JDD : les experts sont tous écolos

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Une employée d’un vignoble du Sud-Ouest intoxiquée par des produits phytos. 4 experts sont interrogés par le JDD d’hier. Mais en guise d’expertise, seuls les militants écologistes ont droit à la parole.

Bernard Fau est présenté comme « avocat spécialiste des dossiers de santé publique ». En réalité, il est surtout l’avocat de l’UNAF (Union Nationale de l’Apiculture Française), le syndicat apicole qui a fait des actions judiciaires un axe prioritaire contre les fabricants de pesticides. Le non-lieu récemment accordé à l’insecticide Regent par le Cour d’Appel de Toulouse est une réelle déconvenue pour l’avocat qui cherche à retrouver du crédit à travers les medias. Bernard Fau applique la stratégie : gagnons dans les medias ce que nous perdons dans le prétoire.

Maître Stéphane Cottineau, présenté comme « spécialiste des questions d’environnement ». Certes, son cabinet travaille sur le sujet. Il est fortement impliqué avec  le Mouvement pour le Droit et le Respect des Générations Futures (MDRGF) et l’Alliance Santé Environnement (HEAL) « depuis plusieurs années afin de  mettre en évidence les preuves des dangers pour la santé de l’utilisation des pesticides » comme l’explique la lettre du MDRGF de juin 2009 . Il eut été plus juste de le présenter comme « avocat de la plaignante ».

Jean-Claude Cauquil, lui, est présenté comme « Président de l’Association de défense des victimes de pesticides agricoles ». Il est également apiculteur en Haute-Garonne, proche de la confédération paysanne. Particulièrement impliqué dans la bataille contre le Regent, il a fait de la lutte anti-pesticides son cheval de bataille.  Le journaliste Jean-Claude Jaillette du magazine Marianne avait été étonné de ses méthodes de communication (à redécouvrir ici).

Concernant Charles Sultan, professeur au CHU de Montpellier, nous en avons parlé en fin de billet précédent. Son « expertise » dans l’affaire des surmortalités à Saint Gaudens n’a visiblement pas été retenue par la justice qui a décidé d’un non lieu pour le Regent. Le Professeur est omniprésent dans la lutte contre les pesticides, son cheval de bataille. Il intervenait encore la semaine dernière à un colloque organisé par l’association écologiste RES (Réseau Environnement Santé) à l’Assemblée nationale.

La construction de l’article du JDD montre le quadrillage du terrain médiatique par la mouvance écologiste. Sur une pleine page, avocat, apiculteur ou médecin se relaient pour délivrer la parole écologiste. Ce qui donne un point de vu biaisé au dossier.  Sans compter que le journaliste affuble les personnes interviewées du titre « d’expert » : « spécialiste des dossiers de santé publique » pour Maître Fau, « spécialiste des questions d’environnement » à Maître Cottineau

Dommage car la question de la santé publique exige une vraie réflexion de fond. Ne serait-ce que pour bien cerner les problèmes soulevés, mieux comprendre le cas de l’employée de ce vignoble. Le JDD ne nous sert que la voix dominante. Forcement écolo.

18 commentaires sur “JDD : les experts sont tous écolos

  1. Pyrinex= organophosphoré= seul produit capable de ce genre d’effet. Je comprend pas comment cette famille peut être encore autorisé.

  2. Il est évident que dans le cas présent, il y a eu une ou des fautes grossières dans l’utilisation du/des produits!!

    C’est comme conduire une voiture à 180 km/h sur une nationale , complètement bourré et sans ceinture de sécurité ou réparer un toit sous la pluie sans harnais de sécurité, etc…. Aucune mesure, aucune précaution, aucune étiquette n’empêchera la connerie humaine de s’exprimer.

  3. Ouais mais si t’avais déjà snifé du mocap tu comprendrais que les organophosphorés, c’est de la merde, très toxique, rémanent, et qui s’utilisent à des doses délirantes. Ca daille quand à coté il y a des alternatives plus modernes: moins dangereuses pour l’environnement et l’utilisateur, et toute aussi efficace.

  4. @ karg se

    je suis d’accord avec vous, s’il y a des soltuions plus « clean », elles doivent etre conseillées en priorité.

    Attention toutefois :
    – « snifé » : on va dire que c’est fortement deconseillé, pratique a proscrire
    – Tres toxique : comme pas mal de produits => Tres toxique, entraine des precautions particulieres pr minimiser le danger
    – doses delirantes : essentiellement en cultures legumieres, pr le Mocap celui ci vit ses dernieres heures (si ce n’est deja fait) les choses avancent, par contre les soltuions alternatives manquent et c’est la profession (francaise) qui va en subir les consequences

    (apres la dose ne doit pas laisser supposer de la « toxicite » du produit).

    Comme l’a dit zygomar, il y a eu de nombreuses fautes lors de l’utilisation et c’est cela qui doit etre sanctionné.

  5. @karg se 3

    Ouais mais si t’avais déjà snifé du mocap tu comprendrais que les organophosphorés, c’est de la merde, très toxique, rémanent, et qui s’utilisent à des doses délirantes. Ca daille quand à coté il y a des alternatives plus modernes: moins dangereuses pour l’environnement et l’utilisateur, et toute aussi efficace.

