Fruit d’une longue enquête sur le dessous de la filière apicole, ce livre n’est pas tendre avec les aficionados du miel qu’ils achètent « à un petit producteur sur le marché ». Car loin de la vision artisanale, c’est bien l’industrie mellifère internationale qui se révèle aux yeux du lecteur. C’est ce qui explique les titres des recensions parues dans la presse ces derniers jours : « Le miel, la Chine et les bobios » (Le Point), « Faux miel et corruption : l’enquête qui butine dans le commerce mondial du miel ».
Quelques chiffres illustrent bien le caractère détonnant de cette enquête bienvenue :
- les ¾ des miels vendus en France le sont via des circuits longs et 56% en grandes surfaces.
- La moitié (47%) des miels vendus en direct est importée
- En 10 ans, la production française est passée de 25.000 tonnes (2004) à 13.000 (2014)
- Les exportations de miel asiatique ont augmenté de 200% en 10 ans, alors que le nombre de ruches en Chine n’a augmenté que de 13% dans le même temps. Vous ne trouvez pas ça curieux….
- 1,57 € , c’est le prix moyen du kilo de miel chinois importé en Europe, alors que le prix du kilo vendus par les apiculteurs français aux conditionneurs varie de 4 à 15 €.
Tout cela montre combien l’industrie du miel et la filière apicole ont besoin de se structurer en profondeur pour sortir du flou.
« La seule certitude, c’est qu’il est malheureusement fort possible que le miel de thym que de jeunes parisiens vont amoureusement acheter cet été, sur les petits marchés du Lubéron, pour les petits déjeuners de Gaspard et Zélie, soit « made in China » » : la conclusion de l’article de Pierre-Antoine Delhommais consacré au livre et publié dans Le Point le 13 juillet dernier est hélas aussi délicieuse qu’une bonne tartine de miel en plein été.
Cela me rappelle une discussion que j’avais eu avec une collègue très bobo-bio il y a quelques années. Elle me vantais son miel bio acheté à un petit producteur local… dans une bouteille en plastique… Exaspéré par ces « arguments », j’ai pris la bouteille, je l’ai retournée et découvert en bas de l’étiquette, écrit en tout petit : Miels hors communauté européenne !!!
Elle prit la bouteille et la jeta immédiatement à la poubelle.
Le délire après a été de voir ses contorsions « intellectuelles » pour tenter de sauver son « soldat Ryan » d’apiculteur bio local !!!!
Dissonance cognitive totale !!!
Il est en effet plus rentable de vendre du miel chinois que de produire en France mais l’étiquetage devrait permettre au consommateur de le savoir. La vente en » circuit court » sur les marchés locaux de miel local, alors qu’il est chinois, est tout simplement de l’escroquerie ( donc , en principe= prison). Les contrôleurs de l’état ( répression des fraudes et autres…) ferment les yeux alors qu’ils connaissent parfaitement le problème . En France, si on fait partie du camp du bien ( petits apiculteurs….) on peut escroquer les gens mais pan-pan-cul-cul si on fait partie du camp du mal ( en gros, ceux qui réussissent mais qui ne sont pas assez puissants pour soumettre les états). Un autre système consiste à redonner une virginité au miel chinois en l’important en Allemagne, où il devient du miel européen si il est réexporter dans un autre pays d’europe! Elle est pas belle la vie?
Les apiculteurs n’écrivent toujours pas sur les étiquettes qu’il est très dangereux de donner du miel à un nourrisson ( risque de botulisme = hôpital d’urgence!!) . L’état qui se dit » protecteur » , en particulier des enfants, s’en moque et la filière se refuse à dire la vérité pour ne pas entacher son image. Évidemment silence sur les antibios et autres résidus dans le miel.Il y a une connivence à tous les niveaux pour tromper le consommateur , y compris au niveau des ONG , prétendument du côté du consommateur.In fine, cela ne rendra pas service à cette filière qui perdra sa crédibilité par manque de gouvernance et de professionnalisme.De toute façon, on mange déjà trop de sucre.
Les dernières année les affaires de fraude dans le miel montrent que c’est souvent des miels d’Espagne qui sont revendu sur les marchés sous étiquette producteur .
Certains apiculteurs ont une double casquette de producteur et de commerçant en miels ce qui leur permet de s’approvisionner auprès des importateurs de miels en toute légalité .On trouve ainsi du miel de thym , des miels de chêne d’Espagne coupé avec du miel de fleurs revendu en miels de foret local sous étiquette « producteur «