La loi Labbé dans les faits (4)

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LardyCapital du mois de mai 2017 publie un article passionnant sur la loi Labbé, cette nouvelle « norme écolo qui va nous coûter cher » et qui impose de remplacer les phytos traditionnels par des phytos bios dans tous les espaces verts publics de France. Son auteur, Erwan Seznec, donne plusieurs exemples du caractère irréaliste de cette mesure et de ses conséquences financières dramatiques.

Premier exemple. Deuxième exemple. Les finances des communes dégradées.

Troisième exemple, celui des responsables et propriétaires des Châteaux de la Loire dont les buis (des centaines de kilomètres dans les parcs) sont littéralement détruits par un papillon (ou plutôt une chenille), la pyrale, et des moisissures « qui gagnent chaque année du terrain ». La lutte biologique contre ces fléaux consiste à poser des pièges à phéromones qui attirent les papillons mâles, dont « le plus efficace est celui de la firme japonaise Sumi Agro » et qui « coûte une dizaine d’euros pièce ». Ainsi, détaille Erwan Seznec, « pour protéger les 6 hectares d’un jardin comme celui du château de Villandry (Indre-et-Loire), il en faudrait 2 000, soit 20 000 euros de budget annuel. C’est cent fois plus cher qu’un traitement chimique à base de diflubenzuron » sauf que cela ne sert à rien puisqu’au final, la pyrale éliminée, les buis mourront des attaques d’un champignon contre lequel il n’existe aucun traitement biologique. Les domaines publics sont donc désormais condamnés à remplacer les buis morts par de nouveaux qui seront eux aussi attaqués quelques semaines plus tard et mourront dans la foulée, etc. Et en 2019, ce sera au tour des propriétaires privés de se retrouver dans cette situation ubuesque et intenable financièrement.

Voilà, concrètement, le résultat de la loi Labbé. C’est sans doute pourquoi, deux mois après son entrée en vigueur, elle commençait déjà à être détricotée : un amendement autorisant de nouveau le traitement chimique des buis a été déposé en février dernier par le sénateur Louis-Jean de Nicolaÿ (sa famille est propriétaire du château du Lude, dont les jardins comprennent des kilomètres de buis), le gouvernement a fait semblant de ne rien voir et la commission mixte paritaire du Sénat et de l’Assemblée l’a approuvé. Affaire à suivre !

2 commentaires sur “La loi Labbé dans les faits (4)

  1. Pour voir les massacres de la Pyrale du Buis, il faut regarder les pentes du Massif de l’Epine, au dessus du Lac du Bourget : Des milliers d’hectares de forêts centenaires et classées.
    Et grâce aux lois stupides on ne peut rien faire. Si ce n’est regarder le Buis (espèce protégée) disparaitre…
    http://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/pyrale-du-buis-vos-photos-videos-isere-savoie-haute-savoie-1085063.html
    https://www.francebleu.fr/s3/cruiser-production/2017/03/9439f45c-ca17-4332-af04-b73c8b7bd854/870x489_pyrale_3.jpg
    https://scontent-amt2-1.cdninstagram.com/t51.2885-15/e35/14294906_1747136562218287_471310382_n.jpg

  2. Bonjour, je suis gestionnaire d’un jardin historique de 23 ha, avec des buis comme élément structurant: palissades, haies, plateaux, buis de bordures et topiaires. Les premières attaques de pyrales sont intervenues dès 2013. La loi Labbé n’étant pas applicable nous avons dans un premier temps traité avec des insecticides polyvalents. Devant la fréquence des traitements et leur dangerosité, nous nous sommes résolument tourné vers le bio. Dés 2014 l’utilisation de bacyllus thuringiensis nous a permis de limiter largement les dégâts. Nous avons ensuite disposé les pièges à phéromones, 40 sur 17 ha soit 1 pour 180 m2, ce qui relativise largement les coûts indiqués plus haut. Depuis l’an passé nous mettons en place des trichogrammes, qui en pondant dans les oeufs de pyrales, limitent radicalement les dégâts.
    Concernant le cylindrocladium, nous utilisons des purins d’ortie, de prêle et de consoude qui ont un effet certains sur la résistance des buis. Cette année nous allons également expérimenter l’AQ10, champignon tueur de champignons.

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