Fabrice Nicolino sur les traces de Thierry Meyssan

Décroissance, seul salut

Pour Fabrice Nicolino, il faut mettre un terme à la société « industrielle ». La décroissance représente la seule voie de salut de l’humanité, et il n’y a rien de tel que la pauvreté, « un choix de vie basé sur la simplicité et renforcé par de hautes qualités morales ».

Considérant qu’il est urgent d’en finir avec l’« hyperconsommation », Fabrice Nicolino ne peut que critiquer les syndicats, trop engagés à défendre le pouvoir d’achat. « Le syndicalisme, fût-il d’extrême gauche ou prétendument tel, est devenu réactionnaire. Où trouve-t-on la moindre critique de la prolifération d’objets inutiles et de l’hyperconsommation chère à tant de retraités ? », s’interroge-t-il, toujours dans Politis.

« Je ne serai plus jamais solidaire avec ceux qui, ayant “conquis” la télé, la voiture individuelle, le magnétoscope, la chaîne hi-fi, le téléphone portable et le lecteur DVD, se préparent à de nouvelles campagnes d’hyperconsommation. […] Ceux qui se battent pour le maintien de leur situation personnelle, souvent privilégiée sur le plan personnel, sans remettre en cause nos manières concrètes de vivre et de gaspiller, ont tort », assène-t-il.

Et ce ne sont pas seulement les citoyens des pays occidentaux qui doivent se serrer la ceinture. Il ne faudrait surtout pas que les pays du tiers-monde prennent le chemin de l’Occident ! Car « il faudrait deux ou trois planètes comme la nôtre si nous devions satisfaire, chez les peuples du Sud, la même folie d’hyperconsommation que celle que mènent les sociétés du Nord » !

Rompant avec le discours pro tiers-mondiste, Fabrice Nicolino soutient que « les peuples du Sud ne rejoindront jamais, à vue humaine, notre niveau de vie – ce qui abat d’un coup toute l’idéologie soi-disant universaliste des gauches -, et c’est tant mieux, non du point de vue de la morale, mais de celui de la vie ».

Propos en parfaite résonance avec les thèses malthusiennes d’un René Dumont, que le journaliste-militant qualifie d’ailleurs de « prophète ». Dans L’Utopie ou la mort, l’écologiste n’affirme-t-il pas que « l’abandon des petites filles dans les familles pauvres chinoises, ou l’avortement systématique au Japon, avant 1869 comme après 1945, peuvent être, à la lumière de nos récentes observations, considérés comme des mesures comportant une certaine sagesse » ?

Cette pensée malthusienne est encore plus explicite dans un entretien accordé par René Dumont à Politis : « Le XXe siècle est un siècle maudit. Il n’y a jamais eu autant de conneries [sic] que durant ce siècle. La première étant l’explosion démographique. » Et ce n’est pas Fabrice Nicolino qui le démentira.