La France Agricole du 17 avril 2020 part à la rencontre de Nicolas Jaquet, propriétaire d’une ferme de 500 ha (dont 300 cultivés en bio) à Onesse-Laharie dans les Landes. Mi-février, cet agronome de formation décide de comparer la qualité de ses sols selon leur mode de conduite. « On entend beaucoup de choses sur ce que l’agriculture biologique apporte à la vie des sols. J’ai voulu vérifier sur les miens, explique-t-il à l’hebdomadaire. J’ai la chance d’avoir deux grandes parcelles contiguës séparées par un chemin, avec des sols homogènes, l’une en bio, l’autre en conventionnel, que j’ai fait analyser. »
Voici les résultats
– pour le sol bio :
pH = 6,2
CEC = 6,4 meq/100 g
MO = 3,6 %
C/N = 27,6
– pour le sol conventionnel :
pH = 5,9
CEC = 5,4 meq/100 g
MO = 3,3 %
C/N = 17,9
Conclusion ? Dans le cas de Nicolas Jaquet, « le bio n’améliore pas la qualité de ses sols, qui fonctionnent quelle que soit leur conduite. Les différences proviennent principalement des apports de matières organiques. Il estime qu’au total, les sols en bio en bénéficient chaque année, depuis vingt ans, avec 6 t/ha de matières organiques, dont 3 à 4 t/ha de fientes ». « Si j’avais des animaux sur la ferme, je répartirais les effluents sur l’ensemble des terres. Or, en Nouvelle-Aquitaine, comme dans les zones avec peu d’élevages, les effluents sont une ressource rare dont le prix a tendance à augmenter. L’agriculture bio a un travers : elle a tendance à capter ceux qui sont disponibles, privant les autres sols. »
Si Nicolas Jaquet ne regrette pas la conversion au bio d’une partie de son exploitation, « estimant qu’une forme d’agriculture est bénéfique à l’autre, et inversement », « il s’interroge sur la durabilité de ce système », note La France Agricole : « Si on poursuit le développement du bio, on risque de manquer d’engrais organiques. Une bonne agriculture ne devrait-elle pas se situer entre les deux, avec un redéploiement des élevages dans les plaines céréalières, plutôt qu’une spécialisation des régions ? »
« La fertilisation minérale crée de la matière organique (Raymond Chaminade).
C’est dans la FA de cette semaine.
A découvrir :
https://www.academie-agriculture.fr/actualites/academie/seance/academie/autour-de-la-ferme-de-claude-monnier-une-exploitation-productive
Là Seppi , pardon mais j’ai un gros doute .
La matière organique comme son nom l’indique provient pour les céréales de la décomposition des « pailles » de la culture ou des cultures précédentes .
Alors oui indirectement l’apport de fertilisation minérale induit une augmentation de la MO par l’augmentation du rendement de la culture mais j’ai du mal à voir quel apport de MO peut amener de l’azote liquide , perlurée , ammonitrate , ect ect .
Oui, augmentation du rendement = augmentation de la MO laissée par les résidus de culture (pailles, etc.). En gros…
C’est montré indirectement dans le billet ci-dessus. Le sol « conventionnel » est à 3,3 % grâce aux résidus ; le sol « bio » est à 3,6 % grâce aux résidues en moindre quantité et aux apports de matière organique.
3,6% c’est mieux que 3,3% il me semble !
Par contre l’apport de 3 ou 4 t/ha de fientes de volailles »bio » devrait être interdite en agriculture biologique .
Je ne souviens plus de son cycle de décomposition mais je peux vous dire que la fiente et un dopant exceptionnel pour les cultures .
A titre d’exemple il y a quelques années dans les Charentes , des viticulteurs qui avaient un débouché plus vers du jus de raisin qu’une production vers le cognac ceci en raison qu’ils avaient la malchance d’être dans des crus périphérique de l’appellation et bien ses viticulteurs « dopés » leurs vignes à la fiente de poule afin d’obtenir un rendement moyen de 400 hl/ha chose qui
pour le cépage Ugni-Blanc est le triple de son rendement classique .
Bref , fiente de poule = dopant des cultures
« 3,6% c’est mieux que 3,3% il me semble ! »
Oui, oui… mais avec apport de matières organiques prélevées ailleurs.
