Les ambiguïtés de Sarkozy au monde agricole

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Dans cette interview parue aujourd’hui, le président candidat reprend le refrain bien connu de « L’environnement, ça suffi ». Analyse de certaines extraits :

Que comptez-vous faire pour rendre les règles environnementales moins complexes et plus lisibles ?

« Ce qui pose un problème, ce sont les contrôles tatillons sur des textes parfois difficiles, voire impossibles à appliquer, et pouvant donner lieu à interprétation. Il faut absolument que les administrations de l’Agriculture et de l’Environnement dialoguent pour appliquer les normes. »

Notre commentaire : certes, mais l’imbroglio réglementaire est un vrai casse-tête. Les cabinets ministériels qui se succèdent ne dénouent pas ce sac de nœud. Résultat : les producteurs ne voient aucune modification sur le terrain et les textes continuent à être impossibles à appliquer.

Les agriculteurs ont été un peu troublés de vous voir choisir la ministre de l’écologie comme porte-parole pour votre campagne…

Ils auront certainement noté que j’ai demandé à François Fillon de prendre en charge son ministère, ce qui est un signe. Nathalie Kosciusko-Morizet est quelqu’un de très intelligent, ouvert, ayant parfaitement géré son ministère et qui est tout le contraire d’une personne sectaire.

Notre commentaire : NKM est particulièrement ouverte à la discussion…avec les faucheurs.

Faut-il, en France, accepter ou non les OGM ? L’Etat donne des signaux contradictoires.

Là où vous voyez des signaux contradictoires, je vois au contraire de la cohérence et de la mesure. Nous n’avons pas accepté la culture du maïs Mon 810 et nous avons décidé de prendre une nouvelle clause de sauvegarde le concernant, à la suite de l’annulation de la précédente clause par le Conseil d’Etat.

Cela ne signifie pas que nous sommes totalement opposés aux OGM. Nous avons fait voter une loi en 2008 qui n’interdit pas leur culture mais la soumet à des conditions particulières, il est vrai rigoureuses, pour lesquelles les textes d’application sont en train d’être publiés. Ainsi le seuil d’étiquetage des OGM a été fixé à 0,1 %, ce qui est cohérent puisque c’est le seuil de détectabilité.

Et nous avons notifié à la Commission européenne les distances que doivent respecter les agriculteurs entre les OGM et les cultures conventionnelles voisines. Je reste attentif à ce que dira la Commission concernant des OGM ayant subi des conditions d’évaluation renforcées et nous appliquerons alors la loi sur les OGM de 2008. Il est normal que nous appliquions le principe de précaution vu les problèmes de dissémination.

Donc certains OGM pourraient être acceptés par la France ?

Si les conditions scientifiques sont garanties, bien sûr, ce n’est pas une opposition de principe.

Notre commentaire : On navigue en pleine contradiction ! D’un côté, on autoriserait les OGM, de l’autre, on fait tout pour en empêcher la plantation. Tous les scientifiques savent que le seuil de 0.1% est inapplicable ! L’imposer signifie donc interdire de fait toute culture d’OGM en France.

Et pour le MON 810, nous en avons déjà beaucoup parlé ici : affirmer pratiquer une politique cohérente en interdisant le MON 810 sous la pression de quelques faucheurs et sans aucun argument scientifiques valable, c’est faire de la com’ et non de  la politique.

15 commentaires sur “Les ambiguïtés de Sarkozy au monde agricole

  1. 1- Les règles environnementales sont issus des lois européennes… donc il doit imposer à l’UE de lâcher la bride, comme les allemands le font pour leur propre filière agri/iaa

    2- NKM, la mauvaise foi incarné, et on l’a vu, le mensonge et la falsification en guise de méthode de travail. Excellent choix pour la campagne.

    1. Il existe, en effet, des directives européennes, adoptées par nos représentants.
      Le « Grenelle de l’environnement » et toutes les lois qui en ont découlé en rajoutent une bonne couche. Une couche inextricable.

