Valérie Murat a immédiatement signifié sa volonté d’interjeter appel. La porte-parole et son groupuscule militant « Alerte aux toxiques » ont été solidairement condamnés par le tribunal judiciaire de Libourne, ce jeudi 25 février, pour « dénigrement collectif » de la filière vin. Le jugement les enjoint à payer 100 000 euros de dommages et intérêts au Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), ainsi que 25 003 euros à d’autres plaignants du monde du vin, mais aussi à supprimer des documents présents sur son site internet, Facebook et Twitter, dans un délai de 15 jours, sous peine d’une amende de 500 euros par jour.
Propagande mensongère et dénigrement
« Alerte aux toxiques » mettait en avant une analyse montrant la présence de 28 substances actives de produits sanitaires dans 22 bouteilles (4 à 15 résidus de pesticides de synthèse par bouteille), dont 19 bordeaux, fustigeant une HVE (Haute Valeur Environnementale, label commun à ces vins) « encore gourmande en pesticides ! ». Sauf que les teneurs sont « 60 à 5 000 fois en dessous » des limites maximales de résidus (LMR) autorisés, a dénoncé Bernard Farges, président du CIVB, durant l’audience du 17 décembre. Cela n’a pas empêché les tweets alarmistes de Valérie Murat (ex : « #tupeuxmourir »), au point que le laboratoire Dubernet, auteur des analyses, s’est ensuite désolidarisé des interprétations faites par « Alerte aux toxiques » :
Dans la note, le Laboratoire Dubernet déplore que ce qui est relayé dans la presse ne corresponde pas du tout aux conclusions et aux commentaires présents sur chacun des rapports d’analyse transmis à l’association « Alerte aux Toxiques »
- Du fait de la technologie d’avant-garde mise en œuvre :
o Des traces sont détectées, pour des valeurs infimes,
o L’analyse du même vin réalisé dans un autre laboratoire avec des outils standards aurait donné deux fois moins de molécules détectées,
- Ainsi, ce que ne dit pas l’association « Alerte aux Toxiques » :
o L’ensemble des vins mis en cause sont conformes,
o Certains vins analysés auraient passé sans problème les contrôles analytiques dans le cadre des vins certifiés BIO
o Pour certains vins, le très faible niveau de trace ne permet pas de faire le lien avec un usage, une contamination de voisinage ou une rémanence dans l’environnement.
o Et enfin, la majorité des vins analysés ont été produits entre 2015 et 2018. Or sur l’ensemble du territoire, 2/3 des exploitations certifiées aujourd’hui ne l’étaient pas en 2018…
Le Laboratoire Dubernet précise que les teneurs en résidus dans les vins, quand on en trouve, sont très faibles et toujours très en dessous des Limites Maximum Résiduelles réglementaires de santé publique (en moyenne de l’ordre de 0 à 3 % de ce seuil selon les molécules).
Il ajoute dans un communiqué daté du 17 septembre 2020 :
À quel moment doit-on s’abstenir d’interpréter un résultat analytique relevant de concentrations tellement faibles qu’elles ne signifient plus rien ?
C’est ce type de questions que les experts se posent actuellement. Il est donc recommandé la plus
grande prudence concernant toute interprétation hâtive des teneurs très faibles, que peuvent porter les analyses de résidus.On ne peut pas parler de toxicité sans approche quantitative, ni parler des critères de toxicité sans mettre en perspective la signification des informations que cela comporte.
Le cuivre par exemple: composé « naturel », il est pourtant classé pour les toxicités suivantes :
– H302 (nocif en cas d’ingestion),
– H319 (provoque une sévère irritation des yeux),
– H315 (provoque une irritation cutanée,
– et H410 (très toxique pour les organismes aquatiques, entraîne des effets néfastes à long terme).
Malgré ces termes très anxiogènes, cela reste pourtant du cuivre, composé largement utilisé à bon escient, y compris en agriculture biologique.
Le groupuscule « Alerte aux toxiques » s’était vu offrir sa défense par des internautes désinformés (levée de fonds complaisamment relayée par France 3 Nouvelle Aquitaine au passage).
Tirons-en quelques enseignements
1. Oui, il y a des pesticides dans les vins HVE, comme il y en a dans les vins bio, sans parler des pesticides dits naturels. La moitié des Français ne le savent pas. Ces filières ne peuvent et ne doivent pas / plus prospérer en dénigrant le conventionnel, sans quoi cette course folle (et sans le moindre fondement scientifique en plus d’être perdue d’avance du fait des progrès en matière de détection de pesticides) à la pureté se retournera contre eux, leur clientèle étant justement la plus sensible à ces questions.
2. Les concentrations en pesticides (de synthèse et naturels) dans les vins conventionnels, bios et HVE sont très éloignées des limites maximales de résidus (LMR) autorisées en France, elles-même bien inférieures aux seuils où l’impact sur la santé humaine est prouvé.
3. Ce jugement, qui devra bien sûr être confirmé sur le fond en appel puis, sur la forme – n’en doutons pas – en cassation, est une excellente nouvelle. Il sonne possiblement (affaire à suivre !) la fin du règne des marchands de peur (ONG et médias complaisants ou achetés) qui surfent sur l’ignorance du grand public pour le faire paniquer à partir de données tout sauf inquiétantes mais qu’il est incapable de comprendre. Générations Futures et d’autres « lanceurs d’alerte » autoproclamés vont peut-être bientôt perdre leur fonds de commerce.
4. Toutefois, la liberté d’expression doit évidemment être garantie et la publication de résultats d’analyses sérieuses jamais empêchée, seules les interprétations fausses ou délirantes de ces résultats devant être sujettes à contestation devant les tribunaux. C’est le cas en l’espèce : Valérie Murat paye sa « malveillance », son « ignominie » et sa « rage » parfaitement irrationnelles, comme l’a très bien expliqué la partie adverse. Les paye-t-elle cher ? Même pas : on estime à 400 000 euros d’équivalents publicitaires le relai des « analyses » de Valérie Murat, autrement dit la valeur du dénigrement de Madame. C’est une fourchette basse, qui ne prend pas en compte les chaînes de courriels ou les partages sur les réseaux sociaux… Avec ses 100 000 euros, le CIVB ne pourrait que financer le quart de cette propagande pour rétablir une vérité que trop de Français, par manque de connaissances scientifiques et du fait de la propagande écologiste, ne sont de toute façon pas prêt à entendre.
C’est 400 000 euros au moins que devrait payer cette assoce !
De mémoire, 100.000 euros, c’est ce que demandait le CIVB.
Pourtant ces produits, même les bio, contiennent plus de 10% d’uns substance cancérigène avérée et qui provoque l’addiction et bien d’autres troubles : l’alcool.
Là on se contente de conseiller la modération et d’un minuscule pictogramme à destination des femmes enceintes …
« L’alcool tue, mais combien sont nés grâce à lui ? » P Desproges
@Gus,
Judicieuse interrogation, en effet !
Reconnaissons aussi que…
« Tout n’est pas cirrhose dans la vie. »
(Fréderic Dard)
Petite aparté rigolote :
Cette Mme MURAT considère que des traces 5000 fois inférieures à la LMR, c’est exactement la même chose que la LMR…
Mais je suis sur que si sont employeur ne lui verse que le 1/5000ème de salaire, elle ne vas pas dire que c’est exactement pareil !!!