C’est ce que Philippe Pavard, rédacteur en chef adjoint de La France Agricole, appelle de ses vœux dans un édito qui a le mérite de la clarté. Il se demande si la France s’est tirée une balle dans le pied « en inscrivant en 2005 le principe de précaution dans la Constitution. »
Conséquence : c’est le progrès scientifique qui est aujourd’hui à l’arrêt en raison de ce qui est devenu une référence pour les « marchands de peur ».
Mais le vent tourne. Ou plus exactement, il commence à tourner. Pour Philippe Pavard, les philosophes, sociologues, politiques viennent prêter main forte aux scientifiques qui contestent l’application du principe de précaution depuis des années. La précaution s’est muée en « précautionnisme ». La bonne nouvelle, c’est qu’une proposition de loi devrait être discuté dans les prochaines semaines et être adoptée le 1er février par l’Assemblée Nationale. Présenté par Alain Gest (UMP) et Philippe Tourtelier (PS), elle vise à mettre un terme au « règne de l’ultraprécaution. »
Il va nous falloir une Roberval pour peser le pour et le contre en référence à cet empilage de lois ! 🙁
Principe de précaution —> précautionnisme —> ultraprécaution —> immobilisme.
Ah… Quand on en arrive à avoir peur de son ombre. 🙁
À quand un «observatoire du précautionnisme» 😉
« …une proposition de loi devrait être discuté dans les prochaines semaines et être adoptée le 1er février par l’Assemblée Nationale » ?
À moins de trois mois de l’élection présidentielle ? Je doute qu’il en sorte une mutation profonde de l’approche du principe d’inaction. En tout cas, je ne suis pas subjugué par la proposition de loi* qui figure à :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i3970.asp
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* Avant le titre premier du livre premier de la première partie du code de la santé publique, il est inséré un article L.1110-1 ainsi rédigé :
«Art. L. 1110-1 A.– Quand existent des motifs raisonnables, appuyés sur des études scientifiques, de penser que l’usage ou la consommation d’un produit de santé au sens de la cinquième partie du présent code peut, bien que de façon incertaine en l’état des connaissances scientifiques et techniques, conduire à la réalisation d’un dommage affectant, directement ou indirectement, la santé humaine de manière disproportionnée aux bénéfices, directs ou indirects, susceptibles d’en être escomptés par le consommateur ou l’utilisateur ou du point de vue de la santé publique, les autorités publiques veillent, dans leurs domaines d’attribution, à la mise en œuvre d’une évaluation de ces risques et bénéfices.
« Au vu de cette évaluation, elles adoptent et veillent à l’application de mesures provisoires de nature à réduire les risques en fonction des bénéfices escomptés, en tenant compte des développements scientifiques et techniques les plus récents. Ces mesures, qui doivent être motivées, font l’objet d’un réexamen périodique en fonction de l’évolution des connaissances scientifiques et techniques et du niveau de protection recherché.
« L’évaluation des risques et des bénéfices escomptés est conduite en veillant, dans la mesure du possible, à s’inscrire dans les principes d’excellence, d’indépendance, de transparence, de pluridisciplinarité et de contradiction.»
Il est vrai que le Pr Maurice Tubiana soulignait dans différentes interwievs et dans son document fort judicieux quo vadis.
« on a aussi préféré laisser se propager l’épidémie laisser se propager l’épidémie de chikungunya à la Réunion plutôt que d’utiliser des insecticides accusés sans preuve d’être dangereux. »
Il rappelait dans son document ‘quo vadis » http://www.medecine.univ-paris5.fr/IMG/pdf/Quo_Vadis.pdf que le retard dans la mise à l’écart de certains lots de sang, contrairement aux recommandations.
