Opération séduction pour le ministre Stéphane Travert. Dix jours avant l’ouverture du Salon de l’Agriculture où il s’apprêterait à étaler toute l’étendue de son incompétence, le ministre s’offre deux pages de portrait complaisant signées Eric Hacquemant (complaisance déjà reprochée au journaliste suite à la sortie en 2011 de son livre Besancenot, l’irrésistible ascension de l’enfant de la gauche). L’objectif ? Ambitieux : faire passer Travert pour un soutien des agris. On a le droit aux clichés les plus éculés : « Les gars, ça sent le fromage dans la voiture… », « Il pourrait élever des bisons dans l’Oklahoma », « Je suis un Normand du Cotentin. Avec moi, on ne triche pas », « anti-bobo notoire » (ah bon ?), « enracinement profond », « ce (…) natif de Carentan connaît (…) les moindres travers de ces routes piégeuses de la Manche entre monts, mer et marais », « les mondanités, très peu pour moi », « son village ? Lithaire, à peine 600 âmes isolées dans le bocage », « entre une dégustation et un verre de vin blanc », etc. Tout ça pour tenter de faire comprendre aux agris que Travert est du même monde qu’eux, mais aussi leur allié, à leur service (« ce ministère est une essoreuse ») et que s’il prend certaines décisions douloureuses, c’est pour leur bien et pour « maintenir la paix dans les campagnes ».
Passé des frondeurs du PS à Emmanuel Macron
L’article tente de construire une opposition artificielle entre Travert et Hulot, due selon l’hebdomadaire au positionnement soi-disant pro-agris de Travers : « évidemment (sic), les rapports du Normand avec le ministre de l’Ecologie (…) en pâtissent » même si c’est pour avouer aussitôt que c’est une « question de méthode surtout » : « l’un bouscule, l’autre ne veut pas brutaliser un secteur en souffrance ». D’ailleurs, « Emmanuel Macron ne (lui) a jamais rien reproché ». Un portrait laudatif qui ne mentionne évidemment pas le sectarisme du ministre dénoncé sur ce blog ni son inconstance : normal, nous direz-vous, pour un individu passé des frondeurs du PS à Emmanuel Macron en août 2014… Mais ce n’est pas cet article qui s’achève sur la situation de Marc Lecoustey, producteur de lait « avec ses 70 vaches » expliquant que « ça va mieux » car « les prix remontent » qui va changer la réalité, celle d’un président coupé du monde rural et impopulaire chez les agris, d’un gouvernement sous influence des ONG, qui prennent des mesures dont ils reconnaissent eux-même qu’elles vont rendre la vie impossible aux agris (voir ici, là et là), déjà durement éprouvés ces dernières années, et pas qu’à eux d’ailleurs. Bref, Stéphane Travers sait-il qu’à force de retourner sa veste, apparition dans Paris Match ou pas, on risque de se faire tailler un costard et de prendre une veste bien méritée ?
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