Danger dans l’assiette

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Sylviane Dragacci (Anses), Nadine Zakhia-Rozis (CIRAD) et Pierre Galtier (pharmacien) viennent de publier « Danger dans l’assiette ». Malgré les apparences, il ne s’agit pas d’un énième ouvrage sur les dangers de l’agriculture mais sur les risques liés aux moisissures présentes dans notre alimentation. Si certaines comme celles contenues dans des fromages tels que le bleu ou le roquefort sont bonnes, les moisissures sont souvent synonymes de mycotoxines. Et c’est sur ce point que « Danger dans l’assiette » offre un éclairage intéressant.

Alors quelles moisissures sont dangereuses ? Quels sont les aliments à risques et les populations les plus exposées ? Les auteurs décryptent ces dangers et rappellent que la toxicité des mycotoxines est désormais prouvée et qu’elle peut conduire le consommateur à développer des maladies comme le cancer.

Nous reproduisons ici un extrait de l’ouvrage consacré à la présence de ces mycotoxines dans les produits bio. Bon appétit.

Manger bio est-il indemne de tout risque ?

L’agriculture biologique bannit l’emploi des traitements chimiques utilisés pour limiter le développement des moisissures. Produit-elle de ce fait des aliments davantage contaminés par les mycotoxines ? Cette question légitime a reçu un début de réponse. En premier lieu, cette nouvelle pratique culturale ne rejette pas tout traitement puisqu’elle accepte l’emploi de phytosanitaires dits biologiques, pourvu qu’ils ne ressortent pas de la synthèse chimique. Ensuite, les plants sont sélectionnés pour leur plus grande résistance naturelle aux moisissures. Un mode de labour comme le labourage profond et une rotation des cultures pertinente sont recommandés car ils préviennent la dissémination des moisissures dans le champ, puis leur installation sur les récoltes. Des études comparatives d’occurrence de mycotoxines dans des produits alimentaires issus de l’agriculture conventionnelle ou biologique ne montrent pas de grandes différences de contamination. Les produits dits biologiques renferment parfois des teneurs en mycotoxines plus élevées mais, en général, ces teneurs restent en deçà des seuils réglementaires. Prenons pour l’illustrer cette mini-enquête réalisée en Belgique sur le contenu en patuline du jus de pomme. Dans cette étude, aucun échantillon de jus de pomme de fabrication industrielle ou artisanale n’est contaminé au-delà de la teneur maximale admissible définie par la réglementation. Parmi les jus de fabrication obtenus par agriculture biologique, trois échantillons dépassent la limite autorisée pour les enfants en bas-âge et deux d’entre eux le seuil réglementaire. On constate cependant que la moyenne des observations, bien qu’inférieure à la teneur maximale admissible, est nettement plus élevée pour les produits bio que pour les produits industriels ou artisanaux. Une vigilance est donc de mise. Quand aux jus élaborés par les particuliers, ils renferment souvent des teneurs non négligeables en patuline. L’explication peut en être une ignorance du risque mycotoxinique lors de l’utilisation de fruits partiellement avariés ou présentant des traces de meurtrissures où s’engouffrent les moisissures. Il reste néanmoins difficile d’anticiper sur le contenu en mycotoxines de denrées issues de l’agriculture conventionnelle, raisonnée ou biologique. Il faudrait en effet pouvoir comparer des lots produits la même année, provenant de la même aire géographique, de plants de même variété et ayant essuyé les mêmes intempéries !

Une vigilance particulière doit être de mise en agriculture biologique afin d’éviter d’augmenter le risque de contamination des cultures céréalières ou vivrières par des mycotoxines du fait de l’utilisation restreinte des fongicides et pesticides de synthèses.

18 commentaires sur “Danger dans l’assiette

  1. Tant qu’il n’y aura pas eu quelques enfants morts à cause des molécules les médiats conventionnels ne seront pas intéressés. Et encore, il faudra sans doute au moins une centaine de mort, vu qu’ils ont passés leur temps à trouver des excuses aux graines bio allemandes.

    1. Les écolos mettront ces cancers des enfants sur le compte des pesticides, et non sur le compte du bio et des mycotoxines.