Une merveille surla Ferme du Bec Hellouin :
https://www.fermedubec.com/wp-content/uploads/2018/01/Novembre-2017-_Influence-des-pratiques-de-la-ferme-du-Bec-Hellouin-sur-la-fertilité-et-la-matière-organique-du-sol.pdf
Extrait :
« Cette parcelle fait partie des parcelles les plus intensément travaillées (1,48 h de travail/m² cultivé selon Guégan et Léger (2015)). C’est également la parcelle étudiée qui reçoit la quantité de matière organique fraîche (compost, fumier, résidus de culture, etc.) la plus importante. En 2016, des quantités importantes de fumier de cheval y ont été apportées. Au total, la partie échantillonnée de cette parcelle a reçu environ 58 kg de MO fraîche par m² cultivé lors de cette année. Environ 10 cm de vieux fumier de cheval composté avaient également été appliqués à sa création en 2012. En dehors de ces 2 années au cours desquelles les apports furent particulièrement importants, les apports sont estimés à 5 à 10 kg par m² cultivé et par an. »
58 kg de MO fraîche par m² cultivé = 58 tonnes/hectare…
« Si on poursuit le développement du bio, on risque de manquer d’engrais organiques. » Il résume tout en fin d’article , d’où l’intérêt des engrais minéraux .Grâce à eux , ce pays est devenu autosuffisant et exportateur en matière agricole. « Une bonne agriculture ne devrait-elle pas se situer entre les deux, avec un redéploiement des élevages dans les plaines céréalières, plutôt qu’une spécialisation des régions ? » . Et sa conclusion est pour moi parfaite….
« un redéploiement des élevages dans les plaines céréalières »
c’est un vieux débat.
Mais je n’y crois pas une seconde, tant d’éléments rentrent en ligne de compte: nécessité d’implantation industrielles à proximité (laiteries, abattoirs), charge de travail (l’élevage, c’est toute l’année, les céréales, c’est cyclique).
En plus, les régions d’élévage sont celles où il y a peu d’alternative. A partir du moment où l’agriculteur a le choix élevge/productions végétales, il y a un arbitrage, souvent en défaveur de l’élevage.
Il est illusoire de croire que l’on puisse revenir à de la polyculture élevage, sous prétexte d’avoir de la fumure organique sur place.
Par définition, l’élevage se pratiquait sur les terres les moins productives !!!
Les bonnes terres étant réservés au blé et autres céréales.
Les terres lourdes (gagnées sur les marais) servaient plutôt aux productions maraichères. Le risque que les animaux s’enfoncent et se blessent étaient trop importants.
Donc « ramener l’élevage » en plaine, ne strictement rien dire : il y a toujours été… mais sur les mauvais terres !!!
CEC, MO, C/N ?
On peut avoir une traduction pour les non spécialistes ?
Capacité d’échange cationique
Matière organique
Rapport carbone/azote
Comprend pâ ,
A lire la pancarte c’est plutôt le sol en culture biologique qui est devant !
Sinon chez ce producteur c’est comme ça : https://www.sudouest.fr/2016/07/07/onesse-et-laharie-40-une-camera-pour-desherber-les-haricots-automatiquement-2427284-4720.php
J’ai du mal a voir avec cette analyse un sol bio moins bien que le sol en conventionnel….
Il se trouve que, le 23 avril, sur France Télévision, Elise Lucet, cette fois-ci, ne fait pas la fine bouche lorsqu’il s’agit de nourrir impérativement les Français : https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/
On l’a connue plus remontée envers cette agriculture « productiviste » !
Une agriculture « bio » ne peut pas se concevoir en grandes cultures uniquement. Elle doit être en polycultures élevages pour que les prairies puissent puiser des nutriments en profondeur dans le sol, enrichir le sol en humus, éviter le lessivage etc…
En effet, le labour, qu’il soit fait en bio ou pas, détruit la vie du sol pour permettre à la culture de s’implanter et il y a donc peu de différences entre un sol bio et non bio s’il est cultivé uniquement en grandes cultures.
Pour les apports en azote concentrés, qu’il soient chimiques ou naturels (fiente de poule, farine de sang, de plumes etc…), cela ne change pas grand chose, mais comme un excès d’azote favorise les maladies, les bios doivent réduire les apports pour éviter de perdre leur récolte.