      La « loi sur l’eau », par exemple….
      Trois administrations sont susceptibles de dresser un P.V. à quiconque met un petit doigt dans un ruisseau ou un fossé.
      Qu’est-ce qu’un « cours d’eau »? Chacun sa définition d’un cours d’eau et de ce qui est autorisé.
      – la police de l’eau et des milieux aquatiques (PEMA) basée dans les DDT (Ministère de l’agriculture)
      – l’office national de l’eau et des milieux aquatiques (ONEMA) et l’office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) (ministère de l’environnement)
      – et bien sûr la gendarmerie, la police et les maires…

      Les riverains de cours d’eau ont toujours eu obligation d’entretenir leurs rives, et même le lit. Cette obligation demeure, mais en pratique on ne peut plus rien faire sans risquer de se retrouver au Tribunal (nombreux cas).
      Telle ou telle pratique de nettoyage entraîne t’elle une déclaration, ou une demande d’autorisation? Dans chaque département on attend que le Préfet tranche entre mes administrations des deux ministères!

  2. …c’est faire de la com’ et non de la politique.

    Bien que faire de la politique ne se résume pas à faire de la com, faire de la politique c’est d’abord faire de la com. C’était déjà le cas du temps de Jules César et encore de celui de Bonaparte.

  3. « faire de la politique c’est d’abord faire de la com. »

    Il serait toutefois plus satisfaisant de recevoir de l’ « information » plutôt que de se voir bombarder par de la « com’. 🙂

    1. Le boulot consistant à nous donner de l’information revient aux journalistes. Si les journalistes faisaient sérieusement leur boulot, les politiques seraient moins à l’aise pour nous bourrer le mou.

      Les journalistes « à la française » ne sont pas des journalistes, ce sont des militants. Ils font la com des politiques. Ce sont des larbins, et en plus ils ne perçoivent pas de gages. La servitude volontaire, comme eût dit La Boétie ! Si cela ne concernait que leur servitude à eux, ce serait un moindre mal. Mais ils nous y emmènent avec eux !

  4. Déjà faut lui reconnaitre l’abandon des lâchers d’ours!
    Ensuite un rééquilibrage des aides des céréaliers vers l’élevage, là aussi ça ne plait pas à tout le monde…
    Pour les ogm on peut comprendre son attitude complètement contradictoire et confuse quand la majorité de la populace va dans le sens des faucheurs! Et pareil chez les agris,!
    Par exemple la pétition « Marre des Faucheurs » émise depuis un forum agricole comptant au moment de sa lancée près de 6000 membres, certes pas tous agriculteurs, ne portant pas non plus spécifiquement sur l’opinion ogm, n’a reçu même pas 2000 signatures, alors oui ce n’est pas gagné!!!
    @ Cultilandes
    Il était question lors de sa première campagne de fusionner ces 2 ministères Ecologie et l’Agricole,
    Ca arrangerait peut-être la communication entre les services, mais de là à avoir de ces accords fusionnels… Déjà les fusions DRIRE/ DIREN et DDA/DDE devaient voir simplifier les choses, mais sur certains sujets c’est plutôt l’embrouille totale!

    1. 1/ Pétition « Marre des faucheurs ».
      Par prudence ou par conviction, les pétitionnaires ont voulu défendre leur tournesol muté en réfutant l’assimilation à un « OGM » et protester essentiellement contre le caractère illégal et violent du saccage des « faucheurs ». Bien qu’ils aient recueilli des signatures de personnes qui les soutiennent sans pour autant approuver les transgénèses inter-espèces, le faible nombre de signatures est inquiétant quant à la solidarité professionnelle et au sens civique.
      Mauvaise conception du site de la pétition? Indifférence? Renoncement à comprendre? Refus des biotechnologies? Idéologie marxiste? Peur d’exprimer ouvertement son opinion?