  2. Cet extrait est assez décevant.

    Passons brièvement sur « En premier lieu, cette nouvelle pratique culturale ne rejette pas tout traitement puisqu’elle accepte l’emploi de phytosanitaires dits biologiques, pourvu qu’ils ne ressortent pas de la synthèse chimique ». Lesquels contre les producteurs de mycotoxines ?

    De même pour : « Ensuite, les plants [en « bio »] sont sélectionnés pour leur plus grande résistance naturelle aux moisissures ». C’est du pipeau.

    Sur le fond, le problème est que, dans le cas de productions qui sont dans leur majorité saines, tant en « conventionnel » qu’en « bio », le risque ne s’évalue pas par des moyennes, mais par la fréquence des produits en dépassement, par la mesure des dépassements, et aussi par le devenir des produits. Savoir que « […]trois échantillons dépassent la limite […] » est de peu de valeur si on ne nous dit pas sur combien au total*.

    « Il reste néanmoins difficile d’anticiper […] » Le raisonnement me paraît bien foireux.

    Ces commentaires ne sont pas une tentative d’éreinter le livre. L’extrait dont AE nous a gratifié montre simplement qu’il aurait pu être plus rigoureux et percutant.

    « Une vigilance est donc de mise. » Elle s’exerce comment la vigilance ?

    Quand on voit les efforts qui sont déployés pour éliminer les risques marginaux, mais néanmoins potentiellement sérieux dans leurs conséquences (du style Listeria dans les fromages), on doit s’interroger sur les efforts qui ne sont pas faits pour les produits de l’agriculture biologique ou de l’agriculture de proximité, ces produits portant, selon un canon de la théologie « biologique » et de la mystique bobio, l’auréole du naturel et, par conséquent, du sain.

    Dans le cas des jus de pomme, on peut imaginer que des bobios vont en acheter une quantité importante qu’ils consommeront journellement sur une durée relativement longue. Et surtout qu’ils donneront à leurs enfants.

    Il me semble que quand on voit comme résultat une concentration moyenne en patuline de 43.1 ± 36.9 µg/l, proche de la limite maximale de 50 µg/l, pour 65 échantillons dont 57 < LOD, on peut raisonnablement prétendre qu'il y a de l'irresponsabilité dans l'air.

    Et que faut-il penser, par exemple, du fait que « jusqu'à 15 % de la population végétarienne [en France] est en situation de dépasser la dose journalière tolérable en achratoxine A » ?

    _____________________

    *  65 selon http://www.cergroupe.be/servlet/Repository/Gestion_du_Risque_Patuline_da.PDF?IDR=2649
    Le livre décrit par AE contient un tableau qui éclaire le propos cité.

    1. @ Wackes Seppi

      « une concentration moyenne en patuline de 43.1 ± 36.9 µg/l, proche de la limite maximale de 50 µg/l, pour 65 échantillons  »

      – Quand on voit la valeur de la déviation standard par rapport à la moyenne des résultats, on peut affirmer qu’un certain nombre de ceux-ci étaient au-dessus de 50 µg/l. Combien??

      1. 65 échantillons « bio » au total.
        57 50µg/l

        Sauf si Open Office ou ma pomme s’est planté dans le calcul, les deux qui dépassent la valeur limite sont en moyenne à quelque 1300µg/l. Retenez votre souffle : 26 fois la limite.

        Pour les 90 échantillons de jus industriel (beurkh… industriel), on a 78 < LOD et 12 entre LOD et 25µg/l.

  3. Peu ou prou en rapport avec les questions « alimentaires », je cite un extrait d’un billet tiré du site de l’AFIS : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1665

    Courrier des lecteurs

    Manger tue ! (et ne pas manger ?…)

    « Je viens de lire sur le site de l’AFIS l’article « Horreur : ils ont mis de l’hydrogène dans ma flotte ! » à propos d’une émission diffusée sur ARTE. Je vous signale que France 3 a diffusé le 16 février 2011 à 22h55 une émission intitulée « Manger peut-il nuire à la santé ? » traitant d’un sujet similaire. Parmi les experts figurait le docteur David Servan-Schreiber spécialiste autoproclamé du cancer. Plus curieux, la journaliste ayant réalisé l’émission, Isabelle Saporta, publiait le même jour chez Fayard un livre, Le livre noir de l’agriculture. Publicité déguisée, copinage,… ? Je suis perplexe. » Y. M. M.

