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Halte à la croissance ? Club de Rome, 1972.
C’est à la demande du Club de Rome, fondé et présidé par Aurelio Peccei, qu’une équipe du MIT dirigée par Jay Forrester et Dennis Meadows a été chargée de mener un travail de prospective sur « les dilemmes de l’humanité ». Financée par la Fondation Volkswagen, cette étude a été publiée en douze langues, avec une vaste opération de relations publiques qui a permis de faire un maximum de bruit autour de la notion de « ressources limitées ». Au total, le rapport est traduit en trente langues et publié à douze millions d’exemplaires. Aurelio Peccei avait imaginé un plan étudié jusque dans ses moindres détails : d’abord, un grand choc culturel, avec l’idée selon laquelle les ressources sont limitées et un désastre, imminent ; puis, l’influence du pouvoir politique et de la communauté scientifique ; et enfin, la réalisation des projets de limitation de croissance. Pour Peccei, « notre but consistait à mener une opération de commando dont l’objectif était d’ouvrir une brèche dans la citadelle d’autocomplaisance où s’était stupidement installée la société », se félicitant du peu de temps qu’il a fallu au Club de Rome « pour trouver (avec ce rapport) son Cheval de Troie et pour gagner une première position stratégique dans le grand combat qui vient à peine d’être engagé ». Le rapport Meadows-Forrester aura un retentissement d’autant plus fort que le choc pétrolier confirmera, en apparence, leurs prédictions catastrophistes.
L’équipe du MIT a conçu un modèle global pour étudier cinq tendances, et leurs interactions : l’industrialisation accélérée, la croissance rapide de la population, la malnutrition, l’épuisement des ressources non renouvelables et la pollution. Toutefois, selon ces chercheurs, les facteurs déterminants de ces problèmes sont la croissance exponentielle du développement industriel et la croissance exponentielle de la population. Comme par exemple, selon eux, « la terre a des possibilités limitées », « lorsque toutes les terres sont utilisées, il faut choisir entre un accroissement de la population et un accroissement de la ration alimentaire. Il ne peut y avoir les deux à la fois. » Dans leur modèle global, Forrester et Meadows émettent plusieurs hypothèses, jouant sur plusieurs variables : la population, le PIB, la ration alimentaire, la pollution et les ressources non renouvelables. Quoi qu’il en soit, ils affirment « avec une quasi-certitude que, au cas où aucun changement n’interviendrait dans notre système actuel, l’expansion démographique et l’expansion économique s’arrêteraient au plus tard au cours du siècle prochain ». Dans les premiers scénarios, les scientifiques émettent l’hypothèse de ressources naturelles « illimitées » (recyclables), entre autre avec l’énergie nucléaire. Catastrophe : la croissance est stoppée par l’accroissement considérable de la pollution. Même scénario mais en ajoutant un contrôle strict de la pollution, la catastrophe est à nouveau au rendez-vous : « L’effondrement du système est cette fois le fait du manque de nourriture. (…) Une partie des terres commence à s’éroder surtout à la suite de méthodes de culture intensive. L’ultime limite du potentiel cultivable est atteint. » Pour régler ce problème, deux solutions : soit améliorer les rendements agricoles soit réduire la population. Si l’on imagine une productivité agricole accrue, alors la population et la production industrielle atteignent des niveaux très élevés, au point de faire croître à nouveau la pollution (même si celle-ci reste à taux bas) au point de faire chuter le système. Si l’on opte pour un contrôle démographique, alors le système s’effondre en raison de la crise alimentaire, seulement différée de 20 ans. Enfin, avec des ressources « illimitées », le contrôle de la pollution, une productivité agricole accrue et une régulation des naissances, on arrive encore à une catastrophe, « car les ressources naturelles sont épuisées, la pollution s’accumule et la production de denrées alimentaires décline ». Conclusion : « Le comportement fondamental de l’écosystème mondial est défini par une croissance exponentielle de la population et des investissements, suivie d’un effondrement. (…) Quelque essai que nous ayons fait, le résultat unique à plus ou moins long terme est l’effondrement du système, même si cet effondrement peu être différé. » Ensuite, les chercheurs du MIT étudient plusieurs scénarios pour arriver à l’« état d’équilibre global ». Ainsi, pour éviter la catastrophe, il faut selon cette étude, réunir impérativement dès 1975 toutes les conditions suivantes :
– stabiliser la population à 4 milliards d’individus ;
– réduire au quart de sa valeur de 1970 la consommation de matières premières ;
– consacrer davantage des revenus à l’obtention de services plutôt qu’à l’achat de produits fabriqués.
