Présidentielles : ca bouge du côté agriculture

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Nous sommes maintenant à 3 mois du 1er tour des présidentielles. Il est donc temps pour les candidats potentiels d’apporter les derniers ajustements à leurs écuries. Si l’agriculture et les enjeux de souveraineté alimentaire ont été largement au menu du mandat présidentiel en cours, ces sujets ne sont malheureusement en tête des préoccupations des candidats. Et cela se voit : les programmes agricoles sont toujours en cours d’écriture. Chez certains candidats, les équipes ne comprennent toujours de référent officiel sur le sujet.

Ainsi, chez Valérie Pécresse, si Xavier Bertrand devrait avoir l’agriculture dans son « portefeuille » de conseiller « République des Territoires et Travail », on ne sait pas encore si l’agriculture aura un référent en tant que tel. Deux parlementaires pourraient (techniquement) prétendre à ce rôle :  Julien Dive, député de l’Aisne et proche de Xavier Bertrand. Spécialiste reconnu des questions agricoles au sein du groupe LR à l’Assemblée nationale, Julien Dive a également été président de la mission d’information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate . Et Laurent Duplomb, Sénateur de Haute-Loire, président du groupe d’études Agriculture et alimentation de la Commission des Affaires économiques du Sénat. Également spécialiste reconnu des questions agricoles, il est auteur du rapport « La France, un champion agricole mondial : pour combien de temps encore ? » qui fait encore autorité aujourd’hui. Mais la logique des compétences techniques n’est pas celle de la politique. Réponse…la semaine prochaine selon Julien Aubert.

Quel que soit le responsable des questions agricoles chez Valérie Pécresse, il aura fort à faire face à l’un des conseillers « Urgence écologique » de la candidate nommés la semaine dernière : Yann Wehrling, militant écologiste, ex secrétaire national Verts passé entre temps par le MoDem . Petit rappel sur le contenu d’une tribune rédigé par ses soins en 2020 :

Sortons de l’incantatoire sur la réduction des pesticides (en 2008, le premier plan éco-phyto annonçait – 50 % d’usage des pesticides d’ici à 2018. Résultat : + 25 % entre 2011 et 2018 !). Sachons avancer de manière dépassionnée vers la sortie des pesticides. Le modèle agricole français et européen, c’est la qualité, pas la quantité. Nous avons les moyens (la PAC) et l’envie (l’opinion publique) de produire et de consommer à terme 100 % bio. Les agriculteurs et les éleveurs y trouveront leur compte et les consommateurs encore davantage.

En clair, en cas d’élection de Valérie Pécresse, il faut s’attendre à ce que le schéma actuel d’opposition entre le Ministère de l’Agriculture et le Ministère de l’écologie perdure…au dépens des agriculteurs.

Chez le candidat presque déclaré Emmanuel Macron, on reprend les mêmes…et on recommence, ou presque. Selon nos informations, c’est Audrey Boroulleau qui reprend du service. Déléguée générale de Vin et société de 2012 à 2017 (période soigneusement effacée sur son compte twitter...), référente agricole d’Emmanuel Macron en 2017 puis conseillère agricole du Président, elle avait quitté ses fonctions en 2019 pour lancer quelques mois plus tard le projet Hectar avec le soutien du patron de Free Xavier Niel. A ses côtés pour tenir la plume agricole, Jean-Baptiste Moreau, député de la Creuse et spécialiste des questions agricoles au sein du groupe La République en marche. Connu pour son franc-parler, Jean-Baptiste Moreau a également été rapporteur de la mission d’information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate. Là encore, même problème que chez Valérie Pécresse, l’idéologie verte n’est jamais loin : Pascal Canfin, député européen « Renew », ex vert, et ex directeur général du WWF France, a l’oreille du Président, et pas que sur les sujets purement environnementaux.

