Abeilles : action de lobbying à l’Assemblée nationale

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« Soutenez l’agriculture en soutenant… la FNSEA ! ». Un tel manifeste d’élus serait aujourd’hui serait inepte et incongru.

Et pourtant, dans un autre genre, c’est ce que demande un bien curieux trio de députés : Yves Cochet, Jean-Jack Queyranne et Martial Saddier. Ces trois élus aux antipodes politiques et philosophiques (vert foncé décroissant, PS, UMP) viennent d’envoyer une lettre à tous les élus ( !) le 5 novembre dernier. Rejoignez « le Comité de Soutien à l’Abeille et à l’apiculture » est-il dit. En signant le manifeste, vous vous engagez à « soutenir l’action de l’UNAF et des association de l’environnement » (point n°1 de la charte). Il fallait l’imaginer celle là ! Question : est-ce l’abeille ou l’UNAF, ce syndicat apicole militant connu de nos lecteurs, qu’il faut soutenir ? L’apiculture se résume-t-elle à ce seul syndicat et par ricochet aux autres ONG très écologistes « membres » de ce comité ? Il serait intéressant que les élus signataires ou tentés d’apposer leur signature à ce manifeste réfléchissent à ce raccourci !

 

Décryptage

La période d’envoi de cette lettre n’est pas anodine. Actuellement, la filière apicole tente de se réorganiser. Ce qui fait l’objet de très nombreuses réunions et tractations au sein de la filière. Problème : cette réorganisation n’est pas forcement celle que souhaiterait l’UNAF. Au centre des débats : la création d’un Institut technique apicole qui n’est pas vu d’un bon œil par Henri Clément, Président de l’UNAF. Celui-ci cherche par tous les moyens à y faire obstacle. Cette lettre sonne comme un signal envoyé aux décideurs politiques : l’Unaf veut rester l’interlocuteur incontournable de l’apiculture et entend le prouver, face à l’émergence de cet Institut. Dans le même temps, elle cherche à piéger Martial Saddier (pourtant signataire – elle le piège donc) et à faire pression sur le Ministère de l’agriculture dans la construction de ce fameux Institut technique. L’UNAF demande ainsi au Ministère d’accéder à ses revendications : contrôler le conseil scientifique du dit Institut ou imposer ses propres scientifiques – ce qui revient au même. Piégé, quelle sera l’attitude de Martial Saddier ? Se retirer de la mission sur l’abeille confiée par le Premier Ministre François Fillon en disant que celle-ci s’achève… ?

 

APIMONDIA : puisqu’on vous dit que c’est un succès !

La lettre de l’UNAF (pardon des trois députés cités) ne manque pas de culot. On y apprend qu’Apimondia, l’événement international de l’apiculture organisé par l’UNAF et qui s’est tenu à Montpellier en septembre dernier, fut un « formidable succès pour la connaissance, la sauvegarde de l’abeille ». Or, la réalité d’Apimondia est tout autre. Cette manifestation a effectivement permis d’y voir plus clair d’un point de vue scientifique. Mais pas comme l’entendait l’UNAF. L’article du Monde daté du 18 septembre dernier est, à cet égard, instructif.

« Pour la première fois, un consensus émerge dans le monde scientifique et apicole sur les causes des surmortalités qui affectent les populations d’abeilles de la plupart des continents. Ce tournant est perceptible au congrès Apimondia.

Les scientifiques parlent désormais de phénomène « multifactoriel » avec interactions entre facteurs : varroa, manque d’eau, exposition chronique à de faibles doses de pesticides, monocultures intensives encouragées par le souci de rentabilité des agriculteurs et par les réglementations de la PAC, sans oublier l’existence d’un marché mondial des reines, qui privilégie les variétés les plus productives au détriment de celles adaptées aux conditions locales, et appauvrit la diversité génétique. En Syrie, les apiculteurs ont remarqué que les colonies dont les reines avaient été importées mouraient en plus grand nombre que les espèces locales. Des échanges qui favorisent, en outre, la diffusion des maladies et parasites… »

Un cruel désaveu pour le syndicat apicole qui, depuis plusieurs années, fait une fixation sur les produits phytosanitaires. Au risque de passer à côté des causes réelles des surmortalités d’abeilles. Apimondia devient donc un « formidable succès » pour l’UNAF. Selon Henri Clément, « pour la première fois, un consensus a émergé sur les causes des surmortalités et les pesticides ont été reconnus, avec les pathologies, qu’ils engendrent parfois, comme les deux causes les plus déterminantes de la surmortalité des abeilles » qui parle de la présence de 179 journalistes alors que la lettre se targue de celle de « plus de 200 journalistes ». On n’est pas à 21 journalistes prêts me direz-vous. Mais à force d’en rajouter on va finir à 400 journalistes… Si Henri Clément compte avec autant de précision les medias que les résidus de pesticides, on comprend pourquoi il en voit de partout 🙂

