Dans un éditorial de Marianne (16 au 22 janvier 2010), Joseph Macé-Scaron revient sur le drame de Haïti, avec une critique sévère des écologistes : « Ce qui survit obstinément ces derniers jours au désastre d’Haïti, ce n’est pas l’impassibilité des contemporains de Voltaire, c’est l’angélisme des fondamentalistes de l’écologie. Les champions du nouvel ordre naturel nous le répètent en sourates sur tous les ton depuis deux décennies : « Ecoutez Dame Nature et tout se passera bien ! » La révolution verte dont ils nous vantent les mérites réaliserait, à les entendre, le double prodige d’épargner les écosystèmes et de contrer le « narcissisme » humain. Un des premiers enseignements d’Haïti c’est le caractère non soutenable de ce discours. Non soutenable parce qu’il jette un manteau d’oubli sur la plainte des hommes et sur ce que le regretté philosophe Daniel Bensaid appelait « les misères du présent ». »
Il est vrai que, ces dernières années, on a été quelque peu conditionnés par le discours écologiste, d’un côté accusateur et culpabilisateur vis-à-vis de l’homme, comparé régulièrement à la « gale » (Jean-Marie Pelt), à des « bactéries » (Gilles-Eric Séralini), au « cancer » (professeur Belpomme), on en passe et des meilleures, et de l’autre côté, lénifiant sur les bienfaits de la Nature et sa grande fragilité. A tel point que l’on oublierait presque la réalité des catastrophes naturelles. D’ailleurs, dans son livre Avant qu’il ne soit trop tard, le professeur Belpomme dénonçait le monde occidental pour lequel « le coupable serait la nature elle-même, qui, pour une raison inconnue, se déchaînerait contre l’homme et sa civilisation », tout en précisant qu’« en réalité, c’est l’homme qui crée les dérèglements climatiques, les ouragans, les cyclones et les tempêtes qu’il subit aujourd’hui, comme il crée ses propres maladies. »
Il serait alors bon de rappeler quelques faits, permettant de relativiser (sans le nier) l’impact de l’homme sur la Nature. En tout premier lieu, et puisque 2010 est l’année de la biodiversité, il faut savoir que 99,9% des espèces animales et végétales ayant existé sur Terre depuis le début de la vie ont été décimées par l’action de Dame Nature. Notre Terre bienfaitrice n’hésite pas non plus à rejeter dans les airs comme dans les mers des masses considérables de produits toxiques. Ainsi, comme l’explique le toxicologue Jean-François Narbonne, ami bien connu des écologistes, « le mercure dans le poisson, c’est essentiellement les volcans ». En 1983, le Programme d’Environnement des Nations Unies a estimé entre 80 millions et 280 millions de tonnes les émissions naturelles d’oxydes de soufre, principalement provenant des volcans. De même, les écologistes s’inquiètent très peu des lacs volcaniques acides, comme le plus connu – le Kawah Ijen, à Java, dont ses 36 millions de mètres cubes contiennent notamment 1,3 million de tonnes de sulfate d’aluminium, 600.000 tonnes d’acide chlorhydrique et 550.000 tonnes d’acide sulfurique. Et que dire de l’éruption du Toba (Indonésie), il y a 73.000 ans, qui relâcha 3000 km3 de magma et des quantités inimaginables d’acide sulfurique. Les cendres et le dioxyde de soufre du Toba formèrent à l’époque une fine couche nuageuse provoquant un brusque refroidissement de la planète d’environ 3°C pendant 6 ans, refroidissement qui a failli être fatal à l’homme. Mais le problème ne surgit pas seulement au moment des éruptions volcaniques. Par exemple, le lac Nyos (Cameroun), situé sur le flanc d’un volcan inactif, a asphyxié en 1986 toute forme de vie jusqu’à 30 km du lac suite à un phénomène naturel de dégazage de gaz carbonique. Cette catastrophe provoqua la mort de 1800 personnes et de milliers d’animaux. Enfin, terminons avec quelques bilans de catastrophes naturelles. Nous les avons choisies assez anciennes pour qu’on ne puisse pas les attribuer aux effets de la société industrielle ou du réchauffement climatique.
1556 séisme 800.000 morts en Chine
1703 séisme 200.000 morts au Japon
1737 séisme 230.000 morts en Inde
1755 séisme 70.000 morts au Portugal
1876 cyclone 215.000 morts en Inde
1881 typhon 300.000 morts en Indochine
1882 cyclone 100.000 morts en Inde
1883 volcan 40.000 morts en Indonésie
1902 volcan 28.000 morts en Martinique
1908 séisme 84.000 morts en Italie
1931 inondations 3 millions de morts en Chine
Evidemment, la liste est très loin d’être exhaustive, puisqu’on ne parle même pas des épidémies. Elle montre néanmoins que Mère Nature, avec ses incendies naturels, séismes, tornades, tsunamis, etc., saccage sans aucun état d’âme tout être vivant qui se trouverait sur l’un des lieux où gronde sa colère.
