La taxe carbone sera fixée initialement à 14 euros par tonne de C02 et ne concernera pas l’électricité, annonce le Premier ministre François Fillon dans un entretien au Figaro Magazine à paraître samedi.
Ni 32 euros comme le souhaitait Michel Tocard, ni 15 euros comme le préconisait Christine Lagarde, le montant de la taxe carbone a finalement été fixé à… 14 euros. « Nous avons décidé d’appliquer de façon progressive cette taxe. En partant du prix de la tonne sur le marché, soit 14 euros » déclare François Fillon. Une somme modeste, pour ne pas effrayer les Français. Mais qui devrait, comme en Suède, évoluer rapidement à la hausse. Le rapport Rocard ne recommandait-il pas de passer de 32 euros la tonne de CO2 en 2010 à 56 euros en 2020 et à 100 euros en 2030 ? « Ensuite, nous mettrons en place une commission indépendante chargée de mesurer les effets de la politique mise en oeuvre et de proposer des correctifs » tente de rassurer le Premier ministre.
Car, à part l’UMP, cette énième taxe ne satisfait personne. Après une période de flottement liée à la pression des écologistes qui n’ont jamais été aussi forts électoralement, le PS y est opposé. Certains décroissants aussi. Même à l’UMP, des voix commencent à se faire entendre, comme celle du député du Nord Christian Vanneste. Sur son blog, il écrit : « La première mesure écologique, c’est de dépolluer l’atmosphère de notre fiscalité et de notre économie. Choisissons l’écologie fiscale plutôt que la fiscalité écologique. » Et le monde agricole, qui selon Bruno Lemaire, connaît sa crise la plus grave depuis trente ans, voudrait bien en être exonéré. Quant aux écolos, ils ne sont même pas satisfaits, à l’image de Jean-Paul Besset, député français au Parlement européen élu sous l’étiquette Europe Ecologie et proche de Nicolas Hulot. Selon lui, « fixer la taxe à 15 euros par tonne de C02, c’est la vider de son contenu et de son impact. Ça revient à un coup d’épée dans l’eau. » Besset préconise une taxe à 32 euros la tonne de CO2, à l’instar de l’ancien Premier ministre Michel Rocard. Nicolas Hulot juge de son côté que 14 euros, « c’est trop faible ».
Malgré ce concert de protestations, la taxe « entrera en vigueur en 2010 », prévient François Fillon.
A la question de savoir si la taxe carbone porterait également sur l’électricité, comme le réclame une partie de la gauche et les écologistes, il répond : « non.Si la France rejette moins de carbone que les autres pays, c’est grâce à l’électricité, elle-même très majoritairement issue du nucléaire».
Auquel s’opposent la plupart des écologistes.
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