Chez Marine Le Pen, c’est le député européen Gil Lebreton qui tient la plume agricole. Plus que lacunaire en 2017, le programme agricole de la candidate RN s’en trouvera t-il « augmenté » au-delà du slogan du « localisme » ? Réponse dans quelques semaine au Salon de l’Agriculture (du moins si celui-ci a lieu…)

Chez Eric Zemmour, pas de poids lourd pour porter un programme agricole, dont personne n’a entendu parlé pour le moment. Son déplacement en Beauce aujourd’hui sera peut-être l’occasion de l’entendre sur ces questions

Et pour finir, un petit coup d’œil chez Yannick Jadot. Pas besoin d’en dire beaucoup si le candidat EELV est élu : du 100 % bio pour tous, en clair, la fin de notre agriculture. Bien connu de nos lecteurs, l’eurodéputé Benoit Biteau, qui se voit en un nouveau « José Bové » est à la manœuvre sans que ses positions antivax assumées n’émeuvent grande monde au sein de la classe politique.

Pour le moment, le point commun à tous ces candidats est leur manque singulier d’ambition pour l’agriculture française. Affaire à suivre… 

3 commentaires sur “Présidentielles : ca bouge du côté agriculture

  1. Tant qu’ils seront otages des crétins agitateurs de peurs et des escrocs opportunistes du soi-disant « bio » qui font fortune en agitant également la peur. Tant qu’ils auront cet état d’esprit culpabilisant et cette approche quasi-religieuse de l’environnement.
    Il est navrant que les questions environnementales aient été abandonnées par la grande majorité des formations politiques, ou bien confiée aux plus verdâtres et bêlants des membres desdites formations – ceux qui manifestent pour que le gouvernement « règle enfin le climat » et qui sont présents dans tous les bords politiques… Plus de quarante années de négligence de ces sujets par les formations politiques « classiques » ou « de gouvernement » ont fait le lit d’opportunistes
    politiques dont quelques nuances sont résumées ci-dessous :
    – Les convertis en provenance des formations d’ultra-gauche, qui ont trouvé un radeau pour accueillir leurs dérives et fonder leur démarche consistant à « mettre à bas le système ».
    – Les mal dans leur peau, en souffrance de religion, en perte de repères, pour qui l’homme est foncièrement mauvais et qui rejoignent les premiers pour exprimer leur haine d’eux-mêmes.
    – Les prêcheurs d’apocalypse, vacanciers permanents et sponsorisés, qui ont réalisé qu’ils tenaient là une mâne providentielle pour vendre leurs camelotes et surgonfler leurs egos déjà bien développés.
    – Les vendeurs de « belles images » de la Nature, souvent pilotes d’engins motorisés s’autorisant à saccager des espaces vierges pour éveiller la conscience des prolos en leur montrant des ours polaires surfant sur des résidus d’icebergs
    – Les « scientifiques du climat » plus ou moins illuminés qui ont trouvé « la cause » qui leur garantit audience, prospérité et autorité voire pouvoir de censure. On reconnaîtra ici certaine ou certain climatologue qui a trouvé la gloire avec le GIEC.
    – Les politiques qui pensent rallier tous les suffrages en prétextant la protection de l’environnement parce que, en effet, qui peut oser se prétendre « contre » l’environnement ? Cela a notablement été illustré à grande échelle pour la première fois par le président Sarkozy, avec son « Grenelle de l’environnement » au cours duquel les fous ont été lâchés : zéro déchet, zéro énergie, zéro tout et n’importe quoi ont pris naissance à cette occasion. Sarkozy n’ayant rien trouvé de mieux, une fois totalement débordé, que de lâcher que « L’environnement, ça commence à bien faire ». Il a ainsi pour longtemps ruiné toute ambition de gestion environnementale sérieuse de son parti.
    – Les avocats et juristes spécialisés qui se délectent du galimatias réglementaire produit à jets continus sur l’environnement, phénomène en amplification permanente depuis le désastreux Grenelle évoqué ci-dessus et dans lequel la France tient un leadership incontesté.
    – Les activistes plus ou moins oubliés qui ont trouvé là un marché porteur, notamment en accusant l’agriculture de tous les maux, lui reprochant son existence même et sa raison d’être, qui est de produire.
    Courage et souhaitons qu’en 2022, un état d’esprit plus sérieux et constructif se développe dans l’offre politique !

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