      2/ Ministères…
      Fusionner des administrations sans toucher aux particularités, hiérarchies, prébendes…
      De toutes façons, progressivement, toutes les institutions publiques, agricoles et para-agricoles sont imprégnées de l’état d’esprit « écolo ». Cela se fait par l’état d’esprit général, par la carotte (aides et emplois publics), par le bâton (réglementations), par le recrutement de jeunes pré-formés dans cet esprit…

      Ce pays est foutu.

  5.  » Une autre question aurait pu être posé »:

    Le coût, des mises aux normes pour le bien être animal , entre autres dans le secteur porcin, qui doivent être en place pour le 31 décembre 2012, va lourdement handicaper les éleveurs déjà touchés par plusieus années de crise.
    Ces mises aux normes pour le bien être animal ont été demandé par la société mais plus encore par les associations de défense et pour le respect des animaux destinés à la consommation humaine.

    Aujourd’hui de nombreux éleveurs se sentent floués puisque de nombreux abbatoirs égorgent les animaux vifs (sauf les porcs bien sûr) pour les consommateurs de viande dite « halal »!!!

    Où est le bien être animal dans ce cas bien précis? et pourquoi alors obliger de nombreux éleveurs à risquer la faillite pour ce soit disant bien être animal?

    Une dernière remarque, les associations de défense des animaux sont étrangement muettes face à ce rituel halal !!!!

    1. Entre 10 & 12% d’éleveurs de porcs renonceraient aux nouvelles mises aux normes, c’est énorme!
      Et pendant ce temps là des projets toujours + faramineux* qui scandalisent ces chers zescrolos comme l’opinion qui ne supporte pas de voir l’agriculture s’industrialiser, mais ce sont justement ceux là qui pourront le mieux s’adapter aux exigences toujours plus pointilleuses des nécrologistes!
      * 1000 vaches laitières dans la Somme, 20 000 m2 de poulailler pour 500 000 poulets dans le Gers, les 2 vivement critiqués par les riverains, les consommateurs et aussi les agriculteurs!
      Mieux encore, ce ne sera pas dans ces grosses unités qu’on verra des situations aussi dramatiques, en général qui révoltent les lecteurs, d’abandon de bêtes que l’éleveur ne peut plus assumer!

      1. Pourquoi critiquer ces projets de grandes entreprises agricoles? Elles n’ont pas assez de surface d’épandage? Ces projets ne respectent pas les législation sur les ICPE? On risque de concurrencer efficacement les grandes fermes allemandes?

    2. Les « mises aux normes » sont souvent impossibles pour les petits élevages et sont l’occasion pour ceux qui y passent, d’agrandir leur élevage.

      Dans ma région, la suppression des cages individuelles dans les salles de gavage de canards pose problème. Cela se fera, certes, mais beaucoup d’éleveurs abandonneront le gavage plutôt que d’investir.
      Si les cages individuelles, dans lesquelles les canards ne passent que les deux dernières semaines de leur vie, après avoir généralement vécu en plein air, ont été inventées pour une meilleure productivité. La productivité résulte d’un travail plus rapide, plus aisé, mais aussi d’une bonne santé des animaux avec moins de mortalité, de blessures…
      Les premiers qui ont investi dans des cages collectives, aux nouvelles normes, travaillent plus péniblement, moins rapidement, en blessant davantage les canards qui se blessent aussi entre eux… Au total: des dégâts de santé pour les éleveurs et pour les canards, une perte de qualité de vie et de revenu.

      1. Et une perte de bien être pour les canards. Au nom de leur bien-être ! L’enfer est pavé de bonnes intentions et de bêtise. Plus je vois ce que je vois, plus je pense que les militants sont tous des imbéciles. Et plus j’ai le sentiment que nous sommes encerclés par un nombre grandissant de militants de toutes sortes de causes.

    3. «  » »Une dernière remarque, les associations de défense des animaux sont étrangement muettes face à ce rituel halal !!!! »

      Sauf Brigitte Bardot…….

  6. Sauf Brigitte Bardot…….

    Cliqué trop vite!!

    Mais on n’en parle pas trop parce qu’elle ne vocifère pas du bon côté de l’échiquier franco-français!

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