Un site internet pirate qui imite celui d’Environnement Canada (le site du ministère de l’environnement) ainsi qu’un faux communiqué de presse envoyé à certains journalistes lundi matin ont annoncé que le Canada allait finalement réduire, d’ici 2020, de 40% ses émissions de gaz à effet de serre comparativement à celles de 1990.
Pour un pays qui annonçait depuis deux ans un objectif de 20% de baisse de ses émissions par rapport à 2006, soit une baisse de 3% par rapport à 1990, l’annonce a fait son petit effet dans les milieux écolos persuadés que les émissions de CO2 sont LA cause du changement climatique.
Encore plus fort : d’ici 2050, le faux communiqué promettait une réduction des émissions du Canada non plus de 50 %, mais de… 80 % par rapport à 1990 ! D’un seul coup, le pays de l’érable rejoignait le peloton de tête des (rares) pays comme l’Allemagne ou la Norvège qui suivent à la lettre les recommandations du Groupement inter-gouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC).
Pour couronner le tout, il était écrit dans le faux communiqué de presse que le gouvernement canadien avait adopté un système de financement pour faciliter l’adaptation des pays en développement aux changements climatiques et s’engageait à leur verser 13 milliards de dollars dès 2010, battant l’Union européenne qui s’est engagée à verser 7,2 milliards sur trois ans.
En plus de se recommander du GIEC, le faux communiqué portait l’en-tête officielle d’Environnement Canada et la signature du ministre de l’environnement Jim Prentice.
Un faux article du Wall Street Journal a même été mis en ligne. Perfectionnistes, les auteurs du canular ont été jusqu’à créer une fausse réaction officielle de l’Ouganda qui félicite le Canada.
Le Bureau du premier ministre canadien Stephen Harper a rapidement nié l’information, qualifiant cette plaisanterie d’enfantine. Le communiqué émis par le gouvernement canadien explique que les fausses informations contenaient des objectifs « irréalistes » en matière de réductions d’émissions et dénonce la volonté de ses auteurs de « ternir la réputation du (pays) au sein des milieux d’affaire internationaux ». Plus drôle, le gouvernement regrette la propagation de l’ « information » dans « les principaux canaux médiatiques et organes internationaux d’information » et cite en exemple le faux article du Wall Street Journal, en fait un site vitrine.
Le porte-parole du premier ministre Harper, Dimitri Soudas, a accusé Steven Guilbeault, de l’association Équiterre, d’être derrière cette opération. Ce dernier, qui avait également reçu le faux communiqué, a totalement nié être à l’origine du canular et réclamé des excuses à Dimitri Soudas pour « atteinte à sa réputation ». Ce pastiche dépasserait selon lui les moyens techniques de son organisation. Équittere déclare regretter que « la position climatique du gouvernement du Canada ne se rapproche pas de celle présentée dans le pastiche du site d’Environnement Canada ». Ambiance…
Les personnes ou l’organisation à l’origine de cette entreprise étaient encore inconnues hier. Selon The Huffington Post, il pouvait s’agir d’un coup des Yes Men (site), des activistes de gauche qui dénoncent le libéralisme par la caricature et le canular. Ces derniers viennent de confirmer les allégations du quotidien.
Décidément, les Khmers verts auront mené la vie dure au Canada durant ce sommet de Copenhague : le pays s’est déjà vu attribué trois fois le « fossile du jour » par l’association environnementaliste Climate Action Network. Il s’agit d’un prix distribué aux pays ayant le moins contribué aux progrès des pourparlers sur les changements climatiques. De plus, le Canada s’est retrouvé classé par l’association Germanwatch au 56ème rang sur 57 pays pour ses efforts dans la lutte contre le réchauffement climatique aux origines prétendument humaines. Avec une note de 40,7 %, il se retrouve derrière les États-Unis (53ème) et la Chine. L’Arabie saoudite est dernière, le Brésil premier.
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