Maladies professionnelles agricoles : le « cherry picking » de FNE

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Publié par France Nature Environnement début décembre, ce « kit pour renouer le dialogue » a toutes les apparences du sérieux. Et effectivement, sur la question phytos, le document semble bien plus modéré dans son expression que les publications de Générations Futures ou d’autres associations anti-pesticides.

Une fiche nous a quand même interpellés, celle sur les maladies professionnelles. Petit rappel pour ceux qui, abreuvés par la propagande certaines ONG, pensent que les agriculteurs tombent comme des mouches après avoir pulvérisé des pesticides, c’est tout le contraire : ils vivent globalement plus longtemps et ont globalement moins de cancers que la population générale. La première cause des maladies professionnelles reconnues en agriculture, ce sont les troubles musculo-squelettiques qui handicapent fortement les retraités agricoles.

Le lien maladies professionnelles / usage de produits phytosanitaires est évidemment une question très délicate. Nier ce lien, c’est renoncer à chercher des solutions pour que les agriculteurs continuent à vivre de leur travail tout en conservant une bonne santé, aussi longtemps que possible. L’exagérer, c’est ne pas voir les autres pathologies professionnelles bien plus fréquentes, dont les agriculteurs souffrent, comme les troubles musculo-squelettiques.

La publication de FNE rentre dans cette deuxième catégorie avec ce genre de présentation :

X 2,3 pour la maladie d’Alzheimer, x 5.6 pour la malade de Parkinson. Ces chiffres ont de quoi affoler. 1er manquement de FNE, l’absence de source !  Avec un peu de recherche, on découvre que ces chiffres ont été publiés par l’association anti-phytos Générations Futures. Pas vraiment une référence…  L’étude à laquelle Générations futures fait référence date de 2003 et porte sur une cohorte des années 1990.

Si l’on cherche maintenant des données un peu plus récentes, on trouve celles de Santé Publique France…

Environ 1800 nouveaux cas par an se sont déclarés chez les exploitants agricoles âgés de 55 ans et plus, ce qui correspond à une incidence de 13 % plus élevée que chez les personnes affiliées aux autres régimes d’assurance maladie.

Les risques relatifs (RR) et intervalles de confiance (IC) à 95% ont été estimés par régression de Poisson. Résultats : l’incidence de la MP était plus élevée parmi les affiliés à la MSA (RR=1,09, IC95%: [1,05-1,13]), notamment les exploitants agricoles (RR=1,13 [1,08-1,17]), par rapport aux autres régimes d’assurance maladie.

….qui observe une incidence plus élevée de la maladie de Parkinson chez les agriculteurs mais très loin du x 5,6 de FNE….

Quant à la maladie d’Alzheimer, la récente expertise de l’Inserm « Pesticides et santé – Nouvelles données (2021) » reste très prudente. Elle conclue à la présomption moyenne d’un lien avec l’usage des phytos. Cette précaution scientifique est loin du discours de FNE…

Au passage, pour la maladie d’Alzheimer, FNE aurait pu mentionner cet article de La Croix (pas franchement un journal aux mains de l’agrochimie) informant qu’une étude menée auprès de 1 000 retraités agricoles concluait qu’en vingt ans, la maladie d’Alzheimer a baissé de 38 % dans cette population. Mais là, c’est peut-être trop en demander.

8 commentaires sur “Maladies professionnelles agricoles : le « cherry picking » de FNE

  1. La roténone, un des insecticides bio le plus utilisé a été retiré du marché en Europe en 2008 et en France en 2011, à cause de ses effets neurotoxiques reconnus, il suffit de regarder sur wikipedia!
    Et l’huile de neem?

  2. Hier en allant faire ma commande de Maïs , nous avons abordé avec le technico le traitement de semence corbifuge (anti- corbeaux) encore disponible (le seul visiblement est visiblement la pire des Mdr)
    Pour vous dire , il est hors de question d’avoir des semences traitées au Korit 420 FS ( Zirame ) dans son magasin .
    Visiblement même les semenciers dans les stations d’ensachage (donc bien protégé) ne souhaite pas l’utiliser .
    Donc ont à retiré du marché des molécules pas trop toxiques pour nous laisser avec la pire des Mdr qu’il existe .
    Vraiment , un grand bravo à celles et ceux qui ont décidé de nous empoisonner (le Zirame étant connu depuis longtemps pour sa toxicité ) .

      1. Je crois que ça veut dire rėglements relatifs aux dispositifs médicaux ou…..mort de rire ( mais pas très adapté dans ce contexte)

    1. je confirme ! la matière active (Tirame) est H 330 « mortel par inhalation »sous forme vapeur et c’est incompréhensible que ce soit celle ci comme solution qui soit proposé aux agris (et il est indispensable d’en avoir une devant le pb des corbeaux ou autres) .
      Si on peut l’utiliser sans risquer sa santé , c’est quand même le pire produit que nos agris ont entre les mains . Là , les manipulations doivent se faire de façon sérieuse (masque poussière minimum et gants obligatoire ) . Bon nos agri ne sont pas exposé aux vapeurs mais aux poussières ce qui est déjà largement suffisant comme risque à gérer.

          1. Pâ grave du tout , de toute façon leurs modes d’action est très similaire .
            Par contre comme vous le dite très justement Yann , c’est quand même le pire produit que l’ont à entre les mains .
            Niveau toxicité je ne sais pas mais je pense que cela doit-être équivalent à prendre une douche dilué avec du Lindane .
            Mais ce qui est grave pour les personnes qui ont « re-autorisé » cette molécule pour les traitements de semence c’est qu’elle est connue depuis longtemps pour être extrémement toxique si on la compare avec l’ancienne .
            Alors cherche t’on à nous faire sciemment mourir ou bien le ou les abrutis qui ont ré-homologué ce produit
            sont-ils des bons à rien ??? (je penche vers la seconde possibilité) .

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