Bio : l’effet de loupe du Ministère

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Le ministère de l’Agriculture va verser six millions d’euros supplémentaires en 2010 aux exploitations qui se convertissent au bio, a annoncé ce 28 septembre à Paris le ministre Bruno Le Maire. Cela fait combien par exploitation ?

16 commentaires sur “Bio : l’effet de loupe du Ministère

  1. D’après les deniers chiffres de l’Agence bio, qui datent de 2008, il y avait environ 13 000 exploitations en bio, plus 3 000 en conversion, soit au total 16000 exploitations.

    6 M € / 16 000 = 375 € par exploitation

  2. Je m’étais fait cette réflexion: c’est peanuts. Je doute fort que cela va inciter par exemple, les éleveurs de l’ouest à passer en bio, après la production fourragère catastrophique de cette année. En conventionnel, c’est pas terrible, les éleveurs ont pu sauver les meubles, malgré des maïs très moyens, par contre en bio, qui plus est, en système herbe, tant vanté par les organisations, c’est la cata; maintenant, ils demandent des dérogations. Trop facile. Il faudrait aller au bout de la logique bio: pas de fourrage, moins de production. Evidemment, des prix qui s’envoleraient.

  3. « …maintenant, ils demandent des dérogations. Trop facile. Il faudrait aller au bout de la logique bio: pas de fourrage, moins de production. »

    – Cà rappelle furieusement les vendanges 2008 ou 2009 avec la preession importante de la maladie (mildiou) quils n’ont pas pu contrôler avec le produit « naturel » habituel (bouillie bordelaise) courant le risque de perdre toute la récolte. Ils sont aller pleurer des dérogations au ministère pour utiliser ces affreux produits issus de la chimie de synthèse tant honnie (IBS) inhibiteurs de la synthèse des stérols).Ils ne sont pas allés chanter çà sur les toits et lhistoire ne dit pas ce que sont devenus les raisins ainsi obtenus et dans quelles filières les vins « bio » issus de ces raisns ont été écoulés? Filière « bio » en toute discrètion et avec la silence complaisant des autorités de contrôle et des organismes de certification? Que sont devenues les parcelles ainsi traitées sachant que normalement elles ne pouvaient pa sêtre considérées comme « bio » pendant 3 ans et soumises ensuite à la re-certification?

    C’est quand même curieux que les producteurs « bio » soient ainsi tributaires des vicissitudes de la bonne mère nature dont ils se réclament sans cesse et qu’ils ne les acceptent pas!

  4. Astre Noir,
    les 6 M supplémentaires sont pour les conversions et depuis 2008 celles-ci ont, parait-il, fortement augmentées, d’où cette somme « supplémentaire », je pense. Maintenant il faudrait avoir les chiffres des nouvelles conversion en 2010.

    L’aide à la conversion part du principe que pendant cette période tu ne peux pas vendre sous le label AB, donc l’aide vient compenser les prix qui restent équivalents du conventionnel…
    C’est pour cette raison qu’en fin de période « conversion » nombreux lachent l’affaire, au moins pour certains ateliers (élevage, parce que pas de filière), mais pas pour les terres, restant en bio (prairies naturelles) hé, hé… Du foin de prairies en principe qui ne demande aucun traitement et qui peut être vendu à prix d’or à d’autres bio…

  5. @ rageous :

    « C’est pour cette raison qu’en fin de période « conversion » nombreux lachent l’affaire, au moins pour certains ateliers (élevage, parce que pas de filière), mais pas pour les terres, restant en bio (prairies naturelles) hé, hé… Du foin de prairies en principe qui ne demande aucun traitement et qui peut être vendu à prix d’or à d’autres bio… »

    Mais dites moi, est ce que ça ne pourrait pas être assimilé à une niche fiscale, ça ?

