On s’y attendait malheureusement. On ne pourra plus utiliser l’insecticide Phosmet à compter de novembre 2022. La nouvelle est tombée ce 27 janvier 2022 via un règlement d’exécution de la Commission européenne. Si le Phosmet est interdit, les mauvais insectes eux, seront toujours autorisés à visiter les champs. Précision importante : il n’existe à ce jour aucune alternative pour les agriculteurs. L’homologation du cyantraniliprole (pardon pour ce mot barbare) n’arrivera probablement pas à temps pour les prochaines semences. Selon la profession, 300 000 hectares pourraient ne pas être semés. Les agriculteurs ont peur de perdre leur récolte (on les comprendrait pour moins que ça).
Le iatus, c’est que le colza, on en a drôlement besoin. D’ailleurs, le Gouvernement français a décidé de lancer un Plan Protéines Végétales 2030 avec un financement à hauteur de 120 millions d’euros. Objectif : 40% d’augmenter la production de cultures oléoprotéagineuses… L’enjeu stratégique n’est pas anodin : il s’agit ni plus ni moins que de limiter les importations de soja du continent américain et de lutter contre la « déforestation importée » avec des protéines végétales bien de chez nous.
Sauf que c’est bien le colza qui est la pierre angulaire de ce plan. Pas de phosmet, pas de colza, pas d’autonomie… CQFD…
Au fait, avez-vous entendu Greenpeace et les professionnels de l’écologie s’offusquer de tout cela ? Ben non, voler au secours d’un phyto, cela irait contre la doxa officielle.
Quelqu’un a-t-il vu la cohérence européenne SVP ?
Indépendamment du fait que le Phosmet « ne fait pas partie des molécules les plus préoccupantes (avis Anses du 10/04/2020), n’est pas affectée de critères d’exclusion immédiate du marché (Cut-off criteria), n’est pas candidate à substitution et n’est pas un perturbateur endocrinien », comme le souligne l’institut technique Terres Inovia, quelle crédibilité accorder à un plan ambitieux, quand, ce sur quoi il repose ne dispose pas des moyens suffisants pour le mettre en œuvre ?
Comment envisager un plan à long terme sur 10 ans quand l’agriculteur, lui, ne peut pas se projeter au-delà d’une année pour ses cultures ?
En tant que Présidente du Conseil de l’Union européenne, la France pourrrait changer la donne. Tiens, et si on tournait le dos à la doctrine du « zéro phyto ». Pour cela, il faudrait qu’Emmanuel Macron ne soit pas en campagne…
L’argument de la « déforestation importée » est un peu bancal.
la production de tx de soja au Brésil,est bien au sud de l’Amazonie. Le pays qui développe le plus sa production est l’Argentine où le soja et maïs ont tendance à se substituer à l’élevage extensif de la Pampa.
Il n’en demeure pas moins que nous sommes encore dans la politique du « en même temps » qui ressemble au dilemme de l’âne qui ne sait pas choisir entre son eau et son foin, et se laisse mourir.
En plus, il n’y a « déforestation importée » que s’il y a une déforestation causée en fait par une augmentation de nos importations. A ma connaissance, nos volumes importés n’augmentent pas.
Si les Brésiliens « déforestent », si les Argentins convertissent des prairies en champs cultivés, c’est essentiellement pour répondre à des besoins qui croissent dans d’autres parties du monde.
Mais je veux bien qu’on m’éclaire sur les volumes de soja bio que nous importons de Chine… qui compense ses exportations par du soja latino-américain.