Les milliers de morts de l’agriculture « naturelle »

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Les attaques des écologistes contre l’agriculture conventionnelle ont été particulièrement rudes le premier semestre 2011. A force de marteler dans leurs films et leurs livres que l’agriculture « industrielle » nous empoisonne, les arguments catastrophistes de Marie-Monique Robin, Isabelle Saporta et Jean-Paul Jaud ont souvent été repris dans les médias avec des titres alarmistes du type « Manger tue ». La rhétorique est simple, comme l’explique Jean-Paul Jaud : « Depuis qu’il existe, l’homme s’est nourri naturellement. Il n’y a que depuis les années 1960 qu’on oblige nos enfants à manger des molécules chimiques. » Voilà lâché le gros mot – « molécule chimique » –, le réalisateur oubliant de dire (à moins que cela soit de l’ignorance…) que la nature, et donc notre nourriture, est entièrement composée de molécules chimiques ! Jaud et tous ceux qui vocifèrent contre l’agriculture conventionnelle affichent ainsi une nostalgie certaine pour cette agriculture « naturelle » d’antan. Mais cette agriculture « naturelle », à laquelle ils veulent revenir, est-ce celle qui, entre le Xe et XVIIIe siècle, causa la mort de centaines de milliers de personnes avec les multiples épidémies d’ergotisme en France, sans parler des nombreuses autres victimes brûlées ou exécutées sur la place publique car considérées « possédées » par le diable ? En effet, l’ergotisme, cette terrible maladie dénommée aussi « mal des ardents » ou encore « feu de Saint Antoine », provoqua de véritables désastres. Il s’agissait d’intoxications par la consommation de pain confectionné avec de la farine de seigle parasitée par un champignon du groupe des ascomycètes appelé « ergot ». Les personnes intoxiquées par ce champignon, garanti 100% naturel, souffraient de troubles hallucinatoires et de délires avec des convulsions ressemblant à des crises d’épilepsie. Dans les cas graves, elle entraînait une gangrène des extrémités, accompagnée de plaies purulentes et nauséabondes. Parmi de très nombreux cas, on peut mentionner le fait qu’en 994, l’ergotisme tua 40.000 personnes à Limoges, et qu’en 1129 à Paris, sous le règne de Louis VI le Gros, une « épidémie » d’ergotisme fit 14.000 victimes. Il y a eu aussi la « gangrène des Solognots », au XVIIe siècle, avec entre 7000 et 8000 morts, et les cas français les plus récents remontent à 1790 dans la région de Montpellier.

Bien qu’il y ait eu encore 200 cas d’ergotisme en Angleterre en 1925, on ne recense plus aujourd’hui de cas dans nos pays. Il faut cependant avoir conscience que les dangers sanitaires liés à des « agents » naturels comme les champignons, les mycotoxines ou les bactéries sont bien réels, comme nous avons pu nous en rendre compte récemment avec la crise d’E. Coli, même s’ils sont minimisés par les écologistes.

Sources

15 commentaires sur “Les milliers de morts de l’agriculture « naturelle »

  1. En lisant ces chose, on voit que le débat sur la conservation de l’environnement est loin d’être terminé. Les écologiste font tout pour préserver l’environnement alors qu’il y’a des anti-écologiste qui veulent tout foutre à l’air. Mais de mon point de vu, seul l’agriculture industriel peut subvenir au besoin alimentaire de la population mondiale.

    1. Plutôt, les écologistes croient tout faire pour préserver l’environnement.

      Mais comme ils naviguent à vue d’une exploitation de peur à l’autre, ils ne font pas grand chose.

      Le bio, c’est un rendement réduit de 20 à 70% (donc plus de sols cultivés à production égale, donc moins de surfaces laissées à un état plus ou moins naturel).
      Et c’est aussi un choix complètement irrationnel des intrants :
      – un fongicide pire que ceux de synthèses, et absolument pas durable (le cuivre s’accumule irrémédiablement dans les sols, et est toxique).
      – un insecticide interdit en conventionnel à cause de sa toxicité (roténone)
      – des engrais « naturels » en quantité insuffisante pour limiter l’appauvrissement des sols.