    Réponse de l’AFIS :

    « Oui, on peut dire que le sujet de l’alimentation et de ses dangers est à la mode en ce moment, comme en témoignent également un récent dossier de Télérama auquel j’ai emprunté le titre ci-dessus… ainsi qu’un dossier paru à peu près en même temps dans Le Nouvel Observateur sur le sujet (au risque de provoquer une indigestion chez les lecteurs !). Faut-il y voir davantage une forme de « suivisme » des journalistes, plutôt qu’une « stratégie marketing »… Rappelons que notre numéro 283 comprenait un large dossier sur l’alimentation, et surtout, ce présent numéro de SPS consacre à nouveau un dossier sur le même sujet.. » Martin Brunschwig

  4. Ensemble de commentaires intéressants à l’heure où l’on interdit le bisphénol A.

    Si l’agriculture biologique se révèle, après une analyse objective qui sera faite un jour, plus dangereuse que le bisphénol A que faudra-t-il faire ?

    réponse A : interdire l’agriculture biologique

    réponse B: autoriser à nouveau le bisphénol A ( tout en règlementant son emploi ) puisque moins dangereux que l’agribio que l’on ne peut interdire.

    réponse C: demander aux journalistes du « Monde » quelle sera leur réaction avant de prendre la décision.

    réponse D: ces questions n’ont pas de sens, car les chinois ou les américains vont mettre un terme à l’illusion écolo bobo en paupérisant la population européenne.
    Américains qui ont fabriqué cette illusion en inventant les concepts et en soutenant les ONG chargées de les répandre en Europe, au stade le plus abouti de la guerre économique.
    Score final USA : 10 Europe :0

    match suivant: USA / Chine (interdiction de l’arme atomique ou de l’arme biologique lors des premier échanges….ensuite ???)

    1. alzine dit : « Score final USA : 10 Europe :0 »
      ———————————
      Euh, c’est un peu vite dit. Les ricains ont eux aussi leur lot d’écolo-fascistes qui sont même bien installés au pouvoir, avec des agences hystériques comme l’EPA qui s’est attelé non seulement à démontrer que le CO2 est un polluant mais en plus à chercher à réguler CO2, gaz le plus écologique qui puisse exister sur terre !

      Le seul point où c’est effectivement USA : 10 – Europe :0, c’est dans le domaine des OGMs, où Monsanto se frotte les mains d’avoir les idiots utiles comme Greenpisse et Bové & co qui ont propulsé la recherche européenne au Moyen-Age.

    2. Les Européens se paupérisent eux-mêmes. Pas besoin d’États-uniens ou de Chinois.

      1. Certes.
        Mais les USA financent quand même grandement les assoc écolos dans le monde.
        Et les chinois eux se frottent les mains de notre connerie!!

  5. Hors Sujet quoi que. Je suis tombé sur ça:
    http://www.objectifeco.com/argent/s-enrichir/article/charles-dereeper-demasquer-le-diable-du-business-de-l-agriculture-chimique-et-le-mythe-de-la

    Ce qui m’a étonné, c’est que c’est un site libéral et que, logiquement, les libéraux s’en tiennent plus aux faits qu’aux idées reçues. Mais là , c’en est un catalogue, en contradiction la plus totale avec les idées libérales: les « paysans » ne sont perçus que comme de pauvres individus manipulés, soumis aux diktats des multinationales…

    1. Arrêter de coller des étiquettes politiques à des polémiques technico-scientifiques, si certains ont une lecture idéologique de la science, ce n’est pas le cas de tout le monde. Les libéraux sont logiquement contre les subventions, mais sur les OGM ou la chimie, la lecture libérale n’apporte pas de réponse. Le concept de responsabilité individuel peut engager tout producteur agricole sur ces produits mais aussi sur l’environnement (les autres propriétaires qui peuvent être exposé), un libéral persuadé que la chimie et les plantes sélectionnées sont dangereuse tiendrait effectivement le discours ridicule que vous avez relayé ici.

      1. C’est quand même remarquable son aptitude à relayer les légendes urbaines sur la santé des paysans les plus stupides. Tout les faits exposés ne sont que mensonges, illusions, erreurs et impostures.

    2. Je ne sais pas si ce site est « libéral », mais je suis sûr que le texte en question est inepte. Ça pourrait être du Rudolf Steiner…

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