Dans son numéro du 13 au 19 janvier, l’hebdomadaire VSD consacre un article sur les « révélations » alarmistes de François Veillerette et Générations Futures concernant la présence de produits toxiques dans notre assiette. En introduction, il est affirmé : « Les yaourts, le saumon et d’autres aliments concentrent un nombre important de produits nocifs, cancérigènes ou néfastes à la fertilité. C’est le résultat d’une alarmante enquête qui vient d’être menée en France. » Le magazine ne fait pas dans la dentelle et titre en une : « MANGER TUE ». Que dire, sinon que 16.000 enfants meurent chaque jour de malnutrition dans le monde. Que dire, sinon qu’en 2010 l’espérance de vie a encore fortement augmenté en France (de 4 mois par rapport à 2009) et que la mortalité diminue à tous les âges. Que dire, sinon que le ridicule ne tue pas puisque, aux dernières nouvelles, VSD est encore en vie…
Sources
Bonjour,
Il s’agit de l’ « étude » dont on a parlé dans un billet précédent (« Business de la peur : ligne éditoriale », du 3 décembre 2010. L’illustre Mme Marie-Monique Robin devant sortir prochainement sont « Notre poison quotidien », auréolée de son prestige d’auteur du « Monde selon… » et bénéficiant de la complaisance d’Arte, je suppose que les autres marchands de peur font du forcing pour rester dans le business.
Il n’en demeure pas moins que « manger tue »… Encore un peu de fricassée d’amanite phalloïde ?
Admirons aussi le sens de la formule de M. Veillerette : « « … Et au bout de cette chaîne, il n’y a que les ours polaires… et nous !’ explique François Veillerette ». Un volontaire pour lui expliquer les chaînes trophiques ?
Le ver est dans le fruit,
L’association des professeurs de biologie et de géologie (APBG) rend compte dans sa revue des travaux de GE Seralini sans aucun recul critique. Les professeurs de SVT peuvent y apprendre comment GES a révolutionné la toxicologie et l’épidémiologie en traitant des cellules en culture avec du glyphosate. On aurait pu s’attendre à ce que l’APBG mentionne les nombreux avis concordants des plus hautes instances scientifiques et européennes sur les travaux de GES.
Source: Biologie-Géologie n°2 – 2010, p87
Je crois que je vais devenir « lanceur d’alerte ».
Inventer une peur quelconque, lancer l’alerte (je suis chercheur et indépendant…) et enfin proposer un produit révolutionnaire pour combattre cette grand danger qui nous guette tous.
Y a du fric à ce faire, je vous le dit !!!!
Cordialement.
A l’Association des Professeurs de Biologie et de Géologie, pour information:
15 janvier 2010
Les publications de l’équipe du Pr. Séralini démontrent un manquement à
l’éthique scientifique
par JB Bergé, Directeur de Recherche Honoraire de l’INRA
Depuis 2007, l’équipe du Pr. Seralini de l’Université de Caen associée à des chercheurs employés par l’organisme CRIIGEN (1) ont publié trois articles sur les PGM qui chronologiquement sont les suivants :
1) Gilles-Eric Séralini, Dominique Cellier, Joël Spiroux de Vendomois, 2007. New Analysis of a
Rat Feeding Study with a Genetically Modified Maize Reveals Signs of Hepatorenal Toxicity.
Arch. Environ. Contam. Toxicol. 52 : 596–602.
Dans cette publication les chercheurs ré-analysent les données expérimentales de toxicologie obtenues par Monsanto sur le maïs Mon863 (maïs résistant à certains coléoptères comme la chrysomèle). Cette publication est parue dans une revue dont le « facteur d’impact » (Impact Factor) 2008 (2) est de 1,864 (ce qui est faible). Cette publication a fait l’objet d’une réponse de la part de scientifiques, incluant le panel OGM de l’EFSA(3), qui concluent que les ré-analyses de Séralini et al. n’apportent pas de faits nouveaux quant à la toxicologie de Mon863.
2) Gilles-Eric Séralini, Joël Spiroux de Vendômois, Dominique Cellier, Charles Sultan,
Marcello Buiatti, Lou Gallagher, Michael Antoniou, Krishna R. Dronamraju, 2009. How
Subchronic and Chronic Health Effects can be Neglected for GMOs, Pesticides or Chemicals.