Bonjour,
Je suis d’accord la Nature n’est ni gentille, ni bienveillante, ni méchante.
Juste une point : à Nyos c’est le monoxyde de carbone qui a tué et non pas le dioxyde.
Cordlt, Gaëtan
Si le mot « regretté » a été utilisé comme une formule couramment admise pour dire que Ben Saïd est mort, OK. Sinon je ne vois vraiment pas en quoi l’arrêt de la production de la « pensée philosophique » de Ben Saïd peut être regrettée !
L’écologie est devenue pour beaucoup une religion, avec comme déesse Gaia, qui est bonne et généreuse envers les gentils.
C’est la résurrection de la ‘pensée magique’, dans lequel on croit que le monde nous récompensera si l’on accomplit certains rituels et qu’on a toujours de ‘bonnes pensées’. C’est un stade normal pendant la période de l’enfance, mais c’est inquiétant quand cela concerne de nombreux adultes, car cela donne toujours des comportements irrationnels.
« L’écologie est devenue pour beaucoup une religion, avec comme déesse Gaia, qui est bonne et généreuse envers les gentils.
C’est la résurrection de la ‘pensée magique’, dans lequel on croit que le monde nous récompensera si l’on accomplit certains rituels et qu’on a toujours de ‘bonnes pensées’. C’est un stade normal pendant la période de l’enfance, mais c’est inquiétant quand cela concerne de nombreux adultes, car cela donne toujours des comportements irrationnels. »
C’est pas le scénario d’Avatar, ça?
@ Teysset,
Non, pour le lac Nyos, c’était le CO2 qui a dégazé brutalement et qui, plus lourd de l’air est redescendu dans les vallées, en tuant toute forme de vie animale par asphyxie (les plantes par contre adorent!). Le monoxyde de carbone n’existe pas sans combustion et même s’il y en avait, vu sa densité voisine de celle de l’air, serait resté au sommet du lac et serait dispersé par la météo.
Le problème de Nyos a été résolu. Il a suffi de dégazer progressivement le fond en y plongeant des tuyaux d’évacuation. Si on devait suivre le modèle du bon sauvage des écolos, on en serait à faire des sacrifices et des prières pour apaiser la colère de mère Nature au lieu d’analyser et faire disparaître la source du danger grâce à la science.
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ruption_limnique
Pfouuu, et mère nature même pas foutue de séquestrer convenablement le CO2, Allègre a de quoi faire, 300 km2…
Bonjour à tous.
Le dégazage du lac Nyos a été réalisé par un de mes anciens prof de physique, Michel Halbwachs (université de savoie, excellent prof et chercheur), en 2001. Son idée est assez simple, basée sur la saturation en gaz de l’eau. Quand les eaux sont remontées en surface la pression diminuant, des bulles de gaz se forment. En mettant ce principe en action dans une colonne il a crée un mouvement permanent entrainant les eaux profondes vers la surface. Les mouvement est entretenu par les bulles de gaz qui s’élèvent dans la colonne.
Le gaz est du CO2, j’espère juste que le écolo ne vont pas demander un jour de fermer ces colonnes sous prétexte qu’elles rejètent du CO2 dans atmosphère. On aurait une preuve flagrante de leur anti-humanisme.
http://www.dailymotion.com/video/x6le8z_insolitemystere-du-lac-nyos_news
boulette!: 300 km CUBE…
daniel, on ne peut que féliciter ce genre d’applications scientifiques comme celle-ci, même avec des moyens assez sommaires, ça fonctionne.
« j’espère juste que le écolo ne vont pas demander un jour de fermer ces colonnes sous prétexte qu’elles rejètent du CO2 dans atmosphère. »
Effectivement ce serait un comble, mais comme on les sait prêts à toutes les absurdités…
Pour en revenir aux médias qui comme Marianne donne de moins en moins aux carbonistes-apocalyptico-verdâtres, je voulais citer aussi La France Agricole qui n’est pas en reste sur ces sujets avec leurs éditoriaux vraiment pas complaisants non plus et souvent frappés du bon sens, mais aussi de + en + dans le courrier des lecteurs des perles rares, comparé aux commentaires de Libé ou du Monde, je perçois une fange de la population qui n’a vraiment pas à rougir de l’intelligentsia bobo-parigo nullissime !
Si dans le courrier des lecteurs de cette semaine, les auteurs de « Noé et ses normes » ou de « Humano-réchauffistes » se reconnaissent?… Ben, ils pourraient faire partager ici leur excellents papiers…(sinon, je m’y colle, mais + tard)