En plus, comme les bios n’utilisent pas d’herbicides, ils doivent éliminer mécaniquement les adventices des cultures et cette pratique est néfaste pour la vie du sol, elle n’est pas « bio » en fait.
Message de Daniel : e C/N est une mesure alternative de la capacité d’un sol à dégrader et minéraliser la Matière organique !!!
Un C/N < 10 est caractéristique d'un sol Mull actif (horizon de surface). C'est à dire que la matière organique se décompose vite (- 2 ans) et bien (tous les minéraux sont rendus disponibles pour les plantes). Il n'y a pas d'accumulation de matière organique en surface (absence de litière). Le sol est riche en azote facilement absorbable par les plantes. Un C/N entre 10 et 15 traduit un Mull acide ou dystrophe. C'est à dire que la matière organique se décompose rapidement (2 à 4 ans) mais imparfaitement. Il reste des molécules lourdes qui se décomposent très lentement (humines). Il est nécessaire de réaliser une bonne rotation des cultures (friches à légumineuses) ou d'apporter régulièrement de l'azote, car le sol est légèrement déficitaire. Un C/N entre 15 et 25 traduit un Moder. C'est à dire un horizon de surface dans lequel la matière organique se décompose mal, et s'accumule. Il se forme des molécules complexes longues et stables telles que les Humines, les acides humiques et les acides fulviques. Les sols sont assez pauvres en azote et Potassium. Leurs mises cultures nécessitent régulièrement d'importants apports (amendements) en azote essentiellement, mais aussi en Potassium et oligo-éléments. Un C/N entre 25 et 35 traduit un Mor. Horizon de surface dans lequel la décomposition de la matière organique est très très lente, et une grande partie (>60%) s’accumule sous forme d’humines résiduelles et Acides fulvique/humique. De tels sols (Exemple Podzols) sont très mauvais pour l’agriculture, et nécessitent des apports constants en amendements.
Enfin, les C/N > 40 sont typiques des sols dits « Organiques » (Histosol = Tourbe, Organosols…) Totalement impropre à la culture.
Il apparait donc que les sols de ce monsieur soient assez riches en matières organiques.
Cependant le sol en Bio apparait comme ayant un C/N très élevé.
Il reste cependant difficile de dire si ce sol est en train d’être saturé en MO. Il faudrait connaitre le C/N initial.
Par contre le taux de Matière Organique (MO) à peu près équivalent entre les deux sols, et relativement bas, traduirait une bonne minéralisation.
Le C/N élevé du sol « Bio » serait alors un élément de dégradation du sol : il commencerait à accumuler de la MO et sous forme d’humines et acides fulviques.
La CEC seule n’est pas suffisante, il faudrait le rapport S/CEC (Saturation du Complexe Absorbant). Cependant dans les 2 cas, elle semble assez faible (sols acides, alocrisols, luvisols, arénosols…) et très proches.
Idem pour le pH.
Donc, en conclusion, il faudrait refaire le même type d’analyses dans 10 ans, si le process agricole reste le même pour les deux champs et voir l’évolution !
je me disait aussi de la part de Daniel ses premières explications étaient plus que bizarres voir incohérentes ! les valeurs utilisé étaient « hors sol » et comme cela venait de lui je voulais attendre d’être au bureau pour reprendre quelques doc et avoir les chiffres précis! Pas tout en tête !Là ok tout est bon et on parle bien du même C/N que je connais. Effectivement c’est le point qui pèche dans le sol bio qui ne minéralise pas super …
Merci.
Bonjour que pensez vous de cet article : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02193910/document
Il est bien le scénario mais pas dans la réalité!