International Journal of Biological Sciences 5(5): 438-443
Cette publication est en fait une discussion sur les méthodes utilisées pour l’évaluation toxicologique des plantes introduites en agriculture et des produits nouveaux. Les données scientifiques citées dans cette publication sont celles de l’analyse faite sur les résultats toxicologiques expérimentaux obtenus par Monsanto et ré-analysés par l’équipe Seralini.
Cette publication paraît dans une revue qui n’a pas de facteur d’impact, car elle n’est pas recensée dans les revues à facteur d’impact de l’ISI (International Statistical Institute). Cette revue n’est donc pas validée à ce jour par la communauté scientifique internationale.
3) Joël Spiroux de Vendômois, François Roullier, Dominique Cellier, and Gilles-Eric Séralini,
2009. A Comparison of the Effects of Three GM Corn Varieties on Mammalian Health.
International Journal of Biological Sciences 5(7): 706-726.
Cet article reprend intégralement les données de l’article 1 auxquelles elle ajoute les données
expérimentales toxicologiques obtenues par Monsanto sur Mon810 (maïs résistant à certains lépidoptères) et NK603 (maïs résistant à l’herbicide glyphosate) et que l’équipe Seralini ré-analyse (exactement comme dans l’article 1).
Cet article est publié par la même revue sans facteur d’impact que l’article 2.
Commentaires sur ces publications
En 2007 l’équipe Séralini publie une analyse statistique des données de toxicologies obtenues par Monsanto sur le maïs Mon863. Cette analyse est réfutée par d’autres scientifiques (3). En 2009 cette équipe reprend ces mêmes analyses, y ajoute des analyses comparables sur Mon810 et NK603 et publie le tout sans tenir compte des critiques formulées sur la publication de 2007 (3), notamment quant au manque de significations toxicologiques des différences calculées. Cela est un manquement grave à l’éthique scientifique.
De plus, le Conseil Scientifique du Haut Conseil des Biotechnologies a publié sur le site du
gouvernement l’avis suivant concernant la publication de 2009 : « Le Comité scientifique (CS) du Haut Conseil des biotechnologies (HCB) indique que l’étude de J. Spiroux de Vendômois et al. n’apporte aucun élément scientifique recevable susceptible d’imputer aux trois OGM ré-analysés une quelconque toxicité hématologique, hépatique ou rénale »(4).
——> Mais au-delà des critiques sur la valeur scientifique des résultats des écrits de l’équipe Séralini, nous avons noté des faits inadmissibles :
1) sur la stratégie de publication
2) sur les justifications bibliographiques des résultats obtenus
3) sur l’absence de citation contredisant les « réflexions » de l’équipe Seralini.
1) L’accumulation de publications dans des revues à bas facteur d’impact ou pire sans facteur d’impact validé s’apparente à de la « publicationite aigüe » que l’on peut juger opportuniste pour impressionner le monde politique qui doit statuer sur l’autorisation d’utilisation des OGM. C’est probablement ce qui a poussé la publication de ces articles dans une revue sans facteur d’impact, l’essentiel étant que ces articles puissent être « médiatisés » par une organisation aussi bien rodée dans ce domaine que le CRIIGEN pour atteindre le monde politique et les internautes.
De plus, les auteurs qualifient leur première publication de 2009 (publication 2 ci-dessus) de
« discussion », et à ce titre, ils utilisent de nombreuses données déjà publiées, ce qui est normal. Le
problème est qu’ils publient aussi deux graphiques dont on ne connaît pas l’origine et pour cause … il
s’agit de graphiques qui seront publiés par cette même équipe dans la même revue mais plusieurs
numéros après. Ce sont là des pratiques éthiquement inadmissibles et qui indiquent que le processus de
validation de l’article (par un comité de lecture désigné par la revue, comme c’est la tradition) a été
déficient.
2) Un examen attentif des publications révèlent d’autres problèmes graves de déontologie scientifiques.
Tout d’abord dans la façon dont les auteurs utilisent les références bibliographiques pour abuser les
lecteurs. Par exemple dans la publication de 2007, les auteurs citent Shaban et al. (2003) et Ito et al.
