L’absurdité du « sans pesticides »

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fulMartine Valo, journaliste environnement au Monde nous en donne un petit aperçu dans un article publié il y a quelques jours.

 Pas de terre ni de soleil, pas de campagne ni de pesticides non plus : les salades et les poivrons de la Ferme urbaine lyonnaise (FUL) se développent en pleine ville, dans une atmosphère confinée et aseptisée. L’ancienne serre de 50 m2 qui les abrite est installée sur le campus de LyonTech-la Doua, à Villeurbanne (Rhône). Dans une des deux pièces aux parois obscurcies, surmontée de puissantes rampes de LED, a lieu un drôle de ballet de plants de batavia, de choux rouges, de sauge, d’aneth, d’aubergines, de piments, de thym ou de basilic, tous alignés sur un tapis roulant qui les transporte sur trois étages.

 

Au niveau inférieur, des fraises des bois en fleur s’avancent vers la station d’arrosage. Pour elles, c’est la belle saison : la température ambiante est maintenue à 24 °C. L’eau dans laquelle trempent brièvement les godets est ensuite filtrée, traitée par une lampe UV et réutilisée. A l’arrière, de nouveaux végétaux plantés dans un substrat composé de fibres de coco se réveillent dans la pouponnière. Lorsqu’ils arboreront quatre ou cinq feuilles, un robot les déposera sur le tapis roulant et le cycle reprendra. Le système de climatisation, l’ordinateur qui mesure chaque paramètre, les réservoirs d’eau enrichie de sels minéraux occupent la moitié restante de la serre.

Production locale et sans pesticides, quoi de mieux pous nos populations urbaines boboisées ? Depuis quelques années, cette mode a en effet envahi nos villes. Jusqu’à maintenant, quelques entreprises du type « la Ruche qui dit oui » ou encore des AMAP répondaient à cette demande. Mais les technologies avancent : on est maintenant capable de faire pousser en pleine ville et toute l’année des produits sans phytos. Facile ! pas de pluie,  pas de ravageurs,  hygrométrie et apports nutritionnels contrôlés, lumière artificielle…Sauf que…il n’y a plus de terre, ni de soleil, bref pas de terroir. Et là, ça commence à poser problème ! Reste donc à savoir comment les populations urbaines vont réagir. A la clé, un marché potentiel énorme !

 

 

2 commentaires sur “L’absurdité du « sans pesticides »

  1.  » A la clé, un marché potentiel énorme ! »
    Mais rien n’est dit sur le prix de tels produits végétaux.

    On notera que l’on peut faire exactement la même chose avec des volailles, c’est justement le mode d’élevage dénoncé par la presse bobo qui dénonçait aussi le hors sol sur laine de verre ( plus sain que la fibre de coco pour les maladies végétales), mais avec soleil naturel.

    Nous sommes ici dans la logique du meilleur des mondes. c’est l’artificiel poussé à l’extrême.

    On flaire cependant la bobo supercherie, facile à démontrer, si le système était si efficace et permettait de produire à un prix raisonnable, les chinois et leurs gigantesques cités ou les indiens auraient largement développé le concept et ne feraient pas l’acquisition de terres ailleurs dans le monde, en particulier en France.

    Il existe enfin toujours dans un tel système aseptisé des bugs, tant que les matériaux sont neufs et tout est filtré au maximum, la qualité de la désinfection à coeur vérifiée et reverifiée, c’est la période préindustrielle, l’asepsie est possible. Les fibres de coco c’est certes naturel mais bien plus exigent que la roche minérale ou la fibre de verre en terme de désinfection . Rapidement quelques spores de maladies ou des bactéries vont entrer, on peut penser à des maladies comme l’oïdium qui aime ces conditions idéales et dans ce cas la belle mécanique verra ses limites, avec une contamination d’autant plus rapide que le milieu est aseptisé donc non résilient. Enfin sa seule qualité est le sans pesticides … un peu court comme qualité vu les risques liés aux autres contaminants notamment liés aux matériaux, aux process et aux contaminants de la ville que l’on ne sait pas filtrer à un prix acceptable notamment les Cov, hap infiniment plus préoccupants que les pesticides en milieu urbain.

    Nous sommes en ville et si la filtration des microparticules est facile, celles d’autres gaz toxiques produits par la ville: HAP, benzène, divers Cov, vont se retrouver dans ces milieux et les plantes, comme dans tout ce qui est produit en environnement urbain. En sus des maladies qui passeront les barrières sur le maillon faible du dispositif.

    Mais l’important reste de vendre le concept, de trouver des investisseurs naïfs, les pouvoirs publics par exemple et de les tondre ensuite le système montrera ses limites dans sa phase de développement mais trop tard pour les investisseurs extérieurs.

  2. Finalement c’est une bonne chose que les bobos en viennent à l’agriculture la plus artificielle qui soit ( pas de terre…) , la plus intensive possible ( rendement/ ha),la plus consommatrice de capital possible etc….tout en se rendant compte que ce n’est pas si facile techniquement. Sans doute que ceci amènera les bobos à être plus ouverts et plus compréhensifs vs agriculture productive.Cela dit, le marché des fermes urbaines restera sans doute pour un bon moment un marché de niche.

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