On rappelera selon ses propos experts pour la contamination des populations transfusées que
« La Direction Générale de la Santé avait envoyé une circulaire demandant aux
centres de transfusion sanguine d’éviter de prendre le sang de donneurs originaires d’Afrique
sub-saharienne et des homosexuels puisque les données épidémiologiques suggéraient que
l’agent responsable du sida pouvait être plus fréquemment présent dans leur sang. Cette
attitude pragmatique, qui aurait évité un grand nombre de contaminations fut violemment
attaquée, notamment dans un article du journal Libération intitulé : « Les …, nouveau groupe
sanguin». Hélas, elle fut peu, ou mal, appliquée en France, alors qu’elle avait été mise en
oeuvre sans problème au Royaume-Uni et en Allemagne. Le sentiment de discrimination
injustifiée explique que dans certains centres de transfusion sanguine des médecins ne
respectèrent pas la directive. La collecte de sang sans tri des donneurs entraîna de nombreuses
contaminations. »
« La crainte d’une contamination aurait dû conduire à ne faire de transfusion
qu’aux malades pour qui celle-ci était indispensable, c’est-à-dire en comparant les risque
(transmission du sida) et les bénéfices de la transfusion. C’est pour cette catégorie de sujet
que le nombre de sida post-transfusionnels est élevé par rapport aux autres pays. La
communauté médicale française a donc eu tort : i) ne pas trier les donneurs comme le
demandait la circulaire du ministère, ii) ne pas restreindre le nombre de transfusion en raison
du risque de contamination. Ces deux imprudences ont été liées à une insuffisante formation
épidémiologique des médecins français, iii) d’avoir un peu tardé à n’utiliser pour les
hémophiles que des produits traités et à ne pas avoir détruit les produits non traités, ce qui a
justifié la condamnation de certains médecins à la prison »
« L’histoire du début de l’épidémie de sida illustre la capacité de la médecine moderne à
identifier une nouvelle maladie, à découvrir ses causes, à définir les moyens de prévention et à
introduire des traitements qui, même s’ils ne sont pas curatifs, ralentissent fortement
l’évolution de la maladie. Mais, elle montre aussi que ces travaux prennent du temps,
qu’avant d’arriver à des conclusions solides il y a inévitablement une période d’incertitude et
de controverse pendant laquelle la culture scientifique du public joue un rôle important.
Paradoxalement, l’opinion au lieu d’être reconnaissante à la science, n’a retenu que les
aspects négatifs »
Ainsi donc les phénomènes les plus graves de ces dernières années seraient l
suite
Ainsi donc les- phénomènes les plus graves de ces dernières années seraient la conséquence des mythes bobo, non discrimination de l’origine du sang alors qu’il s’agissait ici de protéger des populations transfusée.
Le journal ‘libération’ porte une responsabilité historique très lourde dans l’épidémie de sida qui suivra. Article dans le plus pur style bobo avec des conséquences très lourdes !
Il en est de même pour les services du ministère de l’écologie et la ministre en fonction à l’époque du chikungunya , plusieurs centaine de milliers de contaminés avec des séquelles à vie pour certains, plusieurs centaines de morts. Lourd à porter pour un ministre de l’écologie, lourd à porter pour le principe de précaution, lourd à porter pour le gouvernement qui a conduit à ce résultat!
E coli et les germes bio constituent un phénomène secondaire comparés au chikungunya et bien plus grave à la transmission du virus du sida dans les années qui précèdent le chauffage des lots soit deux longues années mais avec des conséquences au-delà, les personnes transfusées contaminant à leur tour sans le savoir.
….Et si pour les OGM et leur effet sur la réduction des mycotoxines nous étions une logique proche du chikungunya , à un moindre niveau, avec la réduction de phénomènes de toxicité chronique dont l’effet favorisant de certains cancers liés à certaines mycotoxines ou plus flagrant, la réduction des cas très significative de Spina bifida avec leur adoption dans les pays gros consommateurs de maïs dans l’alimentation de base.
Certes les français sont moins exposés que les italiens de la plaine du Pô qui eux même le sont moins que les populations d’Amérique centrale ou d’Afrique australe mais des analogies beaucoup plus grossières sont proposées pour les pesticides par les écolobobos, des analogies qui n’ont pour la plupart ni queue ni tête alors qu’ici nous avons de la matière que l’on pourra décliner si nécessaire.
Ce risque ne peut être exclu pour des populations françaises qui auraient une alimentation exceptionnellement riche en maïs, surtout si ce maïs est bio comme le rappelait la lettre d' »agriculture environnement » sur le retrait de lots de maïs bio en Belgique en raison du dépassement du seuil fixé pour les fumonisines (4000ppb). Risque, certes, totalement marginal en France mais bien plus réel que ce que nous proposent nombre de journaleux sectateurs de l’inénarrable MMR à longueur de journal télévisé et d’articles de journaux.
