Luc Belzunce est-il « indépendant » ?

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Nous avons déjà évoqué ici le cas de Luc Belzunce et de ses recherches sur les mortalités d’abeilles. Nous avons il y a quelques mois parlé d’une étude CNRS/INRA conduite par Luc Belzunce et Frédéric Delbac sur la nosémose et avions à l’époque dénoncé les conclusion orientées du communiqué de presse de l’INRA (voir ici )

Et voilà que Luc Belzunce, Responsable de l’UMR (Unité Mixte de Recherche) Abeilles et Environnement à l’Inra d’Avignon, a eu droit aux honneurs du Monde le week-end dernier. Car s’il est connu pour travailler à l’INRA sur le déclin des abeilles, il est aussi très bien implanté à l’Anses. Il est en effet « expert » au sein du groupe de travail sur les substances cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) et membre du comité d’experts spécialisés sur la chimie. Il est aussi Vice-président du groupe de travail sur les perturbateurs endocriniens et membre du groupe de travail sur le mercure.
Et nous apprenons donc dans Le Monde qu’il est également en charge à l’Anses du Bisphenol A qui n’est pourtant pas son domaine de compétence premier.
Il s’est en effet spécialisé depuis des années dans la recherche sur les abeilles et la pollinisation et tout particulièrement sur la recherche de preuve de l’impact de certains produits phytosanitaires sur la santé des abeilles, sans résultats clairs aujourd’hui.

Là où le cas de Luc Belzunce devient intéressant, c’est lorsqu’on jette un coup d’œil à sa déclaration publique d’intérêts (cf. document à télécharger ci-dessous : page 3 et page 4) qu’il a dû remplir avant de rejoindre différentes instances au sein de l’Anses. On y découvre qu’il a été consultant pour…. l’UNAF (Union Nationale de l’Apiculture Française) moyennant une rémunération ponctuelle. Sa prestation de service personnelle a eu lieu du 31/12/2010 au 31/03/2011, ce qui correspond à la période où l’UNAF militait par tous les moyens contre le Cruiser.

Alors que tous les écologistes et militants verts n’ont de cesse d’appeler à la transparence et à la sacro-sainte « indépendance » des scientifiques, cette information risque de faire l’effet d’une bombe dans le paysage. Car comment considérer aujourd’hui Luc Belzunce comme objectif dès lors qu’il est rémunéré par une structure qui ne cache pas son militantisme radical anti-phyto. Les actions de l’UNAF ayant été dénoncées comme une tromperie par des parlementaires selon les propres termes de certains députés (rapportés par Agriculture et environnement – septembre 2011).

Sans doute cela contribuera-t-il à une lecture plus attentive des prochaines publications de Luc Belzunce et de ses prises de positions dont l’indépendance est aujourd’hui un souvenir.
La déclaration publique d’intérêts de Luc Belzunce étant daté au 28 janvier 2011, on attend une éventuelle mise à jour dans les prochains mois pour savoir si son activité de consulting auprès de l’UNAF ou d’autres associations militantes s’est poursuivie.

Déclaration publique d’intérêts de Luc Belzunce

17 commentaires sur “Luc Belzunce est-il « indépendant » ?

  1. C’est un vendu, il n’a aucune crédibilité et ses avis ne devraient plus être pris en compte. Ca explique beaucoup mieux la qualité déplorable de ses travaux (doses grotesques, conclusion totalement irréelle au vu des résultats).

    Je m’imagine que si un scientifique travaillant sur la problématique de la santé des abeilles avait fait un peu de consulting pour Syngenta ou BASF, ça aurait été un scandale sans nom et des hordes d’écogistes fondamentalistes auraient réclamés sa tête dans un lombricomposteur. Là l’information ne sortira jamais dans les grands médias biobios.

    1. Il avait été discrédité en son temps par l’AFSSA mais repris comme « expert » par l’ANSES! Cherchez l’erreur

      http://www.agriculture-environnement.fr/Selon-l-Afssa-les-travaux-de-Luc

      Abeilles
      Selon l’Afssa, les travaux de Luc Belzunces n’apportent rien de nouveau au dossier du Cruiser
      1er février 2008
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      « Les auditions de MM. Belzunces et Aletru par le Comité d’experts spécialisé « Produits phytosanitaires : substances et préparations chimiques » (CES), le 16 janvier 2008, n’ont pas apporté d’éléments nouveaux susceptibles de modifier les conclusions de l’évaluation sur le risque à long terme pour les abeilles au regard de l’utilisation de la préparation Cruiser en traitement de semences », indique un communiqué de presse de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), disponible sur Internet depuis le 29 janvier 2008.

    2. Karg dit :
      4 novembre 2011 à 15:54
      Il a quand même réussi a caler un stage chez BASF pour sa progéniture…

      === Sans blague! Vous êtes sûr de çà?

      1. Désolé! La réponse est dans sa DPI mais je ne suis pas allé assez loin…..

        Il y a çà aussi:

        Son labo a touché du fric pour des travaux faits pour ces salauds d’empoisonneurs d’abeilles de l’industrie phyto et pas qu’un peu…. Le mec est n’est pas bégueule… A ce tarif, Il doit aussi être membre du comité d’éthique de l’INRA et de l’ANSES en tout cas il le mériterait. Je ne veux pas utiliser les termes qui me viennent pour qualifier un individu de sa sorte, car je deviendrais extrêmement grossier et ce n’est pas mon genre………..

