Focus : José Bové ou la décroissance en agriculture

  • La décroissance selon Guy Kastler
  • José Bové, les OGM et le progrès
  • La marche pour la décroissance
  • Nicolas Georgescu-Roegen et le malthusianisme
  • Une transition douloureuse
  • …vers une société frugale

Nouveau concept en vogue, la « décroissance » n’a jusqu’à présent suscité l’enthousiasme que de quelques militants et économistes marginaux. Le retour d’une vision catastrophiste du monde, principalement véhiculée par l’écologisme radical, a cependant rouvert le débat sur le productivisme.

Aujourd’hui, altermondialistes et militants anti-OGM se retrouvent pour se demander s’il faut croire au développement durable, à la croissance molle, ou s’il faut leur préférer la décroissance. La question est désormais posée lors des réunions de l’Association pour la taxation des transactions pour l’aide aux citoyens (Attac), voire au sein des Verts. Responsable de la commission Economie des Verts, Bernard Guibert espère ainsi que le débat sur la décroissance « sera l’occasion pour le mouvement altermondialiste d’abandonner définitivement un productivisme anachronique et politiquement réactionnaire. Il faudra en particulier qu’Attac lève l’hypothèque de son “idéologie positiviste du progrès”. » Ce thème a fait l’objet « d’un séminaire roboratif rassemblant à Montbrison (Loire), en février 2005, près de 90 intellectuels, Verts, alternatifs, membres d’Attac ou des Amis de la Terre, autour du thème “Antiproductionnisme, décroissance et démocratie” », relate Hervé Kempf, journaliste au Monde. Enfin, le Parti pour la décroissance a même vu le jour suite aux Etats généraux de la décroissance équitable, qui se sont tenus le 15 octobre 2005 à Lyon. Organisée à l’initiative de Vincent Cheynet, animateur de la frange radicale des Verts en Rhône-Alpes et responsable de l’association Casseurs de Pub, cette réunion a rassemblé environ 300 personnes.

D’abord, le constat : « Notre modèle de société mène à une impasse écologique et humaine, car nous arrivons au bout de ce que la planète peut nous donner. Les ressources terrestres arrivent à leur terme et la biosphère ne peut plus absorber les pollutions que nous émettons. » Ensuite, l’objectif : il faut « réduire notre consommation et notre production pour partager les ressources renouvelables du globe avec tous ses habitants ». Enfin, les moyens : il s’agit de « produire et consommer localement ». Dans ce contexte, il est nécessaire de repenser la distinction droite-gauche, qui « n’est plus pertinente », pour reprendre les termes de Jean-Paul Besset, ex-rédacteur en chef de l’hebdomadaire Politis et auteur de « Comment ne plus être progressiste… sans devenir réactionnaire ». Cette question, en effet, mérite d’être posée !