      Les écologistes veulent ce qu’ils veulent, moi ce qui m’inquiète, c’est plutôt là où ils vont : on se nourrit pas d’intentions, et l’environnement non plus.

      1. un insecticide interdit en conventionnel à cause de sa toxicité (roténone)

        — Remplacée illégalement par l’huile de neem…….

  2. Une bonne rotation et une demi dose de fongicide moderne permet d’éviter l’ergot. Sauf que c’est interdit en bio.

  3. Merci de ce rappel et de ces chiffres.

    S’il n’y avait eu que l’ergotisme du temps des « aliments naturels ». Il y avait les salmonelloses, les typhoïdes, les staphylocoques, la tuberculose transmise par l’alimentation, la brucellose, j’en passe et des pires… les cancers du tube digestif liés à la conservation par salage ou fumage…sans même parler des famines et des disettes récurrentes…

    1. On peut maintenir l’Omerta sur le fumage et le salage? Je suis assez friand de ce genre de produit, ça me ferait chier qu’ils soient interdit.

      1. L’omerta entretenue pas les salauds d’assassins de l’industrie agroalimentaire, qui mériteraient d’être jugé par un nouveau tribunal de Nuremberg, a déjà été brisée par le professeur Tubiana !

        Mais je vous rassure sur votre santé. Il était un temps où, chez les pauvres, on ne mangeait pratiquement que des salaisons ou des produits conservés par fumage. C’était l’âge d’or pour le vilain crabe, âge où pourtant rien n’était chimique ! Aujourd’hui une petitre tranchette de sauciflard par-ci par-là et un petit saumon fumé les jours de fête (je recommande celui de Petrossian), ça n’a jamais tué personne.

        1. Les recettes de fumage étaient beaucoup plus corsée, aujourd’hui c’est plus une aromatisation qu’une vrai méthode de conservation. Mais c’est amusant de voir comment une source cancérigène traditionnel est relativement bien accepté et protégé, alors que le moindre soupçon de risque « artificiel » provoque des réactions aigus chez les consommateurs modernes.

          1. Mon cher Karg, vous déraisonnez : étant des méthodes traditionnelles, le salage et le fumage ne sauraient en aucun cas être « artificielles » ! 😉

  4. Jean-Paul Jaud

    Voilà lâché le gros mot – « molécule chimique »

    Si notre expert en carcinogénèse chimique connaît des « molécules » qui ne soient pas « chimiques », il peut le faire savoir à la bande d’ignares qui se prétendent être des « chimistes » mais qui sont toujours avides d’apprendre quelque chose des gens qui sont plus savants qu’eux.

  5. Il y a encore eu des cas à Pont-Saint-Esprit vers les années 50, il faudrait rechercher la date exacte.

  6. Dans l’affaire de Pont-Saint-Esprit tout n’est pas clair, peut-être ergot, peut -être pas ou pas seul.
    Le sujet va revenir sur le devant de la scène avec le dosage des alcaloïdes qu’il produit dans l’aliment directement dans les prochaines années et on vérifiera que même s’il n’y a plus d’accident grave, le problème n’a pas vraiment disparu, bien présent certaines années à l’état de trace.
    On peut lire avec grand profit pour mesurer l’ampleur dans l’histoire de l’ergot: Matossian, Mary Kilbourne, Poisons of the Past: Molds, Epidemics, and History. New Haven: Yale, 1989 Réédition août 1991, ISBN 0-300-05121-2
    Lire aussi le site wiki sur le sujet même si la référence aux fongicides en végétation est loin d’être vérifiée, pas de référence sérieuse, la fenêtre de contamination étant trop courte, confusion avec les mycotoxines fusariennes. On note en revanche une référence juste aux graminées adventices et au désherbage pour réduire le risque … l’arme absolue étant la charrue contre la forme de conservation, mais l’environnement, et les organismes du sol, risquent de ne pas y trouver leur compte.

    Question sur la photo: c’est ce que nous proposent les écologistes pour résorber le chômage?

    A 2 euros de l’heure?

    1. Je vois pas comment la charrue qui a échoué tout au long du moyen age puisse nous protéger maintenant de l’ergot. La première source de contamination c’est les semences de ferme sale…

  7. pouvez vous m’abonner à votre news letter et ne plus me l’envoyer par courrier.

    merci

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