Les produits antipoux à base d’huiles essentielles (lavande et arbre à thé ou tea tree) sont de plus en plus présents en pharmacie et rencontrent un succès croissant tandis que sur Internet, des recettes artisanales antipoux à base de ces deux essences végétales font florès. Comme l’explique le magazine 60 Millions de consommateurs, « une société a même mis au point un bandeau en tissu antipoux qui diffuse en continu, grâce à des microcapsules, de l’huile essentielle de lavande dans les cheveux » ! Sauf que ces huiles essentielles ne sont pas inoffensives, loin de là, avertit le mensuel, au risque d’étonner ceux qui pensent que tout ce qui est synthétique serait mauvais et que tout ce qui est naturel serait bon, « les actifs puissants qu’elles incorporent peuvent provoqués des effets indésirables en cas de mésusage »… mais pas seulement. « Plus inquiétant », insiste en effet le magazine, « l’huile de lavande et l’arbre à thé sont soupçonnés de toxicité.
Poussée mammaire anormale chez de jeunes garçons
Le centre antipoison de Lille a publié en 2016 un bulletin d’information intitulé ‘Alerte : intoxications aux huiles essentielles’, dans lequel sont présentés des exemples préoccupants. » Le document décrit trois cas de poussée mammaire anormale (le terme médical employé est « gynécomastie ») chez de jeunes garçons, des symptômes que ses auteurs soupçonnent d’être provoqués par « une éventuelle stimulation œstrogénique des composants de l’huile essentielle de lavande ». L’arbre à thé est également suspecté, ajoute 60 Millions de consommateurs. En résumé, le bulletin suggère que ces deux huiles essentielles d’usage courant « pourraient – dans des circonstances qui restent à déterminer – mimer l’action d’hormones et donc agir comme des perturbateurs endocriniens ».
Et ces trois cas ne seraient pas isolés selon l’Association française des pédiatres endocrinologues libéraux (AFPEL). « D’autres cas sont décrits dans la littérature scientifique et par des praticiens sur le terrain », complète ainsi le Dr Patricia Bartaire, membre fondatrice de l’association.
Les symptômes régressent quand les enfants ne sont plus exposés aux huiles essentielles
L’hypothèse de perturbations endocriniennes lors d’expositions aux huiles essentielles est étudiée dans une étude de 2007 publiée dans le New England Journal of Medicine, une revue scientifique américaine de référence. Et « comme dans le bulletin du centre antipoison de Lille, cette étude décrit, mais dans le détail cette fois, des poussées mammaires survenues chez trois garçons âgés de 4, 7 et 10 ans » relate 60 Millions de consommateurs. Précisons que « ces derniers utilisaient régulièrement des cosmétiques formulés avec des huiles essentielles de lavande et d’arbre à thé » et que « les symptômes ont régressé après que les enfants ont arrêté d’utiliser ces produits ».
Enfin, note le magazine, « en complément de leurs observations, les chercheurs américains ont testé les effets des huiles essentielles de lavande et d’arbre à thé sur des lignées de cellules humaines sensibles aux hormones œstrogènes » et « selon leurs conclusions, cette expérience met en évidence une activité qui se rapprocherait de celle des œstrogènes naturels ».
Des fabricants négligents
Quant aux fabricants, ils se tiennent coi, inquiets à l’idée que leurs produits garantis (à grands renforts de publicité) sans parabène, un ingrédient de synthèse soupçonné d’être un perturbateur endocrinien, contiennent en fait des perturbateurs endocriniens d’origine naturelle, à cause des huiles essentielles de lavande et d’arbre à thé.
Le grand public sait-il que par précaution, les autorités de santé déconseillent l’usage des huiles essentielles chez les enfants ? Les fabricants ne peuvent, eux, l’ignorer. Or certains produits aux huiles essentielles, en particulier ceux antipoux, leurs sont tout particulièrement dédiés…
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Il serait bon de définir – enfin – une réglementation adaptée aux perturbateurs endocriniens.
Le problème est qu’il y a une grande variété de PE et qu’une réglementation unique serait absurde.
Absence de définition qui n’a pas empêché monsieur B. Hamon, candidat PS à l’élection présidentielle française de 2017, sans savoir au juste de quoi il retourne, de faire de leur interdiction un élément de langage de sa campagne. 😉
C’est certainement un sujet difficile (et c’est à mon avis le principal frein à la mise en place d’une réglementation, bien plus que l’infâme lobby de la chimie industriel) mais ce n’est sans doute pas insoluble. Un compromis d’accord a été proposé par la commission.
Par contre j’aimerai bien comprendre le but de ce billet. S’il n’y a pas de problème, qu’est-ce qui le justifie ?
@ Bugul Noz,
Vous faites certainement partie du collectif qui veut faire interdire la pilule contraceptive, principalement l’éthinyl oestradiol.
Il est connu par l’académie de médecine et les autorités sanitaires européennes qu’il s’agit du premier perturbateur endocrinien consommé volontairement celui là.
Avec des effets délètères avérés sur l’environnement, parmi les plus considérables des produits chimique encore autorisé, casse tête pour les acteurs de l’assainsissement comme de l’approvisionnement.
Toujours pas très clair sur une fraction des consommatrices féminines qui y est plus sensible, on n’a pas vraiment tiré les leçons de la crise des AVC de 2013. Le monde médical savait, le monde médical n’osait pas signaler un problème sérieux et récurent, avec une certaine complaisance avec un phénomène infiniment plus préoccupant que le médiator. Un coin du voile a été soulevé lors de l’affaire de la pilule Diane 35, mais le voile a été bien remis à sa place juste après.
L’absence de définitiion des PE sert d’abord a protéger le libre accès à la pilule contraceptive et laisser reposer en paix ceux qui ont promu, parfois à l’excès, son usage comme principal moyen de régulation des naissances.
Sans doute mais une proposition de réglementation sur les PE a bien été proposé (elle a fait hurler les écolos). Si c’est un frein, ce n’est pas un obstacle infranchissable. Vous ne feriez pas une montagne d’une taupinière ?
Autre « discrétion » au sujet les effets potentiels de certains déodorants…
Les sels d’aluminium utilisés pour bloquer la transpiration dans certains déodorants sont accusés de favoriser l’apparition de cancers du sein par plusieurs études.
https://www.rts.ch/info/sciences-tech/8575499-sels-d-aluminium-dans-les-deodorants-de-tres-discrets-avertissements.html
YAKAFOKON ?
Quand en aurons-nous fini avec le simplisme militant réduisant tout débat à « une réglementation adaptée » ?
Ça, en effet, c’est du simplisme militant ou je ne m’y connait pas.