(2004) pour corroborer leurs extrapolations sur l’hépatotoxicité de certaines toxines insecticides Bt
produites par les maïs, en la rapprochant des observations des auteurs cités dans le cas de la bactérie
Bacillus thuringiensis.
Ce que ne disent pas Seralini et ses collègues c’est que Ito et al. ont utilisé une protéine isolée du serovar
« dakota » de cette bactérie qui n’a aucune activité insecticide (d’ailleurs les auteurs ne disent jamais qu’il
s’agit d’une protéine Cry (5) comme celle des maïs). De plus cette protéine n’a pas d’action sur les cellules
normales mais agit en détruisant les cellules cancéreuses.
Quant à Shaban et al., ils utilisent le Dipel qui en fait est un insecticide utilisé en agriculture biologique et
qui est un mélange de 28% de Cry1Aa, 53% de Cry1Ab et 19% de Cry1Ac. Le traitement a consisté à
faire une injection intraperitonéale de 1mg de Dipel/g de poids de souris. Le rapprochement réalisé par
Séralini et collègues est donc doublement fallacieux : il est impossible que dans la nature des organismes
(humains compris) soient en contact avec de telles quantités de protéines Cry et de plus ces protéines ne
sont pas injectées dans ces organismes (elles sont digérées après ingestion du maïs).
3) Dans toutes leurs publications Séralini et ses collègues s’élèvent contre le fait que soient utilisées, dans
ce type d’évaluation, d’autres variétés que les PGM et leur variété isogénique non PGM. Cette position de
Séralini et ses collègues ne s’explique que par une volonté de supprimer les données susceptibles de
montrer que les modifications de paramètres toxicologiques rapportées entrent dans une gamme normale
de variations biologiques. Cette proposition va à l’encontre de la première proposition publiée par l’EU à
l’issue d’une consultation publique pour améliorer les méthodes d’évaluation de la toxicité des PGM(6).
De plus, si Séralini et ses collègues avaient pris la stratégie de faire un tableau complet des paramètres
modifiés de façon statistiquement significative en fonction des PGM analysées (voir tableau A en annexe)
ils se seraient aperçus que quand on récapitule les paramètres variant en fonction des PGM on obtient le
résultat suivant qui montre clairement l’absence de signification toxicologique de ces variations :
38 paramètres sont modifiés de façon significative sur 83 paramètres mesurés (certains ne peuvent pas
être intégrés dans l’analyse ci-dessous parce qu’ils n’ont pas été mesurés dans les trois variétés de maïs)
mais pas de manière consistante chaque fois que la même variété a été incluse dans l’expérience :
Nombre de paramètres modifiés spécifiquement avec MON 863 6
Nombre de paramètres modifiés spécifiquement avec MON 810 4
Nombre de paramètres modifiés spécifiquement avec NK 603 7
Nombre de paramètres modifiés spécifiquement avec MON 863 et MON 810 4
Nombre de paramètres modifiés spécifiquement avec MON 810 et NK603 1
Nombre de paramètres modifiés spécifiquement avec MON 863 et NK603 7
Nombre de paramètres modifiés spécifiquement avec MON 810 et MON 863 et NK 603 1
De plus, si, par exemple, on analyse les modifications des paramètres hépatiques, on voit qu’il y a 10
paramètres modifiés sur 17 analysés mais ce qui est intéressant c’est qu’il y a 4 facteurs modifiés
spécifiquement dans Mon863, 2 chez NK603, aucun dans Mon810 alors que deux paramètres sont
spécifiquement amplifiés à la fois chez Mon863 et Mon810 et un paramètre spécifiquement amplifié à la
fois chez Mon810 et NK603.
Etant donnée cette distribution aléatoire, il est fallacieux de dire, comme le font Séralini et ses collègues,
que la mesure des modifications entre variétés non PGM est un élément confondant. C’est au contraire
une comparaison indispensable.
Conclusion
Devant les nombreuses critiques portant sur la qualité scientifique et toxicologique, doublée d’un
manquement grave à l’éthique de la publication scientifique, on ne peut être qu’inquiet si des
gouvernements devaient s’appuyer sur de tels résultats pour prendre une décision sur l’évaluation
toxicologique des PGM.