– réduire au quart de sa valeur de 1970 la pollution ;
– pour éviter la baisse des rations alimentaires, transférer des capitaux dans le secteur agricole et agro-alimentaire, avec traitement des déchets organiques urbains pour les utiliser comme engrais ;
– améliorer la durée de vie des machines et des produits.
Ils proposent ainsi « une sorte d’état de non-croissance », tout en reconnaissant que « consentir à une limitation volontaire de la croissance demanderait beaucoup d’efforts ». Cela signifierait qu’il « faudrait renoncer à certaines de nos libertés, comme celle d’avoir autant d’enfants que nous le souhaitons, ou de puiser sans limites aux ressources naturelles ».
et nous sommes pourtant à 6 milliards d’habitants…..
Pas six milliards : plus de six milliards. Bientôt entre neuf et douze. Et l’apocalypse n’est toujours pas là ! Étonnant, non ? comme eût dit le regretté Desproges.
« La nouvelle religion : l’écologisme (billet d’humeur, encore que…) » sur : http://laurent.berthod.over-blog.fr/article-33942888.html
« À la faute morale, les écologistes ajoutent la faute intellectuelle » sur : http://laurent.berthod.over-blog.fr/article-33531217.html
On ne peut s’empêcher de penser à la blague désopilante : « c’est il y a 40.000 ans. Deux cro-magnons discutent en revenant de la chasse. L’un est écolo. L’autre lui dit : dans 40 000 ans, il y aura plus de 6 milliards d’être humains sur terre…
– tu es fou, lui répond le cro-magnon écolo, il n’y aura jamais assez de mammouths pour nourrir tout le monde !
héhé ! Elle est bonne.
Voyez ce raisonnement par l’absurde :
» Pour proportionner les subsistances au nombre des consommateurs, on pourrait
tout d’abord envisager d’accroître les subsistances. Mais cet accroissement aura pour
seul effet de multiplier les consommateurs, de sorte que nous aurons fait un pas sans
pour autant nous approcher du but. Tous nos efforts dans cette voie seront vains: c’est
faire poursuivre le lièvre par la tortue! Nous apercevant ainsi que les lois de la nature
s’opposent à ce que l’on réussisse jamais à élever les subsistances au niveau de la
population, notre seconde solution consiste à essayer de ramener la population au
niveau des subsistances. Si nous arrivons à persuader le lièvre de se coucher, alors la
tortue aura quelques chances de le rattraper! […] Ce moyen de diminuer la pauvreté me semble si parfaitement clair en théorie et si bien confirmé par la comparaison avec les autres marchandises ou services que l’on met sur le marché, que rien ne peut nous excuser de ne pas y recourir. » [T-R Malthus, 1798] (Livre IV chapitre 3 de l’édition originale)
Encore un qui n’a pas lu Vernadsky : http://www.solidariteetprogres.org/article5017.html
Bonne lecture à vous !
MDR.
Que Malthus n’est pas lu Vernadsky n’est en rien incroyable. Il était largement décédé quand Vernadsky est né….
C’est bien de vouloir jouer les intellectuels, mais faut encore vérifier les sources!!!!
Pour pousser le raisonnement de l’absurde à fond:
– si on accroit les subsistances on accroit les consommateurs. Donc pour Malthus il faut réduire les consommateurs. Mais si on réduit les consommateurs, on réduit aussi la subsistance, puisqu’elle est produite par d’autres consommateurs… On arrive donc à une famine généralisée…