La percée de l’extrême gauche sous la bannière de la NUPES n’aura échappé à personne. Son programme est pourtant peu connu des Français malgré un florilège de propositions complètement hors-sol et irréalistes qui ont de quoi faire peur. Pour le seul secteur de l’agriculture, les mesures mortifères et intenables se succèdent au pas de charge. Sous prétexte d’une « planification écologique citoyenne » la NUPES prépare la mort d’une agriculture déjà malmenée. Quand l’idéologie entre dans les champs, les récoltes sont exécrables…
Les mots ont-ils encore un sens en politique ? A lire le programme « écologique » et agricole de la NUPES, la réponse ne peut-être que négative. Alors que la question de la souveraineté alimentaire se pose avec une acuité particulière depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, l’extrême gauche sous influence mélenchoniste pense nourrir les Français grâce à un coup de baguette et une formule magiques « agriculture écologique et paysanne ». Comme si l’agriculture d’aujourd’hui n’était pas respectueuse de la Terre et n’était pas le fait d’agriculteurs soucieux de leur outil de travail.
La NUPES se fourvoie sur le diagnostic et se prend les pieds dans le tapis dès lors qu’elle déroule ses mesures dont la longue liste ferait presque rire si cela ne mettait pas en péril l’avenir de milliers d’agriculteurs, le pouvoir d’achat des Français et l’environnement.
Première promesse et pas des moindres : la création de 300 000 emplois agricoles « pour instaurer une agriculture relocalisée, diversifiée et écologique ». L’horizon est radieux quand on fait fi de la réalité… Comment penser une seconde que 300 000 personnes vont s’engager dans le travail de la terre quand on sait que des milliers d’emplois dans le secteur ne trouvent pas preneurs aujourd’hui ? Comme si le bio (pardon la bio) allait par magie susciter des centaines de milliers de vocations… On connait l’échec de la plate-forme « Des bras pour ton assiette » lancée par le gouvernement pendant le confinement pour demander des renforts de main-œuvre.
Le bio ne fait rêver qu’une petite élite citadine qui a juré la mort d’une agriculture sans cesse caricaturée et qui serait aux mains des « lobbies de l’industrie agrochimique ». La NUPES vise la fin du recours des « engrais et pesticides de synthèse » avec interdiction immédiate des plus « dangereux » : « glyphosate et néonicotinoïdes ». Une dangerosité qui ne repose sur aucune réalité scientifique et dont l’utilisation du terme s’inscrit dans une volonté délibérée de confondre « danger » et « risque ». Une distinction évidente chez les scientifiques, mais dont ne s’embarrassent pas les ONG environnementalistes qui se fabriquent des chevaux de bataille pour justifier leur existence même.
Interdire les engrais et les pesticides est totalement irréaliste et la généralisation du bio (pardon de la bio décidemment !) est une chimère qui n’entrainera qu’une pénurie de produits agricoles et donc la mise en branle d’un engrenage terrible. Plus d’importations, plus de pollution, moins d’emplois en France. Le serpent NUPES se mort la queue et pense poursuivre sa fuite en avant avec une politique du « y a qu’à, faut qu’on » qui rappelle les heures pas vraiment heureuses du soviétisme triomphant.
« Prix planchers », « encadrement des prix agricoles », mise en place d’« une réforme agraire ». Ce socle commun à la gauche, décati et inapplicable, connaît toutefois des petites retouches selon les partis rassemblés au sein d’une même force juste le temps d’une élection. Ainsi, le Parti socialiste « proposera que l’objectif en 2050 de convertir 100 % de la surface agricole utile à des pratiques agroécologiques, sans se limiter au bio ». Une lueur de bon sens qui n’empêchera pas les représentants de la NUPES de sombrer dans une « planification » soi-disant écologique, et surtout insensée, symbolisée par une personnalité comme Aymeric Caron. Journaliste fraichement élu député malgré une écologie radicale conceptualisée les deux pieds dans le béton de la 18e circonscription de Paris.
Si François Ruffin appelle à la vigilance pour ne pas « devenir la gauche des métropoles », il faudra sortir des symboles et de l’idéologie pour se reconnecter à la réalité. Investir l’hémicycle sans costume ni cravate en se pensant proche du peuple et du monde rural ne constitue pas une politique. Travailler ses dossiers sans se cacher derrière l’idéologie et est bien plus difficile, mais aussi bien plus utile. A bon entendeur… !
« Une dangerosité qui ne repose sur aucune réalité scientifique et dont l’utilisation du terme s’inscrit dans une volonté délibérée de confondre « danger » et « risque ». Une distinction évidente chez les scientifiques… »
Pas tous, hélas.