    >>> J’avoue avoir un peu de mal à saisir le sens de votre réaction à mon message dans lequel je disais que dans le cas dont il est question ici de grosses fautes avaient été faites lors de l’utilisation de ce produit. Ce qui n’est pas acceptable compte tenu de la toxicité de l’éthopropos (Mocap). Manifestement les précautions d’emploi clairement indiquées sur l’étiquette n’ont pas été respectées par les protagonistes de cette affaire regrettable et inexcusable.
    Il s’avère que je connais bien ce produit, qu’il m’est arrivé d’en « sniffer » bien volontairement (en général çà ne dure pas tant çà sent mauvais, comme tous les OP). J’ai réalisé ou fait réaliser la plupart des études de toxico figurant dans son dossier d’homologation…. Je suis donc bien placé pour en connaître les propriétés toxicologiques.

  6. Organophosphoré??? ah oui! le Fénitrothion très largement utilisé à la Réunion en 2005 et jusqu’en début 2006, les applicateurs à peine protégés et dans la cours des écoles avec des gamins jouant autour d’eux, belles vidéos à l’époque.
    http://www.afsset.fr/index.php?pageid=795&parentid=424
    Quoique 266 000 personnes infectées, 254 décédées c’est un beau résultat pour une ile de 800 000 habitants, rapportons ces chiffres au 62 millions de métropolitains.
    Y a t-il un écolo qui va dénoncer l’utilisation trop précoce de ces « armes lourdes », au milieu des populations donc en situation à plus grand risque de contamination des passants ?
    Faudrait être DENGUE pour cela car une telle position serait à coup sur utilisée lors de la prochaine épidémie de maladie à virus transmise par des vecteurs animaux, et hélas il y en aura.
    Indépendamment de cela la toxicité des organophosphorés était bien connue, à tel point que c’est cette toxicité qui avait conduit les instances américaines en charge de la santé publique à s’opposer dans un premier temps à l’interdiction du DDT.
    Rappelons que Rachel Carson est indirectement responsable de plus de morts que Staline et Hitler réunis lançant la polémique qui conduira à interdire le DDT.
    Si l’homme est en interaction permanente avec son environnement, l’inverse est aussi vrai, l’équilibre pour que les interactions mutuelles soient les plus légères possibles est terriblement instable, et parfois bascule du mauvais coté comme à la réunion il y a 5 ans et aux Antilles récemment.
    Comme rien n’est simple dans ce bas monde, pour les amoureux de livres anciens, une succulente description de la lutte contre le doryphore avant les insecticides modernes, on est effectivement avant cette période honnie où la chimie américaine, suisse et allemande mettra au point les terrrrribles insecticides moderne.
    On utilisait alors un produit des plus simples et des plus naturel, mélange de deux éléments minéraux, peu élaboré.

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_1164-6268_1943_num_18_1_7081
    Le produit, un sel de plomb avec de l’ arsenic, fort apprécié à l’époque, ce qui est plus surprenant est que l’omerta soit faite sur sa présence dans de nombreux sols viticoles, maraichers principalement de la région de Lyon;
    Il parait que cela donne un petit gout aux carottes…
    Difficile de trouver un bon rapport complet sur la question de la contamination par les éléments métalliques….

  7. « Indépendamment de cela la toxicité des organophosphorés était bien connue, à tel point que c’est cette toxicité qui avait conduit les instances américaines en charge de la santé publique à s’opposer dans un premier temps à l’interdiction du DDT. »

    >> Le DDT est un organochloré.

  8. Oui, c’est justement parce que le DDT est un organochloré très peu toxique que l’administration américaine ne souhaitait pas l’interdire et qu’il soit alors remplacé dans la pratique par des substituts tels que des organophosphorés hautement toxiques.

  9. Mon vieux copain Dédé, bientôt 79 ans, a encore un cul de sac(d’arséniate de plomb) chez lui qu’ils utilisaient à l’époque contre les doryphores.

  10. J’ai trouvé une belle synthèse sur l’histoire de l’utilisation de l’arséniate de pb http://soils.tfrec.wsu.edu/leadhistory.htm

    C’est absolument succulent.
    50 % de réduction des insecticides d’après 1945, on a la solution, c’est guignol Veillerette qui va être content.

    Noter que l’on arrive à cet article par la problématique de la contamination du sol. imaginons la suite, non n’imaginez pas on va faire très très mal.

  11. « c’est la profession (francaise) qui va en subir les conséquences » Cyperméthrine? Fipronil? thiaméthoxam?

    « – « snifé » : on va dire que c’est fortement déconseillé, pratique a proscrire » Les micro-granulés c’est pas super niveau manipulation, ça vole, bref quand on fait le semi forcément on s’en prend.

    « – Tres toxique : comme pas mal de produits » Le rapport dose/potentiel toxique est bien plus mauvais que celui des insecticides modernes. Que ce soit les méthrines ou les néonicotinoïdes.

  12. Et pour la bonne bouche un site d’éducation à l’environnement qui nous raconte comment en fabriquer….

    Je parlais d’arséniate de pb, on croit réver.

  13. Cher Alzine,

    Comme l’indique le surtitre de la page dont vous donnez l’adresse, ça c’est de « l’éducation à l’environnement » !

    Pauvres de nous, pauvre France, pauvre humanité. Est-ce qu’il ne nous reste plus que les yeux pour pleurer ?

    Bien à vous.

  14. Un article dans Le Monde d’aujourd’hui titrait « Il est chic de faire ses cosmétiques soi-même ». Il doit en être de même pour les pesticides ! C’est non seulement plus chic, mais aussi sans danger, puisqu’on les fait soi-même, vous-dis-je !

    La bêtise humaine et le snobisme, qui n’en est qu’une variante, sont sans limites. Vive l’écolosnob ! Un profil que les publicitaire ont très bien appris à connaître.

  15. @ Alzine (comm 15)

    Heureusement, il est impossible de trouver de l’arseniate de sodium, produit interdit en France.

    Les apprentis alchimistes devront trouver autre chose

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