    😉

  6. Rajout: pour ce qui est du bio en élevage, outre des filières mal organisées, des effectifs cheptel importants qui passent du conventionnel au bio avec quelques difficultées de maitrise sanitaire et des surcoûts alimentaire, intrants, semences, etc…

  7. Astre Noir,
    Plus précisément on peut lire (notice explicative dossier PAC 2010) ceci:
    « Une enveloppe de 50 M d’€ par campagne est allouée à la mesure (soutien à l’AB). Le montant unitaire de l’aide à l’ha est variable selon 4 catégories de cultures:
    maraichage/arboriculture……590 €/ha
    cultures légumières de plein champ, viti, plantes à parfum, aromatiques et médicinales…..150 €/ha
    cultures annuelles……100 €/ha
    prairies permanentes et temporaires, chataigneraies…….80 €/ha

    En cas de dépassement de l’enveloppe allouée à la mesure, l’aide fera l’objet d’une réduction linéaire par application d’un stabilisateur. »

    On peut lire également:
    « Le cumul de l’aide avec le crédit d’impôt en faveur de l’AB n’est pas possible pour une même année d’activité. Ainsi, vous pourrez en 2010 demander le crédit d’impôt au titre de votre activité en AB 2009 et demander le soutien à l’AB au titre de votre activité 2010. »
    Ca manque de clarté, là…

  8. @ douar (comm 2)

    « e doute fort que cela va inciter par exemple, les éleveurs de l’ouest à passer en bio, après la production fourragère catastrophique de cette année. En conventionnel, c’est pas terrible, les éleveurs ont pu sauver les meubles, malgré des maïs très moyens, par contre en bio, qui plus est, en système herbe, tant vanté par les organisations, c’est la cata;  »

    Est ce que vous pourriez me donner plus de détails sur la production fourragère catastrophique de cet année, et pourquoi en bio plus qu’en conventionnel.
    Il me semblait que le principal pb dans l’Ouest cette année a été la sécheresse (je suis passé en Bretagne au mois d’août, de loin on avait parfois du mal à distinguer les prairies des chaumes de céréales), mais en bio ou conventionnel, l’influence de la sécheresse est la même.

    Quel est donc l’élément que j’ai manqué ?

  9. @Astre Noir

    Si je peux me permettre,l’influence de la sécheresse sur une prairie bio est peut être plus néfaste que pour une prairie en conv de part l’interdiction d’épandre des engrais azotés de synthèse.

    Les engrais organiques,lisiers et surtout fumiers,ont pour principale inconvénient de minéraliser au printemps beaucoup plus lentement qu’un ammonitrate.Si une période sèche arrive brutalement et dure assez longtemps,les plantes qui n’ont pas été suffisamment alimenté en azote souffriront plus que les autres et auront par le fait un développement moins important.
    Autre possibilité ,des sols carencés en fertilisants,phosphore,potasse et magnésie,n’offrent pas les meilleurs conditions aux cultures et prairies pour faire face aux conditions climatiques extrèmes.

  10. Zygomar,
    C’est 2007 l’année la plus difficile pour les vignerons bios. Les bios utilisent du cuivre sous forme de sulfate et d’hydroxyde, plus rarement sous forme d’oxychlorure. Comme ils doivent utiliser moins de 6 kg de cuivre métal par ha et par an(moyenne sur 5 ans je crois) ils ont tendance à sous doser en cuivre lors des premiers traitements quitte à traiter plus souvent. Les problèmes arrivent quand le printemps est humide. Le cuivre étant un produit de contact, il ne protège que les pousses présentes lors du traitement. Les nouvelles pousses très sensibles au mildiou ne sont pas protégées. Les premières tâches apparaissent et à chaque nouvelle pluie ou humidité matinales des repiquages se font. Pour enrayer la maladie et sauver la récolte il ne reste que les vilaines molécules de synthèse. Mais pas les IBS qui sont des anti oïdium. Ils vont chercher 2 molécules en particulier, le cymoxanil et le dimethomorphe qui sont des molécules curatives et antisporulantes(les tâches de mildiou ne font pas de fructifications). Une autre molécule intéressante est le fosetyl d’aluminium préventif et systémique et produit de référence pour beaucoup de viticulteurs. A titre d’exemple, en 2009, un de mes voisins en biodynamie a fait 26 traitements pour un rendement de 30 hl/ha avec des parcelles ravagées par le mildiou. Pour ma part, j’ai effectué 6 traitements dans l’année avec aucun dégât de mildiou et un rendement de 53 hl/ha. Je précise que mes vignes ont toujours été labourées et que je n’ai fait aucun insecticide contrairement à mon voisin biodynamiste(ah la dynamisation, ah les tisanes de plantes, ah les préparations 500, 501… Ah les traitements en fonction de la lune et des planètes) qui a traité 2 fois avec Success4,( vous savez le spinosad cette molécule « naturelle » dangereuse pour les abeilles qui viennent butiner la phacélie que mon voisin a semé dans ses vignes…).