        1. Son labo a peut être touché de l’argent, vu le % de financement donné dans le document c’était forcément de la recherche collaborative. Ces financements semblent avoir cessé après 2003, le donneur d’ordre n’a pas du apprécier le travail ou le profil du directeur du laboratoire…

          1. …….Ces financements semblent avoir cessé après 2003…….

            Cà n’empêche que le monsieur ne crachait pas à l’époque sur le pognon de la grande industrie du phyto…….

            ……le donneur d’ordre n’a pas du apprécier le travail ou le profil du directeur du laboratoire…….

            Les résultats de ses travaux et ses déclarations dans les médias sont peut être sa manière de se venger?

  2. Cela fait plusieurs mois que je dit clairement que ce M. (et d’autres membres de son laboratoire d’Avignon) sont des militants d’association écologiste (dont l’UNAF).
    Et que plusieurs de ses publications montrent des biais méthodologiques dignes d’élèves de classe de 3 ème.
    Du Style études sur l’importance de la pollinisation par les abeilles. Etudes faites sous serres sur une seule plante (fraisiers) et avec un seul facteur de pollinisation = l’abeille.
    Conclusion = l’abeille est le premier facteur de la pollinisation des plantes à fleurs!!

    D’autres personnes sont dans le même cas de figure:
    par exemple le Président du CNPN Faune, qui est aussi président d’une association pro-ours dans les Pyrénées…

    1. Un pied dans les Commissions, l’autre dans les ONG, après on s’étonne qu’il devient difficile de faire des projets agricoles ou industriels en France. Sans doute à cause du coût de la mains d’oeuvre et des taxes..

  3. Je pense que pour couper court à toute polémique qu’une politique simple doit être mise en place pour les comités d’évaluation des produits:
    1) les membres de doivent JAMAIS avoir travaillé, ou milité dans une entreprise ou une association traitant du sujet qu’ils représentent.
    2) l’évaluation d’un produit doit être réalisée par des laboratoires d’état choisis par le comité et n’ayant aucun lien non plus avec le monde industriel et associatif. Le nom du laboratoire ne sera pas communiqué afin de préserver son intégrité.
    3) Le coût des évaluations doit être prix en charge par le réclamant (entreprises pour une homologation; association pour une « expertise »). Le financement sera versé au comité, qui paiera par la suite le laboratoire choisi. Ainsi le réclamant d’aura pas connaissance d’un laboratoire et ne pourra pas faire pression dessus de quelques manières que ce fût.
    4) Le rapport et l’ensemble des données seront rendues publiques!

    Je pense qu’avec un tel protocole il sera difficile de faire des magouilles, et impossible pour les assoc de crier à la non indépendance des études.
    Mais aussi la contestation d’une étude ou la demande d’une contre étude devra être financée… Et là les écolo vont vite se taire…

    1. 1) Je pense qu’il est impossible d’avoir des experts totalement indépendant, vierge de tout lien avec tel ou tel stakeholder, rendre les liens publiques permet de relativiser les points de vus. En soit ils peuvent être intéressant.

      2) C’est comme ça que sont testés les phyto, sauf que ce sont les fabricants qui choisissent le labo. Mais ça reste sérieux, les labo d’XP sont très contrôlés, en cas de manquement c’est perte des agréments et donc dépôts de bilan.

      3) Non ça devrait être financé par des contributions sur les produits phyto pour les analyses prévus par la loi, ce qui permettrai d’amortir le coût pour les petits déposants. Ensuite quand une ONG demande plus d’XP a elle doit raquer. Si elle considère que la loi est pas assez stricte, elle lutte contre la loi, pas contre les produits autorisés.

      4) C’est impossible, certaines données sont trop confidentiels. Il existe des données publiques et elles sont largement suffisante en ce qui concerne la dangerosité. Avoir des gigatonnes de chiffres, c’est la porte ouverte à des manipulations stats à deux balles à la Séralini, ça ne sert à rien.

    2. Pour le point 1: un expert n’ayant jamais côtoyé la moindre industrie ou ONG n’est tout simplement pas un expert, et même un dangereux incompétent.

  4. « Aujourd’hui, aucun argument ne

    permet donc de penser que Nosema

    ceranae serait une cause majeure

    de surmortalité des colonies. ■ »

    Marc-Edouard Colin, Laurent

    Gauthier, Magali Tournaire

    Laboratoire de Pathovigilance

    et de Développement Apicole

    Montpellier SupAgro – Domaine de La Valette

    900 rue J.-F. Breton – F 34090 Montpellier

    colinme@supagro.inra.fr

    Abeilles & Fleurs N° 690 – Janvier 2008

  5. Laissez tomber, le journal  » le monde » a perdu depuis longtemps son statut de référence sur le plan des articles scientifiques, économiques. il n’est même plus de gauche.
    Le poids des ONG écolo se mesurera au score des écolos aux prochaines élections, les français flippent davantage face aux risques économiques, pas tant à leur pouvoir d’achat qu’à l’existence de leur emploi les risques environnementaux sont un souci lambda sachant que la décroissance nous allons l’avoir et elle ne sera pas vraiment choisie.
    Pour les experts, effectivement un chercheur ou un expert sans contact, éthiquement correct, avec l’industrie est un incapable ou n’est pas compétent dans son domaine.
    S’il est compétent son avis, même négatif, intéresse les industriels et pour se forger un avis il faut maintenir ces discussions . Reste à identifier le cadre considéré comme éthique et ce qui caractérise l’indépendance.

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