Guillaume Joubert, agriculteur dans le Var, le regrette : « [Son] témoignage a été détourné ». Il veut parler du « ‘fake site’ de l’Elysée (glyphosate.gouv.fr) censé (…) aider à sortir du glyphosate » : « Il se trouve que le gouvernement y a utilisé mon image et mon expérience au sein du réseau Dephy Ecophyto, et que l’on m’a fait témoigner en laissant croire que je n’utilise plus de glyphosate. Or, c’est totalement faux ! » Au contraire, « c’est même grâce à ce produit que j’ai pu mettre en place chez moi des techniques de semis direct sous couvert, et abaisser considérablement l’IFT global de mon exploitation, mais aussi les consommations de fioul, engrais et acier. »
Guillaume Joubert dénonce dans La France Agricole du 7 décembre une initiative qui « fait croire au grand public que le gouvernement se bouge sur le sujet du glyphosate », « ce qui n’est pas le cas ». Défendant une « agriculture de conservation », il regrette que « nous (prenions) la mauvaise direction sous l’influence du lobbying mené par une ONG ‘antichimie’ sans scrupule », la faute à « nos dirigeants [qui] ont la faiblesse d’aller dans le sens [d’icelle] afin de récupérer un électorat de personnes apeurées par des affirmations anxiogènes et non fondées concernant leur alimentation, ayant pour objectif de les réorienter vers une alimentation bio. » Ce, rappelons-le, alors que « les agences sanitaires françaises et européennes avaient émis un avis favorable à la ré-homologation de ce produit » et sans parler du fait qu’en parallèle, « les institutions agricoles ont conclu qu’il allait être très compliqué, pour certaines exploitations, de s’en passer sans avoir recours à plus de chimie et de travail du sol ».
Pour Guillaume Joubert, « Monsieur Macron doit revenir sur sa décision trop hâtive d’engager la France à sortir du glyphosate avant la date limite d’autorisation fixée par [l’Union européenne] », d’autant qu’il « avait promis aux agriculteurs d’éviter toutes distorsions de concurrences avec les autres pays européens ». « Que se passera-t-il si la Commission décidait ensuite de reconduire son homologation pour cinq années supplémentaires ? » s’interroge notre agriculteur du Var. Interdire le glyphosate conduirait, dans la foulée, à interdire « les autres molécules chimiques », « cela reviendrait à dire que l’agriculture française passerait intégralement au bio » et cela pose de nombreuses questions : « L’Etat a-t-il budgétisé cette profonde transformation de notre agriculture ? Nos concitoyens seront-ils informés que s’ils veulent consommer français, ils vont devoir consommer bio ? »
Dénonçant « prise d’otage au nom d’une idéologie », Guillaume Joubert estime finalement, et nous avec, que « chaque agriculteur doit pouvoir décider de son système de production, et chaque consommateur être libre de choisir ce qu’il met dans son assiette »
Il se confirme que la mayonnaise « Glyphosate.gouv.fr » ne prend pas : le 14 décembre, seulement 10 agriculteurs seraient sortis du glyphosate (aucun moyen de vérifier la réalité de ce chiffre) et deux s’y seraient engagés (on ne sait pas comment, à quelle échéance, etc.). Pas étonnant puisqu’il n’existe pour l’instant aucune alternative au glyphosate…
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