Pour ma part cela commence mal avec le résumé et la phrase : »Les résultats montrent que le scénario de reconnexion, quoique moins productif, permet de nourrir la population nationale et d’exporter encore » ! Le « moins productif avoué dès le début est généralement très mauvais signe par la suite ! Mais admettons que nous produisions qu’un peu moins et que cela ne soit pas impactant…Premier pb les systèmes proposés seraient surement favorables à plus « d’embauches/d’emplois » car que l’on ne le veuille ou non dès que l’on est moins « agriculture industrielle » il faut plus de mains d’œuvres ! On ne trouve déjà pas celle dont on a besoin aujourd hui ! Le confinement a même mis au grand jours ce pb avec l’impossibilité de faire venir les travailleurs des pays de l’Est ! Donc là déjà on rentre dans une fiction ! Plus de mains d’œuvre entre autre charges pour les entreprise agricoles pour produire moins ferait donc comme pour le bio une augmentation des couts de productions. Augmentation du cout de l’alimentation générale et on voit bien que pour la filière bio qui pourtant matraque en pub/messages anxiogènes depuis 20 ans cela ne lui fait pas dépasser 5% de part de marché pour autant! Nos producteurs confrontés aux marchés mondiaux déjà moins chères disparaitraient encore plus ! Ensuite mettre des cultures ou il y en a pas, et vis versa pour l’élevage! Là on est dans l’utopie ! Pour certains secteurs géographique pas si nombreux que cela peut être qu’un équilibre meilleur serait possible, mais dans la majorité des zones d’élevages non! L’exemple du limousin que je connais bien en est un exemple . Super pour l’élevage bovin ovin et certaine culture en verger, les milieux pédoclimatique présents ne le sont pas pour les cultures! Et encore moins pour les cultures en productions biologiques qui ne peuvent se faire que dans les « supers » zones de productions végétale et comme le montre une des cartes, surtout autour de Paris ou il y a beaucoup de consommateurs ayant les moyens de se payer cette alimentation plus chère! ! Reste les élevages hors sol qui part définissions pourraient se déplacer ! Oui mais là se sont des filières complète à recréer et à éclater sur le territoire se qui augmenterai encore logiquement tous les couts logistiques ! D’autre remarques sont à faire ( engrais « naturel »/engrais de synthèse;….) mais pour finir depuis une vingtaine d’année l’agriculture de conservation des sol (ACS) arrive maintenant a des résultats au niveaux productions au minimum égaux au conventionnel et même de plus en plus au dessus du conventionnel! Vis à vis de l’environnement, elle se situe très largement au dessus de l’agriculture biologique et ça c’est facile a vérifier dans les champs et tout ceux qui osent dire le contraire non jamais mis les pieds dans une parcelle en ACS depuis plus de 10 ans et ne parlent que par dogmatisme ecoloreligieux . Imbattable pour le stockage Carbonne voir hors concours vis à vis des autres pratiques!
Oui il utilisent des phytos de synthèse mais avec la biodiversité fonctionnelles qu’ ils arrivent de plus en plus a maitriser/valoriser dans des « cercles vertueux « , cela baisse de plus en plus chez eux! (et fait toujours mieux que le bio qui travaillera toujours trop ses sol pour valoriser cette écosystème que l’on peu optimiser 1000 fois plus que dans leurs pratiques). Et sans parler de certain pesticides bio comme le cuivre qui est une catastrophe pour l’environnement sans égale dans les phyto de synthèse aujourd hui.
Pour résumer , maitre aujourd hui toujours l’agri bio comme la solution de demains pour l’environnement alors que sur le terrain on voit /constate ses limites et surtout que d’autres pratiques font mieux qu’elle sur tous les paramètres qu’elle utilise pour ce mettre en avant, fait que ce genres d’études reste au minimum des mantras idéologiques voir de la propagande écoloreligieuses ( même si les auteurs sont de bonne fois dans leurs fausses certitudes) ! Le bio est et restera un marché de niche pour ceux qui en veulent (et qui en ont les moyens) qui a sa place mais jamais il ne nourrira le monde surtout en protégeant l’environnement ! Il faut d’arrêter de comparer les vertus du bio a une agriculture conventionnel qui n’existe plus depuis 25 ans en France! Et celle ci a quand même permis, malgré ses dégâts collatéraux que l’on est en train de faire disparaitre, de nourrir le monde !
Cette étude, c’est toujours la même histoire:
» J’ai un système agricole formidable à vous proposer et vous allez voir comme ça marche bien pour vous nourrir. Mais d’abord, vous allez commencer par vous mettre au régime… »
Et puis on prend un territoire au potentiel agricole supérieur, capable de nourrir ses habitants mais aussi ceux de zones qui n’ont pas cette chance, puis on le transforme en un territoire tout juste capable de nourrir ses habitants (avec des hypothèses osées au besoin) et enfin on crie au succès.
Je précise que ci-dessus je parlais de l’étude donnée en lien par Flore. Pas de celle faite par l’agriculteur dans cet article.
Merci Yann et Listo pour vos réponses.