Notes
(1) Le CRIIGEN publie sur son site un article intitulé « Nos meilleurs voeux pour d’excellentes fêtes sans
OGM ! » ce qui permet clairement de classer ce « Comité de Recherche et d’Information Indépendantes
sur le génie Génétique » parmi les anti-OGM. Le CRIIGEN reçoit des financements de l’enseigne de
grande distribution Carrefour qui commercialisent des produits ‘sans-OGM’.
(2) Le facteur d’impact (Impact factor) d’une revue permet de la classer en fonction du nombre de fois où
les articles qu’elle publie sont cités en références dans des revues scientifiques. Il est un reflet de la
qualité de la revue.
(3) Doull J, 2007. Report of an Expert Panel on the reanalysis by Séralini et al. (2007) of a 90-day study
conducted by Monsanto in support of the safety of a genetically modified corn variety (MON 863). Food
and Chemical Toxicology Volume 45, Issue 11, November 2007, Pages 2073-2085,
doi:10.1016/j.fct.2007.08.033
L’expertise de l’EFSA de la publication de Séralini et al, 2007.
http://www.botanischergarten.ch/Seralini/EFSA-Reaffirmation-mon863-20070628.pdf
http://www.botanischergarten.ch/Seralini/EFSA-GMO_statement_MON863-20070626.pdf
L’avis de l’EFSA de 2004
http://www.botanischergarten.ch/Seralini/EFSA-opinion_gmo_07_en1.pdf
La réponse de Monsanto à cette publication
http://www.botanischergarten.ch/Seralini/Monsanto-Response-Seralini-2007.pdf
(4) http://www.ogm.gouv.fr/communiques/CP_Saisine-Grosdidier-HCB20090106.pdf
(5) les protéines cry sont des protéines insecticides présentes chez Bacillus thuringiensis et chez les
plantes transgéniques dites Bt, comme Mon810 ou Mon863,
http://mmbr.asm.org/cgi/content/abstract/53/2/242
(6) EFSA Journal 2009; 1250: 1. Scientific Opinion. Scientific Opinion on Statistical considerations for
the safety evaluation of GMOs. EFSA Panel on Genetically Modified Organisms (GMO)
ANNEXE
Table A. Parameters as measured by Monsanto in subchronic toxicological studies in rats, sorted
by organs.
* data available only for MON 863;
** raw data not analyzed by Monsanto for MON863;
# data available only for NK603 and MON 810;
## raw data lacking in the original NK 603 and MON 810 reports from Monsanto;
Dans le tableau une couleur indique que le paramètre montre des différences statistiquement significatives
(+) dans au moins une variété ; les caractères surlignés en turquoise ou en vert sont des caractères qui
n’ont pas été mesurés dans les 3 variétés de maïs GM.
Date de la publication : 2007 2009 (Spiroux de Vendômois et al.)
PGM (trait) : Mon863 Mon810 NK603
Résistance à : Chrysomèle Lepidoptères herbicide Glyphosate
Parameters (total 83) Body Weight (Wt)
Adrenal (3) Adrenal Wt +
Adrenal % Body Wt %
Adrenal % Brain Wt +
Brain (2) Brain Wt
Brain % Body Wt
Bone marrow (22) White Blood Cell +
Platelet Count
Absolute Neutrophils
Absolute Lymphocytes + +
Absolute Monocytes
Absolute Eosinophils
Absolute Basophils
Absolute Lar Uni Cell #
Neutrophils ** + +
Lymphocytes ** +
Monocytes **
Eosinophils ** + +
Basophils ** +
Lar Uni cell # + +
Red Blood Cell
Hemoglobin Conc.
Hematocrit
Mean Corpuscular Vol.
Mean Corpuscular Hgb
Mean Corpuscular Hgb Conc.
