« Les partisans des biotechnologies en France, comprenant le syndicat agricole (the farm union) nous ont dit que les rétorsions étaient le seul moyen de faire évoluer la position française sur la question » a révélé récemment Wikileaks au sujet d’un mémo de l’ambassadeur des Etats-Unis en France. Du coup, la Coordination Rurale s’étrangle d’être ainsi mis dans le même sac que le FNSEA et demande des comptes dans une lettre ouverte à Xavier Beulin.
En polémiquant ainsi, la Coordination rurale sert-elle les intérêts des producteurs et du monde agricole ? On peut légitimement en douter. Son but ? Pilonner le syndicat majoritaire et son tout nouveau président qui a des échéances internes importantes en mars prochain pour le rendre infréquentable.
Si vraiment la Coordination rurale avait voulu servir l’intérêt paysan, elle aurait laissé cette affaire tranquille. Dommage que Bernard Lannes, le Président de la Coordination Rurale n’ait pas médité l’adage : « Les chiens aboient, la caravane passe ».
Quand les représentants du monde agricole arrêteront-ils de jouer contre leur propre camps ?
Greenpeace ayant mis son torchon en ligne le 21 décembre 2010, la Coordination rurale n’aura mis qu’un mois de plus pour faire parler d’elle en écrivant : « Depuis quelques jours circulent des rumeurs faisant suite aux révélations faites par le site Wikileaks… » Remarquable sens de l’opportunisme !
Deuxièmement, la phrase incriminée a été mal traduite. « In fact, the pro-biotech side in France – including within the farm union – have told us retaliation is the only way to begin to begin to turn this issue in France » ne signifie pas « les partisans des biotechnologies en France, comprenant le syndicat agricole (the farm union) nous ont dit que les rétorsions étaient le seul moyen de faire évoluer la position française sur la question ». C’est, en incise, « y compris au sein du syndicat agricole ».
La nuance est de taille. La CR la concède du reste, puisqu’elle écrit ensuite : « Ces rumeurs accréditent l’idée selon laquelle un membre de votre syndicat… ».
Puis elle se remet à fabuler (du reste comme Greenpeace) : « …aurait recommandé au représentant des Etats-Unis en France de faire prendre par son pays des mesures de rétorsion contre certains de nos produits français. » Trois fois non ! Quelqu’un a dit que…
Pour qui sait lire – et surtout pour qui sait lire un message diplomatique – la phrase incriminée est une adjonction au résumé (elle n’a pas de correspondance dans le texte détaillé) destinée à donner du poids à l’avis exprimé par le personnel diplomatique en poste en France. Au mieux, elle aura relaté un propos de cocktail, de pause café, ou de déjeuner.
Pour que les choses soient claires pour tout le monde, les « rétorsions » dont il s’agit sont des mesures possibles dans le cadre des litiges portés devant l’OMC.
En revanche, on ne peut que s’étonner du fait que la CR n’ait rien trouvé à redire à la phrase suivante : « Both the GOF and the Commission have suggested that their respective actions should not alarm us since they are only cultivation rather than import bans. » En clair, le gouvernement de la France et la Commission disent ouvertement qu’ils ont sacrifié les intérêts des agriculteurs – privés du bénéfice du développement technique et de la génétique dernier cri – pour ne pas affronter le reste du monde sur le plan commercial, ainsi qu’une opinion publique que le gouvernement français a contribué à modeler.
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http://www.coordinationrurale.fr/lettre-ouverte-a-xavier-beulin-informations-whikileaks.html
http://www.wikileaks.ch/cable/2007/12/07PARIS4723.html
http://ogm.greenpeace.fr/wikileaks-les-ogm-au-menu-des-diplomates-americains-en-europe