Lu sur le journal du SNIV CNCP de mars (syndicat des entreprises françaises des viandes) :
La viande, cause de tous les maux, objet de tous les combats ? Lors de la journée mondiale de l’eau le 22 mars, un collectif anti-viande autodésigné « viande.info » mettra en scène à Paris 1°000 bouteilles d’eau à bouchon bleu dessinant les mots « 1 steak », le tout scénarisé au pied de l’esplanade des Droits de l’Homme à Paris, avec la Tour Eiffel en arrière-plan. Sous-prétexte d’une action contre le gaspillage des ressources en eau, le chiffre d’une consommation de 15.000 litres d’eau par kg de viande bovine produite est avancé… comme si les vaches étaient des entonnoirs à eau. Cet acte de désinformation n’est pas isolé car au forum de l’eau qui s’est tenu à Marseille la semaine dernière, ce chiffre avait déjà largement circulé comme une vérité absolue.
Or cette valeur n’est pas issue d’une mesure réelle mais d’une méthode de calcul de la consommation d’eau virtuelle (Water Footprint) qui, aujourd’hui, ne fait pas l’objet d’un consensus international. Cette eau virtuelle comprend 3 composantes :
-l’eau « bleue » qui représente l’eau prélevée dans les lacs, les rivières ou les nappes (ex : abreuvement, irrigation et process d’abattage) ;
-l’eau « verte » qui comptabilise l’eau de pluie évapotranspirée durant la croissance des plantes ;
-l’eau « grise » qui correspond au volume d’eau nécessaire pour diluer les polluants émis par la production du bien afin de retrouver une qualité d’eau conforme à la règlementation.
Or, l’eau virtuelle de la viande bovine est constituée à 94% d’eau verte, ce qui est normal puisque l’élevage bovin utilise de grandes surfaces de prairie. L’eau de pluie qui tombe sur ces prairies est intégralement affectée à la production de viande mais qui peut croire que cette eau est à tout jamais perdue pour l’environnement ? Imaginons que l’on supprime les prairies, par quoi les remplacer ? Une forêt (qui évapore beaucoup plus d’eau que la prairie), un parking de supermarché ?…
Cette méthode pénalise l’élevage en ignorant sciemment le rôle écologique clé (biodiversité, régulation des crues…) que jouent, en France par exemple, les 13 milliards d’hectares de prairies.
Utiliser les chiffres les plus extrêmes en laissant croire, par une mise en scène, qu’il s’agit de surcroît d’eau potable, relève de la caricature. La protection de l’environnement mérite mieux que l’exploitation de chiffres caricaturaux.
Viande ou phytos, le problème est toujours le même : la propagande qui se contrefiche de la vérité.
Je propose de recouvrir les prairies à fourrage et à pâture de bâche étanche. L’eau récupérée sera directement envoyée en Somalie et au Yemen. TOTAL soutient l’opération, entre les bâches et le transport, ça va en faire du pétrole.
Je propose de transformer les prairies à fourrage en terrains de foot, en courts de tennis et en greens de golf. Ce serait plus utile et plu sain, surtout les terrains de foot, ça plairait aux supporters avinés (à la bière !) et autres hooligans !
On avait bien lu 13 millions d’hectares de prairies et non 13 milliards d’hectares de prairies.
Sachant qu’une bonne partie de ces cultures, prairies naturelles, ne peuvent être remplacées que par la forêt ou par la friche, rompant des équilibres séculaires et détruisant une biodiversité installée depuis plusieurs siècles.
Sans l’élevage, ces prairies retourneraient à la friche, ce qui est déjà le cas dans les zones montagneuses avec perte de biodiversité.
Il est amusant de voir que la réintroduction du loup, voire de l’ours, tend à remettre en cause l’élevage dans certaines zones et justement contribue à fermer le paysage à terme.
Il faudra bien choisir un jour entre le loup et la vache ou le mouton. Lorsque les bobos des villes auront d’autres préoccupations, plus pratiques.