses commanditaires « dont les malheurs sont invariablement imputés à l’aval (la grande distribution) « , commanditaires qui travaillent la main dans la main avec les ONG écologistes dont ils recrutent invariablement les portes parole , de façon transparente cependant mais sans que la presse n’y voit un quelconque conflit d’intérêt.
On ne peut que souhaiter que Xavier Beulin, que l’on savait fragile sur le plan santé malgré la force affichée, avant tout force de caractère, ait bien préparé sa succession car les défis sont immenses pour l’agriculture, les agricultures françaises et les derniers articles qui passent en boucle décrivent, sans critique d’ une telle évolution par la même presse, laissent augurer un futur assez peu réjouissant si une véritable conscience du risque n’est pas partagée:
« L’avenir de l’agriculture française, l’une des plus diversifiées du monde tant en termes de paysages que de productions, sera peut-être de se réorienter autour de deux grands pôles : d’un côté des exploitations de plus en plus grandes, détenues par des capitaux financiers, de l’autre des micro-fermes dans les périphéries des villes, pourvoyeuses de produits bio pour les citadins. » http://www.leprogres.fr/economie/2017/02/21/l-agriculture-francaise-en-crise-de-confiance
http://www.leparisien.fr/flash-actualite-economie/apres-le-deces-de-beulin-l-agriculture-francaise-en-crise-de-confiance-20-02-2017-6695997.php
http://www.bienpublic.com/actualite/2017/02/21/l-agriculture-francaise-en-crise-de-confiance
http://www.france24.com/fr/20170220-apres-mort-beulin-lagriculture-francaise-crise-confiance
http://www.republicain-lorrain.fr/france-monde/2017/02/21/le-triste-testament-de-xavier-beulin
Et si tout le brouhaha médiatico -écologique actuel n’avait que cet objectif: l’accaparement de l’agriculture moderne et productive par quelques financiers internationaux perspicaces ( ils sont nombreux à l’être) et les pays qui ont les moyens de s’offrir un bon bout de France agricole? … pour leur plus grand profit.
Les ONG écologiques les plus en vue n’étant, en fait, qu’un moyen pour servir cet objectif.
Aucune forme de « complot » derrière cela, juste une stratégie industrielle rationnelle et assumée par ces derniers… et désormais clairement affichée, d’où les citations des articles de presse ci avant.
A chacun de choisir le modèle d’agriculture qu’il préfère même si cela n’aura que peu d’impact sur la suite des évènements, juste pour conserver les yeux ouverts sur la suite du processus.
Toutefois dans un monde devenu plus complexe et imprévisible… rien n’est écrit d’avance!
Rien dans l’Obs de cette semaine…
La demi-page de la France Agricole me déçoit aussi beaucoup.
Sur France-Inter mardi matin le chroniqueur parlait de Xavier Beulin president de la FNSEA et HOMME D’AFFAIRE ! decidement les medias n’y connaisse plus rien ! moralite il y a un paquet de paysans qui sont aussi homme d’affaire , pour sieger dans des conseils d’aministration du credit agricole , de coopératives et de CUMA !
Xavier Beulin était un grand bonhomme et il avait toutes les cartes en mains pour sortir l’agriculture de la crise actuelle par le haut . Les politiques et medias ont une énorme responsabilité dans le déclin de la France car ils détestent » l’industrie » : la part dans le PIB a donc plongé et est bien inférieure à des pays comme la Suisse ( sans parler de l’allemagne). C’était une excellente chose et un atout d’avoir une personne syndicaliste issue de ce monde industriel car l’avenir de l’agriculture, qu’on le veuille ou non, passe par là.Cela tranche avec certains de ses prédecesseurs arcboutés sur des modèles du passé.L’incapacité des journaleux à le reconnaître montre bien leur déphasage et leur inutilité pour la période à venir .Xavier Beulin aurait été ministre et il aurait été en position de vraiment faire bouger les lignes.Paix à son âme.
« C’était une excellente chose et un atout d’avoir une personne syndicaliste issue de ce monde industriel… »
Non, Xavier Beulin n’était pas issu du monde industriel.
C’était un agriculteur. Dans un rare moment de colère (froide), il a expliqué son parcours :
http://www.lopinion.fr/video/phrase/mort-xavier-beulin-il-y-a-an-il-evoquait-debuts-difficiles-d-120696
Il était de la race des agriculteurs qui ont monté ou contribué à monter des filières dépassant le cadre de l’agriculture au sens strict.