François Veillerette

Les failles du modèle danois prôné par M. Veillerette

François Veillerette insiste souvent sur le fait qu’il existe des alternatives aux pesticides et que la France peut s’engager sur une réduction de l’emploi des produits phytosanitaires. Pour montrer que cela est possible, il tire toujours de sa manche le « modèle danois », se félicitant que « le Danemark a réduit de 47% l’utilisation de pesticides sur la période 1987-97 ». Pourtant, ce chiffre ne veut pas dire grand-chose. D’ailleurs François Veillerette le sait puisque dans son livre Pesticides, le piège se referme, il écrit : « Une simple réduction du volume de pesticides utilisé n’est pas un bon indicateur car il ne correspond pas forcément à une diminution du risque. La chimie moderne trouve des substances plus actives et qui, employées à plus faible dose, peuvent poser davantage de problèmes pour la santé et l’environnement. »

Or justement, au Danemark, comme l’explique un rapport du ministère de l’Agriculture publié en 2001, « cette grande diminution peut partiellement s’expliquer du fait que des produits anciens ont été retirés au profit de nouveaux, qui utilisent des doses largement inférieures ». Une analyse du modèle danois publiée dans Agriculture & Environnement montre, par exemple, que sur les 4600 tonnes d’herbicides utilisées en 1986 au Danemark, 2000 tonnes ont disparu pour être remplacées par les quelques centaines de kilos de nouveaux produits. Côté insecticides, la diminution en tonnage a été de plus de 80% ! Les Danois ont tout simplement retiré du marché une bonne partie des insecticides organophosphorés et des carbamates, nécessitant de 500 g à plus d’un kilo de produits à l’hectare, pour les remplacer par des produits de nouvelle génération, dont les doses à l’hectare ne sont que de quelques grammes. Pour les ravageurs du sol, la solution a été encore plus radicale : le Gaucho, introduit au Danemark dès 1992 avec 1,3 tonne de matière active (imidaclopride), est depuis lors systématiquement utilisé, et ce de manière croissante. Donc, François Veillerette est dans une situation pour le moins paradoxale : d’un côté, il est favorable au modèle danois et, de l’autre, il est opposé aux nouvelles molécules qui ont rendu possible le modèle danois !

Enfin, ce modèle danois défendu par le président du MDRGF semble surtout favoriser les grands groupes. En effet, les anciens produits sont aujourd’hui pour la plupart tombés dans le domaine public et les grands groupes ne peuvent que se réjouir de les voir remplacés par de nouveaux produits dotés de brevets flambants neufs. Les seuls qui n’y trouveront sans doute pas leur compte, ce sont les agriculteurs, car les risques de résistances vont augmenter avec l’abandon des anciens produits.