Absolute Reticulocyte Count *
Reticulocytes %RBC +
Reticulocyte Count * +
Liver (17) Liver Wt + +
Liver % Body Wt +
Liver % Brain Wt +
Albumin + +
Globulin +
Albumin/Globulin Ratio + +
Alanine Aminotransferase +
Aspartate Aminotransferase
Alkaline Phosphatase /AMP +
Total Protein +
Gamma Glutamyl Transferase
Total Bilirubin
Direct Bilirubin
Cholesterol *
Triglycerides * +
Individual Prothrombin Time
Activated Partial Thromboplastin Time
Heart (3) Heart Wt +
Heart % Body Wt +
Heart % Brain Wt + +
Kidney (25) Kidney Wt + +
Kidney % Body Wt + +
Kidney % Brain Wt
Urine Calcium
Urine Creatinine
Urine Protein
Urine Sodium + +
Urine Potassium + +
Urine Phosphorus +
Urine Chloride
Urine Creatinine Clearance # +
Urine Sodium Excretion * +
Urine Potassium Excretion *
Urine Chloride Excretion * +
Total Urine Volume
NA/K Ratio
Blood Urea Nitrogen + + +
Calcium
Creatinine + +
Phosphorus + +
Sodium
Potassium
Chloride
PH ##
Specific Gravity ##
Pancreas (1) Glucose +
Gonads (6) Testis Wt
Testis % Body Wt
Testis % Brain Wt
Ovary Wt
Ovary % Body Wt
Ovary % Brain Wt
Spleen (3) Spleen Wt +
Spleen % Body Wt
Spleen % brain Wt +
Désolé pour la mauvaise lisibilité du tableau récapitulatif à la fin de l’article qui n’est malheureusement pas « sorti » sous forme de tableau. Cà ne retire rien au reste du texte qui dit décrit bien ce que sont Séralini et son équipe et ce que valent leurs « travaux » !
—> A l’Association des Professeurs de Biologie et de Géologie, pour information (2):
Il y a cet article également.
L’article de Christopher Preston en version originale :
http://gmopundit.blogspot.com/2007/03/lies-damn-lies-and-statistics.html
Lies, Damned lies and statistics
par Christopher Preston
« Il y a 3 sortes de mensonges : les mensonges, les foutus mensonges, et les statistiques ». Cette formule attribuée à Benjamin Disraeli, se réfère à la manière dont les statistiques peuvent être dévoyées au service d’arguments fallacieux. Nous savons tous à quel point l’utilisation abusive des statistiques est courante en politique. Il est moins connu que les mauvais usages des statistiques en recherche scientifique peuvent aboutir à des choix de politique publique erronés. A coup sûr , les scientifiques ne (s’) autoriseraient pas des mensonges statistiques destinés à tromper le public ? Comment ??? Le feraient-ils ?
(Il y a déjà quelques temps de cela) , il y a eu un écho considérable dans la presse à propos d’un article dans la Revue Archives of Environnemental Contamination and Toxicology. Cet article , « Une nouvelle analyse du nourrisage de rats avec un maïs génétiquement modifé révèle des de toxicité hépatomégalie », de Gilles-Éric Séralini, Dominique Cellier et Joël Spirou de Vendomois, vise à démontrer qu’un maïs génétiquement modifié occasionne des dommage aux foies et aux reins de rats et, dès lors, est probablement dangereux pour les humains. (..)
L’article ne contient aucune donnée nouvelle. Il s’est basé sur des données déjà publiées en 2006 dans la revue Food and Chemical Toxicology et les a ré analysées. Ce faisant, les auteurs de ce nouvel article ont suggéré avoir découvert des différences importantes omises dans la première étude.
C’est ainsi qu’arrivent les mensonges statistiques. Quand les scientifiques veulent comparer les effets de deux traitements, ils utilisent les statistiques parce qu’ils ne peuvent tester le traitement sur toute la population. Lorsque l’effet du traitement diffère suffisamment de celui constaté sur le groupe de contrôle, ils le décrivent comme « significativement différent. Souvent, une valeur de 5% de probabilité est retenue ; autrement dit, il y seulement 5% de chances que la différence ne soit pas vraie (due au hasard du tirage des échantillons de population testés ). On les appelle « erreurs de type 1 ».
Il est par conséquent évident que des comparaisons sont faites pour un grand nombre de paramètres, la probabilité d’apparition d’erreurs de type 1 est accrue. Avec 100 comparaisons différentes, vous êtes presque sûr de trouver au moins une différence à p 0.05 même si elle est fortuite. C’est pour cela que les bons scientifiques évitent de tomber dans ce piège, soit en utilisant d’autres tests statistiques soit en réduisant la valeur de probabilité à partir de laquelle la différence est considérée comme significative.