  11. Astre Noir,

    Dans l’article de Gil Rivière – Wekstein que vous signalez, on peut lire :

    « D’autant plus qu’« à partir du moment où la dérogation est obtenue, le produit n’est pas déclassé », comme le confirme Julie Basdevant, responsable communication chez Écocert. En clair, impossible pour le consommateur de distinguer dans son magasin le lait bio du lait « presque » bio… »

    Cela me confirme dans l’idée, si besoin était, que le « bio » n’est qu’une vaste escroquerie à la consommation, cette histoire de dérogation camouflée aux consommateurs, dont on peut supposer que c’est également le cas pour le vin « traité » aux pesticides « chimiques », n’en étant qu’un élément parmi d’autres.

    Cette escroquerie est pratiquée avec la complicité de la République Française, de l’Union Européenne (et de la plupart des media). Franchement, le consommateur lambda ne peut que se demander à quoi servirait de certifier les produits bio s’ils n’étaient pas d’une façon ou d’une autre « meilleurs ». A ses yeux c’est donc que les produits « bio » sont « meilleurs quelque part ». C’est la République et l’Union qui reconnaissent certifiables les produits bio , avec label officiel et tout le tintouin. Un slogan pas mal : « Commerce bio escroc, République complice »

  12. @Astre Noir
    En « conventionnel », la production fourragère passe par le maïs, qui, bon gré mal gré est une production sécurisante. Quand on sort 10 tonnes de MS par ha, c’est très moyen. Cette année, certains maïs implantés dans de mauvaises conditions (printemps froid, après un Ray grass…)ont franchement été catastrophiques (ça ressemblait plus à des poireaux), mais quand même, pas mal de maïs ont réussi à s’en sortir (10 t et +)car le maïs a ceci de particulier, c’est qu’avec un peu d’eau et de la chaleur, il pousse (plante en C4). tandis que l’herbe (plante en C3), dans les mêmes conditions, refuse de pousser. Dans les systèmes bio, l’herbe est sacralisée: il y a une tendance à faire du stock sur pied et ne pas faire de maïs (qui, lui, n’est pas en odeur de sainteté). Ne pas oublier également que le maïs est un fourrage très énergétique, donc il faut corriger la ration des vaches, avec un concentré azoté, basé en grande partie sur le tourteau de soja, difficilement accessible en bio. Ce qui explique que les éleveurs en bio, fasse peu de maïs. Au final, un été comme cette année est franchement mauvais pour la production fourragère, d’autant plus vrai si on est en bio.
    J’espère avoir répondu à tes questions

  13. « ….un de mes voisins en biodynamie a fait 26 traitements pour un rendement de 30 hl/ha avec des parcelles ravagées par le mildiou. »

    ==> L’énergie vitale cosmo-galactique n’a pas dû faire son effet!! Ou alors il n’a pas mis la bouse de corne de vache au milieu de sa parcelle pendant la bonne phase de la lune….. Cà ne tient pas à grand chose quand même! On est bien peu de chose devant la bonne mère nature.

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