Hier soir, Eric de la Chesnais, journaliste « agricole » du Figaro nous pond un article avec un titre bien accrocheur : « Des agriculteurs très divisés autour du glyphosate ». Sur la forme, notre journaliste fait son travail, il interroge toutes les parties : les « pour » le maintien de l’autorisation du glyphosate et les « contre ». Ce qu’il oublie de dire, c’est que ces derniers sont représentés par les agriculteurs bio (et encore, ceux qui ne le sont pas devenus par défaut…), soit 6,2% de la SAU française.
Dire que les agriculteurs sont divisés sur la question est donc un bel abus de langage ! La quasi-totalité de la profession est pour le maintien de l’autorisation du glyphosate et prévoit une catastrophe dans le cas d’une décision contraire.
Encore un journaliste qui devait être fâché avec les math: le raisonnement logique n’est pas dans ses possibilités. Les idéologues bio aimeraient sans doute que le glyphosate soit interdit pour que les autres agriculteurs en bavent autant qu’eux: ils ne sont pas seulement maso , ils sont aussi méchants.
Ca me fait penser à la définition d’un journalisme objectif, donné par Woody Allen ou Pierre Desproges, ou un autre, je ne sais plus…
Un journalisme objectif, c’est donner 5 mn de parole aux juifs et 5 mn à Hitler
Eric de la Chesnais, un nom prédisposé pour donner la gueule de bois aux agriculteurs tellement ses démonstrations relèvent d’un degré… alcoolique élevé, fut neuf ou pas, faut sacrément picoler pour tenir un raisonnement aussi nul!
Indépendamment de cela la stratégie de communication du monde agricole est très minimaliste et traduit un manque de vision, une absence de compréhension des moteurs de la communication.
Nous venons de voir un navet américain (interstellar) dans lequel il est fait référence aux tempêtes de poussière, navet superbe avec pas mal d’incohérences mais soit.
Toutefois les tempêtes de poussières décrites dans le film ne sont pas une fiction. Elles ont bel et bien existé, avec la destruction des récoltes, des champs, l’ensevelissement des villages par la terre transportée par les vents qui soufflent fort dans les plaines américaines. La ruine des agriculteurs a suivi, des conséquences sanitaires effroyables, car les nuages de poussières sont aussi à l’origine de diverses maladies respiratoires et peuvent aussi induire des cancers du poumon ( en particulier en cas de forte teneur en silice ou sable). Tout cela a existé entre 1930 et 1940, 4 ou 5 années sur la décennie avec le phénomène terrible et un roman extraordinaire sur les conséquences, les raisins de la colère de Steinbeck. L’Homme était dans ce cas clairement responsable: il labourait le sol à l’excès et laissait la terre à la merci des vents très fréquents dans cette partie du monde.
Comme solution les services chargés de l’agriculture américains ont inventé le non labour, très efficace pour éviter les tempêtes de poussière mais technique très difficile à gérer vis à vis des mauvaises herbes… jusqu’à l’arrivée du glyphosate, miraculeux pour les agriculteurs en 1974… technique offerte également aux agricultures des pays tropicaux confrontés également à l’érosion mais plus par les fortes pluies dans ce cas.
Qu’est ce que recommandent ceux qui prônent l’abandon du glyphosate, le retour au labour. Le labour c’est bon car c’est bio qu’ils disent (largement adopté par l’agriculture biologique et indispensable à l’agriculture biologique mais l’agriculture biologique en France ne représente que 6% des surfaces utiles agricoles, principalement des pâturages toujours en herbe, donc négligeable en terme de risque d’érosion du sol, quantitativement).
Bref comme solution à l’abandon du glyphosate une exposition à des risques tant environnementaux (perte du sol qui part à la mer, coulées de boues qui obstruent les routes, modifications du paysage), que sanitaires avec les particules de sol qui s’ajoutent, massivement, à celle des polluants chimiques dans l’atmosphère notamment issus du chauffage et des engins à moteur et créent les épisodes à microparticules si sympathiques à vivre pour les citadins plus exposés, les nuages de poussière voyagent sur plus de 100 km et il est recommandé d’arrêter le travail du sol en cas d’épisode particulaire.
Le maintien de l’agriculture sans labour n’est pas un enjeu pour les agriculteurs, contrairement à ce que les syndicats agricoles communiquent mais pour l’ensemble des citoyens. L’agriculture sans labour devrait d’ailleurs recevoir des subventions pour cela, comme les bios et avec plus de raisons que les bios, dont l’activité est certes louable puisque répond avant tout à un besoin du citadin mais enjeu qui reste commercial, le bio n’est d’ailleurs plus subventionné du tout en Allemagne, le bio est simplement plus cher pour mieux rémunérer celui qui le produit.
Plutôt que de chiffrer leur manque à gagner dont le citoyen se bat les cotes, expliquer clairement les bénéfices de l’abandon du labour aurait été un argument autrement plus porteur pour défendre ce désherbant qu’il soit ou pas responsable d’un petit excès de cancer chez ceux qui l’appliquent et uniquement chez ceux qui l’appliquent et qui peuvent dans tous les cas se protéger comme pour le citoyen lambda la manipulation de tout produit chimique, dont l’essence lorsqu’on fait le plein ( avec les gants et en évitant de respirer les vapeurs qui sont classées cancérigène certain ) ou lors d’opération de peinture chez soi (nombreux cancérigènes certains dans les peintures, solvants pires que ceux des pesticides).
Au passage dans le glyphosate formulé, pas de solvant, le produit est hydrophile, mais des surfactants, qui permettent l’étalement de la goute de bouillie, comme dans les lessives les plus écolos.
Ici un vent de sable d’origine saharienne qui traverse la Guadeloupe: http://www.guadeloupe.franceantilles.fr/actualite/environnement/pollution-de-l-air-l-alerte-rouge-declenchee-450312.php
La pollution urbaine renforce le phénomène de pollution liée à la poussière de sable. Contre le vent de sable l’Homme ne peut rien, en revanche , il peut éviter de générer des mini Dust Bowl en France en conservant le sol… et en maintenant l’usage du glyphosate jusqu’à la mise au point d’un produit ayant les mêmes propriétés et aussi durable.