Séralini et ses collaborateurs ont procédé à 494 comparaisons entre les rats nourris au mais GM et les rats nourris avec du maïs conventionnel. A ce niveau, on s’attend à obtenir en moyenne 25 différences significatives à seuils 0.05 et à 5 différences à une probabilité de 1 % (seuils 0.01). Séralini a rapporté 33 différences à seuil 0.05 et 4 différences à seuil 0.01. Presque le même nombre de différences que celles prévues par les lois du hasard. C’est un problème élémentaire en statistique dont tiennent compte les bons scientifiques dans leur pratique. Cela mine aussi toute conclusion à partir de ce genre d’analyse.
Intuitivement, nous comprenons que si quelque chose que nous mangeons est dangereux, c’est d’autant plus dangereux qu’on en mange davantage, ou au minimum pas moins dangereux. En science, on établit une relation de dose à effet. L’effet d’une toxine sera plus prononcé avec davantage de toxine. Il est également intuitif que consommer la toxine plus longtemps sera également plus dangereux. C’est la base de toute la toxicologie.
Dans l’étude en question (de Séralini), les rats étaient nourris soit à 11% soit à 33% de mais GM ,et soit pendant 5 semaines soit pendant 14 semaines. Aucune des différences relevées par Séralini ne suivait une relation de dose à effet. Les différences étaient soit erratiques soit plus favorables pour des doses plus élevées. Sans relation de dose à effet, il est impossible de relier ces différences à la consommation du produit .
Comme il n’y a pas cette relation de dose à effet et que les différences relevées par Séralini sont probablement dues au hasard, cette étude ne peut soutenir la thèse selon laquelle ce maïs GM serait risqué pour la santé des rats . Rien de neuf par rapport à la conclusion à laquelle l’étude de 2006 (basée sur les mêmes données) arrivait. Comment donc Séralini a-t-il pu se tromper autant ? Cela pourrait être balayé comme relevant d’une querelle entre statisticiens. Cependant, les problèmes sont si basiques et si triviaux qu’ils montrent, au mieux, une incompétence scientifique. Le fait qu’une telle étude ait pu faire l’objet d’une publication de premier rang soulève également des questions.
Le pire est que cette mauvaise science est utilisée pour influencer le monde des médias et les décisionnaires politiques. Greenpeace s’est saisi de cet article pour colporter ces mensonges statistiques. Ils ont clairement démontré leur influence (lorsque) le ministre de l’agriculture de l’Australie de l’Ouest s’est appuyé sur cette étude pour un moratoire sur les OGM.
Dr Christopher Preston
Discipline of Plante & Food Science
University of Adélaïde
« Il y a 3 sortes de mensonges : les mensonges, les foutus mensonges, et les statistiques »
À propos de statistiques deux assertions dont je ne me lasse pas d’apprécier la pertinence – et l’humour sous-jacent :
« Les statistiques sont à l’utilisateur ce que le réverbère est à l’ivrogne : elles le soutiennent plus qu’elles ne l’éclairent. »
ou, encore,
« comme les mini-jupes, elles donnent une bonne indication, mais elles cachent l’essentiel. »
Je ne sais plus qui est (sont) l’ les) auteur(s) de ces trouvailles !
J’ai aussi une série en cours, avec de nombreuses références, sur l’excellent site d’Anton Suwalki http://imposteurs.over-blog.com/.
C’est bien ce que l’on pouvait penser l’éducation nationale est foutue, même pas possible d’envisager un retour au réalisme.
En faisant cela l’association des professeurs de biologie et de géologie (APBG) légitimera, après ou pendant une grave crise économique, le choix d’un gouvernement de considérer que l’enseignement ne peut plus faire l’objet d’un maintien dans la fonction publique d’Etat et d’un passage sous une autorité régionale voire d’une contractualisation de ces mêmes enseignants.
Les établissements entreront en compétition pour capter les élèves et les parents auront le choix entre une formation scientifique solide qui donnera des armes aux ados face à des chinois et des indiens bien formés à la science ou être pétris dans et de la religion verte du début du XXIéme siècle, nouveaux séminaires écologiques, la rigueur et la culture en moins par rapport aux séminaires du XIX ème qui formaient les curés de campagne.
Cela d’arriver plus vite que l’on ne pense.
Essayez de ne pas manger vous verrez bien si manger tue..