 

Revenons à notre lettre, outre l’UNAF, d’autres ONG écologistes, proches des milieux altermondialistes, habituées de l’agit-prop soutiennent donc le Comité des élus qui soutient l’abeille qui soutient l’UNAF… Amusant. Parmi ces ONG,

  • Agir pour l’environnement (site), qui annonce sur son site avoir « développé des partenariats » avec la Confédération paysanne, Attac ou encore la Ligue de l’enseignement et dont la composition du comité de parrainage est édifiante (des écolos radicaux, des élus d’extrême-gauche et de la gauche bobo).

  • L’Agence régionale pour la nature et la biodiversité en Ile-de-France (Natureparif, site) présidée par l’élu régional vert Jean-Vincent Placé.

  • Le MDRGF, le groupuscule anti-pesticide de François Veillerette.

Pas sûr encore que Martial Saddier ait vu qui étaient les soutiens.

La mouvance écolo ne manquant pas d’audace et n’ayant pas peur du ridicule , nous attendons donc les autres versions du manifeste :

 

La version agricole :

« Nous élus, nous nous engageons, au travers de la charte de soutien des élus à l’agriculture et aux agriculteurs à soutenir l’action de la confédération paysanne ».

La version environnementale :

« Nous élus, nous nous engageons, au travers de la charte de soutien des élus à l’environnement et aux citoyens à soutenir l’action de Greenpeace ».

54 commentaires sur “Abeilles : action de lobbying à l’Assemblée nationale

  1. René Govin 48 Je note zygomar que vous n’apportez pas d’arguments convaincants pour contredire ma démonstration

    Quelle « démonstration »? Pour argumenter, il faudrait avoir un minimum dde logique en face, alors que vous n’avez à présenter que des morceaux de catéchismes mal digérés….

  2. Laissez tomber,vous ne pourrez jamais faire entendre à un sourd ce qu’il ne veut pas entendre.

    Bien d’accord avec vous mais j’ai du mal à fermer ma gueule lorsque je vois les abrutis incultes doctrinaires et prétentieux régurgiter les inepties que leur inculquent des gourous mal informés et mal intentionnés. Je ne supporte pas que les cons me fassent passer pour un imbécile et un malhonnête.

  3. René Govin
    « Il semble que cela soulage votre conscience »
    Qui ne l’est pas « soulagé »?
    Je retourne sur le site pour y lire ceci:
    « Il ne s’agit pas d’une « explosion », mais le mouvement est d’autant plus inquiétant que la progression du chômage depuis 2008 risque d’aggraver les choses. »
    Et ce tableau:
    Evolution du nombre de personnes pauvres
    Unité : milliers
    seuil à 50% seuil à 60%

    1970 6 500 9 187
    1975 5 836 9 020
    1979 4 898 7 918
    1984 4 667 7 685
    1990 4 214 8 337
    1996 4 594 8 103
    1997 4 410 8 085
    1998 4 276 7 728
    1999 4 091 7 505
    2000 4 204 7 784
    2001 3 996 7 613
    2002 3 925 7 592
    2003 4 150 7 634
    2004 4 084 7 473
    2005 4 270 7 766
    2006 4 188 7 828
    2007 4 281 8 034

    Source : Insee, personnes vivant en métropole, hors étudiants

    2007 équivaut aux années 2000 et 1990, avec des variations mais aussi une augmentation de la population, il me semble, le constat n’est pas aussi noir que vous voulez bien nous le faire croire. je vous rappelle que la retraite à taux plein d’un agriculteur n’atteind pas 700 €… Et dans l’actualité je n’entends pas parler de morts de famine…

    Et pour ce qui est de l’implication de la méchante industrie agroalimentaire, voir ici:
    http://www.banquealimentaire.org/article.php3?id_article=10

    « Comme les nuisibles resistent à tous les pesticides »
    S’il y’a résistance on change de molécule… L’utilisation du « plutôt bien » tenait compte de cette éventualité, chez vous ça devient les insectes résistent à tout les pesticides, ce qui est rigoureusement faux!

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