Un apocalyptisme débridé
Le Pr Belpomme est un converti récent aux thèses écologistes. Sa popularité au sein des milieux écologistes, il l’a acquise grâce à l’aide entre autre de son ami François Veillerette, le « croisé antipesticides », et de l’équipe de L’Ecologiste, la revue radical du milliardaire franco-britannique Teddy Goldsmith. Et comme c’est souvent le cas, le nouveau converti a tendance à adopter un discours fondamentaliste pour mieux montrer la sincérité de son engagement. Ainsi, le Pr Belpomme écrit dans son dernier opus Avant qu’il ne soit trop tard : « Annoncer le risque d’une disparition humaine n’est pas une mince affaire ! On peut être taxé d’alarmisme et, à l’époque, certains détracteurs ne s’en sont pas privés ». D’ailleurs, pour le cancérologue, il ne faut « pas savoir si nous disparaîtrons », « mais quand nous disparaîtrons ». Avec son constat pessimiste, il pense qu’il faut une véritable révolution de la société. Il se met même à dénoncer « l’imposture du développement durable » et qualifier la croissance économique de « cancer » : « Si nous voulons survivre de façon prolongée, il faut que l’humanité reste en complète adéquation – adaptation – avec son milieu, ici l’environnement. Pour cela, il est indispensable qu’un jour ou l’autre la consommation des ressources et par conséquent la « croissance économique » se stabilisant pour atteindre un « plateau stationnaire », correspondant à ce qu’on appelle la « croissance zéro ». Si tel n’était pas le cas, on devrait considérer notre système économique comme un véritable cancer de l’humanité, aboutissant rapidement à notre propre mort en raison de l’épuisement des ressources et de la destruction de l’environnement. » Et il conclut : « Qu’il y ait décroissance économique ou non, la décroissance des quantités produites est incontournable. Et c’est là l’essentiel. »
Alors, le Pr Belpomme adepte de la décroissance ou simple opportunisme idéologique ? Une chose est sûre, il affirme que le problème ne réside pas seulement dans la société industrielle mais que l’activité de l’homme est depuis des milliers d’années néfaste pour la santé et l’environnement. En exergue de son livre, il n’hésite pas à mettre une citation pour le moins éloquente d’un certain Alan Gregg, très longtemps responsable de la division médecine à la fondation Rockefeller : «Le monde souffre d’un cancer, et ce cancer est l’homme.» Toujours dans ce même livre, le Pr Belpomme explique que les problèmes remontent au… néolithique. Selon lui, les hommes préhistoriques d’avant le néolithique, les nomades chasseurs-cueillettes, ne mouraient pas de maladies infectieuses. Défendant la thèse du physiologiste Jared Diamond, le Pr Belpomme affirme que « les premiers cas de maladies infectieuses seraient en réalité apparus au néolithique. La sédentarisation des populations liée à la découverte de l’agriculture et de l’élevage en serait la cause principale. Elle aurait permis une double promiscuité : celle des microbes avec les animaux d’élevage, (…) et celle de ces animaux avec l’homme, d’où l’éclosion des premières maladies infectieuses ». Et il ajoute que « la naissance des concentrations urbaines et le développement des transports (ont) bien sûr aggravé la promiscuité et par conséquent favorisé non seulement l’émergence des épidémies, mais aussi leur diffusion. » Et le Pr Belpomme se fait même nostalgique d’un mythique Eden : « Nos ancêtres vivaient en alliance avec la nature. Nous avons rompu cette alliance. »
Le Pr Belpomme est à ce point que convaincu que l’activité de homme est responsable de tous les maux de la planète qu’il donne l’impression qu’il n’y a plus de catastrophes naturelles : « En réalité, c’est l’homme qui crée les dérèglements climatiques, les ouragans, les cyclones et les tempêtes qu’il subit aujourd’hui, comme il crée ses propres maladies. » Ainsi, il s’insurge contre ceux qui oseraient évoquer le rôle de Dame Nature dans certains problèmes d’environnement et dénonce le monde occidental pour lequel « le coupable serait la nature elle-même, qui, pour une raison inconnue, se déchaînerait contre l’homme et sa civilisation. » Et d’ajouter : « Si la colère des dieux était une croyance admissible pendant l’Antiquité, elle ne l’est plus aujourd’hui. » Donc, en suivant son raisonnement, si la nature se déchaîne, ce n’est pas de sa faute, parce qu’elle est forcément bienveillante ; le coupable, c’est l’homme, parce que son activité est forcément destructrice.
Sources
Dominique Belpomme, Ces maladies créées par l’homme, Albin Michel, 2004.
Dominique Belpomme, Avant qu’il ne soit trop tard, Fayard, 2007.
Dominique Belpomme, Avenir Agricole, n° 13, semaine du 26 mars au 1er avril 2004.
Dominique Belpomme, Midi Libre, 15 octobre 2004.
David Khayat, sur France Inter, 21 novembre 2005.
Maurice Tubiana et Catherine Hill, Les Échos, 20 août 2004.
Gil Rivière-Wekstein, Abeilles, l’imposture écologique, Le Publieur, 2007.
Différents articles d’Agriculture & Environnement :
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