Nier le risque de la moindre contamination par les mycotoxines du maïs bio, c’ est refaire le coup du journal libération avec le sang contaminé et la non «discrimination » de certains lots de sang à risque , certains chercheurs, chercheurs à vie qui ne trouveront jamais rien de sérieux et d’utile franchiront certainement le pas de nier l’évidence, ils l’ont d’ailleurs déjà fait , relayés par quelques journaliste irresponsables ( nombreux dans cette catégorie).
Alors cette précision utile sur l’application du principe bénéfice risque, au menu d’une scéance de l’assemblée, quelques dizaines de milliers de morts du sida transfusés sans prendre les mesures nécessaires et quelques centaines de morts du chikungunya à la Réunion, plus tard, il était grand temps ! mieux vaut tard que jamais, avant de perdre les prochaines élections, si l’on en croit les sondages, pour éviter que la majorité à l’assemblée nationale qui pourrait suivre, potentiellement différente ne puisse porter seule la correction indispensable et la mette exclusivment à son crédit et en tire tous les bénéfices.
Je ne pense pas que tous les exemples donnés par M./Mme Alzine soient pertinents.
Je citerai pour ma part l’arrêt de la vaccination systématique contre l’hépatite B d ans les collèges décidée par le bon Dr Kouchner en 1998 pour cause d’accusation de sclérose en plaques.
« « Nous nous sommes placés dans l’hypothèse où le risque est réel », a détaillé Gilles Brucker, président du Comité national de vaccination. « Dans cette hypothèse-là, il apparaissait qu’il fallait, de toutes façons, poursuivre la politique de vaccination chez les nourrissons, car il n’y a pas le moindre cas d’accident neurologique. De même, dans la population adulte, chez les groupes à risques, l’intérêt reste très largement supérieur. Quant aux préadolescents, sur une cohorte de 800 000 enfants autour de 11-12 ans, si on les vaccinait tous, on arriverait, en majorant le risque éventuel, à voir survenir entre 1 et 2 cas de sclérose en plaques. Et si on ne les vaccine pas, il y aurait alors la survenue, pour cause d’hépatite B, de 3 à 4 hépatites fulminantes, et de 12 à 58 cas de cancer du foie. » Pourtant, en dépit de ces chiffres rassurants, Bernard Kouchner a décidé de suspendre «temporairement» la vaccination de masse chez les préadolescents. »*
Prenons le texte de loi ci-dessus et regardons ce qui aurait changé : à mon sens rien.
Quel ministre – particulièrement en période électorale (ou y est maintenant en permanence) – osera dire que le risque, incertain, d’un ou deux cas de sclérose en plaques, plutôt immédiat, fortement médiatisé, mis en avant par des hordes d’anti-vaccins et autres « antis », n’est pas disproportionné par rapport au bénéfice lointain, très lointain même, forcément hypothétique pour l’opposant de quelques douzaines de maladies graves évitées ?
C’est pareil avec les OGM (Bt) et la réduction des mycotoxines. Si tant est qu’ils soient visés par le texte visé qui semble se limiter aux « produits de santé ». Du reste, « L’évaluation des risques et des bénéfices escomptés est conduite en veillant … à s’inscrire dans les principes … de contradiction ».
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* http://www.liberation.fr/societe/0101258972-l-arret-equivoque-du-vaccin-de-l-hepatite-b-en-suspendant-la-vaccination-en-6e-kouchner-relance-les-suspicions
Et une très saine lecture d’un excellent pédagogue (Jean-Daniel Flaysakier) :
http://www.docteurjd.com/2011/12/27/implants-mammaires-sante-publique-politique-quand-les-decideurs-ne-savent-a-quel-saint-se-vouer/
« Le principe de précaution ne peut pas être « raisonnable». Il demeure une insulte à la raison. »
Citation tiré de cet essai – dont je vous suggère la lecture :
Jean de Kervasdoué.– La peur est au-dessus de nos moyens, Plon, janvier 2011.
http://livre.fnac.com/a3254650/Jean-de-Kervasdoue-La-peur-est-au-dessus-de-nos-moyens