Dans sa chronique du jour dans le journal Les Echos, Gaspard Koenig déclame son amour des coquelicots. Ils sont de retour « dans les champs de blé en bordure de route » chante notre philosophe à grand renfort de citations de poètes et de peintres. Derrière le propos champêtre, le chroniqueur assure surtout le service après-vente de l’agriculture bio. Le propos est simple (simpliste ?). Les coquelicots sont là. Cela signifierait que les pratiques agricoles se sont transformées avec moins de pesticides. Selon lui, seule l’agriculture conventionnelle serait chimique. D’ailleurs, cessons « d’opposer le naturel » au « productif » poursuit le philosophe. J’en veux pour preuve « les fermes bio-intensives » comme… le Bec Hellouin. « Rien n’est moins productif qu’un sol vivant ». Mais les faits sont têtus. Rappelons que tout est chimique ma bonne dame. A commencer par la bonne bouillie bordelaise dont raffole la bio et que n’aime pas du tout nos sols (mais alors pas du tout). Et si toutes les exploitations agricoles prenaient exemple sur la ferme du Bec-Hellouin, les bobos de Paris n’auraient plus de quoi se sustenter. Tout simplement parce que ce type de ferme vit de la vente de formations et non de production ! Et G. Koening de conclure : pour soutenir l’agriculture bio, il faut… des bras. Il faut embaucher ! Ce qui est pratique dans l’incantation, c’est que ça fait une belle chute d’article. On aurait préféré que Koening rappelle que l’agriculture française est une des plus vertueuses au monde.
Si Koenig dénonce les champs de blé, « ennuyantes étendues d’un jaune monochrome », Péguy, lui n’était pas de cet avis. Pérégrinant dans la direction de la Cathédrale de Chartres, au cœur de la Beauce, il écrivait :
« Étoile de la mer voici la lourde nappe
Et la profonde houle et l’océan des blés ».
Il ne vantait pas les mérites des coquelicots…
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