L’ingénieur agronome André Heitz publie cette intéressante tribune dans La France Agricole du 25 mai 2018 :
Le 15 avril dernier, Libération publiait, « Une révolution urgente semble nécessaire dans l’usage des antifongiques ». Au terme d’un exposé se voulant didactique et scientifique, les neuf signataires, des chercheurs aux affiliations diverses mais essentiellement de l’INSERM, appelaient « [s]ur la base de nos tout récents résultats (8) et pour ne pas reproduire les erreurs du passé, […] à suspendre l’utilisation tant qu’une estimation des dangers et des risques n’aura pas été réalisée par des organismes publics indépendants des industriels distribuant ces composés et des agences ayant précédemment donné les autorisations de mise sur le marché des SDHI ».
Le mécanisme de l’alerte est simple : les fongicides SDHI bloquent une étape clé de la respiration des champignons. Or, les cellules de tous les êtres vivants respirent. Et donc ce blocage peut se produire ailleurs, y compris chez l’Homme. Mais, les auteurs n’ont pu évoquer que des « risques potentiels pour la santé humaine et l’environnement ». Leur tribune n’apporte aucun élément de preuve. Ce que l’on observe in vitro ne se produit pas nécessairement in vivo. S’il fallait donner crédit à leur alerte, il faudrait aussi sonner le tocsin sur, par exemple, la caféine ou de nombreuses substances contenues dans les épices ou même les aliments de consommation courante.
En revanche, la tribune déborde de preuves de sa nature de manipulation à but sociopolitique : liste alarmante de graves maladies, mise en cause du « système », arguments fallacieux… Ce qui est présenté comme une référence à leurs « tout récents résultats » n’est qu’une prépublication, déposée dans une archive, d’un article qui n’a quasiment rien de scientifique et tout du manifeste activiste, qui sera publié au mieux dans une revue de série Z. En clair, cette tribune est une imposture.
L’ANSES a répondu rapidement qu’elle « mobilis[ait] son expertise afin de prendre en compte l’ensemble des données scientifiques disponibles sur ce sujet et notamment examiner sans délai les éléments évoqués par les scientifiques lanceurs d’alerte ».
« Il faut choisir : risques nuls des traces de résidus présentes dans moins de la moitié des denrées alimentaires d’origine végétale ? Ou risques avérés des mycotoxines cancérigènes, cytotoxiques, reprotoxiques, perturbatrices endocriniennes, ou des substances psychotropes d’adventices comme le datura ? »
Cependant, selon d’autres articles de Libération, l’auteur principal de l’alerte avait pris contact avec l’ANSES en novembre 2017, et avait été prié de fournir ses données. Mais, selon M. Gérard Lasfargues, « nous [l’ANSES] n’avons pas reçu d’éléments nouveaux qui permettraient d’alimenter une réévaluation des risques ». Mieux encore, il apparaît que les auteurs de la tribune avaient répondu – sans succès – à un appel à projet « Environnement, recherche, santé, travail 2018 ».
Alors, alerte sanitaire ? Ou autre chose ? Il appartiendra aux autorités de tutelle d’éclaircir cette affaire. D’autant plus que cette tribune a été exploitée, sans surprise, par Générations Futures (promptement relayée par Libération) pour demander la suspension de l’autorisation du boscalid et des autres SHDI et, pour faire bonne mesure, l’activation de la clause de sauvegarde européenne « pour faire obstacle à l’entrée d’aliments traités avec des substances de cette famille chimique ».
La filière agricole a été absente de ce « débat » dans les médias qui comptent, comme elle a été discrète sur les autres sujets liés aux pesticides. Elle se fait dépouiller de ses outils de production performants. L’enjeu, c’est son avenir, de la ferme France à l’exploitation individuelle, mais pas que.
Il s’agit aussi de santé publique. Il faut choisir : risques nuls des traces de résidus présentes dans moins de la moitié des denrées alimentaires d’origine végétale ? Ou risques avérés des mycotoxines cancérigènes, cytotoxiques, reprotoxiques, perturbatrices endocriniennes, ou des substances psychotropes d’adventices comme le datura ? Voilà, face au déluge de désinformation et d’hystérie anti-pesticides, un discours que l’agriculture, même celle taxée de « productiviste », peut tenir aux consommateurs qu’elle nourrit bien en quantité, qualité et sécurité. Il faut d’urgence réagir, muscler des discours par trop lénifiants et conciliants, et cesser de se cacher derrière le petit doigt.
Très belle et justifiée réaction d’André Heitz, le datura est d’ailleurs de plus en plus présent dans les cultures d’été dont le Sarrasin, retraits de lots en toute discrétion.
On pourrait aussi ajouter le pollen d’ambroisie qui va entraîner la consommation de millions d’euros d’antihistaminiques dans quelques mois en sus de l’augmentation du nombre asthmatiques mais l’association soi disant de lutte contre cette vilaine plante ne veut toujours pas entendre parler d’herbicides et encore moins de glyphosate.
On est dans le même déni pour le moustique tigre dans cet article, je lisais récemment
http://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/neuilly-a-la-chasse-au-moustique-tigre-03-06-2018-7750665.php
« Ils sont parmi nous… La chasse au moustique-tigre est ouverte à Neuilly. Une campagne d’éradication de ce nuisible va être menée à partir de ce lundi et jusqu’à la fin de semaine. Neuilly n’est pas une exception. C’est tout le département qui est touché puisque les Hauts-de-Seine ont été placés en zone de lutte contre le moustique-tigre comme l’atteste l’arrêté préfectoral du 2 mai 2018 « relatif aux modalités de mise en œuvre du plan anti-dissémination des maladies transmises par le moustique-tigre (Aedes Albopictus) ». « Au-delà des piqûres qu’ils infligent, ils sont aussi vecteurs d’agents pathogènes, rappelle-t-on à Neuilly. Si vous pensez avoir vu un moustique-tigre, signalez-le. Un dispositif de recueil des signalements et d’identification est mis en place via le site Internet national : http://www.signalement-moustique.fr ». »
J’en suis resté sur le cul, le journaliste confond surveillance et action, surveillance qui ne sert à rien ou presque tellement la présence visible est ressentie par la population qui n’en peut plus d’ailleurs dans le sud de l’absence d’action et de réaction des ARS et des politiques sur ce sujet, la colère sourde gronde, attention quand elle éclatera à l’occasion d’une épidémie de virus transmis par l’insecte.
Les mots « éradication » et « lutte » n’ont pas leur place dans ce texte, nous sommes face à un déni de la réalité pour ce phénomène gravissime.
Une petite réflexion quand même, les maisons en bordure des vignes, de temps en autre sous le vent de la pulvérisation des viticulteurs ( conventionnels) retrouvent un regain d’intérêt auprès de citoyens bien informés des régions du sud de la France , ce sont les seules maisons dans lesquelles il est possible de prendre son repas dans son jardin sans se faire dévorer par ces moustiques voire se faire transmettre de terribles maladies comme le chikungunya.
La cause: les très légères effluves d’insecticide lors des traitement dans le vignoble environnant… infiniment moins à risque que les virus transmis par les moustiques.
Vouloir éloigner les vignes des écoles, c’est empêcher les enfants de sortir en cour de récréation sans vêtements imprégnés de répulsifs voire de permethrine ( comme dans les pays impaludés pour les petits européens plus exposés).
On reparlera en revanche des classes dont les fenêtres s’ouvrent sur les voies de circulation automobile et du risque des produits de combustion des carburants notamment de l’essence sans plomb et du % de benzène qu’elle dégage.